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Que pensent les journalistes étrangers du Paléo?

Que pensent les journalistes étrangers du Paléo?

24 Heures28-07-2025
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Paléo intéresse loin à la ronde. Revue de presse étrangère et interview du Français Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues, en visite à Nyon ce week-end. Publié aujourd'hui à 10h57
Sous la tente du service presse du Paléo, les articles publiés par les médias suisses ou étrangers sont récoltés et affichés par l'équipe de communication du festival.
DR
En bref:
Il a bien grandi notre petit festival folk. Au point d'attirer chaque année plusieurs dizaines de journalistes et autres professionnels des médias, en partie issus de Suisse alémanique ou de la presse française ou internationale. Pas forcément une volonté en soi du Paléo, qui explique ne pas avoir une volonté stratégique de se faire connaître hors du territoire, quoique soignant des occasions d'apparaître, d'ici aux prochaines éditions, dans les recherches des agents internationaux à l'heure d'organiser les tournées de leurs poussins.
Ils seront contents. Paléo dispose véritablement d'un regard bienveillant, un tout cas à en juger par les premières parutions à l'étranger, hors des médias spécialisés, notamment anglo-saxons, qui ont annoncé et détaillé la programmation depuis ce printemps .
«Le Figaro» s'est entiché pour le festival nyonnais. «L'un des plus grands rendez-vous musicaux d'Europe, lit-on chez nos confrères , les artistes français y occupent une place de choix, confirmant l'attachement de la manifestation à la scène tricolore.» Cocorico. De quoi décrocher un reportage mardi sur l'Asse, qui retient l'aspect engagé de cette édition décidément marquée par la Palestine – aspect également relevé par une web-radio parisienne – mais également… le célèbre sandwich au magret de canard du stand de l'École de musique de Rolle, remplacé par une solution végétarienne.
Le programme du Village du Monde a également intéressé plusieurs confrères nord-africains. Comme «Le Matin» du Maroc qui avait déjà annoncé en détail le menu, mettant en avant le renouveau de la scène musicale méditerranéenne, comme ElGrande Toto et Sami Galbi. Un festival «sans excès»
Une série d'articles cette année également dans la presse brésilienne , qui s'intéressait à l'impact économique local d'un festival, Paléo, «à Nyon, petite ville de Suisse», étant cité comme «l'un des plus importants d'Europe». Nos confrères ont suivi plusieurs bénévoles brésiliens, qui soulignent l'accueil, la durabilité, «les activités créatives et stimulantes, sans excès» du festival.
À noter cette année une participation notablement accrue de nos confrères alémaniques, du privé comme du service public. «20 Minuten» regrette que le plus grand festival de Suisse soit si peu connu outre-Sarine et salue autant la programmation que l'offre en restauration, la décoration et l'aspect populaire du festival, tout en rappelant à quel point l'accès au site était difficile. «Qu'est-ce qui rend le Paléo Festival meilleur que les autres festivals en plein air» a titré la « Basler Zeitung» , relevant le succès du Paléo – où on peut rentrer avec ses boissons – malgré un contexte et une offre qui saturent.
Nyon, le 26 juillet 2025. Paléo Festival. Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues dans le Finistère en Bretagne en visite au Paléo. Photo: Chantal Dervey/Tamedia
Chantal Dervey
Paléo, c'est une famille, il paraît. La manifestation nyonnaise, plus grand festival open air de Suisse, a en tout cas un cousin: les Vieilles Charrues en Bretagne, mythique fête populaire devenue l'un des plus grands festivals de France. Historique local à folk, l'un des rares à rester une structure associative, valeurs proches, public régional tout au plus, indépendances, mêmes défis aussi: les deux manifestations se sont sensiblement rapprochées avec les années. Le point avec Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues, en visite au Paléo à peine quelques jours après avoir clôturé la 33e édition à Carhaix (29).
La «cousinade» entre les festivals breton et vaudois, elle remonte à quand?
Oh, ça date! Je suis venu ici pour la premières fois en 1997, en visiteur. Je ne connaissais pas du tout l'équipe organisatrice. J'ai par la suite rencontré Jacques Monier (ndlr.: programmateur du Paléo) aux Rencontres Trans Musicales de Rennes. C'est vraiment devenu un bon copain. On s'appelle, pas que lui, toute l'équipe, presque chaque semaine pour croiser les informations.
Ce type de contacts, c'est plus important aujourd'hui, face à la hausse des coûts de production?
Disons que ça a toujours été important. Quel artiste est en tournée européenne en juillet, qui on a repéré et qui pourrait intéresser l'autre, sur qui on a fait une offre… ça permet de renforcer ces dix jours (ndlr.: les deux manifestations se succèdent) dans le calendrier d'une tournée. On arrive potentiellement à avoir des artistes pour qui on est en concurrence avec des géants américains ou européens. L'autre avantage étant que nous travaillons exclusivement avec des agents français, Paléo est plus tourné vers les Anglais. Cela permet aussi de savoir qui a demandé quoi et combien, voire de s'aligner. On est séparés de 1200 kilomètres, nous n'avons rien de concurrent, au contraire.
C'est ça, la solution pour éviter l'explosion des cachets?
Pas vraiment, dans le sens où la France a déjà la réputation de payer le moins bien les artistes. On parvient parfois par savoir par un autre agent qu'un artiste a reçu un cachet au double du nôtre en Espagne ou en Pologne: en face de nous de nouveau un énorme festival peut se permettre un billet d'entrée à 100 euros la journée. Nous, on tient à rester à 55 € et on ne veut pas augmenter.
Alors que disposer de têtes d'affiche reste indispensable…
On est en Centre-Bretagne, dans une toute petite ville de 7500 habitants. Le public vient majoritairement pour des têtes d'affiche, c'est comme ça. La différence avec nos cousins du Paléo, qu'on regarde avec un peu de jalousie à ce niveau, c'est qu'on n'est pas sold out des semaines à l'avance. Le Covid a clairement mis fin à plusieurs belles années en ce qui nous concerne.
Julien Doré, Mackelmore, Zaho de Sagazan… Votre grille ressemble par ailleurs furieusement à celle du Paléo…
Oui, et on s'est fait étriquer pour ça, même si ce sont des artistes que l'on suit depuis longtemps et qu'on accompagne dans leur carrière. Mais ce qu'on fait c'est écouter ce que disent les festivaliers et festivalières. Si les mêmes artistes se retrouvent partout, ce qu'on lit dans la presse, c'est que le public a envie de les voir. Et il vient, c'est la meilleure réponse.
Hausse des prix – vous parliez d'une hausse de 30% des coûts de production en un an –, concurrence européenne, perte de vitesse de la billetterie… il y a de quoi se demander si on veut rester indépendant, non?
C'est hors de question. Beaucoup de festivals se font racheter, mais nous, notre ADN est 100% associative et on ne va pas la changer. Notre pierre angulaire, c'est 7500 bénévoles. On ne va pas trouver d'autres valeurs que celles-ci.
L'autre point commun avec Paléo, dont le terrain a été raboté par un dépôt de train, ce sont vos tensions avec la Mairie de Carhaix.
Oui, nous sommes sur un terrain municipal et ça n'a pas toujours été simple. Mais tout le monde s'est mis autour de la table, avec aussi la Région Bretagne, le département, la préfecture… C'est en train de s'arranger. L'enjeu, c'est effectivement de pouvoir monter des installations pérennes. Comme Paléo, nous sommes sur un champ nu et devons investir chaque année dans six semaines de montage. On doit être plus rapides.
Un autre défi commun, c'est la sécurité, avec des exigences qui augmentent et des risques qui évoluent…
Oui, mais je citerai aussi le bilan carbone. On sait que nos événements ne sont pas bons là-dedans. En ce qui nous concerne, même avec des bus et des trains spéciaux, on reste à 1 h des principales villes, le public va venir en voiture. Comme Paléo, on travaille sur le covoiturage et les navettes. On doit encore bosser là-dessus.
Le tout en se renouvelant?
Oui, parce que comme Paléo on entend régulièrement des critiques sur le manque de têtes d'affiche, par exemple. Mais de nouveau, on fait 205'000 entrées. Alors oui, il faut essayer de toujours surprendre sur la programmation, l'offre, le décor…
En parlant de surprise: pas un seul drapeau breton cette année au Paléo. Chez vous aussi il a été remplacé par le palestinien?
Non, non, on en a plein je vous rassure! Mais oui, peut-être qu'avec l'actualité le drapeau breton – et ce qu'il représente – est passé au second plan. C'est le public qui décide comment il vient.
Nos articles sur Paléo Festival
Erwan Le Bec écrit pour le quotidien 24heures depuis 2010. Il couvre, entre autres, l'actualité vaudoise. Plus d'infos
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En m'investissant depuis toujours, j'ai acquis beaucoup de connaissances et de bagage», résume la jeune femme de 29 ans. Avec une mère metteuse en scène et professeure de théâtre et un père qui jouait au sein de troupes amateures, Pauline Bessire a baigné dans le sixième art. Mais ce qui l'a fascinée dans le festival La Plage des Six Pompes, c'est le montage de l'événement. «Enfant, je me rappelle observer les techniciens construire les infrastructures. J'avais un appareil photo et j'immortalisais ces moments. Je savais qu'il y aurait des photos des spectacles, mais garder un souvenir du montage et de cette énergie me semblait aussi important», raconte la Chaux-de-Fonnière. Elle a même réalisé des albums photos, offerts ensuite au directeur technique de l'époque. Prendre soin des autres Aujourd'hui, Pauline Bessire a une vision claire de la manière dont elle veut gérer ses équipes. 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