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Et maintenant, quelle sera la suite ?

Et maintenant, quelle sera la suite ?

La Presse5 days ago
Mark Carney nous avait prévenus et Donald Trump l'avait aussi clairement évoqué, il aurait été fort surprenant que le Canada arrive à conclure une entente commerciale avec les États-Unis avant l'échéance du 1er août imposée par l'intempestif président américain. Et maintenant, à quoi faut-il s'attendre, quelle sera la suite de ce pénible psychodrame commercial ?
Le premier ministre a répété à plusieurs reprises cette semaine qu'il n'y avait aucune garantie qu'une entente commerciale avec les États-Unis puisse intervenir avant la date butoir du 1er août et qu'il était préférable pour le Canada de ne pas avoir d'accord plutôt que de s'en faire imposer un qui serait mauvais pour le pays.
Pour sa part, le chef de la Maison-Blanche s'est plaint de la dureté affichée par le Canada dans ses négociations avec ses représentants pour finalement convenir dans la nuit de mercredi à jeudi que la reconnaissance (sous conditions) d'un État palestinien par le Canada allait rendre très difficile la conclusion d'une entente commerciale.
PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Mark Carney et Donald Trump lors de la réunion du G7, en juin dernier
On en était là jeudi, dernière journée avant que ne tombe à minuit le couperet sur toutes négociations entre les États-Unis et les pays qui n'avaient pas encore conclu d'entente commerciale avec eux.
Durant la journée, Washington a annoncé la conclusion de nouveaux accords notamment avec la Corée du Sud et l'Inde et a convenu de prolonger de 90 jours les négociations avec le Mexique en vue d'en arriver à une entente, sans que le pays subisse une hausse des droits de douane de 25 à 30 % sur les produits non couverts par l'Accord Canada – États-Unis – Mexique (ACEUM).
Si les États-Unis ont donné un répit au Mexique, c'est parce que les représentants américains en avaient trop sur les bras et qu'ils ne pouvaient pas régler tous les dossiers de tous les pays pour le 1er août.
« Le Mexique a beaucoup collaboré avec les États-Unis pour étanchéifier la frontière et freiner l'entrée d'entreprises chinoises sur son territoire », observe Rosemarie Bégin, directrice principale économie et politique chez PwC.
« Les négociations avec le Canada étaient plus compliquées avec les dossiers de la gestion de l'offre ou de la taxe sur le numérique. Il faut s'attendre à ce que les négociations avec le Canada se poursuivent. »
Une décision avec peu d'impact
Le pire scénario, selon Mme Bégin, aurait été que le Canada et les États-Unis suspendent les discussions et que Donald Trump décide d'imposer des droits de douane sur de nouveaux secteurs industriels, mais il faudrait pour cela qu'il démontre que les produits visés représentent une atteinte à la sécurité des États-Unis.
Sinon, la décision du président américain de hausser à partir de ce vendredi les droits de douane sur les produits non couverts par l'ACEUM de 25 à 35 % – en prétextant que le Canada n'a pas agi de façon probante dans la lutte contre le fentanyl – ne changera pas grand-chose à la réalité économique et commerciale canadienne.
En mai dernier, on estimait que 90 % des produits canadiens exportés aux États-Unis étaient libres de droits parce qu'il s'agissait de produits couverts par l'ACEUM.
En 2024, avant l'imposition des fameux droits de 25 % de Donald Trump, 93 % des produits canadiens exportés au Canada n'étaient soumis à aucun droit de douane, nous rappelle une étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke, réalisée par Éloïse Bouchard.
C'est donc dire que les droits de 50 % qui ont été imposés sur l'acier et l'aluminium et ceux de 25 % sur certaines pièces automobiles ont représenté l'essentiel des droits de douane additionnels qui ont été prélevés par les États-Unis sur les produits canadiens par rapport à l'an dernier.
À cet égard, les dernières statistiques économiques du mois de juin confirment que l'imposition des droits américains a eu beaucoup moins d'impact que ce que l'on avait pu appréhender sur l'activité économique canadienne.
Après avoir reculé de 0,1 % en avril et de 0,1 % encore en mai, le PIB canadien a progressé de 0,1 % en juin, bien au-delà des prévisions de la Banque du Canada qui s'attendait à un recul de 1,5 %, confirmant la réalisation d'un repli économique au 2e trimestre.
On a plutôt enregistré en juin la plus forte croissance de l'emploi des six derniers mois ainsi qu'une bonne augmentation des ventes au détail qui ont compensé la légère baisse de l'activité manufacturière.
Depuis le choc initial du « jour de la libération » du 2 avril dernier, lorsque le chef de la Maison-Blanche a fait sa présentation burlesque de la pléthore de droits de douane réciproques qu'il allait imposer à plus de 180 pays et territoires dans le monde, l'économie canadienne a progressivement repris le dessus, ce qui vient justifier amplement la décision de Mark Carney de ne pas donner son aval à n'importe quelle proposition alambiquée émanant de Donald Trump.
On ne connaît pas exactement les points d'achoppement de la négociation entre les deux parties, mais on peut présumer qu'ils sont encore nombreux quand on sait à quel point le président Trump cherche maladivement à dominer ses prétendus partenaires.
On ne connaît pas non plus les actifs stratégiques canadiens sur lesquels M. Trump souhaite mettre la main, et là-dessus non plus le Canada n'est pas à vendre et encore moins à brader.
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