
Dernières heures de négociations pour les pays sans accord
(Washington) Il ne reste plus que quelques heures aux pays qui espèrent encore limiter l'impact des droits de douane voulus par Donald Trump pour négocier, ceux-ci devant devenir réalité à minuit pour donner naissance à un ordre économique mondial inédit depuis l'entre-deux-guerres.
Erwan LUCAS
Agence France-Presse
Coïncidence du calendrier, une cour d'appel fédérale a commencé jeudi à Washington à se pencher sur la légalité de ces droits de douane, que le président américain utilise comme moyen de pression pour obtenir des accords commerciaux favorables à son pays.
Jusqu'ici, Washington a annoncé des accords avec le Royaume-Uni, l'Union européenne, les Philippines, l'Indonésie, le Vietnam, le Japon et, in extremis dans la nuit, avec la Corée du Sud.
CAPTURE D'ÉCRAN, TRUTH SOCIAL
Les produits coréens, japonais et européens seront ainsi désormais taxés à hauteur de 15 %.
Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a assuré jeudi que des accords avaient aussi été trouvés avec le Cambodge et la Thaïlande, sans plus de précisions. Taïwan a affirmé dans la nuit avoir atteint « un certain consensus » avec les États-Unis, là encore sans détails.
Tous les pays n'ayant pas réussi à s'accorder avec Washington verront leurs droits de douane augmenter substantivement, bien au-delà des 10 % actuellement en vigueur.
Ces surtaxes suscitent un peu partout dans le monde l'inquiétude des entreprises exportant vers les États-Unis. « On ne sait pas quelle sera la gravité de l'impact, mais il ne sera pas positif, c'est sûr » anticipe ainsi Laubscher Coetzee, un éleveur sud-africain d'autruches dont le cuir sert à fabriquer les bottes des plus prestigieuses marques du Texas.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a assuré jeudi que le décret instituant les droits de douane serait signé par Donald Trump avant la fin de la journée, pour une entrée en vigueur dès vendredi.
Outil de pression
Les accords conclus jusqu'à présent sont le plus souvent des cadres de négociations aux détails assez vagues, devant ultérieurement déboucher sur des accords plus techniques.
Donald Trump a aussi annoncé jeudi avoir prolongé de 90 jours les droits de douane actuellement imposés au Mexique, alors qu'il menaçait de les porter à 30 %.
Cela revient à maintenir à 25 % les droits de douane sur les produits entrants aux États-Unis en dehors de l'accord de libre-échange nord-américain (ACEUM), et les droits de douane spécifiques sur l'automobile, l'acier et l'aluminium.
PHOTO LUIS M. ALVAREZ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick
L'administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé mercredi un décret imposant 50 % de surtaxe douanière au Brésil, à l'exception de certains produits.
Cette surtaxe fait office de représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'État après sa défaite lors de l'élection de 2022.
L'Inde écopera elle de droits de douane de 25 %, auxquels s'ajoutera une « pénalité », car le pays achète du pétrole russe.
Le Canada est aussi dans le viseur du républicain, qui a affirmé jeudi que l'intention affichée par Ottawa de reconnaître l'État de Palestine rendait « très difficile » la conclusion d'un accord commercial.
Risque juridique
Surtout, l'incertitude persiste sur un éventuel compromis avec la Chine, deuxième économie mondiale.
Les deux pays doivent encore se mettre d'accord sur le possible renouvellement d'une trêve courant jusqu'au 12 août qui avait permis d'abaisser les droits de douane sur les produits américains et chinois respectivement à 10 et 30 %, contre 125 % et 145 % auparavant.
Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, destinés à gonfler les recettes tirées des taxes douanières, lesquelles ont déjà augmenté cette année.
L'impact des droits de douane continue cependant d'inquiéter les économistes, qui les voient peser sur l'inflation, en hausse en juin à 2,6 %, et sur la croissance américaine.
Jeudi un tribunal de Washington a commencé à examiner un appel devant déterminer si Donald Trump a outrepassé ses pouvoirs constitutionnels en imposant ces surtaxes sans l'approbation du Congrès.
L'avocat des plaignants, des petites entreprises ainsi qu'une dizaine d'États américains, a notamment dénoncé jeudi « un accaparement de pouvoir sans précédent de la part d'un président en 200 ans ».
La Maison-Blanche a déjà promis de saisir la Cour suprême si la décision lui était défavorable.
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15 hours ago
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Elles ont pour but, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les États-Unis et ses partenaires, qui « profitent » d'après lui de la première puissance économique. « Il est minuit ! ! ! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les États-Unis d'Amérique », a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l'échéance. CAPTURE D'ÉCRAN TRUTH SOCIAL Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15 % et 41 %. Parmi les partenaires visés par les taux les plus élevés, la Suisse tentait toujours ces derniers jours de négocier avec Washington, dans l'espoir de faire baisser la surtaxe de 39 % désormais appliquée aux produits helvétiques. PHOTO JONATHAN ERNST, ARCHIVES REUTERS Le président américain, Donald Trump En signe de bonne volonté, Berne a annoncé jeudi ne pas envisager « pour l'instant » de représailles sur les produits américains. Autres surtaxes à venir Le gouvernement sud-africain a annoncé de son côté que le président Cyril Ramaphosa s'était entretenu mercredi avec son homologue américain, Pretoria assurant que « les deux dirigeants se sont engagés à poursuivre leurs discussions ». L'Afrique du Sud est le pays d'Afrique subsaharienne le plus durement visé, avec des droits de douane additionnels de 30 % désormais imposés sur ses exportations. Avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant aux États-Unis était déjà de 18,4 %, soit le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l'Université Yale. Ce taux devrait maintenant s'établir à près de 20 %, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Et de nouvelles annonces sont attendues, puisque le locataire de la Maison-Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semiconducteurs importés. 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3 days ago
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(Genève) Les négociations à Genève en vue d'établir le premier traité mondial de lutte contre la pollution plastique sont bloquées par des pays pétroliers qui refusent toute contrainte sur la production de plastique vierge, rapportent à l'AFP plusieurs sources impliquées dans les tractations. Isabel MALSANG et Robin MILLARD Agence France-Presse « On est dans un dialogue de sourds, avec très peu de pistes pour atterrir » ou faire des avancées dans la négociation, a indiqué une source diplomatique appartenant à un pays de la coalition dite « ambitieuse », qui souhaite imposer dans le texte des objectifs de réduction de production. En face, un groupe de pays essentiellement pétroliers s'y oppose fermement. Ce projet de traité « juridiquement contraignant » est destiné à permettre de réguler au niveau mondial la production, la consommation et la fin de vie du plastique, alors que chaque année 22 millions de tonnes de déchets en plastique sont rejetées dans l'environnement, empoisonnant les sols, les océans et la biodiversité, et pénétrant jusqu'aux tissus humains. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 1:39 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. 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PHOTO SALVATORE DI NOLFI, ASSOCIATED PRESS Quelque 184 pays sur les 193 que compte l'ONU participent à cette nouvelle ronde de négociations. Les documents soumis par les délégations montrent que l'Arabie saoudite, les pays arabes, la Russie et l'Iran, qui disent « partager les mêmes idées » dans un groupe baptisé « like minded », refusent toute mesure contraignante sur la production. Cette position est ardemment défendue depuis Busan. Ces pays souhaitent que le traité ne couvre pas l'origine pétrolière du plastique, pour se concentrer uniquement sur l'aval lorsqu'il est devenu un déchet (financement de la collecte, du tri et du recyclage, notamment, dans les pays en développement), alors que la résolution initiale pour lancer les négociations porte sur « tout le cycle de vie » du plastique. 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