
Les randonneurs indisciplinés énervent les professionnels de la montagne
La randonnée est l'une des rares activités physiques pratiquées par toutes les classes d'âge, y compris les seniors. © Christian Brun
VQH
En bref:
«J'ai le sentiment qu'il y a de plus en plus de randonneurs qui ne connaissent pas la montagne», affirme Sébastien Rappaz, directeur de l'association valaisanne de randonnée pédestre (Valrando). Il supervise la partie romande d'un réseau cantonal d'environ 8500 kilomètres de sentiers. Selon lui, l'appel de la nature est plus fort depuis l'épidémie du Covid: face au stress et à l'omniprésence des écrans, beaucoup cherchent à se déconnecter en montagne. +12 % de randonneurs et un bilan mitigé
Cette tendance se reflète dans les chiffres. Un rapport de l'Office fédéral de statistique (OFS) paru en 2020 faisait déjà état de la popularité de nos montagnes. Il souligne une forte progression du nombre de randonneurs, soit 12% d'augmentation entre 2007 et 2019. Les 15-29 ans, en particulier, comptent bien plus d'adeptes qu'auparavant.
Mais cette affluence ne réjouit pas tout le monde. Les conflits entre randonneurs et bergers s'intensifient dans les Alpes valaisannes, tandis que le littering – l'abandon de déchets dans la nature – dégrade l'environnement et nuit à la beauté des paysages. Pour lutter contre ce fléau, le Club alpin suisse et la Summit Foundation ont mené plusieurs campagnes de nettoyage et de sensibilisation, comme #CleanMountains (2017) et les «Bulles de BD» (2022). Elles visent à préserver les abords des refuges grâce à des actions de nettoyage et des messages de prévention.
Quels problèmes posent les randonneurs?
De plus en plus de randonneurs laissent des traces problématiques, notamment des déchets. La pratique du «posetagache», c'est-à-dire déféquer en pleine nature sans précautions, devient aussi problématique. Les excréments et le papier toilette peuvent rester des années, voire des décennies, dans l'environnement.
Autre source de tension: les interactions entre randonneurs et chiens de protection des troupeaux. Ces chiens sont chargés d'éloigner les prédateurs du bétail, mais peuvent être perçus comme menaçants, surtout par des promeneurs mal informés. Courir ou gesticuler peut entraîner une réaction de défense de leur part, même s'ils sont dressés.
Quels problèmes rencontrent les randonneurs?
On constate que certains choisissent des itinéraires inadaptés, au mauvais moment, sans prendre en compte les conditions météo ou l'état du terrain. Ce manque de préparation s'expliquerait par une insuffisance d'information, de formation ou simplement de sensibilité au milieu. La montagne est souvent perçue comme belle et accueillante, mais certains oublient qu'un sentier peut être glissant, qu'un rocher peut se décrocher.
Comment réagir face à cette évolution des comportements?
Chez Valrando, on travaille essentiellement sur l'usage: le randonneur a une responsabilité centrale. Il doit planifier sa randonnée et adapter son matériel et son comportement au terrain ainsi qu'aux conditions. S'il perçoit un danger, il lui faut modifier son itinéraire, voire renoncer. Des panneaux de signalisation et des applications mobiles permettent aussi de planifier les itinéraires en évitant les zones sensibles.
Comment Valrando agit-elle pour informer sur l'état des sentiers?
Nous avons un rôle limité dans la gestion directe des sentiers, car ce sont les communes qui en ont la responsabilité en Valais. Valrando n'a donc pas de pouvoir d'intervention: nos seules possibilités consistent à sensibiliser les communes à leur tâche et responsabilité et à demander la fermeture virtuelle d'un chemin si nécessaire. Celle-ci est ensuite signalée sur l'application dans les 24 heures. En hiver aussi, le tourisme alpin pose problème
Chaque année, environ 2700 tonnes de déchets sont abandonnés dans la nature, été comme hiver. En 2024, la Summit Foundation a organisé le «Clean-up Tour», des sessions de ramassage qui ont permis de collecter 3222 kilos de déchets, notamment sur les pistes de ski.
Au-delà du littering, les comportements sur les pistes soulèvent d'importantes questions de sécurité. Le bureau de prévention des accidents estime que plus de 90% des accidents sont provoqués par les victimes elles-mêmes. Se surestimer, négliger les règles de priorité ou ignorer les autres usagers: chaque hiver, ces erreurs causent environ 61'000 blessures et plusieurs décès.
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