« C'est au poignet que je souffre le plus » : Biniam Girmay, la grosse frayeur à quatre jours de l'arrivée du Tour de France 2025 sur les Champs-Élysées
Biniam Girmay était arrivé sur ce Tour de France avec les mêmes étincelles dans les yeux qu'à sa descente du podium final l'an passé à Nice, lorsqu'il avait été le premier Africain à remporter le classement par points. Ce Maillot Vert est resté depuis un an tout un symbole pour le cyclisme africain, qui avait enfin trouvé son icône. L'Érythréen (25 ans) toujours très prudent dans ces déclarations avait eu du mal à calmer cet engouement autour de son nom. « Si je peux être un exemple pour les générations à venir, c'est évidemment une fierté, confiait-il. Mais je ne veux pas non plus prendre toute la place. Je suis un Érythréen et le continent africain est immense, je ne sais pas comment le cyclisme peut se développer dans d'autres pays que je ne connais pas. »
Ses trois victoires d'étapes l'an passé avaient provoqué un enthousiasme débordant dans beaucoup de pays où la culture cycliste est bien ancrée. Chez lui, en Érythrée, évidemment, où il retourne régulièrement accueilli en héros. Mais aussi au Rwanda, où les maillots Intermarché-Wanty sont visibles à chaque coin de rue, sur le dos des pilotes des vélo-taxi ou sur celui des jeunes cyclistes en herbe. Mercredi, dans les rues d'Asmara, la capitale de l'Érythrée perchée à 2300 mètres sur le plateau qui domine la mer Rouge, ses supporters ont vécu un sale moment en voyant les images de la chute. « Tout le monde était survolté dans les cafés et les cinémas (où sont retransmises en direct les images du Tour) avant l'accident, raconte Miriam Habtai, membre du comité directeur de la Fédération érythréenne de cyclisme jointe au téléphone. Quand on a vu que des coureurs tombaient, il y a eu un long silence. Après, on cherchait à reconnaître Bini. C'est terrible pour nous parce qu'on ne sait rien de sa blessure. »
Comment Jonathan Milan a évité la chute
À 6000 kilomètres de là, au bout du Boulevard Franklin Roosevelt à Valence, où étaient garés les cars des équipes dans le prolongement de la ligne d'arrivée de la 17e étape du Tour, celui des Intermarché-Wanty était entouré des dizaines de drapeaux érythréens flottants au vent et sous la pluie, avec ces irréductibles supporters de la diaspora présents à chaque arrivée ou départ entonnant des chants érythréens en hommage à leur « Bini » national. Eux aussi voulaient en savoir plus sur l'état de santé de leur héros. Ils l'avaient vu arriver au pied du car le coude droit et la hanche abîmés, le cuissard déchiré.
« Le passage difficile sur les pavés (la montée de Montmartre) avant le sprint est un endroit qui me convient parfaitement et me donne peut-être un avantage sur certains autres sprinteurs »
Biniam Girmay
L'Érythréen n'avait pas prononcé un mot avant de monter au chaud à l'intérieur. Le manager de l'équipe, Jean-François Bourlart avait lui aussi le visage fermé, il ne laissait pas le temps d'écouter les questions, lâchant un : « Je n'ai rien vu », particulièrement inquiet. Les supporters érythréens détrempés espéraient encore apercevoir leur idole. « Va-t-il redescendre ? », a demandé une jeune supportrice pendant que le fan-club improvisé chantait du « Bini, il a gagné !! ». À l'intérieur du Pullman, le coureur a été ausculté immédiatement par le médecin de l'équipe qui n'a décelé aucun point de fracture, ce qui a évité ainsi d'aller passer des examens complémentaires au camion médical de l'organisation ou à l'hôpital de Valence.
« C'est au poignet que je souffre le plus, confiera le coureur plus tard. Cela me fait vraiment mal. » Presque au même moment, son épouse et sa fille aînée venaient de quitter Asmara pour voyager en Europe et être présentes à Paris pour l'arrivée sur les Champs-Élysées, dimanche, où leur papa et mari de champion espérait s'imposer. « C'est vrai que j'ai coché cette dernière étape, avouait-il au départ du Tour. Le passage difficile sur les pavés (la montée de Montmartre) avant le sprint est un endroit qui me convient parfaitement et me donne peut-être un avantage sur certains autres sprinteurs. »
Mais il va lui falloir avaler les deux dernières étapes de haute montagne, ce jeudi et vendredi, avec leurs plus de 10 000 mètres de dénivelés au total et un poignet douloureux, pour espérer être opérationnel dimanche. Une mission bien délicate qui n'inspirait pas un grand optimisme mercredi soir dans son entourage.
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