
Trump veut réunir Poutine et Zelensky après l'Alaska
(Washington) Donald Trump a affirmé mercredi vouloir organiser une rencontre à trois entre Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky et lui-même « presque immédiatement » après le sommet en Alaska avec son homologue russe, afin de mettre un terme à la guerre en Ukraine.
Robin LEGRAND, avec Pierrick YVON à Berlin et Barbara WOJAZER à Kramatorsk
Agence France-Presse
Ce qu'il faut savoir Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine en Alaska vendredi ;
Ce mercredi, les dirigeants européens, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky, se sont entretenus avec Donald Trump et J. D. Vance dans l'espoir de les convaincre de défendre les intérêts de l'Ukraine face à Vladimir Poutine ;
Des dirigeants ont évoqué une chance « réelle » de cessez-le-feu ;
Donald Trump a prédit « des échanges de territoires », alors que l'armée russe occupe environ 20 % du territoire ukrainien ;
L'armée russe a réalisé mardi sa plus large avancée en 24 heures en territoire ukrainien depuis plus d'un an, selon une analyse de données de l'AFP.
Le président américain s'est exprimé devant la presse à Washington à la suite de ce qu'il a qualifié de « très bon appel » avec des dirigeants européens, sur fond de progression rapide des forces russes en Ukraine.
« Nous aurons rapidement une seconde rencontre entre le président Poutine, le président Zelensky et moi-même, s'ils veulent que je sois là », a-t-il déclaré.
Le président américain a cependant déclaré qu'il pourrait renoncer à organiser cette rencontre, en fonction de la teneur de son tête-à-tête avec Vladimir Poutine vendredi sur une base militaire américaine en Alaska.
« Si je sens que ce n'est pas approprié de l'organiser car nous n'avons pas obtenu les réponses que nous devons obtenir, alors il n'y aura pas de seconde rencontre », a-t-il affirmé.
PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS
Le président américain, Donald Trump
« Nous espérons que le thème central de la réunion » entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska sera « un cessez-le-feu immédiat », a de son côté déclaré Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien s'exprimait de Berlin, où il a été reçu par le chancelier allemand, Friedrich Merz, pour une visioconférence avec Donald Trump et les principaux dirigeants européens, ceux de l'UE et de l'OTAN.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a évoqué une chance « réelle » de cessez-le-feu, et ce « grâce au travail du président » américain.
Évacuations
Ces échanges ont eu lieu au lendemain de la plus grande progression en 24 heures des forces russes en territoire ukrainien depuis plus d'un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Les troupes russes, dont l'avancée s'accélère, ont dit avoir conquis plus de 110 km2 supplémentaires au 12 août par rapport à la veille, ce qui n'était plus arrivé depuis fin mai 2024.
Signe de la dégradation de la situation, l'Ukraine a ordonné mercredi l'évacuation de familles dans une dizaine de localités dans l'est, où les soldats russes ont rapidement gagné du terrain ces derniers jours.
PHOTO GENYA SAVILOV, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des habitants discutent devant un bureau de poste endommagé à la suite d'une frappe russe dans la ville de Bilozerske, en Ukraine.
Au moins trois personnes ont été tuées dans des tirs d'artillerie et des raids de drones russes dans la région de Kherson (sud) tôt mercredi, d'après les autorités régionales.
Pendant ce temps, l'activité diplomatique bat son plein depuis l'annonce du sommet à Anchorage, en Alaska, dont les Européens redoutent que l'issue ne soit défavorable à l'Ukraine, après trois ans et demi de conflit.
L'Ukraine « doit être à la table » au cours des prochaines réunions, a réclamé Friedrich Merz, rappelant la position des Européens selon laquelle la « ligne de contact » (ligne de front) devait « être le point de départ » d'éventuelles négociations territoriales.
La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN.
« Conséquences très graves »
PHOTO JOHN MACDOUGALL, VIA REUTERS
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le chancelier allemand, Friedrich Merz
Donald Trump a prédit « des échanges de territoires », à un moment où les soldats russes occupent environ 20 % de l'Ukraine.
Mais il est aussi resté vague sur ses attentes vis-à-vis de Vladimir Poutine, disant vouloir « tâter le terrain » vendredi.
Volodymyr Zelensky a lui exclu tout retrait de zones de l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un accord de paix.
Pour Friedrich Merz, l'Ukraine « est prête à discuter de questions territoriales » mais pas d'« une reconnaissance légale » de l'occupation par la Russie de certaines parties de son territoire.
« Les questions territoriales […] ne seront négociées que par le président ukrainien », a de son côté martelé Emmanuel Macron, pour qui « il n'y a pas aujourd'hui, de manière sérieuse, des schémas d'échanges territoriaux qui sont sur la table ».
Selon le chef de l'OTAN, Mark Rutte, « la balle est désormais dans le camp de Poutine ».
Moscou de son côté a jugé « insignifiantes » ces consultations entre Américains et Européens.
Devant la presse mercredi, Donald Trump a averti que la Russie ferait face à des « conséquences très graves » si elle n'acceptait pas de mettre fin à la guerre, sans pour autant rentrer dans les détails.
Pour Volodymyr Zelensly, « des sanctions doivent être mises en place et renforcées si la Russie » refuse une trêve.
À Kramatorsk, une ville de l'est de l'Ukraine située à environ 20 km du front, des militaires ukrainiens semblaient résignés face à l'émulation diplomatique.
« Il y a déjà eu tellement de négociations entre les chefs d'État, mais rien ne change, » a déclaré à l'AFP Dmytro, 21 ans.
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(Ottawa) Après 100 jours de mandat, Mark Carney comptait bien se reposer un peu. C'était sans compter sur les turbulences déclenchées par la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, en prévision de laquelle il s'est notamment entretenu avec Volodymyr Zelensky. Une semaine à l'image des premiers mois du mandat du premier ministre. Ses proches collaborateurs ont avisé les médias dimanche soir que le premier ministre aurait un horaire allégé cette semaine afin de prendre quelques jours de vacances dans la région de la capitale fédérale. Mais ils prenaient soin de préciser que le premier ministre ne serait jamais bien loin de son téléphone. Les dossiers liés à la sécurité et à l'économie pourraient nécessiter son attention. 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La rencontre a été demandée par le président russe, Vladimir Poutine, après son entretien à Moscou avec l'émissaire américain Steve Witkoff la semaine dernière. Donald Trump s'impatientait de l'impasse des derniers mois, lui qui s'était targué de pouvoir régler la guerre en Ukraine rapidement. Le président américain avait donc lancé un ultimatum à la Russie en juillet : si aucun accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine n'était conclu avant le 8 août, de nouvelles sanctions seraient imposées. Et la participation ukrainienne ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est pas invité au sommet, qui aura lieu à Anchorage, en Alaska. Trump a assuré mercredi qu'une rencontre tripartite serait organisée rapidement par la suite. « C'est une occasion ratée de ne pas avoir insisté pour que la rencontre inclue Zelensky », estime Liana Fix, chercheuse du Council for Foreign Relations spécialisée dans les questions européennes. Poutine a décliné les rencontres avec Zelensky dans le passé. 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Pour mettre fin à la guerre, Poutine demande que l'Ukraine cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée, annexée en 2014. La Russie occupe actuellement 20 % du territoire de l'Ukraine. « La Russie pourrait adoucir le ton, mais je ne vois pas comment elle pourrait redonner des territoires qu'elle occupe actuellement », souligne Sarah Ann Oates, de l'Université du Maryland. L'invasion russe à grande échelle a commencé en 2022, mais depuis 2014, les Ukrainiens défendent les régions illégalement annexées par leur voisin. « Je ne sais pas ce qui serait acceptable pour les Ukrainiens, dit Mme Oates. Il y a un épuisement physique et moral, mais aussi une colère qui renforce la détermination, après avoir perdu tant de gens dans la guerre. Donc je ne pense pas qu'ils seraient prêts à capituler. Mais je ne suis pas sûre que Trump comprenne le nationalisme ukrainien. » Le premier ministre du Canada, Mark Carney, a aussi participé à une discussion mercredi avec d'autres dirigeants de la « Coalition des volontaires », les alliés de l'Ukraine, en prévision du sommet. À quoi faut-il s'attendre ? Le président américain sera là pour « écouter », a précisé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. « Il ne faudrait pas s'attendre à de réels progrès vers une résolution du conflit, mais avec un peu de chance, il n'y aura pas trop de dégâts pour compromettre l'Ukraine », dit Mme Fix. PHOTO NANNA HEITMANN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Le président russe, Vladimir Poutine Il y aura de « très sévères conséquences » si Poutine n'accepte pas de mettre fin à la guerre après la rencontre de vendredi, a menacé Trump mercredi. « Nous sommes dans un territoire diplomatique inusité, et il est très difficile de prévoir ce que Trump pourrait faire », souligne Mme Oates, rappelant sa rencontre houleuse avec Zelensky, à la Maison-Blanche, en février. Qu'est-ce que le sommet a d'inhabituel ? « Habituellement, ça prendrait plusieurs semaines pour organiser un tel sommet », dit Diddy Hitchins, professeure émérite de l'Université d'Alaska à Anchorage. Les diplomates étudieraient tous les scénarios possibles et les réponses à donner, particulièrement dans le cas d'une résolution à une guerre, explique la spécialiste de la diplomatie et de la Russie. 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