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Comment le « socle commun » torpille (déjà) le budget que François Bayrou doit présenter le 15 juillet

Comment le « socle commun » torpille (déjà) le budget que François Bayrou doit présenter le 15 juillet

POLITIQUE - Les peaux de bananes s'accumulent sur la route de l'Himalaya. Pour François Bayrou, l'échéance budgétaire approche : le chef du gouvernement doit présenter les orientations qu'il image pour la France le 15 juillet. Après avoir réuni ses ministres les plus importants ce vendredi à Matignon pour les faire phosphorer sur le sujet, une nouvelle série de concertations est prévue la semaine prochaine.
Comme attendu, la tâche de l'exécutif est particulièrement ardue. Pour cet exercice 2026, le Béarnais est effectivement soumis à de multiples pressions. Économiques, d'abord, avec une succession d'alertes venues d'instance nationales et internationales. Politiques, ensuite, avec les nombreuses injonctions des oppositions et leurs menaces de censure; le RN a ainsi répété ce dimanche être prêt à renverser le gouvernement dès qu'il en aura la possibilité si la copie ne lui conviens pas.
Pour résumer, le gouvernement s'est fixé comme objectif de trouver 40 milliards d'euros d'économie afin de réduire le déficit et proposer une trajectoire crédible de réduction de la dette, après des années de dérapage hors de contrôle. Une feuille de route ambitieuse, donc, mais déjà minée avant même qu'elle soit présentée.
Le retour des lignes rouges
De fait, les oppositions ne sont pas les seules à semer des obstacles sur la ligne de crête empruntée par François Bayrou. Les partis censés soutenir son action à Matignon ne sont pas en reste non plus pour complexifier sa mission. Ainsi, macronistes et Républicains profitent du « money time » avant la présentation des premiers arbitrages pour faire incursion dans le débat et tracer leurs propres lignes rouges.
Gabriel Attal insiste de son côté sur « l'actualisation rapide » des budgets militaires, dans le sillage du président de la République qui attend toujours les propositions du gouvernement (depuis mars dernier) sur les moyens alloués au réarmement du pays. Dans les colonnes de L'Opinion, l'ancien Premier ministre plaide ainsi pour « des arbitrages clairs » qui auront forcément un « coût », malgré « le contexte budgétaire contraint. »
En parallèle de cette offensive, le parti Renaissance (fort de 100 députés, le groupe le plus puissant du socle commun) peine en revanche à faire émerger un discours clair sur la question des recettes et de la fiscalité. En clair, sur les solutions pour trouver l'argent nécessaire à ces nouveaux efforts.
La question des impôts
Gardien du bilan macroniste en la matière, Gabriel Attal explique dans Les Échos que « le coût du travail » ne peut augmenter en 2026. « Attention », aussi, « à ne pas avoir la tentation de recréer l'ISF », ajoute l'élu des Hauts-de-Seine. Pas question donc de taxer davantage les entreprises, ni les ménages les plus aisés. N'en déplaise à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, (Renaissance elle aussi), pour qui ces débats ne peuvent être évités dans le contexte actuel.
Charge donc à François Bayrou - et Emmanuel Macron, qui s'entretient lui aussi avec les ministres de Bercy - de trouver un chemin entre ces différentes balises. Mais pour cela, l'exécutif doit aussi (peut-être avant tout) composer avec les désidératas des Républicains. Une liste de courses moins brouillonne que celle de Renaissance, et forcément plus délicate à appréhender pour François Bayrou - centriste puis macroniste de la première heure.
Le président du groupe LR à l'Assemblée Laurent Wauquiez a ainsi tenu un point presse, mercredi au Palais Bourbon, entouré de ses troupes, pour dire tout le mal qu'il pense des hypothèses évoquées par les ministres de Bercy dans la presse. Une année blanche ? « Un terme pudique pour dire année rouge fiscale », selon lui. Geler certaines prestations, comme les pensions de retraite ? Impossible. Du reste, le député altiligérien assume de « mettre la pression sur François Bayrou » pour qu'il aille vers « 100 % d'économies et 0 % de hausse d'impôts. »
Barnier bis ?
Ragaillardis par la popularité de leur nouveau chef Bruno Retailleau, Les Républicains proposent plutôt de plafonner l'aide sociale (qui deviendrait unique, jusqu'à 70 % du SMIC), de limiter drastiquement le RSA ou les conditions d'accès des étrangers au système social. Autant de pistes qui se rapprochent, de nouveau, de celles de l'extrême droite (comme sur l'écologie ou l'immigration) et qui seront par conséquent particulièrement difficiles à accepter pour la macronie. Cela vous rappelle quelque chose ?
En somme, François Bayrou - qui a réussi en janvier 2025 à faire passer deux premiers textes budgétaires (financement de l'État et de la Sécurité sociale) au prix de contorsions redoutables - se retrouve aujourd'hui dans la même situation que son prédécesseur Michel Barnier. Pris au milieu des incendies allumés par les oppositions, le Savoyard avait assisté, impuissant, aux manœuvres des partis du « socle commun » plus prompts à attiser le feu qu'à l'éteindre.
À l'époque, Gérald Darmanin (entre autres) jouait le rôle du pyromane en chef, dévoilant dans la presse ses échanges avec le locataire de Matignon pour mieux dénoncer son intention d'augmenter certains impôts. Déjà. Huit mois plus tard, François Bayrou a fait du nordiste une pièce maîtresse de son gouvernement, quand son prédécesseur l'avait laissé sur le carreau. De quoi éviter certaines peaux de bananes ? L'espoir fait vivre le centriste, conscient qu'une glissade sur l'Himalaya est synonyme de décrochage fatal.
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