
Le silence assourdissant de l'opposition
Les cosignataires souhaitent que le projet de loi 97 retourne sur la table à dessin et pressent les représentants de l'opposition à l'Assemblée nationale d'en faire la demande.
Anne-Marie Chapleau, mère au front (Saguenay) ; Henri Jacob, président d'Action boréale ; Isabelle Senécal, mère au front (Montréal) ; Jennifer Ricard Turcotte, mère au front (Rouyn-Noranda) ; Lyne Lefebvre, mère au front (Montréal)
Depuis le dépôt du projet de loi 97 (PL 97) visant à moderniser le régime forestier québécois, les médias ont été inondés de lettres et de communiqués. Quasi unanimement, ceux-ci dénonçaient divers aspects du PL 97, notamment la volonté de réserver plus de 30 % de la forêt publique à l'industrie forestière.
La ministre des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), Maïté Blanchette Vézina, a dit à maintes reprises que cette modernisation visait à sauver les jobs et les petites municipalités. C'était bien essayé. Mais les représentants des communautés forestières et des travailleurs forestiers sont d'un autre avis.
Ils l'ont dit sans ambiguïté devant la commission parlementaire qui étudiait le projet de loi. Déplorant la manœuvre gouvernementale à courte vue, ils ont affirmé que cette privatisation déguisée aurait l'effet contraire.
L'appauvrissement des forêts fragilisera inévitablement la filière forestière et, par conséquent, les emplois qui y sont rattachés. Dans les circonstances, le silence des partis de l'opposition résonne étrangement.
Où étiez-vous, mesdames et messieurs de l'opposition, quand les communautés autochtones ont dénoncé l'absence d'une consultation digne de ce nom de la part du gouvernement dans un dossier susceptible de porter atteinte à leurs droits ancestraux ? Alors que l'attitude du gouvernement menace les processus de réconciliation avec les Premières Nations, les échos de votre part, à vous qui aspirez à remplacer la CAQ aux élections de 2026, ont été bien faibles.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Dans la zone d'occupation traditionnelle des membres de la Première Nation innue de Mashteuiatsh à Saint-Ludger-de-Milot, la réforme forestière suscite l'opposition.
Où étiez-vous quand l'ensemble des scientifiques et des écologistes ont protesté contre l'atténuation, voire la dénaturation, du principe de l'aménagement écosystémique de nos forêts ? Selon ce principe, l'aménagement du territoire devrait s'inspirer des processus naturels reconnus comme les plus aptes à préserver la biodiversité non seulement pour maintenir les services écologiques, mais aussi pour assurer la résilience des forêts face aux changements climatiques.
Qu'avez-vous pensé en constatant le recul démocratique que le projet de loi 97 annonçait en abolissant les tables de gestion intégrée des ressources et du territoire, dernier lieu de concertation minimale où les autres intervenants préoccupés par l'avenir de nos forêts peuvent faire part de leurs doléances ? Difficile de le savoir vu le silence radio qui a régné sur vos tribunes.
Une nouvelle « erreur boréale » est en train d'être planifiée sous nos yeux et les vôtres. Messieurs et mesdames des partis de l'opposition, il est encore temps d'élever la voix et de prendre clairement parti pour la sauvegarde de la forêt publique québécoise, de sa biodiversité, des communautés et des travailleurs qui en dépendent.
S'entendre pour mettre le projet sur pause ne suffira pas. Il est encore temps de réclamer haut et fort le retour du projet de loi sur la table à dessin et d'exiger que les Premières Nations, les scientifiques et toutes les instances concernées soient dûment convoqués à cette table. De simples amendements seront nettement insuffisants pour que ce projet de loi règle les problèmes en forêt et maintienne la cohésion sociale. Il est encore temps, mais le sablier s'épuise. Après, il sera bien tard pour déchirer vos chemises sur la place publique.
La forêt publique québécoise représente un inestimable héritage légué par nos ancêtres. C'est notre devoir collectif de la protéger pour la transmettre en bon état à nos enfants et à leurs descendants.
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La Presse
5 hours ago
- La Presse
Soupir de soulagement à Laval
Pour les ex-sinistrés de Laval, la journée de dimanche a été forte en émotions. « Je suis sur des groupes Facebook d'anciens sinistrés, et à chaque fois qu'il y a une alerte de pluie, les gens écrivent qu'ils ont peur. Ça reste vraiment en nous, cette peur-là », indique Sara Beaudet. Durement touchés l'an dernier par les vestiges de l'ouragan Debby, les résidants de Laval sont restés les pieds au sec, dimanche. Même dans les quartiers de la ville habitués aux inondations, les rues étaient tranquilles lundi. On profitait d'une journée d'été comme les autres, ou presque. « À chaque fois qu'il y a un orage, il faut être là pour se préparer », nous dit Sara Beaudet. En août 2024, la locataire a fait partie des sinistrés des inondations qui ont suivi la tempête Debby. Elle a dû attendre cinq mois avant de réintégrer son logement du secteur Fabreville. Les pluies de dimanche ont ravivé chez elle de douloureux souvenirs. « Hier, j'ai monté des choses du sous-sol. Ça devient stressant à ce point-là », confie-t-elle. En août dernier, Laval avait été fortement touchée par les inondations. D'intenses précipitations avaient provoqué des débordements et des refoulements d'égouts dans différents secteurs de l'île. Selon le rapport technique de la Ville, rendu public en juin, environ 7200 bâtiments privés avaient alors été endommagés. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE Stéphane Boyer, maire de Laval « [Cette fois-ci] Laval semble avoir été épargné par le pire de la tempête », souligne Stéphane Boyer, maire de la municipalité de plus de 400 000 personnes. Certains secteurs de la ville ont reçu jusqu'à 60 millimètres de pluie, soit deux à trois fois moins que lors du passage de Debby. Des citoyens ont signalé quelques infiltrations d'eau mineures et des accumulations d'eau sur la chaussée, mais aucun évènement majeur n'a été rapporté aux autorités municipales. PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE En août 2024, environ 7200 bâtiments privés avaient été endommagés à Laval par le passage des vestiges de Debby. Une peur qui ne part pas « On est chanceux qu'il n'y ait pas eu tant de pluie que ça ici. Si on avait eu la pluie qu'ils ont eue [à Montréal et ailleurs], je ne suis pas sûre qu'on aurait été épargnés », suggère la Lavalloise Anne-Marie Bélisle. Pour les ex-sinistrés comme elle, la journée de dimanche a tout de même été forte en émotions. « Je fais de l'hypervigilance depuis ce moment-là [le passage de Debby] », raconte la mère de famille. En plus de 15 ans, elle n'avait jamais été inondée. Elle ne croyait même pas que c'était possible pour sa maison, comme elle n'habite pas en bordure d'un cours d'eau. J'ai eu deux pieds d'eau à la grandeur de mon sous-sol. Il a fallu tout refaire. C'était un gros stress. Je ne voudrais vraiment pas revivre ça. Anne-Marie Bélisle, résidante de Laval Mme Bélisle demeure pessimiste pour la suite. « J'ai une pompe submersible, puis je ne me sens même pas à l'abri avec ça. » Sara Beaudet abonde aussi en ce sens. « Je suis sur des groupes Facebook d'anciens sinistrés, et à chaque fois qu'il y a une alerte de pluie, les gens ont peur. Ça reste vraiment en nous, cette peur-là, indique-t-elle. On le comprend que les villes ne sont pas prêtes à recevoir autant d'eau. Mais on veut sentir que nos gouvernements nous appuient. » En 2023, un rapport indépendant avait évalué à plus de 600 millions de dollars les besoins urgents dans le réseau d'égouts et d'aqueducs de Laval. « On ne se croise pas les bras, précise le maire Boyer. Nous avons prévu d'investir 350 millions d'ici 2027 pour protéger nos citoyens des inondations. C'est une priorité pour mon équipe et moi. » Ce plan d'investissement, présenté en juin, prévoit notamment améliorer et adapter les infrastructures de pompage et les réseaux fluviaux, ainsi que l'ajout de rues éponges et d'un bassin souterrain d'une capacité équivalente à six piscines olympiques dans le secteur Cartier.


La Presse
5 hours ago
- La Presse
Après l'eau, la grogne
George Padula, résidant de la rue de Belmont, dans Saint-Léonard, en était dimanche à sa troisième inondation. L'eau est épongée, les dégâts sont en voie d'être ramassés, mais la frustration, elle, demeure. Au lendemain des pluies diluviennes qui ont inondé certains secteurs, des sinistrés dénoncent la « négligence » de la Ville de Montréal dans la modernisation des égouts et des canalisations souterraines. L'administration de Valérie Plante répond qu'elle continuera d'améliorer son réseau, mais que les effets ne seront pas immédiats. « Pour nous, ça a été pire que l'an dernier. Ça a bouché plus vite et l'eau s'est rendue jusqu'en arrière », lance Marc-André Veer, dont le sous-sol a été inondé sur l'avenue de Châteaubriand, dans Ahuntsic-Cartierville. Au passage de La Presse, durant la journée, le ménage était toujours en cours. Comme de nombreux autres Montréalais, il demeure dans une zone de « cuvette », qui est plus vulnérable aux inondations lors de pluies diluviennes, puisque l'eau a tendance à s'y accumuler. En août 2024, lors du passage de la tempête Debby, l'eau avait aussi envahi son domicile et fait des dommages considérables. Selon lui, la source du problème est la capacité du réseau municipal, et il faut s'y attaquer. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Marc-André Veer dans son sous-sol qui a été inondé dimanche Prenez un peu de temps pour vérifier la grosseur des tuyaux et faites quelque chose, parce que là, c'est répétitif. Ça devrait être ça, la priorité en ce moment. Marc-André Veer, sinistré de l'avenue de Châteaubriand Il est loin d'être le seul à penser ainsi dans le quartier. « Ça ne change pas vraiment malgré les années qui passent. Les élus, ils vont parler, ils vont faire des annonces, puis il n'y a rien qui va se passer. C'est pourtant un problème récurrent, ce n'est pas vraiment nouveau, même si ça reste sporadique », confie Maurice Nadeau, qui habite tout près. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Maurice Nadeau et Pauline Madore « C'est une nécessité de remplacer les tuyaux ici. Heureusement, cette année, on n'a rien de brisé, ce n'est pas comme l'an passé », ajoute sa conjointe, Pauline Madore. Les précipitations de dimanche ont été plus concentrées que celles laissées par Debby en août 2024. Il est tombé, à l'aéroport Montréal-Trudeau, 81,6 mm de pluie dimanche – la journée de juillet la plus pluvieuse de mémoire de météorologue –, dont 60 mm en seulement une heure. Le 9 août 2024, Montréal avait reçu 145 mm de pluie en 24 heures. Des résultats réclamés Un peu plus à l'est, dans Saint-Léonard, la grogne citoyenne est tout aussi palpable. « Ils ne font rien pour aider. Ils ont réparé les trottoirs, ils ont planté des arbres sur la rue. C'est ça qu'ils ont fait pour nous », lance Andriy Marunych, irrité. Son garage et son sous-sol ont été inondés dans la rue de Belmont. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE Andriy Marunych (à droite), dont le garage et le sous-sol ont été inondés, rue de Belmont « Ça nous prend un bassin de rétention, point final. Mais la Ville ne le fait pas, probablement parce que c'est trop cher », ajoute ce résidant, qui craint que ses voisins et lui-même en paient de nouveau le prix. George Padula, qui habite l'arrondissement de Saint-Léonard depuis bientôt 20 ans, seconde. « Les égouts, je pense qu'ils n'ont pas bien travaillé là-dessus. Et là, comme on sait que ça va arriver pas mal fréquemment, ça devient plus urgent », note celui qui en est déjà à sa troisième inondation. L'an passé, c'était même rentré dans notre sous-sol. On a dû le refaire en entier. Ça nous a coûté 35 000 $. On a été chanceux que les assurances couvrent. Disons que dès qu'il pleut, on est tous très préoccupés dans le quartier. George Padula, sinistré de la rue de Belmont May Slim, elle, a été inondée dimanche pour la deuxième fois, après avoir acheté sa propriété il y a bientôt 20 ans. « Honnêtement, le stress physique, émotionnel et mental est tellement fort. Chaque fois qu'ils annoncent de la pluie, on reste à la maison, on ne peut rien faire, parce que s'il arrive quelque chose, on doit réagir très rapidement », dit-elle à ce sujet. PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE May Slim s'affaire à nettoyer les dégâts causés par l'inondation dans son garage, rue de Belmont. « On est en train de voir ce qu'on peut faire au niveau juridique, avec peut-être un recours collectif. Pour moi, c'est carrément de la négligence de la Ville de Montréal, ce qui se passe », note Mme Slim. Après les inondations causées par Debby, un groupe de citoyens de l'arrondissement de Saint-Laurent a déposé, en février, une demande pour intenter une action collective, accusant la Ville de négligence dans la modernisation de son réseau d'égouts. Armez-vous de patience En visite dans Ahuntsic-Cartierville, lundi, la mairesse Valérie Plante a indiqué que le remplacement des systèmes d'égouts désuets prendrait encore plusieurs années dans la métropole, vu l'ampleur de la tâche. Elle promet d'aller « le plus vite possible », mais appelle les citoyens à protéger leur maison dans l'intervalle. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Valérie Plante, mairesse de Montréal À moyen terme, les chantiers de construction seront donc encore très nombreux dans les rues de la métropole. Les gens vont souvent s'en plaindre [des chantiers], mais on ne les fait pas pour rien. […] Ce qu'on veut justement, c'est préparer le territoire. Valérie Plante, mairesse de Montréal La mairesse déplore par ailleurs que le programme de soutien provincial pour les sinistrés n'indemnise que les propriétaires inondés par le débordement d'un cours d'eau, et non par les pluies diluviennes. « Le fédéral et le provincial doivent en faire plus, et venir soutenir les efforts des villes à réparer et adapter les territoires, mais aussi revoir les programmes d'indemnisation », a dit Mme Plante. PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, LA PRESSE CANADIENNE Maja Vodanovic, responsable de l'eau au comité exécutif À ses côtés, la responsable de l'eau au comité exécutif, Maja Vodanovic, a demandé à chacun d'apporter sa contribution. « La première chose que les citoyens doivent faire, c'est de protéger leur maison, parce que nous, on ne pourra pas tout 'ouvrir' la ville en même temps », a-t-elle relevé, parlant de plusieurs « années » avant de pouvoir remplacer l'ensemble des réseaux souterrains désuets. Dans l'opposition, la cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, a déploré lundi que l'administration Plante tarde à moderniser ses collecteurs d'eau. « On ne peut pas agrandir un territoire, avoir plus de gens qui habitent, si les bassins de rétention et les égouts ne sont pas assez gros. C'est le problème numéro un. […] Un parc éponge, ça ne va pas régler le problème qu'on voit avec les pluies d'hier. Il faut doubler la capacité des collecteurs », a-t-elle martelé.


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Un corps trouvé dans une piscine résidentielle
Un corps trouvé dans une piscine résidentielle Un corps sans vie a été trouvé dans une piscine résidentielle de Pointe-aux-Trembles, lundi en fin d'avant-midi. Peu avant 11 h 10, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a reçu un appel pour une « personne inconsciente dans une piscine » d'une résidence de la 43e avenue, près de la rue Albéric-Gélinas. Cette personne est « possiblement de sexe masculin » selon les premières informations du SPVM. Les paramédicaux ont constaté le décès de l'individu directement sur place. Un périmètre de sécurité a été érigé, afin de permettre aux enquêteurs de procéder à l'analyse complète des lieux. Les autorités s'affairent à comprendre les circonstances qui ont mené à l'incident, et n'identifient pas encore une cause pour le moment.