
Des professeurs demandent à Ottawa d'approuver les visas d'étudiants palestiniens
(Ottawa) Un groupe d'universitaires canadiens demande au gouvernement fédéral d'accélérer l'approbation des visas d'études pour les Palestiniens, après le décès de deux étudiantes admises dans une université canadienne avant de pouvoir quitter la région.
David Baxter
La Presse Canadienne
Ayman Oweida, président du Réseau des étudiants et chercheurs palestiniens en danger, a affirmé que les deux étudiantes, deux sœurs jumelles, avaient été tuées lors d'une frappe aérienne à Gaza en décembre.
Le Réseau des étudiants et chercheurs palestiniens en danger est un groupe bénévole d'universitaires canadiens qui aide les étudiants palestiniens de deuxième et troisième cycles à accéder à des projets de recherche au Canada.
Son travail a toutefois été freiné par les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza. Le gouvernement canadien n'y a pas de présence diplomatique, ce qui signifie que les étudiants de l'enclave n'ont aucun moyen d'enregistrer leurs données biométriques auprès du gouvernement pour compléter leur demande de visa.
Le réseau affirme avoir placé environ 70 étudiants dans des universités du pays, dont plusieurs ont bénéficié de bourses complètes.
« Outre les deux étudiantes tuées, 15 étudiants de Gaza que nous avons accueillis ont perdu des membres de leur famille […] des proches, des frères, des sœurs, des parents, etc. », a affirmé M. Oweida.
M. Oweida, chercheur en cancérologie à l'Université de Sherbrooke, a indiqué qu'un étudiant qui devait collaborer avec lui sur un projet est bloqué à Gaza depuis un an.
Il a affirmé que la partie canadienne du réseau avait contacté les députés pour tenter de résoudre le problème, sans succès.
« Je pense que le gouvernement canadien a ici une occasion exceptionnelle d'intensifier ses efforts et d'agir […] pour résoudre ce problème et rapatrier ces étudiants à la maison, c'est-à-dire au Canada », a-t-il soutenu.
Vouloir réaliser ses rêves
Meera Falyouna, qui vit près du poste-frontière de Rafah, fait partie des étudiants canadiens toujours bloqués à Gaza.
L'étudiante à la maîtrise de 25 ans a déclaré avoir postulé à l'Université de Regina alors qu'elle vivait sous une tente avec sa famille en décembre 2023. Elle a été acceptée au programme de génie industriel en avril 2024 et a soumis sa demande de visa d'étudiant canadien en juillet 2024.
Mme Falyouna a indiqué qu'elle devait commencer ses études en septembre dernier. N'étant pas en mesure de fournir les données biométriques nécessaires à sa demande de visa, son dossier reste en suspens, même si elle voit ses amis partir étudier en France, en Irlande et en Italie, par exemple.
« Je ne veux pas être parmi les morts. Je veux être considérée comme une rêveuse, une future ingénieure, une future professeure, une future docteure », a confié Mme Falyouna à La Presse Canadienne.
« Je veux être une personne qui a un impact sur le Canada et aussi, un jour, retourner dans mon pays et contribuer à la reconstruction du système universitaire palestinien. »
Matthew Krupovich, porte-parole d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), a dit que les données biométriques ne peuvent être complétées qu'après avoir quitté Gaza.
Il a ajouté que les pays de la région, dont l'Égypte et Israël, contrôlent leurs propres conditions d'entrée et de sortie à leurs frontières.
Les personnes arrivant au Canada en provenance de Gaza doivent également se soumettre à un contrôle de sécurité supplémentaire depuis l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël.
« Comme le contrôle de sécurité est effectué par des organismes extérieurs à IRCC, nous ne sommes pas en mesure de fournir les délais de traitement moyens. Chaque demande est différente et, par conséquent, le temps de traitement peut varier », a déclaré M. Krupovich dans une réponse par courriel.
« Toutes les demandes de permis d'études du monde entier sont évaluées de manière égale et selon les mêmes critères, quel que soit le pays d'origine. Le contrôle de sécurité est l'un des facteurs, mais pas le seul, qui peut entraîner des délais de traitement plus longs. »
70 étudiants en attente
Le poste-frontière de Rafah vers l'Égypte est fermé depuis mai 2024. Mme Falyouna a déclaré que le reste de sa famille était arrivé en Égypte seulement cinq jours avant la fermeture de la frontière.
Mme Falyouna a dit craindre qu'elle et ses camarades étudiants palestiniens ne perdent complètement leurs places.
« Je reçois maintenant le soutien de ma professeure. Elle a insisté pour que j'accepte ma lettre de report chaque fois, mais je risque toujours de ne pas être acceptée la prochaine fois, car j'ai déjà demandé un report d'admission à trois reprises », a-t-elle indiqué.
Aaron Shafer, professeur agrégé spécialisé en génomique à l'Université Trent de Peterborough, en Ontario, a déclaré qu'un étudiant palestinien qui devait travailler avec lui est bloqué à Gaza depuis huit mois.
M. Shafer pense que l'étudiant a perdu du poids au cours des huit derniers mois en raison d'une grave pénurie alimentaire à Gaza.
« Il pesait probablement – rien qu'en regardant les photos, nous ne nous sommes jamais rencontrés – 60 kilos, mais c'est un petit gars. Et la semaine dernière, il a déclaré : 'Nous sommes heureux parce que les gens reçoivent de la nourriture. Nous n'en avons pas encore reçu, mais nous sommes heureux' », a raconté le professeur Shafer.
M. Shafer a indiqué qu'environ le tiers des étudiants admis par les universités canadiennes se trouvent déjà en Égypte, mais attendent toujours le traitement de leur demande de visa.
« Il s'agit littéralement de 70 étudiants. Et c'est ce que nous demandons : traiter les visas de 70 étudiants qui occupent des postes dans des laboratoires canadiens », a-t-il plaidé.
Pour l'instant, Mme Falyouna et les autres étudiants ne peuvent qu'attendre et tenter de survivre.
« Je tiens à dire au gouvernement canadien que nous voulons être traités comme les autres étudiants issus de pays à risque, comme l'Ukraine et la Syrie », a-t-elle fait valoir.
« Nous voulons être traités comme eux. Nous voulons être traités équitablement, nous voulons bénéficier du même soutien qu'eux. Nous voulons simplement être en vie pour réaliser nos rêves. »
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