
«Écœurant», «tapis rouge», «déférence» : aux États-Unis et en Ukraine, la presse accorde la victoire à Vladimir Poutine après son sommet avec Donald Trump
Vladimir Poutine : 1 - Donald Trump : 0. Unanimement, et chacune à leur manière, la presse américaine et ukrainienne constatent, mêlant la déception et la colère au cynisme, l'échec du président américain à conclure l'ombre d'une ébauche d'accord avec son homologue russe sur la guerre en Ukraine. En Russie, la presse, en particulier les journaux proches du pouvoir, se félicitent de la rencontrent entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Mais ne s'aventurent pas dans des analyses quant au futur des potentielles négociations et du conflit en Ukraine.
«Le maître de l'art du deal» - comme Donald Trump s'autoproclame - a, à l'issue du sommet en Alaska vendredi 15 août, assuré qu'il restait «très peu» de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée il y a plus de trois ans par l'invasion russe de son voisin, renvoyant la responsabilité au président ukrainien Volodymyr Zelensky.
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«Écœurant. Honteux. Et finalement, inutile», juge dans son éditorial ce samedi 16 août The Kyiv Independent . «Ce sont les mots qui nous sont venus à l'esprit lorsque nous avons regardé le sommet se dérouler. Sur nos écrans, un dictateur et criminel de guerre baigné de sang a reçu un accueil royal au pays de la liberté, alors que ses drones d'attaque se dirigeaient vers nos villes», écrit la rédaction du journal fondé en 2021.
«Tapis rouge»
Et le journal en ligne de souligner la différence criante de l'accueil réservé au président russe par rapport à l'humiliation réservée à Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche quelques mois auparavant. «Le président américain a accueilli Vladimir Poutine avec un tapis rouge, des poignées de main chaleureuses, un survol de bombardiers américains et un trajet en limousine (...)», s'indigne-t-il. «Le président ukrainien a été publiquement humilié. Celui de la Russie a été choyé. Ces deux épisodes sont honteux.»
«Il y a une leçon que Trump n'a toujours pas apprise, poursuit l'éditorial. Le dirigeant russe ne conclut pas vraiment d'accords, il prend. Il prend ce qu'on lui propose, puis en prend encore, et il continue à prendre jusqu'à ce qu'il soit arrêté par la force. C'est là l'art russe du deal. Trump ne comprend pas que Poutine n'est pas transactionnel à propos de l'Ukraine ; il est messianique. Il veut l'Ukraine pour la Russie, point final.» Conclusion : «Poutine revient du sommet de l'Alaska avec une victoire – mais pas une victoire écrasante comme il aurait pu l'espérer.» Parmi elles, celle de s'être dépareillé de ses oripeaux de paria international alors même qu'il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).
«Geste de déférence inhabituel» et «démonstration militaire»
Aux États-Unis, même antienne au New York Times : «Trump a déroulé le tapis rouge à Poutine. Il n'a toujours pas obtenu d'accord de paix.» Dans son compte rendu, le quotidien insiste notamment sur la «démonstration militaire» de Donald Trump à Vladimir Poutine. «Alors qu'ils se dirigeaient vers une estrade, les deux hommes s'arrêtèrent pour observer un bombardier furtif B-2 qui volait au-dessus d'eux (...) Ils croisèrent plusieurs chasseurs F-22 stationnés à Elmendorf, le type d'appareil utilisé par les pilotes pour contrer les menaces d'agression russe.» Et de relever le «geste de déférence inhabituel» du président américain qui a laissé son homologue parler en premier à l'issue de leur rencontre.
Dans son billet, Serge Schmemann, ancien chef du bureau moscovite du New York Times résume : «Rares sont les sommets Est-Ouest de l'histoire moderne qui ont été précédés d'autant de spéculations et d'incertitudes. Rares sont ceux, voire aucun, qui se sont conclus avec encore moins de clarté. Ce qui était clair, en revanche, c'est que Vladimir Poutine était pleinement satisfait.» De son côté, l'envoyé spécial du quotidien note : «Pour les Ukrainiens et leurs voisins européens, la rupture des négociations entre le président Trump et le président Vladimir Poutine contenait un élément de soulagement. Leur plus grande crainte était que Donald Trump cède aux exigences territoriales du président russe».
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«L'essentiel de cette rencontre semble être que Monsieur Poutine refuse de mettre fin à sa guerre en Ukraine, et qu'il refuse même un cessez-le-feu temporaire. Les massacres que Monsieur Trump abhorre à juste titre vont apparemment se poursuivre», résume de son côté le Wall Street Journal dans son éditorial.

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