
Ruraux et écolos s'affrontent dans les tourbières
Source d'énergie peu coûteuse et emblématique de l'Irlande rurale pour les uns, puits de carbone naturel devant être protégé pour les autres, les tourbières sont au cœur d'un bras de fer entre habitants des campagnes qui revendiquent le droit de brûler la tourbe pour se chauffer et écologistes qui souhaitent restaurer ces écosystèmes humides afin de lutter contre les changements climatiques.
Un photoreportage de Clodagh Kilcoyne, Reuters
Plus polluantes que le secteur des transports
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
John Smyth, 69 ans, fait de petites pyramides de briques de tourbe fraîchement coupée, afin de les faire sécher durant l'été. Ce résidant du village de Mount Lucas, dans le comté d'Offaly, coupe et brûle de la tourbe depuis environ 50 ans.
Polluante et peu énergétique, l'utilisation de la tourbe comme combustible de chauffage est également responsable d'avoir transformé un réservoir naturel de dioxyde de carbone en l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du pays. Les tourbières dégradées d'Irlande émettent 21,6 millions de tonnes d'équivalent CO 2 par an, selon un rapport des Nations unies datant de 2022. En comparaison, le secteur des transports irlandais a émis 21,4 millions de tonnes en 2023, selon les statistiques du gouvernement.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
Un piquet de bois sur lequel on peut lire H. O'Neill, nom du propriétaire de la parcelle de briques de tourbe mises à sécher au début de l'été, saison dite de l'empilage. En 2022, année où la vente de tourbe destinée à être brûlée a été interdite en Irlande, 14 % de la population utilisait cette matière organique pour se chauffer, selon l'agence de la protection environnementale irlandaise.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
Le paradoxe écologique des tourbières réside en grande partie dans le fait que lorsque les sols tourbeux sont gorgés d'eau, ils piègent le gaz carbonique, mais lorsque l'eau est retirée, par exemple par drainage, ils émettent alors du CO 2 .
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
À Rhode, Willie Pilkington, 79 ans, attrape dans sa remise une brique de tourbe pour faire un feu afin de préparer du thé pour des amis venus le visiter. Malgré l'interdiction imposée en 2022, la récolte de la tourbe à des fins personnelles est toujours permise.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
La tourbe, explique John Smyth, est destinée aux personnes qui n'ont pas les moyens de se chauffer au gaz ou à l'électricité. Selon l'autorité irlandaise de régulation des services publics, la facture énergétique moyenne d'un ménage irlandais est presque deux fois plus élevée que les 800 euros (environ 1280 $) que M. Smyth paie par année pour ses briques de tourbe.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
Diamond Hill, montagne du parc national du Connemara, est entourée d'une tourbière de couverture protégée que l'on trouve dans les basses terres des régions montagneuses au climat pluvieux. Les fortes précipitations et le mauvais drainage sont à l'origine des tourbières de couverture qui se développent pendant des centaines d'années sur de vastes étendues de terre, abritant une riche biodiversité, y compris des plantes rares et des espèces vulnérables.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
Des élèves du secondaire empilent de la tourbe fraîchement coupée pour la faire sécher, à Clonbullogueh. Si l'emploi d'été occupe de nombreux adolescents de la région, la jeune génération n'a guère envie de perpétuer la tradition du chauffage à la tourbe, souligne John Smyth. « Ils ne veulent pas aller dans la tourbière. Je ne les blâme pas », dit-il.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
La société semi-publique Bord na Móna a définitivement cessé d'exploiter la tourbe en 2021 et se concentre depuis sur les énergies renouvelables, le recyclage et la restauration des tourbières. Mark McCorry et Doreen King, respectivement responsable de l'écologie et chef de projet du programme d'action climatique pour les tourbières de l'entreprise, passent devant un système de mesure du flux de carbone installé à Ballynahown.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
Au cœur des roseaux de la tourbière de Ballycon, à Mount Lucas, Harry Kelly, technicien carbone de Bord na Móna, prend une photo à l'aide de son téléphone. À ce jour, la société affirme avoir restauré environ 20 000 hectares sur les 80 000 visés.
PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS
Doreen King, de Bord na Móna, tient de la sphaigne. Les tourbières hautes ont besoin de ce type de mousse pour se développer. L'Irlande a perdu plus de 70 % de ses tourbières de couverture et plus de 80 % de ses tourbières hautes, selon les estimations publiées respectivement par le Conseil irlandais pour la conservation des tourbières et le Service des parcs nationaux et de la faune sauvage.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
7 days ago
- La Presse
Ruraux et écolos s'affrontent dans les tourbières
Réhumidification de la tourbière de Ballaghurt, près de Clongawny, dans le centre de l'Irlande, vue des airs. La restauration des tourbières dégradées vise à réduire leurs émissions de carbone, à permettre à ces écosystèmes naturels de se reconstituer et, enfin, à les transformer en puits de carbone. Source d'énergie peu coûteuse et emblématique de l'Irlande rurale pour les uns, puits de carbone naturel devant être protégé pour les autres, les tourbières sont au cœur d'un bras de fer entre habitants des campagnes qui revendiquent le droit de brûler la tourbe pour se chauffer et écologistes qui souhaitent restaurer ces écosystèmes humides afin de lutter contre les changements climatiques. Un photoreportage de Clodagh Kilcoyne, Reuters Plus polluantes que le secteur des transports PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS John Smyth, 69 ans, fait de petites pyramides de briques de tourbe fraîchement coupée, afin de les faire sécher durant l'été. Ce résidant du village de Mount Lucas, dans le comté d'Offaly, coupe et brûle de la tourbe depuis environ 50 ans. Polluante et peu énergétique, l'utilisation de la tourbe comme combustible de chauffage est également responsable d'avoir transformé un réservoir naturel de dioxyde de carbone en l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du pays. Les tourbières dégradées d'Irlande émettent 21,6 millions de tonnes d'équivalent CO 2 par an, selon un rapport des Nations unies datant de 2022. En comparaison, le secteur des transports irlandais a émis 21,4 millions de tonnes en 2023, selon les statistiques du gouvernement. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS Un piquet de bois sur lequel on peut lire H. O'Neill, nom du propriétaire de la parcelle de briques de tourbe mises à sécher au début de l'été, saison dite de l'empilage. En 2022, année où la vente de tourbe destinée à être brûlée a été interdite en Irlande, 14 % de la population utilisait cette matière organique pour se chauffer, selon l'agence de la protection environnementale irlandaise. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS Le paradoxe écologique des tourbières réside en grande partie dans le fait que lorsque les sols tourbeux sont gorgés d'eau, ils piègent le gaz carbonique, mais lorsque l'eau est retirée, par exemple par drainage, ils émettent alors du CO 2 . PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS À Rhode, Willie Pilkington, 79 ans, attrape dans sa remise une brique de tourbe pour faire un feu afin de préparer du thé pour des amis venus le visiter. Malgré l'interdiction imposée en 2022, la récolte de la tourbe à des fins personnelles est toujours permise. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS La tourbe, explique John Smyth, est destinée aux personnes qui n'ont pas les moyens de se chauffer au gaz ou à l'électricité. Selon l'autorité irlandaise de régulation des services publics, la facture énergétique moyenne d'un ménage irlandais est presque deux fois plus élevée que les 800 euros (environ 1280 $) que M. Smyth paie par année pour ses briques de tourbe. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS Diamond Hill, montagne du parc national du Connemara, est entourée d'une tourbière de couverture protégée que l'on trouve dans les basses terres des régions montagneuses au climat pluvieux. Les fortes précipitations et le mauvais drainage sont à l'origine des tourbières de couverture qui se développent pendant des centaines d'années sur de vastes étendues de terre, abritant une riche biodiversité, y compris des plantes rares et des espèces vulnérables. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS Des élèves du secondaire empilent de la tourbe fraîchement coupée pour la faire sécher, à Clonbullogueh. Si l'emploi d'été occupe de nombreux adolescents de la région, la jeune génération n'a guère envie de perpétuer la tradition du chauffage à la tourbe, souligne John Smyth. « Ils ne veulent pas aller dans la tourbière. Je ne les blâme pas », dit-il. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS La société semi-publique Bord na Móna a définitivement cessé d'exploiter la tourbe en 2021 et se concentre depuis sur les énergies renouvelables, le recyclage et la restauration des tourbières. Mark McCorry et Doreen King, respectivement responsable de l'écologie et chef de projet du programme d'action climatique pour les tourbières de l'entreprise, passent devant un système de mesure du flux de carbone installé à Ballynahown. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS Au cœur des roseaux de la tourbière de Ballycon, à Mount Lucas, Harry Kelly, technicien carbone de Bord na Móna, prend une photo à l'aide de son téléphone. À ce jour, la société affirme avoir restauré environ 20 000 hectares sur les 80 000 visés. PHOTO CLODAGH KILCOYNE, REUTERS Doreen King, de Bord na Móna, tient de la sphaigne. Les tourbières hautes ont besoin de ce type de mousse pour se développer. L'Irlande a perdu plus de 70 % de ses tourbières de couverture et plus de 80 % de ses tourbières hautes, selon les estimations publiées respectivement par le Conseil irlandais pour la conservation des tourbières et le Service des parcs nationaux et de la faune sauvage.


La Presse
10-07-2025
- La Presse
Une bouteille jetée à la mer par un couple de Terre-Neuve surgit en Irlande 13 ans plus tard
La bouteille a été retrouvée sur la pointe ouest de l'Irlande, treize ans plus tard. Une bouteille jetée à la mer par un couple de Terre-Neuve surgit en Irlande 13 ans plus tard En 2012, un jeune couple terre-neuvien a envoyé une bouteille à la mer après un souper romantique. Les deux amoureux, aujourd'hui mariés, ne s'attendaient pas à ce que leur message soit retrouvé 13 ans plus tard, de l'autre côté de l'Atlantique. En septembre 2012, un homme et une femme ont conclu une escapade romantique à Bell Island, à Terre-Neuve, en lançant une bouteille dans l'océan Atlantique, après avoir pris soin d'y insérer un message. « L'excursion d'Anita et Brad à Bell Island. Aujourd'hui, nous avons savouré un souper, une bouteille de vin, et l'autre, au bout de l'île. Si vous trouvez ceci, appelez-nous ! », ont-ils écrit, avant de griffonner leur numéro de téléphone. PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE MAHAREES HERITAGE AND CONSERVATION « L'excursion d'Anita et Brad à Bell Island. Aujourd'hui, nous avons savouré un souper, une bouteille de vin, et l'autre, au bout de l'île. Si vous trouvez ceci, appelez-nous ! », peut-on lire dans la lettre. Treize ans plus tard, un autre couple, Kate et John Gay, a découvert la bouteille à près de 3000 kilomètres de son point de départ, dans une baie de la pointe ouest de l'Irlande. Après avoir tenté d'appeler — sans succès — au numéro inscrit dans la lettre, le couple a publié un message sur la page Facebook de Maharees Heritage and Conservation, un organisme environnemental chargé de nettoyer la plage et grâce auquel la bouteille a été découverte. La publication, devenue virale, s'est rendue jusqu'à Brad et Anita Squires, aujourd'hui mariés et parents de trois enfants. « Les derniers jours ont fait remonter toutes sortes de souvenirs », souligne Brad Squires, encore ahuri par cette découverte, en entrevue avec La Presse. Anita, devenue infirmière dans un hôpital pédiatrique, et Brad, un agent retraité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), commençaient tout juste leur relation lors de leur escapade à Bell Island. « J'étais affecté en Colombie-Britannique à l'époque, et j'étais revenu à la maison pour visiter Anita, qui était encore étudiante », se rappelle-t-il. PHOTO FOURNIE PAR BRAD SQUIRES Anita et Brad Squires Gâté par le beau temps, le couple s'était installé avec une bouteille de vin sur une falaise surplombant l'océan Atlantique. C'est là que l'idée d'écrire un message leur est venue. Brad Squires n'a plus repensé à la bouteille après l'avoir lancée dans l'eau. « Je ne m'attendais même pas à ce que quelqu'un la retrouve, s'exclame-t-il. J'étais certain qu'elle s'était fracassée sur toutes les roches en tombant. » Quant aux amoureux, leur relation s'est poursuivie. « On s'est mariés, notre anniversaire de dix ans arrive l'an prochain. On profite de notre vie… Et dans les dernières 48 heures, quelqu'un a trouvé la bouteille ! », s'émerveille-t-il, en ajoutant qu'Anita et lui sont « toujours amoureux ». Fait à signaler, Brad Squires ne recommande pas aux jeunes couples de suivre son exemple. « En tant qu'ex-agent de police, je ne peux pas croire que j'ai jeté des détritus dans l'espace public ! », lance-t-il en rigolant. Avec The Guardian


La Presse
09-07-2025
- La Presse
Une bouteille jetée à la mer par un couple terre-neuvien apparaît en Irlande 13 ans plus tard
La bouteille a été retrouvée sur la pointe ouest de l'Irlande, treize ans plus tard. Une bouteille jetée à la mer par un couple terre-neuvien apparaît en Irlande 13 ans plus tard En 2012, un jeune couple terre-neuvien a envoyé une bouteille à la mer après un souper romantique. Mais les deux amoureux, aujourd'hui mariés, ne s'attendaient pas à ce que leur message soit retrouvé treize ans plus tard, de l'autre côté de l'Atlantique. En septembre 2012, deux amoureux ont conclu une escapade romantique à Bell Island, à Terre-Neuve, en mettant un message dans une bouteille et en la lançant dans l'océan Atlantique. « L'excursion d'Anita et Brad à Bell Island. Aujourd'hui, nous avons savouré un souper, une bouteille de vin, et l'autre, au bout de l'île. Si vous trouvez ceci, appelez-nous ! », ont-ils écrit, avant de griffonner leur numéro de téléphone. PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE MAHAREES HERITAGE AND CONSERVATION « L'excursion d'Anita et Brad à Bell Island. Aujourd'hui, nous avons savouré un souper, une bouteille de vin, et l'autre, au bout de l'île. Si vous trouvez ceci, appelez-nous ! », peut-on lire dans la lettre. Treize ans plus tard, un autre couple, Kate et John Gay, a fait la découverte de la bouteille à près de 3000 kilomètres de son point de départ, dans une baie de la pointe ouest de l'Irlande. Après avoir tenté d'appeler le numéro inscrit dans la lettre – sans succès – le couple a publié un message sur la page Facebook de Maharees Heritage and Conservation, un organisme environnemental responsable du nettoyage de la plage qui a mené à la découverte de la bouteille. La publication, devenue virale, s'est rendue jusqu'à Brad et Anita Squires, aujourd'hui mariés et parents de trois enfants. « Les derniers jours ont fait remonter toutes sortes de souvenirs », souligne Brad Squires, encore ahuri par la découverte. Anita, aujourd'hui infirmière dans un hôpital pédiatrique, et Brad, un agent retraité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), débutaient tout juste leur relation lors de leur escapade à Bell Island. « J'étais affecté en Colombie-Britannique à l'époque, et j'étais revenu à la maison pour visiter Anita, qui était encore étudiante. » se rappelle-t-il. PHOTO FOURNIE PAR BRAD SQUIRES Anita et Brad Squires Gâté par le beau temps, le couple s'est installé avec une bouteille de vin sur une falaise surplombant l'océan Atlantique. C'est là que l'idée d'écrire un message leur est venue. Brad Squires n'a plus repensé à la bouteille, après l'avoir lancée dans l'eau. « Je ne m'attendais même pas à ce que quelqu'un la retrouve, s'exclame-t-il. J'étais certain qu'elle s'était fracassée sur toutes les roches en tombant. » Quant aux amoureux, leur relation s'est poursuivie. « On s'est mariés, notre anniversaire de dix ans arrive l'an prochain, on profite de notre vie… Et dans les dernières 48 h, quelqu'un a trouvé la bouteille ! », s'émerveille-t-il, en ajoutant qu'Anita et lui sont « toujours amoureux ». Or, Brad Squires ne va pas jusqu'à recommander aux jeunes couples d'aujourd'hui de suivre son exemple. « En tant qu'ex-agent de police, je ne peux pas croire que j'ai jeté des détritus dans l'espace public ! », lance-t-il en rigolant. Avec The Guardian