logo
Donald Trump en campagne pour le Nobel de la paix

Donald Trump en campagne pour le Nobel de la paix

La Pressea day ago
Le président des États-Unis Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche le 11 août dernier.
« Je n'obtiendrai jamais le prix Nobel de la paix, peu importe ce que je fais », a écrit Donald Trump sur son réseau social en juin, après s'être félicité des accords de paix conclus pendant ses deux mandats. Ses partisans et ses alliés mènent une campagne pour promouvoir sa candidature. Un accord de cessez-le-feu en Ukraine cimenterait son aura de pacificateur aux yeux de sa base.
« Je pense qu'il aimerait réellement obtenir un prix Nobel de la paix pour la fin du conflit en Ukraine », dit Sarah Ann Oates, professeure à l'Université du Maryland.
Au détour d'une conversation sur les droits de douane, il y a quelques semaines, le président américain a questionné le ministre des Finances de la Norvège – où le prix est décerné – sur la distinction, a révélé un quotidien norvégien jeudi, à la veille du sommet attendu entre Trump et le président russe Vladimir Poutine.
À différents moments au cours des dernières années, il a répété qu'il aurait déjà dû le recevoir.
Candidature
La date limite pour soumettre une candidature pour 2025 est dépassée depuis le 1er février. Parmi les 338 candidatures reçues, dont 94 organismes, le récipiendaire sera dévoilé en octobre, selon le site du Comité Nobel norvégien.
Les simples citoyens ne peuvent proposer un candidat, mais des membres d'un gouvernement, de la Cour internationale de justice et des professeurs d'université de certaines disciplines, notamment, sont habilités à le faire.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a annoncé en juillet avoir proposé Trump pour cette reconnaissance mondiale. Tout comme le ministre cambodgien Hun Manet le 7 août, à la suite d'un cessez-le-feu avec la Thaïlande. Après leur passage à la Maison-Blanche pour sceller un accord de paix, les dirigeants de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie ont aussi signifié leur appui à sa candidature.
« Il est plus que temps que le président Trump soit récompensé du prix Nobel de la paix », a dit sa porte-parole Karoline Leavitt.
Un prix « fondamentalement politique »
Ce battage sert deux buts, estime Ronald Krebs, professeur de sciences politiques à l'Université du Minnesota. D'abord, « flatter l'ego du narcissique en chef », dit-il, pour maintenir de bonnes relations avec le président. Mais aussi galvaniser les troupes contre ces élites bien-pensantes de gauche. Qui, selon toute vraisemblance, continueront de lui refuser cet honneur.
« Le prix Nobel de la paix est fondamentalement politique, rappelle le professeur. Et comment pourrait-il ne pas l'être ? Toute sa vision est d'avancer une valeur universelle de la paix. »
Le prix est décerné depuis 1901, conformément au testament du riche industriel suédois Alfred Nobel, pour récompenser la personne « qui aura fait le plus ou le meilleur travail pour la fraternité entre les nations, pour l'abolition ou la réduction des armées permanentes et pour la tenue et la promotion des congrès de la paix ».
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, le Comité Nobel norvégien, formé de cinq membres nommés par le Parlement norvégien, a élargi sa vision pour inclure non seulement des actions liées directement à l'apaisement des conflits, mais aussi à la défense des droits de la personne, de l'équité et de la démocratie.
En incluant les récompenses pour des luttes politiques nationales – comme avec sa reconnaissance du travail de Martin Luther King, en 1964 –, le Comité s'est montré « expressément politique », s'attirant les critiques des camps opposés, note M. Krebs.
Le Comité célèbre aussi parfois une vision davantage qu'un résultat, comme forme d'encouragement. En 1994, il a été accordé conjointement au Palestinien Yasser Arafat et aux Israéliens Shimon Perez et Yitzhak Rabin pour « leurs efforts pour créer la paix au Proche-Orient ». Le président américain Barack Obama a reçu le prix Nobel de la paix en 2009, moins d'un an après son arrivée à la Maison-Blanche – l'ex-secrétaire du Comité Gier Lundestad a par la suite admis que la récompense n'avait pas eu l'effet désiré.
Le prix Nobel de la paix n'est pas révocable. Certains lauréats sont tombés dans la controverse après l'avoir reçu, comme la leader birmane Aung San Suu Kyi et le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali.
Gagnant-gagnant
Même s'il facilitait des accords de paix entre la Russie et l'Ukraine, le bilan de Trump serait analysé au-delà des ententes signées. « Si le Comité le lui donnait, j'ai l'impression que ça dévaloriserait ce que représente le prix », dit Mme Oates, citant ses actions pour « miner la Constitution et détruire les droits des Américains ».
Ses chances de l'emporter sont « quasiment inexistantes », insiste-t-elle.
Une réalité que Trump et son équipe connaissent assurément, percevant le Comité comme le « cœur d'une tradition libérale idéaliste » qu'ils exècrent, souligne M. Krebs. « C'est une situation gagnant-gagnant pour lui, analyse-t-il. S'il le gagnait, il serait reconnu comme un pacificateur. S'il ne le gagne pas – ce qui est plus probable –, c'est parce qu'ils ont des valeurs contraires aux siennes, c'est essentiellement parce qu'ils sont trop 'wokes'. »
Le processus de sélection est entouré de mystère. Le nom des candidats reste secret pendant 50 ans, à moins qu'une personne impliquée dans l'envoi d'un dossier ne l'annonce elle-même.
Après la période de mise en candidature, les membres du Comité étudient les dossiers et sélectionnent autour de 20 à 30 dossiers à évaluer plus en profondeur, avant de voter, à majorité, pour le ou les lauréats. Le prix est remis le 10 décembre à Oslo.
Avec Newsweek et Reuters
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Les négociations entre Trump et Poutine ont pris fin
Les négociations entre Trump et Poutine ont pris fin

La Presse

timean hour ago

  • La Presse

Les négociations entre Trump et Poutine ont pris fin

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Donald Trump et Vladimir Poutine ont achevé vendredi près de trois heures de discussions en Alaska, où ils ont peut-être scellé le sort de l'Ukraine voire dessiné l'avenir diplomatique et sécuritaire de l'Europe tout entière. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontrent vendredi après-midi en Alaska ; M. Trump a indiqué jeudi qu'une rencontre trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait nécessaire avant tout accord sur la fin de la guerre ; Pour mettre fin à la guerre, la Russie réclame des parties du territoire ukrainien, la fin des livraisons d'armes occidentales dans le pays et que Kyiv renonce à une possible adhésion à l'OTAN. Les pourparlers avec Donald Trump ont été « constructifs » et « respectueux », a affirmé le président russe Vladimir Poutine en conférence de presse après la rencontre. « Les négociations en petit comité ont pris fin », a indiqué le Kremlin sur Telegram, sans qu'il soit clairement établi dans l'immédiat s'il y aura d'autres discussions. En attendant, les journalistes ont été invités à entrer dans la salle de presse sur la base militaire Elmendorf-Richardson, où les deux dirigeants doivent tenir une conférence de presse commune, devant un fond bleu portant l'inscription « Pursuing Peace » (« Œuvrer pour la paix »). L'impulsif président américain avait prévenu qu'il claquerait la porte très vite en cas d'impasse, une menace qu'il n'a donc pas mise à exécution. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Entamée peu après 11 h 30 locale (15 h 30 heure de l'Est), la conversation des deux dirigeants, chacun accompagné de deux hauts responsables, a duré près de trois heures. Ce sommet aux enjeux considérables s'est ouvert sur un accueil chaleureux et soigneusement chorégraphié pour Vladimir Poutine, qui signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, après plus de trois ans de conflit déclenché par l'invasion russe de l'Ukraine. Donald Trump a même brièvement applaudi pendant que son homologue russe s'avançait vers lui sur le tarmac. Ont suivi des poignées de mains, des sourires et des amabilités, dans une mise en scène exposant toute la puissance militaire américaine, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes. Chose rare, Vladimir Poutine est ensuite monté dans la voiture blindée de Donald Trump où ils ont eu un court tête-à-tête. Il était initialement prévu que leur première réunion de travail reste sur ce modèle, mais le format a été élargi pour inclure côté américain le secrétaire d'État Marco Rubio ainsi que Steve Witkoff, émissaire spécial auprès de la Russie, et côté russe, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov accompagné de Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique. De quoi changer la dynamique psychologique de cette rencontre, dont l'Ukraine et les Européens redoutent par-dessus tout qu'elle ne permette à Vladimir Poutine de manipuler son homologue américain. « Continuent à tuer » PHOTO RALF HIRSCHBERGER, AGENCE FRANCE-PRESSE Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Premier concerné mais grand absent de ce rendez-vous, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré « compter » sur Donald Trump pour mettre un terme au conflit. Les soldats russes « continuent à tuer le jour des négociations », a-t-il déploré, tandis que l'armée ukrainienne a annoncé vendredi avoir repris six villages dont des unités russes s'étaient emparés ces derniers jours, lors d'une avancée particulièrement rapide. Si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le maître du Kremlin se passe bien, Donald Trump, qui se rêve en lauréat du prix Nobel de la paix, a assuré que « cette rencontre (ouvrirait) la voie à une autre », à trois, avec Volodymyr Zelensky. Le choix de l'Alaska est truffé de symboles. Ce vaste territoire a été cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. Il a ensuite été un avant-poste de la Guerre froide, quand l'Amérique et l'Union soviétique se toisaient de part et d'autre du détroit de Béring. Le président ukrainien et les dirigeants européens devront attendre que l'imprévisible président américain, comme il s'est engagé, les informe de la teneur de son entrevue. Vladimir Poutine « a aujourd'hui l'occasion d'accepter un cessez-le-feu » en Ukraine, a souligné le chancelier allemand Friedrich Merz. « Donnant-donnant » Cette paix semble bien lointaine, tant les positions des deux belligérants paraissent irréconciliables. La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN. PHOTO DREW ANGERER, AGENCE FRANCE-PRESSE Des employés installent la scène avant le sommet américano-russe sur l'Ukraine avec le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine à la base conjointe Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. C'est inacceptable pour Kyiv, qui veut un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat, ainsi que des garanties de sécurité futures. Donald Trump, qui depuis l'invasion russe de l'Ukraine renvoie dos à dos les deux belligérants, parle de « donnant-donnant » en matière territoriale. Si le président russe et le président américain ont une obsession commune, celle de ne jamais apparaître en position de faiblesse, leurs approches des rapports de force internationaux sont bien différentes. ILLUSTRATION GUILLERMO RIVAS PACHECO, AGENCE FRANCE-PRESSE Une carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 12 août 2025 Pour Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu célèbre grâce à une émission de téléréalité, tout est affaire de négociation rapide, de marchandage rondement mené, pour arriver à un « deal » forcément avantageux pour lui. Là où Vladimir Poutine, ancien du KGB formé à la guerre psychologique, raisonne à long terme, évoquant le destin historique d'une « grande Russie » qu'il voudrait reconstituer.

Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit
Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit

La Presse

time2 hours ago

  • La Presse

Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit Donald Trump et Vladimir Poutine poursuivent vendredi leur discussion en Alaska, pour peut-être sceller le sort de l'Ukraine voire dessiner l'avenir diplomatique et sécuritaire de l'Europe toute entière. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontrent vendredi après-midi en Alaska ; M. Trump a indiqué jeudi qu'une rencontre trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait nécessaire avant tout accord sur la fin de la guerre ; Pour mettre fin à la guerre, la Russie réclame des parties du territoire ukrainien, la fin des livraisons d'armes occidentales dans le pays et que Kyiv renonce à une possible adhésion à l'OTAN. L'impulsif président américain avait prévenu qu'il claquerait la porte très vite en cas d'impasse, une menace qu'il n'a donc pas mise à exécution. Entamée peu après 11 h 30 locale (15 h 30 heure de l'Est), la conversation des deux dirigeants, chacun accompagné de deux hauts responsables, se poursuivait à 14 h 05. Elle doit être suivie d'un déjeuner de travail incluant de nombreux ministres et conseillers, russes et américains, sur la base militaire Emendorf-Richardson, puis d'une rare conférence de presse commune. Ce sommet aux enjeux considérables s'est ouvert sur un accueil chaleureux et soigneusement chorégraphié pour Vladimir Poutine, qui signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, après plus de trois ans de conflit déclenché par l'invasion russe de l'Ukraine. Donald Trump a même brièvement applaudi pendant que son homologue russe s'avançait vers lui sur le tarmac. Ont suivi des poignées de mains, des sourires et des amabilités, dans une mise en scène exposant toute la puissance militaire américaine, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Chose rare, Vladimir Poutine est ensuite monté dans la voiture blindée de Donald Trump. Ils ont eu là un court tête-à-tête, avec seulement les interprètes. Il était initialement prévu que leur première réunion de travail reste sur ce modèle, mais le format a été élargi pour inclure côté américain le secrétaire d'État Marco Rubio ainsi que Steve Witkoff, émissaire spécial auprès de la Russie, et côté russe, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov accompagné de Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique. De quoi changer la dynamique psychologique de cette rencontre, dont l'Ukraine et les Européens redoutent par-dessus tout qu'elle ne permette à Vladimir Poutine de manipuler son homologue américain. « Tuer » PHOTO RALF HIRSCHBERGER, AGENCE FRANCE-PRESSE Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Premier concerné mais grand absent de ce rendez-vous, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré « compter » sur Donald Trump pour mettre un terme au conflit. Les soldats russes « continuent à tuer le jour des négociations », a-t-il déploré, tandis que l'armée ukrainienne a annoncé vendredi avoir repris six villages dont des unités russes s'étaient emparés ces derniers jours, lors d'une avancée particulièrement rapide. Si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le maître du Kremlin se passe bien, Donald Trump, qui se rêve en lauréat du prix Nobel de la paix, a assuré que « cette rencontre (ouvrirait) la voie à une autre », à trois, avec Volodymyr Zelensky. « Œuvrer pour la paix » Le choix de l'Alaska est truffé de symboles. Ce vaste territoire a été cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. Il a ensuite été un avant-poste de la Guerre froide, quand l'Amérique et l'Union soviétique se toisaient de part et d'autre du détroit de Béring. Le président ukrainien et les dirigeants européens devront attendre que l'imprévisible président américain, comme il s'est engagé, les informe de la teneur de son entrevue. Vladimir Poutine « a aujourd'hui l'occasion d'accepter un cessez-le-feu » en Ukraine, a souligné le chancelier allemand Friedrich Merz. La première réunion sera suivie par un repas de travail, avec davantage de ministres et conseillers. Les présidents russe et américain donneront ensuite une conférence de presse pour des journalistes du monde entier, devant un fond bleu portant l'inscription « Pursuing Peace » (« Œuvrer pour la paix »). PHOTO DREW ANGERER, AGENCE FRANCE-PRESSE Des employés installent la scène avant le sommet américano-russe sur l'Ukraine avec le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine à la base conjointe Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. « Donnant-donnant » Cette paix semble bien lointaine, tant les positions des deux belligérants paraissent irréconciliables. La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN. ILLUSTRATION GUILLERMO RIVAS PACHECO, AGENCE FRANCE-PRESSE Une carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 12 août 2025 C'est inacceptable pour Kyiv, qui veut un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat, ainsi que des garanties de sécurité futures. Donald Trump, qui depuis l'invasion russe de l'Ukraine renvoie dos à dos les deux belligérants, parle de « donnant-donnant » en matière territoriale. Si le président russe et le président américain ont une obsession commune, celle de ne jamais apparaître en position de faiblesse, leurs approches des rapports de force internationaux sont bien différentes. Pour Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu célèbre grâce à une émission de téléréalité, tout est affaire de négociation rapide, de marchandage rondement mené, pour arriver à un « deal » forcément avantageux pour lui. Là où Vladimir Poutine, ancien du KGB formé à la guerre psychologique, raisonne à long terme, évoquant le destin historique d'une « grande Russie » qu'il voudrait reconstituer.

Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine
Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine

La Presse

time6 hours ago

  • La Presse

Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine (Anchorage) Donald Trump et Vladimir Poutine volent chacun vendredi en direction de l'Alaska pour s'y retrouver dans un tête-à-tête historique, qui testera la promesse du président américain de mettre un terme à la guerre en Ukraine. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontrent vendredi à 15 h 30 en Alaska ; M. Trump a indiqué jeudi qu'une rencontre trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait nécessaire avant tout accord sur la fin de la guerre ; Pour mettre fin à la guerre, la Russie réclame des parties du territoire ukrainien, la fin des livraisons d'armes occidentales dans le pays et que Kyiv renonce à une possible adhésion à l'OTAN. Ce sommet à Anchorage, aux confins des États-Unis, offre au dirigeant russe un retour fracassant sur la scène diplomatique, loin du statut de « paria » que lui avait imposé le président Joe Biden, puisqu'il sera accueilli par Donald Trump en personne à sa descente d'avion. Premier concerné, mais grand absent de ce rendez-vous sur une base militaire emblématique de la Guerre froide, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté déclaré « compter » sur M. Trump pour mettre un terme au conflit dans son pays meurtri. Les soldats russes « continuent à tuer le jour des négociations », a-t-il déploré. À bord d'Air Force One, le président américain a mis en avant le « respect » mutuel existant entre lui et Vladimir Poutine, en assurant : « Nous nous entendons bien ». Le septuagénaire s'est vanté de savoir en « cinq minutes » maximum si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le maître du Kremlin serait un fiasco. Si tout se passe bien, le président américain, qui se rêve en lauréat du prix Nobel de la paix, assure que « cette rencontre va ouvrir la voie à une autre », à trois, incluant cette fois M. Zelensky. Ce sommet tripartite pourrait selon lui se tenir très rapidement. PHOTO RALF HIRSCHBERGER, AGENCE FRANCE-PRESSE Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Mais à son arrivée à Anchorage, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, semblait plus réservé quant à l'issue de la rencontre au sommet. « Nous ne faisons aucune prédiction », a déclaré à une télévision russe M. Lavrov, qui portait un sweat-shirt arborant l'inscription « URSS » en russe. « Notre position est claire et sans ambiguïté. Nous la présenterons ». Attente Le sommet se tiendra sur la base stratégique d'Elmendorf-Richardson, dans ce vaste territoire de l'Alaska cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. Le président ukrainien et les dirigeants européens en seront réduits à attendre que l'imprévisible président américain, comme il s'est engagé, les informe de la teneur de son tête-à-tête avec Vladimir Poutine. Vladimir Poutine « a aujourd'hui l'occasion d'accepter un cessez-le-feu » en Ukraine, a souligné à quelques heures de la rencontre le chancelier allemand Friedrich Merz. La réunion doit débuter vendredi vers 15 h 30 (heure de l'Est). Le tête-à-tête des deux hommes sera suivi par un repas de travail, avec leurs conseillers. Les présidents russe et américain donneront ensuite une conférence de presse, la première depuis une apparition commune devant les caméras en 2018 à Helsinki. Le tout pourrait durer « au moins 6 à 7 heures », selon le Kremlin. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Sur place, deux pupitres ont été installés, encadrés des drapeaux russe et américain, avec en arrière-plan l'inscription « Pursuing Peace » (« Œuvrer pour la paix »). Pour Kyiv et l'Europe, le pire scénario serait que Donald Trump, fasciné par l'exercice autoritaire du pouvoir de Vladimir Poutine, se laisse convaincre de redessiner la carte de l'Ukraine selon la volonté de Moscou. « Pas le malin » Le président américain ira-t-il toutefois jusqu'à agiter la menace de sanctions paralysantes contre la Russie pour arracher un cessez-le-feu et forcer Vladimir Poutine à revoir ses exigences, jugées inacceptables par Kyiv ? Les secrétaires américains au Commerce et au Trésor, Howard Lutnick et Scott Bessent, font en tout cas partie de sa délégation. La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN. ILLUSTRATION GUILLERMO RIVAS PACHECO, AGENCE FRANCE-PRESSE Une carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 12 août 2025 Donald Trump, qui depuis l'invasion russe de février 2022 renvoie dos à dos les deux belligérants, sans jamais désigner la Russie comme l'agresseur, parle désormais de « donnant-donnant » en matière de concessions territoriales, d'« échange » ou de « partage ». Mais que peut « donner » ou « échanger » Vladimir Poutine, à l'heure où l'armée russe accélère sa progression en Ukraine, forçant les autorités ukrainiennes à évacuer des villages entiers dans la région de Donetsk ? PHOTO ALEXANDER PROTASOV, ASSOCIATED PRESS Un bâtiment touché par une attaque de drone ukrainien, à Koursk Vendredi, Volodymyr Zelensky a annoncé l'envoi de renforts dans l'est de l'Ukraine pour stopper les avancées russes, assurant que Moscou subissait de « lourdes pertes en tentant d'obtenir de meilleures positions politiques pour les dirigeants russes lors de la réunion en Alaska ». « En colère » Si le président russe et le président américain ont une obsession commune, celle de ne jamais apparaître en position de faiblesse, leurs approches des rapports de force internationaux sont bien différentes. Pour Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu célèbre grâce à une émission de téléréalité, tout est affaire de négociation rapide, de marchandage rondement mené, pour arriver à un « deal » forcément avantageux pour lui. Là où Vladimir Poutine, ancien du KGB formé à la guerre psychologique, raisonne à long terme, évoquant le destin historique d'une « grande Russie » qu'il voudrait reconstituer. Cette divergence de tempérament a produit une relation très particulière entre les deux hommes, faite de poussées de tension et de rapprochements spectaculaires. « Je ne vais pas être content s'il n'y a pas de cessez-le-feu aujourd'hui », a confié M. Trump dans l'avion. Il s'est même dit prêt à quitter abruptement la table des discussions vendredi pour marquer sa frustration.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store