
Les bandes organisées lui volent quatre fois le moteur de son bateau en un an
Maxime Schwarb Publié aujourd'hui à 09h32
Manuel Dimache ne veut plus prendre le risque d'amarrer à nouveau son bateau au port du Bief.
Marie-Lou Dumauthioz
En bref:
Entre vols à répétition, filatures en pleine nuit, intervention policière et arrestation spectaculaire, l'histoire de Manuel Dimache aurait de quoi inspirer Netflix.
En à peine un an, cet amateur de pêche s'est fait dérober quatre fois le moteur de son bateau, habituellement amarré au port du Bief , entre Morges et Préverenges. Un calvaire sans fin. Aujourd'hui, l'embarcation est stockée dans un lieu tenu strictement secret. «Si je le remets au port, je vais me le faire voler à nouveau. Mais ce n'est vraiment pas pratique, car si je veux aller pêcher, je dois faire un détour pour aller le chercher, l'atteler à ma voiture jusqu'à la mise à l'eau au port et rebelote au retour.» Une vraie expédition avant même de lancer la canne à pêche.
Tout commence en juin 2024, lorsqu'un premier moteur disparaît sans laisser de trace. Valeur du préjudice? Environ 10'000 francs. Heureusement, l'assurance couvre les frais. Mais quelques mois plus tard, en novembre, nouvelle attaque. «Le mode opératoire a été exactement le même. Le bateau avait juste été déplacé de quelques mètres, probablement pour pouvoir «travailler» plus confortablement», explique l'habitant de Bremblens, dans les hauts de Morges. Un fléau qui touche toute la Suisse
Le chantier naval chez qui il a ses habitudes installe un troisième moteur en janvier 2025. Manuel Dimache change aussi d'assurance, redoutant d'être mis sur liste noire . Mais il est loin d'être le seul à vivre cette galère. Depuis début 2025, la police cantonale vaudoise a recensé pas moins de 40 moteurs volés, rien que dans le canton de Vaud.
«Le vol de moteurs de bateaux est un phénomène connu depuis de nombreuses années», précise la direction communication de la police cantonale, qui a même créé une page internet pour se prémunir des vols. Elle détaille: «Généralement, les vols sont commis par des groupes organisés qui ciblent plusieurs moteurs la même nuit dans le même port ou chantier naval. Le butin est ensuite rapidement transporté hors de Suisse, puis revendu dans des pays de l'Europe de l'Est. Toute la Suisse est touchée par ce phénomène.» Un GPS permet l'intervention de la police
Bien décidé à piéger les voleurs, Manuel Dimache a pris soin d'installer une balise GPS dans son nouveau moteur, le troisième donc. C'est le calme… jusqu'en mai dernier. Un matin, à 4 h 30, son téléphone sonne. L'alarme est déclenchée. «Ça peut arriver quand il y a des orages et beaucoup de vent. Mais lorsque je suis sorti sur ma terrasse, il n'y avait rien du tout», raconte-t-il. Pris d'un mauvais pressentiment, il appelle Police région Morges. Réponse: une simple alarme ne suffit pas pour qu'ils se déplacent.
Le quadragénaire fonce alors lui-même au port. Là, une voiture remonte discrètement en direction de la route cantonale, phares éteints. «Elle est passée à côté de moi, mon regard a croisé celui du conducteur et j'ai couru vers le bateau. Le moteur avait disparu.»
Cette fois, grâce à la balise, le butin est tracé. Tandis qu'il suit en direct le signal sur son téléphone, Manuel Dimache est en ligne avec les forces de l'ordre. «Les voitures de police me dépassaient et pourchassaient le voleur. J'étais dans le feu de l'action!»
Un suspect est arrêté, le moteur retrouvé sur un parking derrière une Coop Pronto à Écublens. Un succès partiel, mais qui ne suffira pas à dissuader les malfaiteurs. Le vol de moteur de trop
Quelques semaines plus tard, rebelote. En pleine nuit, l'alarme se déclenche à nouveau. Cette fois, Manuel Dimache saute dans sa voiture et fonce directement au port. «J'ai vu un homme partir en courant. Le moteur était déjà étalé par terre, les câbles de direction sectionnés.»
Le lendemain, il retrouve un sac à dos et le capot du moteur abandonnés à proximité. Des objets désormais entre les mains de la police cantonale pour analyse d'empreintes.
Alors que les étés se suivent et que les moteurs s'envolent, Manuel Dimache ne sait plus quoi faire. L'amertume s'entend dans sa voix: «Un port reste un port. Il n'y en a pas un plus sûr que l'autre.» Entre assurances frileuses, systèmes de sécurité inefficaces et réseaux de voleurs bien organisés, sa passion pour la pêche devient de plus en plus difficile à pratiquer.
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