
Les investissements étrangers toujours au rendez-vous à Montréal malgré l'instabilité
(Montréal) Les entreprises étrangères ont investi plus d'argent dans la grande région de Montréal, malgré les menaces de Donald Trump. Le président américain n'est d'ailleurs plus la principale préoccupation des investisseurs. C'est plutôt le va-et-vient des politiques canadiennes et québécoises en immigration qui les chicote, selon le patron de Montréal International.
Stéphane Rolland
La Presse Canadienne
Stéphane Paquet a admis qu'il aurait été surpris si on lui avait dit cet hiver, au plus fort des menaces du président républicain contre le Canada, que l'organisme sans but lucratif aurait accompagné pour 1,69 milliard en investissements étrangers au cours de la première moitié de l'année.
« Je ne vous aurais pas cru et je vous aurais peut-être même dit que vous en aviez fumé du bon », a lancé à la blague le PDG de Montréal International, en entrevue pour discuter des résultats des six premiers mois de l'année.
Montréal International a accompagné 29 projets dans la grande région métropolitaine, qui ont permis la création de 1866 emplois avec un salaire moyen de 101 000 $, selon ses données préliminaires publiées vendredi.
La valeur des investissements a ainsi progressé de 55 % par rapport à 1,09 milliard, réparti sur 32 projets, à la même période l'an dernier. « On a eu un peu moins de projets cette année, mais la valeur moyenne est plus grande », a résumé M. Paquet.
La métropole a bien tiré son épingle du jeu dans le secteur des technologies, comme l'intelligence artificielle et la cybersécurité, ainsi que dans le secteur manufacturier, notamment l'aérospatiale, l'ingénierie et les services environnementaux.
Malgré les frictions diplomatiques, les entreprises américaines sont toujours au rendez-vous, avec 46 % des investissements accompagnés.
« Au Texas, en Californie, à New York, les gens s'excusent à nos démarcheurs, a raconté le vice-président, investissements étrangers, de Montréal International, Mark Maclean. Les gens nous disent que les commentaires du gouvernement ne les représentent pas. Il y a toujours un intérêt. »
Les entreprises prennent leur temps
Si le pire semble évité, M. Paquet a prévenu que rien ne garantit que le rythme puisse être maintenu pour le reste de l'année. Il a souligné que l'administration Trump demeure imprévisible.
L'incertitude économique refroidit également les entreprises. Durant la première moitié de l'année, il a fallu attendre 694 jours en moyenne, soit près de 2 ans, entre la première rencontre et la confirmation d'un investissement. À la même période l'an dernier, ce délai était de 517 jours, environ un an et demi.
« Ce qui veut dire que oui, les tarifs ont eu un impact, a répondu M. Paquet. Les gens prennent plus de temps. »
Montréal International doit aussi composer avec une plus petite équipe. En janvier 2024, l'organisme avait procédé à des mises à pied, car son financement ne suivait pas l'inflation.
Ayant moins de professionnels « qui cognent aux portes » des entreprises étrangères, la croissance est plus difficile à atteindre pour Montréal International. « On a beau vouloir être plus productif, vouloir en faire plus avec moins, à un moment donné, ça va nous rattraper », a prévenu le PDG.
Immigration : des changements qui inquiètent
Si on lui parle moins de M. Trump, M. Paquet constate que le resserrement des politiques d'immigration au Canada et au Québec préoccupe les investisseurs étrangers. « On a besoin de plus de stabilité sur les différentes politiques d'immigration », a-t-il plaidé.
Montréal a besoin de sang neuf. Parmi les postes à pourvoir au Québec, trois sur cinq sont dans la région métropolitaine, a souligné M. Paquet.
Le mécontentement du milieu des affaires n'est pas qu'un phénomène montréalais. Au début du mois de juin, des chambres de commerce de plusieurs régions du Québec ont demandé un moratoire sur les restrictions du gouvernement fédéral visant à réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires. De nombreuses entreprises affirment être incapables de pourvoir tous leurs postes localement.
Ce ne sont pas tant les cibles d'immigration qui posent problème, que les changements trop nombreux et soudains, selon M. Paquet. « Peu importe le résultat final, les gens vont finir par s'y faire, s'y habituer », a-t-il avancé.
« Entendez-vous sur quelque chose [le fédéral et Québec] et assurez-vous que le système fonctionne, que ça ne prenne pas [plusieurs mois] de plus au Québec qu'en Ontario pour avoir une résidence permanente », a-t-il déploré.
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