Inflation, dettes et incertitude: les Américains blâment Donald Trump
En 1992, James Carville, stratège de Bill Clinton, résumait la clé pour convaincre les électeurs en une formule devenue culte : « It's the economy, stupid! ». Si l'économie reste la première préoccupation des électeurs américains, Donald Trump pourrait avoir de quoi s'inquiéter. Les consommateurs américains peinent à joindre les deux bouts, et la majorité en font porter la responsabilité sur Donald Trump. C'est ce que révèle un sondage Morning Consult publiés ce jeudi 31 juillet par le think-tank progressiste Century Foundation. Les chiffres sont éloquents : six Américains sur dix considèrent qu'en seulement six mois de mandat, l'administration Trump a déjà eu un impact négatif sur leur coût de la vie.
S'il est prématuré de parler d'un désaveu du président américain, la grogne semble avoir gagné une partie substantielle de l'électorat. Ainsi, interrogés sur la manière dont ils gèrent l'inflation, 61 % des sondés affirment que l'ancien président a eu un impact négatif sur leur pouvoir d'achat, et 63 % sur les prix alimentaires. Près de la moitié d'entre eux (49 %) considèrent même que sa politique a détérioré leurs finances personnelles. «Des millions d'Américains, tous partis et milieux confondus, sont profondément anxieux et peinent à se payer l'essentiel, du logement aux soins médicaux. Donald Trump aggrave ces difficultés », tranche Rachel West, chercheuse à la Century Foundation et coauteure de l'étude, interrogée par le quotidien britannique The Guardian.
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Forte précarité
Que pensent les Américains des nouveaux droits de douane, fer de lance de la politique de Donald Trump ? Pas grand-chose de positif : près de huit Américains sur dix, dont 70 % de républicains, y voient une source d'inquiétude et craignent qu'ils n'alourdissent le prix des biens du quotidien. Pour Julie Margetta Morgan, présidente de la Century Foundation et coauteure de l'étude, le constat est sans appel : «Donald Trump a simultanément fait grimper les prix des produits courants avec une approche irresponsable des tarifs douaniers, démantelé les programmes qui aident les Américains à payer la santé, l'éducation, l'alimentation et la garde d'enfants, et affaibli les régulateurs fédéraux qui empêchent les banques et les grandes entreprises d'arnaquer les consommateurs», a-t-elle déclaré au quotidien britannique The Guardian.
Il faut dire que la précarité atteint des proportions inquiétantes dans le pays. Le sondage montre en effet que presque un Américain sur deux reconnaît avoir du mal à honorer une facture de 500 dollars (433 euros au cours actuel) sans recourir à l'emprunt. Ces chiffres sont assortis de sacrifices parfois considérables : 25 % affirment avoir sauté des repas au cours de l'année pour joindre les deux bouts, et 26 % ont pris du retard sur le paiement de leurs factures mensuelles. Selon les statistiques officielles, 37,9 millions d'Américains (11.5%) sont touchés par la pauvreté, un chiffre qui a tendance à stagner depuis le premier mandat de Donald Trump, en 2017, en dépit d'une croissance économique soutenue.
Récession imminente
Le retour aux affaires du candidat républicain en janvier 2025 n'a fait qu'aggraver la situation, estiment la plupart des Américains : plus de six sondés sur dix jugent qu'il est devenu plus difficile de trouver un emploi bien rémunéré, d'acheter un logement ou de payer la garde d'enfants. L'inquiétude face aux prix de l'alimentation est massive : 83 % des personnes interrogées s'en disent préoccupées, dont 46 % « très préoccupées ». Près de la moitié (47 %) redoutent de ne pas pouvoir payer leur loyer ou leur crédit immobilier, et 64 % s'inquiètent d'une dépense médicale imprévue. À l'échelle macroéconomique, le pessimisme domine : 76 % redoutent désormais une récession imminente.
De plus en plus livrés à eux-mêmes, les Américains s'appuient sur des filets de sécurité bricolés : multiplication des cartes de crédit, prêts à court terme, paiement fractionné ou emprunts étudiants. « Les entreprises ont reçu le feu vert pour manipuler ces produits afin d'augmenter leurs profits sans se soucier de respecter la loi », ajoute Julie Margetta Morgan. Les grands groupes n'ont d'ailleurs pas bonne presse parmi les Américains : 51 % des sondés jugent qu'elles ont joué un rôle actif dans la dégradation de la vie quotidienne ces vingt-cinq dernières années, et 52 % estiment que les milliardaires portent également une part de responsabilité. « Les Américains pensent que l'influence disproportionnée des grandes entreprises et des riches a rendu leur vie plus dure», conclut Rachel West.
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