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À Nice, Christian Estrosi ferme une rue du centre-ville transformée en salle de shoot à ciel ouvert depuis des années

À Nice, Christian Estrosi ferme une rue du centre-ville transformée en salle de shoot à ciel ouvert depuis des années

Le Figaro3 days ago
À deux pas de la place Masséna, la rue Tiranty est gangrenée par la présence de toxicomanes. Face à cette situation figée, le maire de Nice a décidé d'en restreindre l'accès en journée aux seuls ayants droit.
C'est une petite artère d'une centaine de mètres perpendiculaire à la rue Jean Médecin, à deux pas de la basilique Notre-Dame et à quelques encablures de la place Masséna. Idéalement située en cœur de ville, la rue Tiranty, à Nice (Alpes-Maritimes) n'en est pas moins gangrenée depuis des années par la présence de toxicomanes toujours plus nombreux.
Excédés, les riverains assistent impuissants à des scènes quotidiennes de consommation de drogue sous leur fenêtre, presque sur le pas de leur porte. La rue Tiranty est une salle de shoot à ciel ouvert. C'est dans ce contexte que le maire (Horizons) de Nice, Christian Estrosi, a annoncé vendredi soir une mesure de régulation d'accès à cette rue. «À compter de mardi prochain, un arrêté limitera l'accès à la rue Tiranty aux seuls ayants droit, clients des commerces et patients des cabinets médicaux, de 8h à 20h», a-t-il fait savoir sur le réseau social X.
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«Cette régulation sera assurée par la police municipale», précise-t-il, dénonçant des «troubles à l'ordre public» et des «risques sanitaires avérés». Son premier adjoint délégué à la Sécurité, Anthony Borré, a renchéri : «Les risques sanitaires sont majeurs, l'insécurité omniprésente, les riverains ont raison. C'est inacceptable !»
«Coup de com'»
La réaction de l'opposition ne s'est pas fait attendre. Le député (UDR) Éric Ciotti, qui s'était rendu sur place en 2023 pour constater de visu l'ampleur du problème, fustige aujourd'hui «un coup de com' du maire» qui, loin d'offrir une solution pérenne, «pénalise encore un peu plus les riverains». «Pendant des années, la mairie n'a strictement rien fait, sinon des effets d'annonce et des opérations cosmétiques», accuse l'élu des Alpes-Maritimes, qui dénonce une mesure «inefficace» et «profondément anormale». «Elle ne traite rien. Elle ne règle rien. Elle déplace simplement le problème quelques mètres plus loin», tance-t-il par voie de communiqué.
Le constat d'échec est d'autant plus cinglant que l'inertie dénoncée par l'opposition est aussi reconnue, en creux, par les riverains. En juillet 2023, plusieurs d'entre eux confiaient au Figaro leur détresse : seringues retrouvées au sol, agressions, menaces, insultes, trafics visibles à toute heure. «On lutte contre ces gens depuis 2008», grognait Thierry, habitant de longue date de la rue. «Ils sont intouchables et insolvables, et nous, on prend», renchérissait son épouse, dépitée.
De fait, la situation est aujourd'hui la même. Sur des images et vidéos accablantes partagées par l'édile et son premier adjoint, on peut voir des individus installés sur le macadam, seringue à la main, prêts à se piquer, d'autres complètement inertes, sans doute sous l'effet de la drogue. C'est le chaos. Autour de ces âmes errantes, des valises, des matelas de fortune, des draps, des béquilles. Tout une installation qui atteste d'une certaine forme d'enracinement rue Tiranty.
Un projet de centre d'accueil avorté
Bien que très centrale, cette voie est aujourd'hui contournée par nombre de Niçois. Des commerçants y voient leurs affaires menacées, les hôteliers reçoivent des appels de clients inquiets. En dépit de réunions régulières avec les élus, la situation est restée inchangée. Ce nouvel arrêté intervient alors qu'un projet de centre d'accueil des toxicomanes avait, lui, été avorté à l'automne 2022. Prévu dans le quartier Tzarewitch, ce Caarud (Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) devait mutualiser soins et maraudes pour «distribuer du matériel stérile» et «récupérer du matériel souillé».
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Farouchement opposée à cette initiative financée par l'ARS, la mairie avait dénoncé une «cohabitation impossible» entre usagers et riverains, et demandé son abandon. Sous la pression des habitants, le projet avait été gelé. Car au-delà de l'insécurité, bien réelle, c'est aussi une insalubrité chronique, des risques infectieux permanents et une dégradation du tissu social qui minent, chaque jour un peu plus, ce morceau de la capitale azuréenne.
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