« J'ai tapé les freins, c'est tout » : Piastri, une erreur en forme de cadeau à Norris au Grand Prix de Grande-Bretagne
Si ce Grand Prix d'Angleterre a vu Max Verstappen partir à la faute sous la pluie, faut-il s'étonner qu'Oscar Piastri ait pour la première fois manifesté de la colère ? Elle fut froide et rentrée comme seul l'Australien sait le faire. Pendant que Nico Hülkenberg célébrait son premier podium devant les caméras et que son équipier Lando Norris exultait devant la foule pour son premier triomphe à domicile, le leader du Championnat pianotait nerveusement sur son téléphone, allongé, solitaire devant une salle comble, sur le sofa blanc de la salle de conférence.
L'Australien avait le Grand Prix en main, il dominait de la tête et des pieds, cette course disputée dans des conditions dantesques. Il allait reprendre les sept points égarés la semaine dernière en Autriche sur son équipier. Tout était sous contrôle, enfin le pensait-il. Car lorsque la safety-car est rentrée à la fin du 21e tour, Piastri s'est pris le pied gauche dans la pédale. Il a freiné. Fort, très fort, trop fort. « J'ai tapé les freins, c'est tout, expliquera-t-il de manière lapidaire lorsqu'on lui posera la question. Je voulais contrôler le peloton. Je n'ai rien fait de différent à ce que j'avais fait auparavant. » La télémétrie le voit pourtant passer de 217 km/h à 52 (contre 120 lors des deux précédents tours). Verstappen, qui le suivait, n'arrive pas à suivre l'action et le dépasse.
Une manoeuvre maligne ou une erreur de jeunesse ? Délicat de trancher alors on dira sans doute un peu des deux. Malheureusement pour les deux pilotes concernés, la manoeuvre va coûter cher. Verstappen part aux fraises le virage suivant sans pouvoir - vouloir - expliquer cette bévue et Piastri va être puni, sévèrement. Dix secondes de pénalité qui vont lui coûter la victoire et qui expliquent cette attitude renfrognée du leader du Championnat esseulé.
« Ca représente tant de gagner une course à domicile. Je la regardais enfant à la télé »
Lando Norris, vainqueur du GP de Grande-Bretagne
On l'entendra même dans les derniers tours quémander auprès de son équipe le droit de repasser. « Je pensais que ce serait sportif de me rendre la place, avouera-t-il avec un semblant de sourire. Je connaissais la réponse mais j'ai tout tenté. Ça fait mal, parce que je faisais du bon boulot. Je n'ai pas le sentiment d'avoir enfreint les règles. » L'Australien pensait sûrement à la manoeuvre de George Russell sur le Batave au Canada qui ne fut pas puni, même après l'appel de Red Bull.
À ses côtés, Norris est enfin arrivé. Et l'expression est tout autre. Il jubile. Un an après Lewis Hamilton, un autre Anglais triomphe au Grand Prix de Grande-Bretagne. « Ça représente tant de gagner une course à domicile, a-t-il entamé sans que l'on ne puisse l'arrêter. Je la regardais enfant à la télé, je crois que c'était la première de Lewis sous la pluie d'ailleurs (2008). Je me souviens de lui acclamé par la foule. Le vivre à mon tour, c'est trop bon. C'est vraiment spécial mais cela n'a pas été facile. Vraiment dur de ne pas finir dans le mur. »
Car pour survivre aux éléments déchaînés, savoir faire les bons choix, éviter les pièges et les sorties de route, il fallait être bon et infaillible. Norris l'a finalement réussi, après s'être noyé, dans des conditions similaires l'an dernier. Certes, à la régulière, Piastri le battait mais il pêcha. Par gourmandise ou naïveté. Il s'en voulait et le montrait. Au milieu de ces tirades d'auto célébration, il s'aperçut de la mine grise de son équipier et, beau joueur, il ne l'oublia.
Seulement 8 points entre Piastri et Norris à la mi-saison
« Bravo à Oscar qui a réalisé une très belle course, a-t-il achevé sa première réponse avant de poursuivre, là encore longuement. Vous ne pouvez pas comprendre ce que je vis, parce que je gagne mon GP national et parce que je suis anglais. Oh, je n'ai pas pleuré, même si j'ai essayé. C'est du pur bonheur. Rejoindre Lewis et poursuivre le règne britannique c'est bon. Je crois sincèrement que c'est la plus belle victoire même si ce n'était pas la plus jolie manière d'y arriver. »
Cette dernière phrase s'analyse comme le freinage de son équipier, une façon d'afficher son fair-play mais également d'appuyer là où cela fait mal. Et pour Piastri, la douleur était forte. Bien plus que cette avance désormais rachitique, à mi-saison (8 points), que ce cadeau fait à son équipier qui n'en demandait pas tant. La manoeuvre eut toutefois l'effet inverse pour l'Australien.
Il a sûrement massacré sa chambre, tout aussi solitaire qu'en attendant les héros du jour, pour calmer ses nerfs comme il l'a souvent fait mais entendant les mots mielleux de Norris, l'instinct du prédateur est revenu. Avec un sourire malicieux, même si le tir fut pour l'Allemand. « Dis donc Nico, c'est pas trop dur d'avoir un trophée en Lego quand il t'a fallu attendre quinze ans pour grimper sur le podium ? » L'affaire est déjà oubliée pour le fauve à sang froid qu'est Piastri. Il pense déjà à Wimbledon. Et à la façon dont il reviendra plus fort... à Spa.
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