
À Nice, passe d'armes entre Christian Estrosi et le préfet sur le chantier retardé du grand hôtel des polices
Le retard de dix mois annoncé sur la livraison de l'immense hôtel des polices de Nice (Alpes-Maritimes) a donné lieu à un nouveau différend entre le maire Christian Estrosi et le préfet Laurent Hottiaux. Ce chantier emblématique, qui devait se terminer à la fin de l'année, soit à quelques mois des élections municipales, le sera finalement en octobre 2026 malgré les 400 ouvriers présents sur le site. Lors d'une visite de chantier vendredi dernier, l'édile s'est agacé de ce nouveau calendrier lié, selon lui, «à la réforme de la police nationale, au contexte budgétaire et politique».
Faux, selon le représentant de l'État. «La situation budgétaire n'affecte en rien ce chantier dont les crédits ont été alloués depuis plusieurs années», a rétorqué le préfet Laurent Hottiaux dans un communiqué transmis ce week-end. «Le report de la livraison est dû à des problèmes de liquéfactions des sols rencontrés sur cette opération», a-t-il poursuivi, assurant que la municipalité est «parfaitement informée du suivi du chantier», notamment à la suite d'un comité qui s'est tenu en juin.
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Projet à 243 millions d'euros
Les travaux pour ce commissariat géant (50.000 mètres carrés) au sein de l'ancien hôpital Saint-Roch sont lancés depuis janvier 2022. Près de 2000 policiers nationaux et municipaux doivent y être réunis, en plus d'un centre de supervision urbain à la pointe. Un projet d'envergure unique en France soutenu par le président Emmanuel Macron et chiffré à 243 millions d'euros, dont 173,5 millions payés par l'État. «Cette somme représente par ailleurs la construction de quatre à cinq commissariats en France», relève le préfet des Alpes-Maritimes. «L'hôtel des polices de Nice est un chantier prioritaire pour le ministère de l'Intérieur», soutient-il.
Mais le maire Christian Estrosi a été jusqu'à dénoncer un impayé de l'État à la ville à hauteur de 30 millions d'euros, joignant même une facture sur son compte X. «Les Niçois ne sauraient être les banquiers de l'État», a-t-il réagi. «Il n'y a ni avance ni remboursement de frais des parties. Chacun met dans un pot commun l'argent qu'il doit apporter au travers de versements annuels», avait quant à lui expliqué le préfet. L'édile a aussi déploré «l'absence d'un chef de projet» après le départ du sous-préfet Luc Ankri, ce qui, selon lui, «freine son bon déroulement».
Les services de police ne sauraient faire l'objet d'aucune instrumentalisation politique et l'État y veillera Laurent Hottiaux, préfet des Alpes-Maritimes
«Les services de police ne sauraient faire l'objet d'aucune instrumentalisation politique et l'État y veillera», a encore recadré Laurent Hottiaux. Arrivé en mai, ce dernier a succédé au préfet Hugues Moutouh, avec qui le maire de Nice entretenait des relations glaciales et conflictuelles.
Si son remplaçant a prôné l'impartialité et l'unité lors de sa prise de fonctions dans ce département en proie aux tensions politiques, des premières frictions avec Christian Estrosi sont apparues, notamment sur le cas du retrait des drapeaux israéliens du fronton de la mairie ou encore d'un arrêté jugé illégal concernant la régulation des bateaux de croisières, et donc désormais, sur le retard et le financement de l'hôtel des polices.
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