
« Démonstration de force » des agents d'immigration dans un parc presque vide
(Los Angeles) Des dizaines d'agents fédéraux américains en tenue tactique et environ 90 membres de la Garde nationale de Californie ont été déployés pendant environ une heure lundi dans un parc presque désert d'un quartier de Los Angeles à forte population immigrée. On ignorait dans l'immédiat si des arrestations avaient eu lieu.
Tara Copp et Christopher Weber
Associated Press
Des responsables de la Défense avaient déclaré que les troupes et plus d'une douzaine de véhicules militaires contribueraient à la protection des agents de l'immigration lors de leur descente dans le parc MacArthur.
« Ce que j'ai vu dans le parc aujourd'hui ressemblait à une ville assiégée, sous occupation armée », a affirmé la mairesse Karen Bass, qui a qualifié l'opération de « coup politique ».
Elle a indiqué que des enfants fréquentant un camp de jour dans le parc avaient été rapidement conduits à l'intérieur pour éviter de voir les troupes. Mme Bass a néanmoins indiqué qu'un garçon de 8 ans lui avait confié avoir « peur de l'ICE ».
PHOTO PATRICK T. FALLON, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des agents fédéraux des services frontaliers montent à bord d'un véhicule blindé près du parc MacArthur à Los Angeles, Californie, le 7 juillet 2025.
Mme Bass a montré une vidéo montrant des agents à cheval balayant un terrain de football désert.
L'opération s'est déroulée dans un parc d'un quartier à forte population d'immigrants, principalement d'origine mexicaine et centraméricaine. Les rues y sont bordées de commerces affichant des enseignes en espagnol et dans d'autres langues. Ce quartier a été surnommé par les autorités locales « Ellis Island de la côte ouest ».
Des explications ont été demandées aux services de l'immigration et des douanes (ICE) pour obtenir des précisions.
Jeannette Zanipatin, de la Coalition pour les droits des immigrants, s'est rendue sur place pour constater la présence brève, mais importante de soldats et d'agents fédéraux. « Je pense vraiment que c'est une source d'intimidation, a-t-elle déclaré. Nous savons que l'administration Trump cherche à faire de Los Angeles un exemple. »
L'opération menée dans ce grand parc, situé à environ 3 kilomètres à l'ouest du centre-ville de Los Angeles, a impliqué 17 humvees, quatre véhicules tactiques, deux ambulances et des soldats armés, ont indiqué des responsables de la défense.
Cette décision fait suite au déploiement par le président Donald Trump de milliers de membres de la Garde nationale et de Marines en service actif dans la ville le mois dernier pour répondre aux manifestations contre les précédentes descentes de police.
PHOTO PATRICK T. FALLON, AGENCE FRANCE-PRESSE
L'opération menée dans ce grand parc, situé à environ 3 kilomètres à l'ouest du centre-ville de Los Angeles, a impliqué 17 humvees, quatre véhicules tactiques, deux ambulances et des soldats armés.
Le président américain a intensifié ses efforts pour concrétiser sa promesse de campagne d'expulser illégalement des millions d'immigrants des États-Unis et s'est montré prêt à utiliser la puissance militaire du pays, ce que d'autres présidents américains ont généralement évité.
Les responsables de la défense ont déclaré aux journalistes qu'il ne s'agissait pas d'une opération militaire, mais ont reconnu que l'ampleur et la portée de la participation de la Garde nationale pourraient la faire passer pour telle aux yeux du public.
C'est pourquoi les responsables ont requis l'anonymat pour fournir des détails sur le raid, qui n'ont pas été révélés publiquement.
« Ce sera simplement plus visible et plus vaste que ce à quoi nous participons habituellement », a déclaré l'un d'eux avant que le raid se termine abruptement, sans explication.
Une opération filmée ?
Le rôle principal des militaires était de protéger les agents de l'immigration en cas de rassemblement d'une foule hostile, a précisé ce responsable. Ils ne participent à aucune activité de maintien de l'ordre, telle que des arrestations, mais les militaires peuvent détenir temporairement des citoyens si nécessaire avant de les remettre aux forces de l'ordre, a précisé le responsable.
« Ce matin, on aurait dit une mise en scène pour une vidéo TikTok », a indiqué Marqueece Harris-Dawson, présidente du conseil municipal de Los Angeles, ajoutant que si la police des frontières souhaite filmer à Los Angeles, elle devrait « demander un permis de tournage comme tout le monde. Et cessez d'essayer d'effrayer les habitants de cette grande ville et de perturber notre économie au quotidien. »
PHOTO PATRICK T. FALLON, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des agents fédéraux lors du raid.
Chris Newman, directeur juridique du National Day Laborer Organizing Network, a confié avoir reçu une information crédible concernant l'opération de lundi.
C'était une démonstration de force. Il s'agissait bien plus d'un spectacle de téléréalité que d'une véritable opération de répression.
Chris Newman, directeur juridique du National Day Laborer Organizing Network
Depuis que les agents fédéraux procèdent à des arrestations dans les stationnements de Home Depot et ailleurs à Los Angeles, M. Newman a constaté que moins de personnes fréquentent le parc et les quartiers d'immigrants proches du centre-ville.
« La transformation de Los Angeles en ville fantôme est pour le moins inquiétante », a-t-il ajouté.
Plus de 4000 gardes nationaux de Californie et des centaines de Marines américains ont été déployés à Los Angeles depuis juin, contre la volonté du gouverneur de Californie, Gavin Newsom. La semaine dernière, l'armée a annoncé qu'environ 200 de ces soldats seraient réintégrés dans leurs unités pour lutter contre les incendies de forêt.
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4 hours ago
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« Comme une faucheuse dans la nuit »
Le mémorial improvisé aux victimes des inondations prend de l'ampleur chaque jour depuis mercredi, sur une clôture de Kerrville, au Texas. Harley Moeller a le sourire timide, les cheveux en bataille et un éclat de fierté dans le regard. Entre ses petites mains, elle tient son diplôme de fin d'études de la maternelle. Sur sa photo, au cadrage serré, on peut voir les bras de ses parents qui l'enserrent. On devine leur fierté, à eux aussi. Leur amour. La fillette de 6 ans a péri dans la crue brutale du fleuve Guadalupe, pendant la nuit du 4 juillet, en même temps que toute sa famille. Son portrait fait partie des centaines qui s'accumulent depuis mercredi sur une longue palissade d'acier galvanisé, dans la rue principale de Kerville. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE La petite Harley Moeller fait partie des 36 enfants morts dans les inondations dans le comté de Kerr. Autour des photos, des messages d'adieu, des fleurs et des peluches s'étendent sur des dizaines de mètres. Le site, qui grossit d'heure en heure, est devenu le principal lieu de recueillement pour les citoyens de la communauté de 24 000 habitants. Un mémorial improvisé, situé à quelques dizaines de mètres du fleuve qui a avalé près de 300 vies. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Christy Cooper, native de Kerrville, était très émue après avoir parcouru le mémorial. Elle connaissait deux victimes. « Cette inondation est venue comme une faucheuse dans la nuit », me dit entre deux sanglots Christy Cooper, native de Kerrville. Elle connaissait deux des victimes. « C'est encore dur d'y croire », poursuit-elle. J'étais assise sur mon porche ce matin, en buvant mon café, et je pouvais entendre les scies mécaniques, la machinerie lourde, les « bips » des machines qui reculent. Je savais qu'ils étaient encore en train de récupérer des corps, juste en bas de chez moi. Christy Cooper, native de Kerrville La communauté de Mme Cooper été frappée en plein cœur. Le tiers des victimes de l'inondation – 36 enfants et 67 adultes – viennent d'ici, dans le comté de Kerr. Tout le monde se connaît, et tout le monde connaît au moins une personne décédée. Souvent plusieurs. Les citoyens du coin ont des opinions politiques tranchées, mais cela n'a plus aucune importance depuis une semaine, tient à souligner Christy Cooper. « Nous sommes peut-être conservateurs par ici, mais pour chacune des personnes rassemblées ici, je ne vois pas la race, je me fous de l'orientation sexuelle et encore plus de savoir pour qui vous avez voté. Nous sommes tous les mêmes en ce moment, et c'est ce qui aide la communauté. » Gino Delgadillo se tient droit comme une barre en déambulant devant le mémorial. Le retraité des Forces aériennes s'attarde devant plusieurs des photos accrochées à la clôture. Il me pointe un à un ses amis morts dans le déluge. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Gino Delgadillo, retraité des Forces aériennes, connaissait plusieurs des victimes. L'homme de 71 ans me parle de Jane Ragsdale, propriétaire de deux colonies de vacances au bord du fleuve Guadalupe, maintenant détruites. De Reece Zunke, l'entraîneur de soccer de l'école secondaire qui a appris le sport à ses enfants. Ou encore de Richard Eastland, le propriétaire du Camp Mystic, mort en même temps qu'une trentaine d'enfants dans la nuit du 4 juillet. « C'est tragique, c'est historique, ils disent que les évènements comme ça arrivent aux 200 ans, relate-t-il. Le président Trump est même venu ici hier, vous l'avez vu ? » Je dis que le mémorial a été improvisé, mais ce n'est pas tout à fait exact. Il est né sous l'impulsion d'un gars de 30 ans de Miami, Leo Soto, qui a sauté dans le premier vol vers San Antonio lorsqu'il a pris connaissance de la tragédie. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Leo Soto, 30 ans, est venu de Miami pour démarrer le mémorial à la mémoire des victimes. C'est la deuxième installation du genre qu'il crée pour honorer des victimes. Sa première remonte à 2021, quand une tour de condos de Surfside, près de chez lui, s'était écroulée, faisant 98 morts. J'ai été touché par l'histoire et les photos de tous ces enfants morts au Camp Mystic. Quand une tragédie prend une telle ampleur, c'est dur de trouver un endroit où tout le monde peut se rassembler sans déranger les opérations de sauvetage. Leo Soto Le Floridien a trouvé une clôture « Frost » qui ceinturait un bâtiment abandonné du centre-ville, puis il a contacté des fleuristes pour obtenir des fleurs gratuites. Son projet a fait boule de neige, agissant comme un baume pour les résidants du secteur. « C'est ça qui est le plus puissant : les gens ajoutent continuellement des images, des mots et des fleurs. Ça n'arrête pas. » Les Texans endeuillés se tournent vers le mémorial, mais aussi, beaucoup, vers Jésus. Plusieurs célébrations religieuses ont eu lieu depuis la tragédie, dont une veillée qui a rassemblé des centaines de personnes au stade de Kerrville, vendredi. Des citoyens croisés samedi continuaient toujours à chercher une signification au drame, par la lorgnette de la religion catholique. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Le mémorial de Kerrville Laura, qui distribuait des bouteilles d'eau avec ses deux petits garçons, m'a fait un long exposé créationniste – Dieu a créé la Terre, Adam et Eve ont péché, le Big Bang n'existe pas, etc. – et sur les causes potentielles de cette tragédie. Elle m'a aussi fait part de sa théorie sur le sort qui sera réservé aux âmes des victimes. « Plusieurs d'entre elles étaient chrétiennes, comme les petites filles du Camp Mystic. Ç'a l'air cliché à dire, mais elles sont certainement à un meilleur endroit maintenant. » PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Roderick Pfeiffer se promène en ville avec sa croix, que plusieurs citoyens demandent de toucher. Croix géante à l'épaule, Roderick Pfeiffer m'a tenu une version encore plus étoffée de ce discours. Le ferrailleur de 66 ans voit dans la tragédie du 4 juillet rien de moins qu'un signe annonciateur de l'apocalypse… Son discours a beau être intense, l'homme est populaire à Kerrville. Pendant notre conversation d'une quinzaine de minutes, plusieurs automobilistes l'ont klaxonné. Plus surprenant, peut-être : des passants ont demandé de toucher sa croix, et de prier avec lui. « Ça arrive beaucoup, dernièrement. »


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Entrevue avec la gouverneure du Maine
La gouverneure du Maine, Janet Mills, devant l'une des affiches que son équipe a fait installer à différents points d'entrée de l'État. (Augusta, Maine) See you in court : la gouverneure du Maine, Janet Mills, a eu une joute verbale corsée avec Donald Trump en février dernier. La démocrate, qui n'est pas tendre à l'endroit du président, se montre très préoccupée par les Canadiens qui ont choisi de ne pas aller en vacances sur les plages de son État. La gouverneure du Maine, Janet Mills, veut que les Canadiens se sentent bienvenus de voyager dans l'État connu pour ses plages très fréquentées par les Québécois, d'Old Orchard à Ogunquit. Tellement qu'elle a fait installer des pancartes à différents points d'entrée du Maine. Mais elle n'est pas dupe. « Nous avons un président qui a fait campagne au nom de l'économie, et les gens l'ont cru, déclare-t-elle. Mais avec le budget et les droits de douane, l'économie est dans le chaos. » Je ne peux pas blâmer les Canadiens de se sentir offensés, mais les États comme le nôtre doivent préserver les liens d'amitié et les alliances profondes qui vont au-delà d'un mandat présidentiel. Janet Mills, gouverneure du Maine En février dernier, Janet Mills a fait les manchettes pour avoir tenu tête au président des États-Unis, Donald Trump. « See you in court » [on se voit au tribunal], lui a-t-elle lancé, quant à un décret visant à exclure les athlètes transgenres des équipes féminines. Lors de notre entrevue avec la 75e gouverneure du Maine, qui s'est déroulée dans son bureau du capitole de l'État, à Augusta, elle était de retour d'un voyage dans les Maritimes. Elle dit avoir senti la crainte provenant de la « rhétorique dangereuse » provenant du bureau Ovale à Washington. « Je comprends parfaitement. Les droits de douane ont causé beaucoup d'inquiétude. » Mais selon elle, ces droits sont aussi « une taxe sur les citoyens américains ». « C'est offensant pour les autres pays, mais c'est nous qui en faisons les frais et nous ne les aimons pas nous non plus. » « Les droits de douane ont fait augmenter les coûts de construction de 10 % dans le Maine, à cause de l'acier et l'aluminium en particulier », ajoute-t-elle. PHOTO HINA ALAM, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE La gouverneure du Maine, Janet Mills, et la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, le 24 juin dernier La gouverneure souligne que beaucoup de mom-and-pop businesses – comme on dit aux États-Unis pour décrire des entreprises familiales – voient des contrats annulés à partir du Canada. En se rendant au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, elle voulait « renouveler l'amitié » et les « liens profonds » entre son État et ses voisins canadiens. « Nous avons beaucoup en commun. » Comme le dit si bien Janet Mills, le Québec et le Nouveau-Brunswick encerclent le Maine. « Nous partageons 611 miles [983 km] de frontière », rappelle celle dont la famille Mills est originaire de Pugwash, en Nouvelle-Écosse. Comme c'est le cas pour les voitures en Ontario, le bois et les fruits de mer font partie d'un marché nord-américain intégré, pouvant faire des allers-retours des deux côtés de la frontière. La gouverneure se sent interpellée par la nervosité de certains Canadiens à passer la frontière américaine, mais elle se fait rassurante. Selon elle, les incidents fâcheux signalés se seraient déroulés à la frontière au sud des États-Unis et pas au nord. Moins de Québécois sur les plages Avant son saut dans les Maritimes, Janet Mills avait pris part à une rencontre à Boston avec d'autres gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des délégations de plusieurs provinces canadiennes, dont le Québec. PHOTO ÉMILIE CÔTÉ, LA PRESSE Janet Mills dans son bureau du capitole de l'État du Maine, à Augusta La gouverneure du Maine demande aux Canadiens de faire la part des choses entre le président Donald Trump, son État démocrate et le peuple américain. Beaucoup de petites entreprises du Maine souffrent de la guerre commerciale, notamment dans le domaine touristique. En mai, par rapport à l'an dernier, 27 % de moins de Canadiens se sont rendus dans le Maine, selon les services frontaliers. Des gens ont des annulations de leurs amis canadiens, de familles qui sont leurs clients loyaux, expose-t-elle. C'est injuste de les voir souffrir à cause de cette déconnexion entre Washington et le Canada. Janet Mills, gouverneure du Maine Janet Mills cite le titre d'un texte datant du 3 avril dernier de Peggy Noonan, chroniqueuse au Wall Street Journal. Son titre, « Canada, our friend, deserves better than this », peut se traduire ainsi : « Nos amis les Canadiens méritent mieux ». Comme Peggy Noonan dans sa chronique, Janet Mills a repris à haute voix devant nous une citation de Winston Churchill, datant de 1939, où il affirme que la frontière canado-américaine est un modèle de « respect du voisinage » et d'« obligations honorables » pour tous les pays et l'avenir du monde. « C'est ce que je ressens aussi. Notre frontière et notre culture sont trop précieuses pour les voir divisées. » PHOTO ÉMILIE CÔTÉ, LA PRESSE Le Capitole de l'État du Maine, à Augusta Notre entrevue avec Janet Mills a eu lieu le lendemain de l'adoption par le Congrès américain du One Big Beautiful Bill du président Trump. « C'est horrible », a-t-elle lancé. « On parle de quelqu'un qui a fait la course à la présidence en disant qu'il ne supprimerait pas Medicaid », qui concerne 40 000 personnes dans le Maine, s'indigne-t-elle. Elle est aussi outrée par la coupe dans les bons alimentaires. « Comment enlever de la nourriture à des enfants qui ont faim pour offrir des baisses d'impôts pour des milliardaires ? » Féministe et francophile En mai dernier, Janet Mills a été l'une des deux lauréates du prix Robert F. Kennedy Human Rights, pour son engagement à défendre les droits civiques des Américains. En octobre dernier, la gouverneure du Maine s'est aussi vu remettre la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France à Washington, Laurent Bili. En 1970, la native du Maine a obtenu un baccalauréat de l'Université du Massachusetts à Boston avec une majeure en français, ce qui l'a amenée à vivre un an à Paris. Plus tard, elle a poursuivi ses études en droit et cofondé le Women's Lobby en 1978, après avoir constaté que les femmes victimes de violence conjugale – comme elle l'avait été – n'étaient pas bien représentées par le système de justice du Maine. Sa famille connaissait bien Margaret Chase Smith, la première femme élue successivement à la Chambre des représentants et au Sénat pour le Parti républicain. « C'était une mentore et une héroïne, mais je ne pensais pas faire de la politique. » Janet Mills a brisé le plafond de verre plus d'une fois : d'abord en devenant la première femme élue procureure générale du Maine en 2009, puis comme gouverneure en 2019. Or, Janet Mills ne se formalise pas trop des faits saillants féministes de sa carrière. « Pour moi, le fait que je sois une femme est secondaire. » Elle était avant tout qualifiée pour arriver là où son parcours l'a menée, fait-elle valoir. « Je me suis présentée pour être la meilleure gouverneure possible. » Janet Mills a une intégrité et une accessibilité qui la distinguent d'autres politiciens. En entrevue, elle n'a pas caché avoir abandonné ses études pour sortir de son Maine natal et prendre part en 1967 au Summer of Love de San Francisco, le berceau de la contre-culture hippie. PHOTO ÉMILIE CÔTÉ, LA PRESSE La gouverneure Janet Mills dans son bureau du capitole de l'État du Maine, à Augusta « Life is not a straight line », a conclu Janet Mills avec sagesse en anglais. Non, la vie n'est pas une ligne droite. Ni une carrière en politique. « Je ne pensais pas vivre une pandémie et je ne pensais pas vivre les enjeux présents », dit la gouverneure qui a aussi vécu en 2023 la pire fusillade de l'histoire du Maine, survenue à Lewiston. « La prochaine année sera ma dernière », rappelle-t-elle par ailleurs. En attendant, elle continue, comme elle le fait avec ses affiches, de tendre la main aux Canadiens, qu'ils soient des touristes ou des gens d'affaires.


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Une descente de la police de l'immigration vire à l'affrontement en Californie
L'entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées, a assuré dans un communiqué qu'elle « n'a jamais sciemment enfreint les pratiques d'embauche applicables. Une descente de la police de l'immigration vire à l'affrontement en Californie (Los Angeles) Un ouvrier agricole est mort vendredi après avoir été blessé la veille lors d'une descente de la police de l'immigration près de Los Angeles, dans des fermes légales de cannabis où des affrontements entre agents et manifestants ont eu lieu. Paula RAMON, Romain FONSEGRIVES Agence France-Presse « La famille m'a informé qu'il se trouvait en soins intensifs, et ce matin, elle a confirmé qu'il était décédé », a expliqué sur place à l'AFP Roman Pinal, vice-président de United Farm Workers, un grand syndicat agricole américain. L'opération a eu lieu jeudi à Carpinteria et Camarillo, deux communes rurales du comté de Ventura, situées à un peu plus d'une heure de route de Los Angeles. L'ouvrier décédé « n'a jamais été détenu » par les policiers, a assuré à l'AFP Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure. « Bien qu'il n'était pas poursuivi par les forces de l'ordre, cet individu a grimpé sur le toit d'une serre et a fait une chute de 9 mètres », a-t-elle ajouté, en précisant que les policiers « ont immédiatement appelé une ambulance ». PHOTO MICHAEL OWEN BAKER, ASSOCIATED PRESS La rencontre entre les forces de l'ordre et les manifestants a mené à des échanges violents. Les agents fédéraux ont « arrêté environ 200 étrangers en situation irrégulière sur les deux sites », et « ont essuyé des coups de feu » de la part d'un tireur « toujours en fuite », a précisé le ministère de la Sécurité intérieure dans un communiqué. « Plus de 500 émeutiers ont tenté de perturber les opérations », a ajouté le ministère, en expliquant que les agents agissaient avec des « mandats d'arrêt ». Les images des médias locaux montrent des agents masqués en tenue antiémeute disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police. « Raclures » Sur une vidéo captée par la chaîne ABC7, un homme semble brandir un pistolet en direction des forces de l'ordre. Le FBI « offre désormais une récompense de 50 000 dollars pour toute information permettant l'arrestation de cet émeutier violent », selon le ministère. Vendredi soir, Donald Trump a ordonné, sur sa plateforme Truth Social, à tout agent fédéral « qui serait victime de jets de pierres, de briques ou de toute autre forme d'agression, d'arrêter leur voiture et d'arrêter ces RACLURES, en utilisant tous les moyens nécessaires pour y parvenir. » PHOTO MICHAEL OWEN BAKER, ASSOCIATED PRESS Un homme e rincer les yeux après avoir été exposé au gaz lacrymogène. « Je ne veux plus jamais voir une voiture transportant un agent des forces de l'ordre être attaquée ! », a-t-il insisté, en dénonçant « un mépris total pour la loi et l'ordre ». Au cours de l'opération, la police a trouvé « 10 enfants migrants », que les autorités estiment avoir « sauvés d'une exploitation potentielle, de travail forcé ». L'entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées, a assuré dans un communiqué qu'elle « n'a jamais sciemment enfreint les pratiques d'embauche et n'emploie pas d'employé mineurs ». Sur place, Aaron Fuentes, un superviseur qui travaille pour Glass House depuis deux ans a raconté avoir vu des dizaines de fourgons de la police de l'immigration débarquer jeudi. « Ils ont identifié les personnes pour vérifier si elles avaient des papiers ou non, puis ils les ont fait monter une par une dans les camionnettes », a-t-il expliqué. « Je n'ai pas vu toute l'opération, mais il y a eu de la violence, des mauvais traitements. » Proches désemparés Vendredi, la ferme de Camarillo était de nouveau calme, a constaté une journaliste de l'AFP. Des dizaines de proches des travailleurs arrêtés faisaient la queue, désemparés, face à des agents de sécurité qui les laissaient rentrer sur l'exploitation pour récupérer leurs affaires et le solde de leur paie. « Nous sommes là depuis 6 heures du matin à poser des questions et ils ne nous donnent aucune information », a confié Saul Munoz, un Colombien de 43 ans dont le fils a été arrêté hier. Son enfant travaillait à la ferme depuis moins d'un mois. PHOTO ABC AFFILIATE KABC, REUTERS Les agents fédéraux tentent de disperser les manifestants avec du gaz lacrymogène. « J'ai juste besoin de savoir comment il va, qu'on me le ramène, si c'est notre tour, nous partirons », a soupiré M. Munoz. « La vérité, c'est que le rêve américain n'est plus vraiment un rêve américain. » Cette descente risque de raviver les tensions, un mois après les manifestations contre la politique migratoire de Donald Trump à Los Angeles, qui ont parfois dégénéré en violences.