
Christophe Gleizes, son prochain reportage : notre édito en soutien au journaliste français détenu en Algérie
Je me suis endormi, lundi, en pensant à Christophe. Je ne le connais pas vraiment. Il ne me connaît pas vraiment. Deux petits messages sur Twitter, X, appelez le réseau social comme vous voulez. Des échanges simples de bons sentiments. Il avait gonflé mon ego avec un message gentil pour une enquête. Plus tôt, je lui avais demandé un service. De Christophe, j'ai lu beaucoup de choses.
Je me souviens notamment d'un excellentissime reportage au Qatar. Il y avait tout dedans : le fond, la forme, la tournure d'esprit, la désinvolture du journaliste qui connaît sa mission et n'y déroge jamais. Du journalisme gonzo, immersif, comme on aime lire ces temps-ci, dans différentes revues, comme Invendable. On aurait bien vu Christophe écrire dedans, d'ailleurs.
J'avais lu, aussi, son livre Magique système, l'esclavage moderne des footballeurs africains, une très longue enquête sur ce que l'humain peut faire de pire parmi le genre. Lecture saine et éclairante, sensible, profonde, rythmée par les voyages et la quête de vérité. Christophe est un spécialiste de l'Afrique, notamment. Il incarne comme d'autres l'essence même de ce que l'on est : des petits aventuriers sans prétention qui veulent raconter des choses, « donner à voir », prendre par la main le lecteur pour l'embarquer ailleurs.
J'étais donc nullement surpris qu'il soit en Algérie pour un reportage sur la JS Kabylie. J'espère lire un jour ce sujet. Vite. Pas dans sept ans. Surtout pas dans sept ans. Après treize mois de contrôle judiciaire, sept ans, c'est la condamnation pour prison ferme dont il a brutalement écopé par les autorités algériennes et le tribunal de Tizi Ouzou. « Apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national ». Tout cela ressemble à une blague. Cela n'en est pas une.
C'est juste une énième offensive contre les journalistes, la liberté de la presse, celle d'informer. Christophe écrivait pour So Foot et Society. Deux rédactions auxquelles on pense, comme on pense à ses proches, à la famille Gleizes, à ses amis, à ses collègues, à ses lecteurs. On pense aussi à ceux qui pourraient faire en sorte qu'il soit libre. C'est le moment de faire quelque chose. Pour que Christophe puisse simplement reprendre sa vie de journaliste .
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