
Des enfants morts de faim, l'alerte des ONG, la défense d'Israël… Ce que l'on sait de la famine à Gaza
Gaza
, les témoignages de détresse ne cessent d'affluer. Tous font état de kilomètres de marche à parcourir pour trouver une hypothétique aide alimentaire. « C'est la souffrance pour nourrir mes enfants. Je risque ma vie pour leur apporter un sac de farine », souffle Mohamed Abou Jabal, un déplacé palestinien à Beit Lahia, à l'AFP. « Nous dormons l'estomac vide, nous avons faim ! On n'en peut plus », s'exaspère un autre gazaoui.
Dans l'enclave,
prise sous les coups de boutoirs de l'armée israélienne
depuis 21 mois, les conditions de vie des populations civiles se délitent chaque jour un peu plus. Au-delà des bombardements et des combats au sol,
relancés lundi par Tsahal
, les Palestiniens sont dans l'impossibilité de satisfaire leurs besoins vitaux.
David Rigoulet-Roze, chercheur à l'Institut français des analyses stratégiques (Ifas) et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques, le confirmait mardi auprès du Parisien : « Le risque de famine est avéré. Il l'est d'autant plus que les combats reprennent. La question de la distribution est un enjeu central ».
Lundi, la société des journalistes de l'Agence France-Presse a publié
un communiqué au fort retentissement
. « Depuis que l'AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n'a le souvenir d'avoir vu un collaborateur mourir de faim, peut-on y lire. Nous refusons de les voir mourir. »
Au total, dix journalistes de l'AFP se trouvent encore à Gaza. L'un d'eux, Bashar, dit : « Je n'ai plus la force de travailler pour les médias. Mon corps est maigre et je ne peux plus travailler. » Ce reporter vit « dans les ruines de sa maison de Gaza City avec sa mère, ses quatre frères et sœur et la famille d'un de ses frères ». « Dimanche matin, il a rapporté que son frère aîné était
tombé
, à cause de la faim », relate la SDJ de l'AFP.
L'agence de presse est l'un des rares médias à compter des journalistes locaux sur ce territoire ravagé, où la presse internationale est interdite d'accès. Son appel à une « intervention immédiate » sur le plan humanitaire a été largement relayé depuis sa publication.
Antonio Guterres, le patron de l'ONU, a lui aussi tiré la sonnette d'alarme mardi : « La famine frappe à toutes les portes. » Certains n'y survivent pas. Un hôpital de Gaza affirme que 21 enfants sont morts de malnutrition ou de faim en 72 heures.
Le même jour, 25 pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni ou le Canada, ont accru la pression sur Benyamin Netanyahou, appelant à
mettre fin « immédiatement » au siège en cours à Gaza pour préserver les civils
. « Le modèle de distribution de l'aide mis en place par le gouvernement israélien est dangereux, alimente l'instabilité et prive les Gazaouis de leur dignité humaine », s'indignent les signataires, alors qu'un
blocus imposé en mars par Israël à Gaza
et très partiellement assoupli fin mai a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.
Ce mercredi,
plus de 100 ONG ont emboîté le pas
, alertant sur la propagation d'une « famine de masse », mettant en péril les 2,4 millions de Palestiniens de Gaza. Mais pas seulement. « Nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », s'émeuvent Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnesty International ou encore Oxfam international.
À l'image des 25 signataires, ces associations humanitaires appellent à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture des passages pour l'aide humanitaire.
« Je ne sais pas comment on pourrait appeler cela autrement que des gens mourant de faim en masse, et c'est créé par l'homme », tance Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l'OMS, invité à réagir en conférence de presse à Genève, ce mercredi.
À ce jour, « des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant » dorment dans des entrepôts, « juste à l'extérieur de Gaza », car « les organisations humanitaires (sont) empêchées d'y accéder ou de les livrer », pointent les plus de 100 ONG mobilisées.
Ce mercredi, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a lui aussi déclaré dans un communiqué que l'extension de l'offensive terrestre lancée cette semaine « accélér(ait) la dégradation de la situation humanitaire, marquée par la malnutrition et le risque de famine ». « Cette situation est le résultat du blocus imposé par Israël », clame-t-il.
La veille, l'ONU avait accusé l'armée israélienne d'avoir tué plus de 1 000 personnes cherchant à obtenir de l'aide humanitaire à Gaza depuis fin mai, en grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les États-Unis et Israël.
Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, affirme avoir joint Gideon Saar, le ministre des Affaires étrangères israélien, pour le confronter sur cette question. « J'ai clairement indiqué que l'armée israélienne devait cesser de tuer des personnes aux points de distribution », clame-t-elle.
Gideon Saar, justement, a balayé l'appel des 25 signataires, arguant que le soutien du Hamas à ce communiqué prouve que les signataires font « fausse route ». Quant à David Mencer, le porte-parole du gouvernement de Benyamin Netanyahou, il jure qu'« à Gaza, aujourd'hui, il n'y a pas de famine causée par Israël ». « Il s'agit d'une pénurie provoquée par le Hamas », ajoute-t-il ce mercredi, accusant le mouvement islamiste d'empêcher la distribution de nourriture et de piller l'aide pour ses propres besoins.
Cité par le quotidien
Times of Israël
, un haut responsable chargé de la sécurité de l'État hébreu certifie ne pas avoir « identifié de famine à ce stade » dans l'enclave. Tout en assurant : « Mais nous comprenons qu'une action est nécessaire pour stabiliser la situation humanitaire. »
Pour sa part, Tsahal nie bloquer les aides à la population gazaouie. Mardi, l'armée israélienne a indiqué que 950 camions transportant de l'aide se trouvaient à Gaza et attendaient que les agences internationales les collectent et les distribuent.
Selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU, la riposte militaire lancée par Israël à Gaza a coûté la vie à 59 219 personnes, majoritairement des civils.
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