
Le punk montréalais se garroche partout
En ce samedi de mai, c'est grâce à une simple génératrice que Puffer arrive, sous le viaduc Van Horne, à faire retentir ses riffs qui dilacèrent. Et c'est dans ces riffs que Martin Gamelin trouve ce qu'il faut pour déplacer autant d'air. Beaucoup d'air. Quelque part entre un derviche tourneur et un patient en psychiatrie qui tenterait de se délester de sa camisole de force, le chanteur s'efforce à faire passer Iggy Pop pour une feignasse.
Puffer sous le viaduc Van Horne PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Martin Gamelin du groupe Puffer
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le groupe Puffer s'est offert en spectacle sous le viaduc Van Horne, en mai.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Le chanteur du groupe, Martin Gamelin, a déplacé beaucoup d'air pendant la performance.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Quelques semaines après ce spectacle, Puffer s'envolait pour l'Europe avec le groupe Béton Armé.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Puffer a fait paraître son album Street Hassle avec l'étiquette anglaise Static Shock Records.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Puffer est une manifestation de l'effervescence actuelle de la communauté punk et hardcore montréalaise.
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Martin Gamelin du groupe Puffer
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Quelques semaines après ce spectacle organisé comme un merci à leurs supporteurs, Puffer s'envolait pour l'Europe, le temps d'une quinzaine de dates avec leurs amis de Béton Armé en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse et en Espagne, en plus d'une participation au Hellfest à Clisson, en France, un des plus importants festivals au monde pour les musiques qui font du gros bruit.
Autrement dit : Puffer compte parmi les plus éclatantes manifestations de l'effervescence actuelle de la communauté punk et hardcore montréalaise, dont les groupes les plus en vue génèrent de l'enthousiasme jusqu'à l'extérieur de nos frontières.
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Victor Beaudoin (guitare), Mathieu Leclerc Plouffe (batterie), Martin Gamelin (voix), Ashly Gatto Cussen (basse) et Maxime Gosselin (guitare), de Puffer
Alors que Puffer faisait paraître son album Street Hassle sous l'étiquette anglaise Static Shock Records, et que Béton Armé a aussi lancé le sien, Renaissance, sous une étiquette anglaise (La Vida Es Un Mus Discos), un autre groupe montréalais, Spite House, balancera en septembre son deuxième album, Desertion, avec le soutien de l'influente maison de disques de Nashville Pure Noise Records.
À Montréal, chaque semaine, des évènements dans des lieux comme le Turbo Haüs, le Bâtiment 7 ou la Toscadura rameutent autant les récents convertis que les rebelles vieillissants, tous venus se décharger de leurs énergies négatives au son d'une musique parfois rageuse, mais surtout cinétique. Une musique qui, dans le cas de Puffer et de Béton Armé, a ce qu'il faut pour conquérir les amateurs de rock'n'roll en général, pas que les adeptes de punk.
Extrait de Jimmy de Puffer
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« Je pense qu'après la pandémie, il y a beaucoup de jeunes qui ont peut-être écouté de la musique plus alternative durant le confinement et qui étaient heureux d'enfin pouvoir vivre ça en vrai, pas juste sur YouTube », suggère un des guitaristes de Puffer, Victor Beaudoin, au sujet de l'actuelle vigueur de la scène. « C'est toujours plus le fun en vrai. »
Jamais trop poreux
Autre élément contribuant à ce tonitruant bouillonnement : les frontières entre les différents genres musicaux n'auront peut-être jamais été aussi poreuses. Bien qu'il donne dans le oi!, une forme de punk généreuse en refrains qui sonnent comme des cris de ralliement pour partisans de soccer, Béton Armé joue autant lors de de soirées punk que métal, ainsi que dans des festivals comme le Tavern Tour, consacré à la relève au sens large. Puffer sera en août prochain du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue.
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Danick Joseph-Dicaire (voix), Fabio Ciaraldi (basse), Remi Aubie (batterie) et Olivier Bérubé-Sasseville (guitare), de Béton Armé
Près d'une dizaine de tournées internationales ont mené Béton Armé en Europe, aux États-Unis, en Australie ainsi qu'au Japon, devant des publics toujours aussi fascinés par les folles cabrioles du chanteur Danick Joseph-Dicaire, qui se démène avec la pétulance d'un gamin et l'inéluctabilité d'un boulet de canon.
Extrait de Chemin de croix de Béton Armé
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« Les barrières sont vraiment plus floues qu'avant entre les genres », souligne le guitariste de Béton Armé Olivier Bérubé-Sasseville, aussi titulaire d'un doctorat en histoire et dont les recherches portent sur les sous-cultures punk. « C'est cool que des gens qui écoutent du punk écoutent également du post-punk ou de l'indie rock ou du new wave, que les communautés ne soient pas cloisonnées. Dans nos shows, ce n'est plus juste notre gang qu'on voit. »
Ce criant besoin de crier
De populaires formations américaines comme Turnstile ou anglaises comme High Vis auront aussi prouvé au cours des dernières années qu'être nés de la scène hardcore, une variante plus agressive du punk, n'est pas une condamnation à l'obscurité, au contraire.
« Cette musique-là connaît un regain de vie parce qu'il y a un besoin chez les gens de crier », analyse la photographe Rose Cormier, qui documente avec son appareil l'underground montréalais et qui s'époumone elle-même au sein de la formation Mulch. « Les gens ont besoin de crier parce que les raisons d'être fâché ne manquent pas. Et c'est cool pour moi, parce que c'est toujours plus nice de prendre en photo un gars qui saute qu'un gars qui saute pas. »
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La photographe Rose Cormier, en pleine action
Le contexte politique mondial aura fait de ces musiques autant de refuges pour nombre de personnes marginalisées. Les membres de Béton Armé ont pu le constater lors d'une tournée en Alabama, en Géorgie et au Texas.
« C'était clair quand on était là-bas que les gens qui nous accueillaient voyaient dans la musique une façon de résister à la montée de quelque chose qui allait complètement à l'encontre de leurs valeurs, souligne Olivier Bérubé-Sasseville, et j'imagine que c'est encore plus vrai depuis novembre dernier. » C'est-à-dire depuis l'élection de Donald Trump.
Le langage universel de l'énergie
C'est aussi cette ouverture à la différence qui, selon Olivier Bérubé-Sasseville, permet à Béton Armé de jouer partout dans le monde, en français. S'il a de tout temps été porté, sur papier, par l'antiracisme et le rejet de toutes les formes de discrimination, les mouvements punk et hardcore n'ont pas toujours été historiquement les espaces les plus accueillants pour les femmes ou les personnes racisées, ce qui a beaucoup changé.
Et l'autre conséquence heureuse de toute cette conversation sur les politiques identitaires des minorités, c'est que les gens ont vraiment plus de respect pour les langues minoritaires. Ce n'est plus du tout speak English or die.
Olivier Bérubé-Sasseville, de Béton Armé
L'intense ampérage à l'œuvre dans les performances de Martin Gamelin de Puffer et Danick Joseph-Dicaire de Béton Armé représentent de toute façon un langage universel, auquel il est impossible de résister.
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Danick Joseph-Dicaire, de Béton Armé, lors d'une brève apparition durant le spectacle de Puffer
« Dan, c'est le Marvin Gaye de la oi! », lance en riant son camarade Olivier. « Je ne saurais même pas décrire ce qu'il fait. Ce qui est sûr, qu'on a souvent vu des bands qui faisaient de la bonne musique, mais qui étaient plates à regarder. Notre philosophie, ç'a toujours été qu'il faut que l'intensité soit haute tout le long. Et Dan prend vraiment ça à cœur. »
« C'est peut-être cliché, prévient quant à lui Martin Gamelin, mais dès que le show commence, j'entre dans une sorte de transe. »
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