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Les élus démocrates du Texas fuient leur État pour empêcher un redécoupage électoral

Les élus démocrates du Texas fuient leur État pour empêcher un redécoupage électoral

Le Figaro5 days ago
Le gouverneur Greg Abbott a ordonné à la police de ramener les fuyards de force, tandis que son homologue californien, Gavin Newsom, menace d'imiter le Texas s'il va au bout de sa manœuvre pour gagner des sièges au Congrès américain.
Le redécoupage des circonscriptions électorales au Texas ouvre une nouvelle crise politique à l'échelle nationale. Après que les élus démocrates texans ont quitté ce week-end leur État pour bloquer le vote de cette mesure, le gouverneur Greg Abbott a ordonné à la police de les ramener de force pour obtenir le quorum nécessaire.
Le Texas avait annoncé la semaine dernière un redécoupage exceptionnel de la carte électorale à la demande expresse de Donald Trump. Pour préserver la courte majorité de son parti au Congrès lors des élections de mi-mandat en 2026, le président américain avait demandé ouvertement aux États républicains de procéder à un redécoupage des circonscriptions pour favoriser son parti. «Le Texas serait le plus important... Un simple redécoupage nous permettrait de gagner cinq sièges», avait dit Trump. «Il pourrait y avoir d'autres États où nous pourrions en obtenir trois, quatre ou cinq supplémentaires.» Trump a exhorté d'autres États contrôlés par les républicains, comme la Floride, l'Indiana, le New Hampshire ou l'Ohio, à faire de même.
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Le charcutage électoral, une pratique courante aux États-Unis
Le Texas, le deuxième plus peuplé de l'Union après la Californie, dispose de 38 sièges à la Chambre des Représentants. Le parti républicain en contrôle actuellement 25. Il pourrait augmenter cette part jusqu'à 30 sièges avec le nouveau découpage électoral. Le redécoupage a normalement lieu tous les dix ans, en fonction du recensement décennal qui attribue à chaque État un nombre de représentants proportionnel à sa population.
Les découpages de circonscriptions en vue de favoriser un parti ou l'autre est une pratique courante aux États-Unis. Elle est connue sous le nom de Gerrymandering, d'après un gouverneur du Massachussetts au XIXe siècle dont les cartes électorales rappelaient la forme d'une salamandre. Elle consiste soit à regrouper les électeurs adverses dans un petit nombre de circonscriptions, ou à les disperser dans un grand nombre où ils n'auront aucune chance de l'emporter. Le gouverneur Abbott a annoncé une session extraordinaire de la législature du Texas à Austin pour faire passer la nouvelle carte électorale.
Pour empêcher que le quorum requis soit réuni, une grande partie des élus démocrates du Texas ont quitté l'État, bloquant le vote, qui nécessite la présence d'au moins deux tiers de ses membres pour adopter des projets de loi. Abbott a d'abord menacé de démettre de leurs fonctions les élus qui ne reviendraient pas lundi, et de les remplacer par d'autres candidats en vertu de son pouvoir de pourvoir les postes vacants. «Les représentants démocrates du Texas ont failli à leur devoir envers les Texans», a déclaré le gouverneur dans un communiqué. Puis il a fait voter par les élus restants un ordre à la police de l'État de les interpeller et de les ramener à Austin pour qu'ils participent à la séance. Mais la plupart se trouvent en dehors du Texas et donc de la juridiction de la police de l'État.
«Il faut combattre le feu par le feu»
La perspective de voir les républicains procéder à un redécoupage électoral avant les élections de mi-mandat a incité plusieurs gouverneurs démocrates à envisager de faire de même. «Nous ne tolérerons pas que notre démocratie soit braquée dans une version moderne d'un hold-up par une bande de cow-boys qui enfreignent la loi», a déclaré le gouverneur de New York, Kathy Hochul, entourée de plusieurs élus texans venus se réfugier dans son État. «Si les républicains sont prêts à réécrire les règles pour s'octroyer un avantage, alors ils ne nous laissent pas le choix : nous devons faire de même. Il faut combattre le feu par le feu.» Elle a annoncé étudier les possibilités d'un redécoupage des circonscriptions dans son propre État, quitte à dissoudre la commission indépendante qui est chargée de les tracer.
D'autres élus texans se trouvaient dans l'Illinois, où ils sont apparus aux côtés du gouverneur JB Pritzker, qui leur a offert appui et protection. «Soyons clairs, il ne s'agit pas seulement de truquer le système au Texas», a déclaré Pritzker dans une conférence de presse, «il s'agit de truquer le système au détriment des droits de tous les Américains pour les années à venir.»
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Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, autre figure importante du parti démocrate, a aussi annoncé qu'il étudiait la possibilité de redécouper la carte de son État, le plus peuplé des États-Unis, par le biais d'un référendum ou d'une nouvelle loi. Les démocrates, qui contrôlent 43 sièges sur les 52 que compte la Californie pourraient ainsi en gagner cinq de plus. Newsom a annoncé que la mesure ne prendrait effet que si le Texas allait jusqu'au bout de son redécoupage. «C'est une relation de cause à effet, déclenchée en fonction de ce qui se passe ou ne se passe pas au Texas», a dit Newsom, «mais j'espère qu'ils feront le bon choix, et s'ils le font, nous n'aurons alors aucune raison d'aller plus loin.»
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