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Les 43 millions en demandes de rabais pour des Tesla jugés légitimes par Ottawa

Les 43 millions en demandes de rabais pour des Tesla jugés légitimes par Ottawa

La Presse4 days ago
Tesla a déposé 8600 demandes de rabais au cours de la dernière fin de semaine avant la suspension du programme fédéral.
Les 43 millions en demandes de rabais pour des Tesla jugés légitimes par Ottawa
(Ottawa) Tesla a légitimement réclamé des milliers de rabais pour véhicules électriques au cours de la dernière fin de semaine précédant la suspension du programme de rabais par le ministère en janvier, a déclaré Transports Canada vendredi.
Nick Murray
La Presse Canadienne
Dans un courriel adressé à La Presse Canadienne, un porte-parole de la ministre des Transports, Chrystia Freeland, a déclaré que, bien que le ministère évalue encore quelques demandes, l'enquête de Transports Canada a révélé que les demandes de Tesla « ont été jugées légitimes pour des véhicules vendus avant le 12 janvier ».
Le ministère a précisé que toutes les demandes des concessionnaires avaient été évaluées selon les mêmes critères.
Le 12 janvier était le dernier jour où les demandes de rabais étaient acceptées dans le cadre du populaire Programme d'incitatifs pour les véhicules zéro émission, appelé iVZE. Ottawa a dépensé près de 3 milliards pour iVZE au cours de ses cinq années d'existence. Le programme offrait jusqu'à 5000 $ pour l'achat d'un nouveau véhicule zéro émission.
Le vendredi 10 janvier, Transports Canada a annoncé la suspension du programme dès que les fonds restants seraient épuisés. Trois jours plus tard, le ministère a annoncé la suspension et qu'aucun autre rabais ne serait versé pour les demandes présentées après le 12 janvier.
Comme l'a d'abord rapporté le Toronto Star, Tesla a déposé 8600 demandes de rabais au cours de cette fin de semaine, pour une valeur de 43 millions. À la suite de l'article du Star en mars, Mme Freeland a déclaré que le gouvernement gelait tous les versements de rabais à Tesla jusqu'à la validation de ses demandes.
On ignore encore si Tesla a affirmé avoir vendu tous ces véhicules ce week-end-là, ou si les demandes concernaient des ventes qui n'avaient pas encore été déposées auprès du gouvernement pour bénéficier du rabais iVZE.
Transports Canada tient une base de données publique des demandes de rabais iVZE. Cependant, cette base de données n'indique pas la date de vente d'un véhicule, mais seulement la date de la demande de rabais, qui peut survenir bien après la vente et la livraison au client.
Tesla n'a pas répondu aux multiples demandes d'entretien de La Presse Canadienne.
Lorsque le programme iVZE a été brusquement suspendu, des centaines de concessionnaires ont été contraints d'assumer le coût des demandes de remboursement non encore soumises. Vendredi, Transports Canada a expliqué comment ces concessionnaires seront remboursés et a annoncé un délai d'un mois pour présenter une demande de remboursement.
Lors d'un appel avec les concessionnaires, des représentants de Transports Canada ont indiqué que tout véhicule livré aux clients avant la suspension du programme le 12 janvier serait admissible à un remboursement.
Les associations de détaillants d'automobiles dubitatifs
La Corporation des associations de détaillants d'automobiles a accueilli favorablement la l'annonce de Transports Canada. Elle estime que ses 3500 membres doivent environ 11 millions pour les remises sur les véhicules qu'ils ont déjà vendus.
« J'ai reçu des appels de concessionnaires immédiatement après (la réunion d'information de Transports Canada) qui étaient très émus et inquiets de la situation, car cela a eu un impact considérable sur leur trésorerie », a confié Huw Williams, directeur des affaires publiques de la Corporation.
C'était très émouvant d'apprendre que les concessionnaires allaient être payés, car tous les constructeurs ne les couvraient pas ou ne les soutenaient pas.
Huw Williams, directeur des affaires publiques de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles
Les concessionnaires ne pourront déposer qu'un maximum de 25 réclamations par jour. M. Williams a estimé que cela comblerait largement le manque à gagner. Il a précisé que la somme la plus élevée due à un concessionnaire s'élève à environ 600 000 $.
Transports Canada a également indiqué que tout véhicule acheté avant la date limite du 12 janvier, mais livré au client après cette date, ne sera pas admissible à un remboursement.
« Nous discuterons de la date limite avec Transports Canada », a précisé Huw Williams. Nous verrons l'ampleur du problème et s'il peut être résolu. Mais pour l'instant, c'est une victoire pour les concessionnaires. »
Ces derniers peuvent désormais effectuer des réclamations pour les véhicules livrés à leurs clients depuis le 1er avril 2024.
« La fermeture du programme iVZE après avoir annoncé sa fin progressive en janvier a été une véritable catastrophe », a commenté le directeur des affaires publiques de la Corporation.
Tout en acceptant la conclusion de Transports Canada selon laquelle les réclamations de Tesla lors de la dernière fin de semaine du programme iVZE étaient légitimes, M. Williams a remis en question le moment et le volume de ces réclamations, survenues juste au moment où le programme était sur le point d'être suspendu.
« Je pense qu'une question plus générale se pose : comment Tesla a-t-elle su qu'il fallait les traiter ce week-end-là », a interrogé M. Williams.
« Il ne me semble pas que nous ayons mené d'enquête sur les communications entre Transports Canada et Tesla, entre des responsables qui auraient pu partager des informations de manière inappropriée. »
Des ventes sur la pente descendante
Les ventes de véhicules électriques ont chuté depuis la suspension du programme iVZE. Les ventes de véhicules électriques dans le cadre du programme ont atteint un sommet en décembre 2024, représentant 18,29 % de tous les véhicules neufs vendus, soit le dernier mois complet avant la suspension du programme.
Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, les ventes ont chuté à 11,95 % en janvier, puis à 7,53 % en avril.
Des ministres fédéraux ont indiqué que le gouvernement travaillait au rétablissement des incitatifs à la consommation pour les véhicules électriques, une promesse également inscrite dans la plateforme électorale du Parti libéral.
Les constructeurs automobiles préviennent pour leur part que les ventes continuent de chuter, les acheteurs attendant le retour des rabais.
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Puis, en août 2024, c'est la tempête Debby qui a causé des dommages importants. À titre comparatif, l'an dernier, ce sont environ 160 millimètres qui étaient tombés, mais en l'espace de 18 heures. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Le producteur maraîcher Martin Gariépy Une fois, deux fois, trois fois, à un moment donné. Ce matin, j'aurais tiré la plug tellement j'étais découragé. On ne sait plus quoi faire si c'est de même tous les ans. Le producteur maraîcher Martin Gariépy M. Gariépy estime les pertes dans un seul de ses champs de betteraves de 5 hectares à entre 30 % et 40 %, ce qui représente entre 100 000 $ et 150 000 $. « L'année passée, on a eu des pertes d'au moins 400 000 $. Là, on ne peut pas le dire. On va avoir une meilleure idée des dommages dans une semaine et demie », dit-il. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 0:30 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Text Color White Black Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Text Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Transparent Caption Area Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Transparent Semi-Transparent Opaque Font Size 50% 75% 100% 125% 150% 175% 200% 300% 400% Text Edge Style None Raised Depressed Uniform Drop shadow Font Family Proportional Sans-Serif Monospace Sans-Serif Proportional Serif Monospace Serif Casual Script Small Caps Reset Done Close Modal Dialog End of dialog window. Des algues dans les champs Un peu plus loin dans le village, la famille Allard-Gauthier, qui cultive des pommes de terre sur 530 acres, a aussi fait creuser des rigoles à la pelle dans ses champs. Selon les champs, entre 47 et 117 millimètres sont tombés dimanche. « On est là-dessus depuis 8 h ce matin. On vide les champs le plus possible pour essayer d'aérer ça », raconte Sabrina Gauthier. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Sabrina Gauthier Ces précipitations se sont ajoutées à celles tombées plus tôt cette semaine. Lors de notre passage, des algues avaient commencé à fleurir dans l'eau stagnante accumulée entre les rangs depuis quelques jours. Un mélange d'algues et de pollen avait donné à l'eau une teinte vert fluo. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Un mélange d'algues et de pollen a donné à l'eau une teinte vert fluo. « C'est en train d'étouffer », indique Mme Gauthier au sujet du champ. Il est encore trop tôt pour chiffrer les dommages. Déjà, de petites taches blanches ont commencé à apparaître sur les pommes de terre en raison de l'humidité. Les feuilles de la plante ont aussi commencé à jaunir, des feuilles sont flétries ou couvertes de boue. Leur ferme a été fondée en 2009. Ici aussi, ce sont surtout les trois dernières années qui ont été difficiles à cause des importantes pluies. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE De petites taches blanches ont commencé à apparaître sur les pommes de terre en raison de l'humidité. « Le rendement n'est pas là. Quand tu ramasses de la bouette dans le fond de ton trailer au lieu des patates, tu la vois, la différence. Avant, c'étaient de belles grosses patates. On part d'un 500 quintaux de rendement par champ à du 200 et l'an passé, on avait même du 180 quintaux dans certains champs », dit-elle. « Le coût des intrants monte, mais le prix à la vente n'augmente pas », déplore son beau-frère Ghislain Allard. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Keyla Allard-Gauthier, 15 ans, travaillant dans les champs de la ferme familiale Keyla Allard-Gauthier, 15 ans, qui travaille à la ferme avec ses parents et son oncle, est déjà une grande passionnée d'agriculture. Elle voit malgré tout l'avenir avec optimisme. « Ça fait peur pour les prochaines années, mais on reste la tête haute et on espère que ça va bien aller. » « Nettoyer » les cours d'eau Alors que les changements climatiques entraînent des épisodes de météo extrême, Martin Gariépy aimerait que les autorités prennent davantage au sérieux l'importance de mieux entretenir les cours d'eau qui bordent sa ferme. Des champs inondés PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Grâce à cette rigole creusée à la pelle, l'eau a pu être évacuée d'un champ de carottes inondé. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Martin Gariépy s'attend à des pertes considérables dans ses champs de betteraves. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Le ruisseau des Anges, qui longe Saint-Roch-de-l'Achigan, n'a pas pu absorber toute l'eau. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Le pluviomètre de Martin Gariépy a enregistré près de 110 millimètres de pluie en 2 heures et demie. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Grâce à cette rigole creusée à la pelle, l'eau a pu être évacuée d'un champ de carottes inondé. 1 /4 « Ça fait quatre ans que j'ai fait la demande pour faire nettoyer les cours d'eau », déplore-t-il. En raison des quenouilles et des embâcles, le débit est trop lent. Les drains agricoles ne peuvent pas se vider, dit-il. Avec des producteurs voisins, il a même envoyé l'an dernier une lettre recommandée à plusieurs villes et MRC avoisinantes. Ils voulaient les prévenir « qu'à partir de cette année, s'il y a des dégâts à cause des cours d'eau, on se prend un avocat ». Pour la présidente de l'Association des maraîchers du Québec, Catherine Lefebvre, ce cas illustre un enjeu beaucoup plus généralisé. 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Les travaux débuteront dans les prochaines semaines en collaboration avec la Fédération québécoise des municipalités (FQM), l'Union des municipalités du Québec (UMQ) et l'Union des producteurs agricoles (UPA).

Rémunération des ménages québécois
Rémunération des ménages québécois

La Presse

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Rémunération des ménages québécois

« La rémunération salariale des ménages québécois a atteint 99,1 % de celle des autres Canadiens en 2024, alors que cette proportion a très longtemps oscillé entre 85 % et 90 % jusqu'en 2015, avant de remonter nettement depuis », écrit Francis Vailles. Pendant des années, les Québécois s'estimaient « nés pour un petit pain », ce qui les condamnait à rester moins riches que les Canadiens anglais et à s'en satisfaire. L'émancipation les a amenés à se débarrasser de cette attitude défaitiste, avec l'espoir de combler un jour le retard de richesse. Or voilà qu'après ce long parcours, on peut maintenant dire que les ménages québécois gagnent autant que les autres Canadiens, du jamais vu depuis des décennies. Pour être plus précis, la rémunération salariale des ménages québécois a atteint 99,1 % de celle des autres Canadiens en 2024, alors que cette proportion a très longtemps oscillé entre 85 % et 90 % jusqu'en 2015, avant de remonter nettement depuis. Nul doute que le premier ministre du Québec, François Legault, s'en réjouira, bien que les raisons soient multiples et que la genèse du phénomène remonte à de nombreuses années. Pour arriver à une telle conclusion, j'ai passé au peigne fin les données de Statistique Canada sur les revenus des ménages qui servent au calcul du Produit intérieur brut (PIB). En 2024, donc, les salariés des ménages du Québec ont touché l'équivalent de 37 300 $ par habitant, en moyenne, ce qui représente 99,1 % des 37 650 $ du reste du Canada. Attention, ce n'est pas la rémunération par salarié, mais par habitant : un ménage de 4 personnes (2 enfants) pourrait donc gagner 4 fois cette rémunération par habitant, en moyenne. Il faut voir le chiffre par habitant comme un indicateur aux fins de la comparaison. Le rapport de 99,1 % de l'année 2024 est un sommet depuis 1981, l'année la plus lointaine pour laquelle Statistique Canada publie des données. Le rattrapage du Québec est éloquent face à l'ensemble des autres Canadiens, comme aux Ontariens plus spécifiquement. La remontée avec l'Ontario a débuté en 1989, et selon les données les plus récentes pour cette province, soit 2023, le rapport de rémunération Québec/Ontario atteint maintenant 96,4 %, alors qu'il était de 77,1 % en 1989. Laissons parler les graphiques. L'information surprend. J'ai donc refait l'exercice avec deux autres bases de données de Statistique Canada sur les revenus des ménages, qui confirment le net rattrapage depuis 10 ans1. Diverses raisons peuvent expliquer l'impressionnant phénomène. L'économie du Québec s'est redressée après le retour à l'équilibre budgétaire de 2015. La vigueur du marché du travail, jumelée au taux d'activité record des femmes grâce au programme de garderie, y est pour beaucoup. Cette vigueur, en combinaison avec le vieillissement de la population, a créé une pénurie de main-d'œuvre, avec des pressions sur les salaires. Il faut aussi admettre que certaines autres provinces ont reculé pendant la même période, notamment l'Ontario après la crise financière de 2007, et l'Alberta, après la crise pétrolière de 2014. Charles St-Arnaud, économiste en chef d'Alberta Central, a bien expliqué la sous-performance albertaine depuis une décennie – et pas seulement à cause du pétrole –, source du mécontentement alimentant le mouvement séparatiste là-bas. Le pouvoir d'achat y a reculé de 13 % depuis 10 ans2. Enfin, l'Ontario accueille un nombre très important d'immigrants, notamment ceux issus de réunifications familiales (conjoints, enfants et grands-parents), bien davantage qu'au Québec, ce qui peut exercer une pression à la baisse sur la rémunération moyenne. Quoi qu'il en soit, les Québécois n'ont plus à rougir de la comparaison pancanadienne à cet égard. Cela dit, malgré la remontée, les Québécois conservent encore moins d'argent dans leurs poches qu'ailleurs au Canada pour payer leurs dépenses courantes (hypothèques, épicerie, etc.). La base de données que j'ai utilisée sert ultimement au calcul du revenu disponible des ménages, qui correspond à l'ensemble des revenus après impôts et transferts. Or, ce revenu disponible par habitant des Québécois représente 91 % de celui des autres Canadiens en 2024, selon les données, après un creux historique de 83 % en 2015. La progression des ménages québécois est nette depuis 2015, comme la rémunération salariale, mais sans rejoindre le niveau des autres Canadiens. Le revenu disponible, faut-il savoir, englobe non seulement la rémunération des salariés, mais aussi l'ensemble des transferts reçus des gouvernements et des entreprises. Parmi ces transferts, mentionnons l'assurance-emploi et l'aide sociale, mais surtout les prestations de retraite du privé et du public (RRQ, pension fédérale, etc.), très importantes. À cette somme sont soustraits les transferts versés aux gouvernements, notamment l'impôt sur le revenu et les taxes foncières, ce qui donne le revenu disponible. Qu'est-ce qui explique cette différence ? Comme on peut s'y attendre, les Québécois reçoivent davantage de transferts des gouvernements qu'ailleurs, mais ils paient aussi plus d'impôts. Notez que le revenu disponible est calculé avant le paiement des dépenses, et donc avant le prélèvement des taxes de vente. Ces taxes de vente sont plus élevées au Québec (15 %) qu'en Ontario (13 %), en Colombie-Britannique (12 %) ou en Alberta (5 %). Malgré tout, le pouvoir d'achat s'est accru nettement plus au Québec qu'ailleurs au Canada depuis 10-15 ans. Plus précisément, le revenu disponible par habitant au Québec a crû de 3,8 % par année entre 2015 et 2024, en moyenne, alors que l'inflation annuelle a été de 2,6 %. Ailleurs, la croissance annuelle a été de 2,8 %, soit un niveau comparable à l'inflation (2,7 %). Bref, les Québécois se sont enrichis, tandis que la moyenne des autres Canadiens a stagné3. Enfin, ce portrait explique pourquoi le taux d'épargne des Québécois augmente davantage qu'ailleurs au Canada. L'épargne est mesurée après avoir soustrait du revenu disponible les dépenses de consommation des ménages. Le taux d'épargne représente 9,2 % du revenu disponible au Québec au premier trimestre de 2025, contre 4,8 % ailleurs au Canada. Cet écart est l'un des plus importants depuis quatre décennies. Le graphique illustre le phénomène, comme l'anormalité des données de la période pandémique, qui a vu les Canadiens obtenir l'aide financière des gouvernements. Voilà le portrait de la situation. Cela dit, bien que les Québécois aient rejoint les autres Canadiens en matière de rémunération salariale, leur patrimoine demeure plus faible, notamment le patrimoine immobilier. Quoi de mieux que l'épargne pour combler cette différence, n'est-ce pas ? Autre élément : la situation des Québécois, comme celle des Canadiens, se compare mal à bien des pays développés. C'est le prochain rattrapage à faire. 1. Pour la première des deux sources de comparaison, le Québec a égalé la moyenne canadienne en 2022 et pour la seconde, le Québec est encore 10 % sous la moyenne canadienne en 2023. La différence s'explique notamment par le type d'enquêtes et ce qu'elles cherchent à mesurer. La première tire ses renseignements des déclarations de revenus à l'Agence du revenu du Canada et compare le revenu des familles constituées du même nombre de personnes (par exemple un couple avec deux enfants). La seconde est l'Enquête canadienne sur les revenus (ECR), qui est liée à l'enquête sur la population active (EPA), celle qui mesure notamment le taux de chômage au moyen d'un questionnaire auprès de 60 000 ménages. Notez que dans ces deux cas, il s'agit de revenus médians, qui illustrent mieux le ménage type que la moyenne. 2. Alberta Central est l'association des coopératives de crédit de l'Alberta. Pour lire l'analyse de Charles St-Arnaud, voir ici : Lisez l'analyse de Charles St-Arnaud (en anglais) 3. J'ai aussi fait la comparaison avec l'année 2010 plutôt qu'avec le creux de 2015. Le gain de pouvoir d'achat des Québécois est moins grand, mais demeure nettement plus important que celui des autres Canadiens.

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