
Les employés de Samvaz en grève veulent se faire entendre du Canton
Les employés protestent devant l'usine Samvaz pour obtenir un plan social.
KEYSTONE
En bref:
Les employés du département bois de Samvaz SA à Châtel-Saint-Denis ont intensifié leur mouvement de grève lundi, distribuant des tracts dès 6 h du matin et lançant une pétition pour obtenir un plan social, selon « La Liberté ». Les grévistes, licenciés pour fin septembre et en arrêt de travail depuis vendredi, demandent «une intervention immédiate» du conseiller d'État Olivier Curty, en charge de l'Économie, pour imposer l'ouverture de négociations avec la direction.
La vingtaine de grévistes, soutenus par Unia Fribourg, s'est rendue en cortège devant l'usine de métal qui abrite la direction de l'entreprise. Ils ont dénoncé ce qu'ils qualifient de «direction irresponsable». Le Syndicat des services publics et l'Union syndicale fribourgeoise ont apporté leur soutien aux manifestants, tout comme le président du Parti socialiste cantonal Thomas Gremaud, qui a lui aussi invité Olivier Curty à se rendre sur place. «Transparence» défendue par la direction
Alexandre Mittaz, directeur technique de Samvaz, maintient que l'entreprise ne souhaite plus négocier de plan social. La direction affirme avoir informé ses employés du département métal «de façon transparente» et «basée sur les faits», sans pour autant les empêcher de discuter avec le syndicat ou les grévistes.
Aude Spang, membre de la Grève féministe et du Collectif anticapitaliste Fribourg, a accusé les patrons de s'être «mis dans la poche les profits générés par les travailleuses et travailleurs» et d'avoir «discriminé les femmes et le personnel non suisse en leur payant apparemment des salaires plus bas».
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Claude Béda est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 heures. Licencié en sciences sociales et politiques, passionné par les sujets de société et la vie des gens d'ici, il a couvert plusieurs régions du canton, avant de rejoindre la rédaction lausannoise. Plus d'infos
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24 Heures
4 hours ago
- 24 Heures
Taxer les vols en avion pour nous faire prendre le train? Le débat est lancé
Pour limiter les nuisances et favoriser le train, certains trajets en avion pourraient être taxés. Cette idée fait réagir le PLR Olivier Feller et la Verte Lisa Mazzone. Publié aujourd'hui à 06h25 Les Suisses prennent environ deux fois plus l'avion que leurs voisins. imago stock&people En bref: Taxer les vols courts si le rail offre une alternative crédible. C'est le projet adopté par le Grand Conseil de Bâle-Ville en avril 2025. L'initiative demande au parlement fédéral d'introduire une taxe incitative pour préserver l'environnement et le bien-être de la population à proximité des aéroports. La pollution, les risques pour la sécurité des riverains et les nuisances sonores provoquées par l'EuroAirport sont à l'origine de cette proposition. Pour les autorités bâloises, les vols qui relient Bâle à Munich, Paris ou Francfort n'offrent aucune plus-value économique ou touristique significative. Ils doivent donc être remplacés par des trains. Entre 2019 et 2021, huit cantons avaient déjà présenté des initiatives semblables. Parmi eux, le Valais, Neuchâtel, Berne, Saint-Gall ou Genève n'ont pas vu leurs projets aboutir. Une taxe déjà existante ailleurs? En revanche, plusieurs pays européens ont franchi le pas. En France, les vols intérieurs sont interdits si une alternative en train existe en moins de deux heures et demie. La Belgique a, quant à elle, instauré une taxe sur les billets d'avion pour les liaisons aériennes de moins de 500 kilomètres. L'initiative bâloise innove: le texte ne prévoit aucun seuil kilométrique ou temporel précis. Le critère retenu est l'«accessibilité raisonnable des destinations par voie ferrée» - une approche plus souple, qui tient compte des infrastructures existantes. Mais qui définirait ce qui est «raisonnable» et sur quels critères? La présidente des Verts, Lisa Mazzone, et le conseiller national PLR Olivier Feller (VD) donnent leurs points de vue. Olivier Feller: contre la taxe Olivier Feller, conseiller national (PLR/VD). VQH/Florian Cella Est-ce une bonne idée de taxer les trajets en avion? Je suis opposé à tout nouvel impôt ou taxe, car les contribuables sont déjà suffisamment sollicités en Suisse. En juin 2021, le peuple a rejeté la révision de la loi sur le CO₂ , notamment parce qu'elle prévoyait toute une série de taxes, dont une sur les billets d'avion. À l'époque, la protection du climat figurait parmi les principales préoccupations de la population. C'est toujours le cas aujourd'hui, mais le pouvoir d'achat inquiète encore davantage. En France et en Belgique, la population n'a probablement pas été consultée, alors que dans notre démocratie directe, le projet de révision législative a été refusé dans les urnes. Il y aurait assurément un référendum si le parlement adoptait cette initiative, et de telles mesures seraient probablement à nouveau refusées, à l'image de ce qui s'est fait il y a quatre ans. Cette seconde tentative d'introduire un impôt de ce type intervient bien trop tôt pour être acceptée par le peuple suisse. Est-ce que ce qui vaut à Bâle peut s'appliquer à d'autres cantons? Le parlement bâlois veut imposer une taxe à l'échelle nationale sur la base d'une évaluation locale, ce qui pose problème, car chaque région présente des enjeux différents. Des études montrent que l'aéroport de Genève contribue largement à l'économie et à la culture de toute la région – Genève, la France voisine, Vaud, voire toute la Suisse romande. Dire qu'il n'y a pas de valeur ajoutée significative me surprend, d'autant qu'à Bâle aussi, l'aéroport profite aux activités économiques et culturelles. Cette initiative peut-elle faire la différence? Je ne pense pas que cette mesure changera vraiment les choses. Certes, un aéroport génère des nuisances sonores, mais taxer davantage les vols selon la qualité de l'accès ferroviaire me semble peu réaliste. Comment définir si une ville est suffisamment accessible en train? Faut-il prendre en compte la qualité des infrastructures, la ponctualité, les correspondances? Ce sont des critères très difficiles à appliquer concrètement. La taxe envisagée aura pour principales conséquences d'agacer les usagers, sans réel effet dissuasif, et en abaissant encore leur pouvoir d'achat. Si on veut vraiment que ça ait un effet, il faudrait fixer la taxe à un niveau tellement élevé qu'elle reviendrait en fait à interdire les vols pour une partie de la population qui n'aurait pas les moyens de la payer. Ce serait inique. Lisa Mazzone: pour la taxe Lisa Mazzone, présidente des Verts. Keystone Plusieurs initiatives ont échoué au niveau fédéral. Qu'est-ce qui change cette fois-ci? Selon un sondage représentatif , 72% de la population soutient la taxe envisagée: un signe clair que la volonté populaire est là. Le kérosène reste détaxé pour les vols internationaux, ce qui revient à subventionner indirectement les compagnies aériennes pour leur pollution, alors que les automobilistes, eux, paient des taxes sur l'essence. Il est temps que la Suisse s'aligne sur ses voisins. Il faut développer le rail et réfléchir à utiliser le produit d'une taxe pour financer de nouvelles lignes ou réduire le prix des billets de train, afin de renforcer leur compétitivité. Environ 80% des destinations au départ de la Suisse sont en Europe, c'est un potentiel énorme. Le parlement a voté pour renforcer les liaisons de jour et les trains de nuit. Mais le Conseil fédéral, à majorité de droite, veut couper le budget prévu. Il manque une vraie volonté politique, alors même que la population soutient ces mesures. L'enjeu pour nous, c'est d'avoir un parlement prêt à aider les gens à pouvoir prendre le train. Comment le trafic aérien impacte-t-il la population? Les nuisances sonores ne sont pas prises en compte par la majorité de droite au parlement, que ce soit pour la route ou pour l'avion. Pourtant, il existe de réels risques pour la santé . Les spécialistes demandent depuis longtemps des normes plus strictes, car celles en place sont clairement insuffisantes selon eux. Pour ma part, ayant longtemps vécu autour de l'aéroport, j'ai constaté au quotidien combien le bruit impacte la qualité de vie et la santé des riverains. L'application du projet ne pénaliserait-elle pas les personnes défavorisées? Pour qu'elle serve à tout le monde, cette taxe doit être utilisée pour baisser le prix du train. Les personnes défavorisées sont les premières à être frappées par la pollution, le bruit, et par les effets du réchauffement climatique comme les canicules. Elles ont moins accès à un jardin, à un logement bien isolé et loin des nuisances. La pollution est toujours une injustice sociale: agir contre la crise climatique, c'est aussi protéger ceux qui ont le moins de moyens pour se défendre. Une taxe sur l'aérien si nouvelle que ça? Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
17 hours ago
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Comment l'UE prépare sa riposte aux droits de douane de Trump
La Commission européenne a établi une liste de produits à taxer en retour, tout en espérant une solution négociée avec Washington. Publié aujourd'hui à 17h37 Montage photo de Ursula von der Leyen (gauche) et Donald Trump. AFP/ JOHN THYS and NICHOLAS KAMM Avions, voitures et bourbon figurent au coeur de la liste de la Commission européenne établie en riposte aux droits de douane de Donald Trump, consultée mardi par l'AFP, même si Bruxelles veut donner une chance aux négociations. Le président américain a pris l'Union européenne de court en décrétant ce week-end des droits de douane de 30% sur toutes les importations du bloc à compter du 1ᵉʳ août. L'exécutif européen a malgré tout l'espoir de trouver une solution négociée avec les Etats-Uni s avant cette échéance. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Le commissaire chargé de ces tractations avec l'administration Trump au nom des 27 Etats membres de l'UE, Maros Sefcovic, va d'ailleurs échanger mardi avec son homologue américain après un premier appel lundi. «La phase la plus délicate des négociations» «Nous sommes actuellement dans la phase la plus délicate des négociations et nous nous efforçons d'obtenir un accord de principe avant la date limite», a affirmé un de ses porte-parole, Olof Gill. Et d'ajouter: «Nous ne nous engagerions pas dans ces tractations si on n'imaginait pas qu'elles puissent aboutir». Dans le même temps, l'Europe planche aussi sur sa riposte aux droits de douane de Donald Trump. La Commission a établi une liste de produits américains qu'elle pourrait taxer en retour, qu'elle a présentée aux Etats membres lundi. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Les importations visées, qui représentent une valeur totale de 72 milliards d'euros, ne seront taxées que si l'Union européenne échoue à conclure un accord sur la levée des mesures douanières décidées par le président américain. Les abeilles vivantes Le document de 202 pages, inclut notamment les voitures et les avions américains, des fruits frais, poissons, des plastiques, produits chimiques et équipements électriques. Mais aussi le bourbon, malgré des protestations répétées de la France et de l'Italie, qui craignent de voir leurs vins et spiritueux taxés en retour. Certains produits peuvent surprendre, comme les sapins de Noël, les abeilles vivantes, les chameaux et les autruches, les préservatifs, l'opium, les perles ou encore les cheveux. La liste comprend des exportations clé des Etats-Unis comme le soja, ainsi que divers appareils comme les machines à coudre. La Commission avait déjà établi une première liste de produits américains à taxer, en réponse à une précédente salve de droits de douane américains. Elle a toutefois été suspendue afin de laisser une chance aux négociations et d'éviter une guerre avec son premier partenaire commercial. L'EU face à la hausse des droits de douane par Trump Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
20 hours ago
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Vivre sans alcool, un choix libérateur qui séduit de plus en plus
La baisse de la consommation d'alcool impacte les ventes, mais elle profite aux individus: deux femmes et un homme racontent pourquoi ils ont choisi d'être abstinents. Publié aujourd'hui à 14h01 De gauche à droite: Mina Steinmann, Jo Dunkel et Natascha Wolfer ont choisi de renoncer à l'alcool. Photos: Raphael Moser, Pino Covino En bref: La filière viticole est en pleine crise, les boîtes de nuit ferment, les restaurateurs voient leur chiffre d'affaires baisser: la consommation d'alcool chez les jeunes est-elle en chute libre? C'est un fait, les Suisses boivent moins . Selon les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), la vente moyenne d'alcool de bouche est passée de 10,6 litres en 2001 à 8 litres par personne en 2023. Depuis des décennies déjà, la consommation est en recul, comme le souligne la Croix-Bleue. Selon les données de l'enquête suisse sur la santé, 17% des plus de 15 ans ne consomment pas d'alcool. «Mais on ne fait pas de distinction entre les personnes qui n'ont jamais bu et celles qui ont arrêté», précise Martin Bienlein, de la Croix-Bleue. Ce sont surtout les jeunes qui boivent moins en semaine, «mais ils ont tendance à boire de façon excessive le week-end». À l'heure de midi, en semaine, les gens boivent peu, voire pas du tout, en particulier du vin. Les boissons sans alcool séduisent D'autres solutions alternatives sans alcool enregistrent d'importants taux de croissance, selon Martin Bienlein, «bien des secteurs envieraient de tels résultats». Pour la bière, le vin mousseux et le vin blanc, beaucoup ne remarquent même plus la différence. «En revanche, le vin rouge peine encore à convaincre.» La dernière tendance est celle des boissons sans alcool qui ne cherchent même plus à imiter le goût de la bière ou du vin. Il s'agit de boissons fermentées comme le kombucha ou les thés pétillants. La baisse de la consommation n'est pas sans conséquence. «Le secteur du viticole a connu des jours meilleurs», explique Oliver Gianettoni, de Swiss Wine Promotion. La consommation de vin est en baisse en Suisse et dans le monde. Depuis 2019, la consommation de vin suisse a diminué de 7% par an selon les données de l'Office fédéral de l'agriculture, «cette tendance nous inquiète». Nous avons rencontré trois personnes pour qui renoncer à l'alcool est à la fois libérateur et bénéfique. Elles expliquent les raisons derrière ce choix. «Je me sentais seule parce que je ne buvais pas»: Mina Steinmann (24 ans), logopédiste, Winterthour «L'alcool ne m'a jamais intéressée. Chez les autres, je ne voyais que les effets négatifs: ils vomissaient, ils avaient la gueule de bois et perdaient toute une journée de leur week-end pour quelques heures de fête la veille. Comme je n'en voyais pas l'intérêt, je n'ai jamais commencé à boire. D'autres arguments se sont ajoutés par la suite. Le fait de savoir que l'alcool est nocif pour mon corps, par exemple. J'ai aussi vu les effets d'une consommation régulière chez les pères de certaines amies, notamment sur leur comportement. Je n'ai pas envie d'être comme ça à 50 ans. Un autre élément important est que je souffre de TDAH: le risque de dépendance est encore plus élevé dans mon cas. C'est pourquoi j'ai pris cette décision radicale. Mina Steinmann assume pleinement son choix. Photo: Raphael Moser Je fais très attention à mon corps: je mange végane, je n'ai jamais fumé ni consommé aucune substance. Parfois, je me demande ce que les autres pensent de moi: «Elle ne mange pas de produits d'origine animale, ne boit pas d'alcool, ne fume ni cigarettes ni joints… C'est qui, cette fille?» Mais aujourd'hui, ça ne me dérange plus. Au contraire, je suis fière d'être aussi forte. Et franchement, je me trouve plutôt cool! Avant, je me sentais souvent seule parce que je ne buvais pas d'alcool. À l'adolescence, c'est encore plus difficile de rester fidèle à ses convictions. J'en avais même honte. Mes amies arrivaient souvent ivres à l'école; lors des pique-niques, elles buvaient de la vodka et moi de l'eau. J'avais toujours l'impression qu'elles avaient beaucoup plus d'amis que moi et qu'elles étaient plus populaires, parce que je ne sortais jamais. Chaque week-end, de nouvelles personnes rejoignaient leur cercle: il y avait des rencontres, des groupes de discussion… et moi, je restais à l'écart. À 16 ans, à mon entrée au gymnase de Zurich, j'ai rencontré pour la première fois d'autres jeunes qui, comme moi, ne buvaient pas. Ça a été un vrai soulagement. Je me sens toujours plus à l'aise avec des personnes qui ne boivent pas. Dans un groupe de buveurs, il m'arrive encore de penser que je suis ennuyeuse, coincée, ou que les autres sont plus amusants que moi. Mais quand je suis entourée de gens qui ne consomment pas d'alcool, ce genre de pensées absurdes ne me vient jamais à l'esprit. Les hommes ivres, c'est ce qu'il y a de pire. Ils ne se contrôlent plus. J'en ai malheureusement fait l'expérience. En tant que jeune femme, je dois redoubler de vigilance pour ne pas perdre le contrôle. C'est triste, mais pour moi, c'est une raison centrale de ne pas boire. C'est comme ça. Bien sûr, tous les hommes ne se comportent pas comme ça, mais ce sont toujours des hommes qui dépassent les limites. D'ailleurs, je ne sors quasi plus en soirée. Il m'arrive seulement d'aller danser avec ma mère de temps en temps. Avant, les gens essayaient de m'inciter à boire. Juste une bière, il n'y a presque pas d'alcool. Ou encore, juste un verre, c'est pour trinquer! J'ai souvent entendu ce genre de phrases. Mais pour moi, ça a toujours été clair: pas une goutte d'alcool, car le moindre écart est déjà de trop. Heureusement, les jeunes boivent moins aujourd'hui. Il y a dix ans, le but était encore souvent de finir complètement ivre. Il y a clairement eu un changement de mentalité. Choisir de ne pas boire d'alcool, c'est clairement un choix de vie. Une question d'état d'esprit. Je ne vois pas ce qui pourrait remettre en cause ma décision. C'est peut-être ça, au fond, ma seule addiction: prendre soin de ma santé mentale et physique.» «L'alcool a pris le contrôle de ma vie» : Jo Dunkel (62 ans), distillateur de boissons sans alcool, Bâle «L'alcool occupait toutes mes pensées. Je calculais les moments où je pouvais boire, ceux où je ne le pouvais pas, ainsi que la quantité et le type d'alcool. Je jonglais avec ma dépendance, j'essayais de la contrôler en me fixant des règles, comme ne boire que le week-end ou faire des pauses. Mais rien ne fonctionnait. J'étais fortement dépendant. Après quelques verres à l'apéritif, je pouvais sans problème boire une bouteille de vin blanc et une bouteille de vin rouge, même seul. Je me souviens de ma langue qui devenait de plus en plus engourdie, de la réalité qui se brouillait peu à peu. À partir d'un certain point, je me retirais et gardais le silence, en attendant que mon taux d'alcool redescende. J'ai toujours cherché à cacher mon ivresse, mais il m'est arrivé de perdre le contrôle. Enfin libre après des années d'addiction: Jo Dunkel déguste une boisson sans alcool en terrasse, à Bâle. Photo: Pino Covino La souffrance psychique devenait de plus en plus forte, pour moi, mais aussi pour ma femme et mes deux enfants. L'alcool a changé ma personnalité: je suis devenu moins patient, moins réfléchi, plus irritable aussi, et mon ton était plus dur. Je suis marié à ma femme depuis 25 ans, elle a supporté les hauts et les bas et m'a aidé à ouvrir les yeux sur moi-même. Même si elle ne m'a jamais mis la pression, j'ai fini par comprendre qu'elle ne pourrait pas supporter cette situation indéfiniment. J'ai réussi à arrêter l'alcool grâce au soutien précieux de mon entourage. Depuis mes 56 ans, je ne bois plus. Je n'ai pas suivi de thérapie. Ce qui m'a vraiment aidé, c'est de parler de mon problème avec mes amis et ma famille. Ça a été une libération. Même si, au début, j'avais un peu peur du changement. De perdre mon humour, de devenir ennuyeux. Les gens trop sérieux m'inspirent de la méfiance. Mais je peux encore être exubérant et un peu déraisonnable, J'en profite même davantage, parce que je suis clair dans ma tête et que je suis pleinement conscient de ce que je vis. Il est tout à fait possible d'être heureux sans alcool. Avec le temps, j'ai également ressenti des changements physiques. Je suis en meilleure forme, je dors mieux et je prends des décisions plus rationnelles qu'émotionnelles. Ma décision d'arrêter l'alcool a suscité de nombreuses réactions positives. Aujourd'hui, je ne dois plus autant me justifier qu'avant, d'autant plus que, dans mon entourage, les gens boivent aussi de moins en moins. Que les autres boivent ne me pose aucun problème. En revanche, quand l'ambiance dérape et que les soirées arrosées entre hommes ne se résument qu'à des échanges de propos stupides, je perds tout intérêt. Ma femme boit de l'alcool, mais très modérément. La boisson ne me tente plus et je n'ai pas peur de rechuter. C'est simple, j'ai choisi de ne plus jamais boire. Au moment même où j'ai prononcé cette phrase, j'y ai cru. Et j'y crois encore aujourd'hui. Ça a été un véritable soulagement, un moment profondément libérateur. À partir de là, j'ai commencé à écrire une nouvelle histoire, débarrassé de ce fardeau. La fin de mon addiction a d'ailleurs marqué le début de ma propre activité: j'ai créé la première distillerie sans alcool de Suisse. Sous le label «edition dunkel», je développe des distillats sans alcool à base d'eau. J'ai toujours été intéressé par les plantes sauvages et je peux maintenant mettre cette passion au service de la production de boissons de qualité.» «Pourquoi infliger ça à mon corps?» Natascha Wolfer (34 ans), assistante spécialisée en salle d'opération, Berne «Il y a quelques mois, j'étais encore en fort surpoids. La décision de perdre du poids a entraîné un changement sur tout le reste. En février, j'ai subi une réduction de l'estomac. En vue de l'opération et pour préparer mon corps à la guérison, j'ai arrêté de boire et de fumer. J'ai tiré un trait sur ces substances et je vis depuis six mois dans l'abstinence totale. Avant, je ne me serais jamais considérée comme dépendante. Même si je buvais régulièrement, et que j'aimais ça, surtout le vin rouge. Il m'est aussi arrivé de vraiment déraper, comme lors de la cérémonie de fin d'apprentissage dans le secteur de l'hôtellerie, où j'ai suivi ma première formation. Mais je n'ai jamais totalement perdu le contrôle. J'ai toujours réussi à arrêter, parfois pendant quelques mois, parfois pendant un an ou plus. Pour moi, arrêter de boire s'inscrivait surtout dans une démarche de rééquilibrage alimentaire, l'alcool n'ayant pas sa place dans un régime. À Berne, Natascha Wolfer se rafraîchit avec un Pink Spritz sans alcool. Son passage du secteur de la restauration à celui de la santé a largement influencé sa décision de renoncer à l'alcool. Photo: Raphael Moser J'ai toujours travaillé dans des établissements plutôt haut de gamme et je sais exactement quelle boisson va avec quel plat; je connais bien le vin et les spiritueux. Dans le secteur de la restauration, boire et fumer fait presque partie du métier. Pour moi, il était donc normal de consommer régulièrement. Puis j'ai eu un déclic. J'ai compris que ce mode de vie n'était pas bon pour moi, que je voulais du changement. En 2017, j'ai entamé une formation d'assistante spécialisée en salle d'opération. Ce passage du secteur de la restauration à celui de la santé a marqué un tourant décisif dans ma vie. Avant, je voyais les gens endommager leur corps, maintenant, lors des transplantations, je constate concrètement les dégâts causés par l'alcool et le tabac sur le foie et les poumons des patients. Plus j'en apprenais sur les effets de la consommation d'alcool, et moins il me paraissait logique de boire. Pourquoi infliger ça à mon corps? L'alcool ne me manque pas. Je me sens libre, lucide et j'ai le contrôle sur mon corps et mon esprit. Pour moi, l'abstinence s'inscrit dans une démarche globale: il ne s'agit pas seulement d'être en forme pour l'été, mais plutôt de vieillir en bonne santé. Je veux donc faire du sport et prendre soin de mon corps et de mon esprit. Ce n'est pas seulement une question de volonté, je veux aussi me prouver que je peux très bien vivre sans alcool. Je continue à sortir et à fréquenter le même cercle d'amis. Mais souvent, je ne reste pas jusqu'à la fin des soirées. Ce n'est pas très agréable de voir les autres devenir de plus en plus ivres. De manière générale, je me sens plus à l'aise avec les personnes qui ne boivent pas. Heureusement, aujourd'hui on ressent beaucoup moins le besoin de se justifier. Il y a encore dix ans, on entendait souvent des remarques idiotes. J'ai régulièrement eu droit à des réflexions du type: «Tu es enceinte?» Aujourd'hui, les choses sont plus simples. Les jeunes boivent moins et les solutions alternatives à l'alcool sont nombreuses. Ne pas boire n'est donc plus si difficile. Même dans les moments tristes, quand avant j'aurais ouvert une bouteille avec une amie et pleuré avec elle. Il est tout à fait possible de pleurer sans alcool. Et de rire aussi, d'ailleurs.» Traduit de l'allemand par Laura Antonietti Sur la consommation d'alcool en Suisse Newsletter «Santé & Bien-être» Conseils, actualités et récits autour de la santé, de la nutrition, de la psychologie, de la forme et du bien-être. Autres newsletters Simone Lippuner ist Redaktorin im Ressort Region Bern und Kolumnistin. Ihr Fokus liegt auf der Berichterstattung aus Biel und dem Seeland. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.