Euro 2025: un dernier carré indécis sur la route de la finale de Bâle
Les demi-finales réunissent quatre nations aux trajectoires contrastées. La route vers la finale – dimanche à Bâle – promet des étincelles, et peut-être des surprises. Publié aujourd'hui à 08h04
Tandis que l'Euro 2025 a été marqué par des records d'affluence, quatre nations se disputent les deux places de finalistes pour ce dimanche au Parc Saint-Jacques de Bâle.
Claudio Thoma/freshfocus
En bref:
L'Euro 2025 féminin entre dans sa phase la plus incandescente: un dernier carré, deux demi-finales, quatre nations, et autant de récits contrastés qui se rejoignent à la croisée des rêves et de la tension. Au Stade de Genève mardi (21 h), l'Italie, inattendue et vibrante, défie l'Angleterre, championne d'Europe en titre sous pression.
Mercredi au Letzigrund de Zurich, la flamboyante Espagne, grande favorite au jeu léché, affronte l'Allemagne, une équipe forgée dans l'adversité. Quelles sélections seront au rendez-vous, dimanche en finale au Stade Saint-Jacques de Bâle (18 h)?
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Angleterre – Italie: des Azzurre en quête du match parfait
Ce mardi à Genève, l'Italie et l'Angleterre s'affrontent pour une place en finale de l'Euro 2025. Deux trajectoires, deux récits, et pourtant un même vertige: celui de se rapprocher d'un titre continental. Pour les Italiennes, ce serait un exploit historique. Pour les Anglaises, championnes d'Europe en titre, il s'agirait d'une confirmation attendue.
La sélection italienne arrive dans le dernier carré portée par une ferveur qu'on ne lui connaissait plus. Cela faisait presque trois décennies que les Azzurre n'avaient pas goûté aux joies d'une demi-finale européenne (finalistes en 1993 et 1997).
Aujourd'hui, elles sont là, debout, étonnantes, détonantes. Elles n'avaient rien à perdre, et les voilà en train de tout gagner. Cette équipe n'a peut-être pas la précision chirurgicale des grandes favorites, ni la puissance athlétique des sélections nordiques, mais elle a retrouvé une âme, un souffle et un paquet d'espoirs.
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Au centre de cette résurrection, une femme de 34 ans, un brassard autour du bras, une rage de vaincre dans le regard: Cristiana Girelli. Elle ne court pas plus vite que les autres, elle ne dribble pas trois joueuses à la fois, mais elle est toujours là au bon moment. Dans la surface, son sens du but est une science. Chaque touche de balle raconte son envie de marquer l'histoire. Ses deux buts contre la Norvège en quarts ont rappelé que certains ballons, quand ils retombent sur les bonnes joueuses, ne demandent qu'à filer au fond des filets.
Cristiana Girelli incarne tout ce que l'Italie veut redevenir: opportuniste, élégante, têtue. Mais pour franchir l'obstacle anglais, les Azzurre – dont le mantra depuis le début du tournoi est «le meilleur est à venir» – semblent condamnées à livrer un match parfait. L'Angleterre et son cœur battant: Lucy Bronze
En face, l' Angleterre s'avance avec un tout autre fardeau: celui du devoir et du poids des attentes. Championnes d'Europe en 2022 à domicile à Wembley, finalistes du Mondial 2023 face à l'Espagne, les Lionesses veulent défendre leur couronne continentale. Le quart de finale face à la Suède a toutefois été une odyssée à lui seul: égalisation à l'arraché grâce à un but tombé de nulle part signé Michelle Agyemang (19 ans), prolongations à couteaux tirés, et finalement, une qualification épique après les tirs au but.
Mais derrière l'euphorie, il y a des doutes. La capitaine Leah Williamson, touchée au genou, reste incertaine. Les cadres du groupe ont beaucoup donné. Trop, peut-être? Pour résister aux Italiennes, les Anglaises devront se rappeler ce qu'elles sont quand le jeu ne répond plus: une équipe au mental d'acier portée par sa latérale droite de 33 ans, l'infatigable Lucy Bronze, doyenne des Lionesses avec ses 138 sélections.
La défenseuse de Chelsea, perturbée dans sa jeunesse par un déficit de l'attention et un autisme diagnostiqués seulement à l'âge adulte, est le cœur battant de cette sélection anglaise. «Lucy Bronze est tout simplement unique. Je n'ai jamais vu ça auparavant dans ma vie», a salué la sélectionneuse Sarina Wiegman. «Le fait d'avoir quelqu'un comme ça dans votre équipe donne tellement de force, a témoigné sa coéquipière, l'avant-centre Alessia Russo. Elle est tellement passionnée, elle fera n'importe quoi pour gagner. C'est une gagnante née, pas seulement dans le football, mais dans chaque aspect de la vie. Elle inspire chacune d'entre nous avec sa manière d'être et ce qu'elle fait. C'est simplement une légende.»
Ce match ne sera pas qu'un duel tactique. Ce sera un face-à-face entre deux visions du football: une Angleterre qui veut tenir son rang et doit gagner parce qu'elle est favorite, et une Italie qui joue avec le vent dans le dos et veut s'imposer parce qu'elle n'en a plus eu l'occasion depuis vingt-huit années. Espagne – Allemagne: choc au sommet sur la route de Bâle
À Zurich mercredi soir, l'autre demi-finale opposera deux géantes aux tempéraments contraires. L'Espagne et l'Allemagne, deux institutions du football européen, s'affrontent dans un choc que beaucoup imaginent déjà comme une finale avant l'heure. D'un côté, une Espagne en pleine grâce, sûre d'elle, brillante, presque céleste dans sa manière de faire danser le ballon. De l'autre, une Allemagne cabossée, tenace, trempée dans l'acier de l'adversité.
La double Ballon d'or Aitana Bonmati est la cheffe d'orchestre de la sélection espagnole, favorite de l'Euro 2025.
Claudio De Capitani/freshfocus
Côté espagnol, Aitana Bonmati (27 ans), pourtant hospitalisée d'urgence quelques jours avant le début de la compétition en raison d'une méningite virale, traverse ce tournoi avec une lumière rare. La double Ballon d'or ne joue pas, elle respire le football. Elle voit ce que d'autres pressentent à peine. Quand la star du Barça s'empare du ballon, le temps ralentit. Il y a chez elle une forme de sérénité, une manière de rendre simple ce qui semble impossible. Sa talonnade décisive sur le but victorieux contre la Suisse en quarts fut une œuvre d'art à elle seule. La cheffe d'orchestre de la Roja ne joue pas, elle compose. Son influence dépasse les statistiques: elle est l'âme vibrante de la sélection espagnole.
Mais la force de cette Espagne, c'est aussi sa capacité à sublimer le collectif. La buteuse Esther González, Claudia Pina ou Alexia Putellas, pour n'en citer que quelques-unes, forment un réseau de connexions techniques presque insolubles pour leurs adversaires. Le ballon est leur lien, leur langage.
Et pourtant, mercredi, l'Espagne ne pourra pas seulement compter sur la beauté de son jeu. En face se dressera une équipe qui ne meurt jamais. L'Allemagne, renversante face à la France, a prouvé que son cœur battait toujours, même réduite à dix pendant près de cent minutes en quarts de finale. Contre les Françaises, les Allemandes ont livré une bataille d'un autre temps. Une résistance presque absurde. Et dans cette nuit de tension, une héroïne s'est révélée: Ann-Katrin Berger, gardienne de l'impossible.
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Dans les derniers instants de la prolongation, alors que la France poussait pour tuer le match, l'Allemande a sorti une parade venue d'un autre monde. Un ballon fuyant, un gant surgissant de nulle part, un miracle sur sa ligne. Un réflexe, une impulsion désespérée, cette main qui défie la logique. Puis, pendant la séance de tirs au but, elle a stoppé deux tentatives françaises avant d'inscrire elle-même le cinquième penalty de la Mannschaft. Une performance de légende.
Ann-Katrin Berger est devenue le symbole de la résilience allemande. En 2017, à 27 ans, on lui diagnostique un cancer de la thyroïde. Elle subit un traitement intensif… et revient sur les terrains moins de six mois plus tard. En 2022, la maladie récidive. Là encore, elle affronte l'épreuve sans fléchir, et guérit pour de bon. Depuis, chaque match joué est une victoire de plus sur la vie.
Les statistiques, elles, plaident pour les Allemandes. L'Espagne n'a jamais battu l'Allemagne en tournoi majeur. Huit confrontations, cinq défaites, trois nuls. Mais cette Roja championne du monde en titre n'est plus celle d'hier. Elle porte en elle l'insolence du renouveau et l'élégance des certitudes. L'Allemagne, finaliste de l'Euro 2022, porte la mémoire des titres passés (huit sacres européens, un record), l'orgueil et la rudesse de celles qui ont tout traversé. Ce n'est pas une équipe en confiance, c'est une équipe en mission. Et cela change tout.
Cette affiche Espagne – Allemagne sera un affrontement entre deux visions d'un éventuel triomphe à l'Euro 2025: celui que l'on construit patiemment, balle au pied, et celui que l'on arrache avec les dents.
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Autres newsletters Cyrill Pasche est journaliste à la rubrique sportive de 24 Heures, La Tribune de Genève et Le Matin Dimanche. Il couvre en particulier l'actualité du hockey sur glace suisse et international, l'athlétisme ainsi que les Jeux olympiques d'été et d'hiver. Plus d'infos @c9pasche
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