
«Chokbar», «goumin», «mon pain»... Comment TikTok rend virales les expressions communautaires
DÉCRYPTAGE - Portés par des contenus ultra-viraux, des expressions empruntées à des langues africaines, à l'argot ou d'autres sociolectes, accèdent à une visibilité inédite et s'ancrent dans le langage courant.
«Les pains sont de sortie.» L'expression, à première vue, semble annoncer la fournée matinale d'un boulanger de quartier. Erreur. Vous n'êtes plus dans le coup. Car en «pain», en 2025, ne désigne plus une miche mais un «crush», quelqu'un qui vous plaît. Les vidéos TikTok pullulent : «Moi qui amène mon pain en soirée», «POV: tu passes ton premier appel avec ton pain». Comprenez qu'avoir une «boulangerie», c'est dès lors collectionner les coups de cœur. L'origine du mot? Le nouchi, cet argot né à Abidjan, tissé à partir du français et des langues ivoiriennes.
Ce n'est que l'un des innombrables néologismes, ou emprunts au «parler populaire» qui s'imposent aujourd'hui avec une fulgurance sidérante. L'argot naît à présent dans ces «réels» TikTok, vidéos de quelques secondes vues par des millions. «Le vrai son des goumins des garçons», trouve-t-on ainsi dit d'une chanson, le «goumin» désignant le chagrin d'amour, toujours tiré du nouchi. Les recommandations lexicales sont pléthore. Il y a…

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Trois mètres, saisi en 1916… C'est quoi ce tambour parleur qui devrait être rendu par la France à la Côte d'Ivoire ?
Le tambour parleur Djidji Ayôkwé s'apprête à retrouver la Côte d'Ivoire, plus d'un siècle après avoir été volé par la France. Un vote ce lundi à l'Assemblée nationale doit permettre cette restitution, six ans après la demande officielle d'Abidjan. La restitution de ce tambour emblématique répond à un engagement pris par Emmanuel Macron en 2021. Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d'enrôlement militaire. Saisi en 1916 par les autorités coloniales auprès de l'ethnie ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly. Restauré en 2022, il est aujourd'hui conservé dans une caisse, et attend son retour. La proposition de loi débattue à partir de 15 heures dans l'hémicycle, et déjà adoptée fin avril au Sénat, doit permettre de « déclasser » ce bien culturel, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques. La Côte d'Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. « Mais les communautés locales le réclament depuis l'indépendance », souligne Serge Alain Nhiang'O, fondateur de l'association Ivoire Black History Month, à Abidjan. C'est le premier objet d'une liste de 148 œuvres dont la Côte d'Ivoire a demandé la restitution à la France, et son retour « pourrait devenir un symbole très fort », dit-il. Du côté français, ce retour est perçu comme un acte de reconnaissance. « Le retour du tambour contribuera à la réparation d'une extorsion commise à l'époque coloniale, le témoin de notre prise de conscience », affirme le député Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte. Mais cette restitution met aussi en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 œuvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d'Abomey au Bénin et du sabre d'El Hadj Omar au Sénégal. Considérée comme pionnière, la France apparaît à présent à « la traîne » par rapport à d'autres pays occidentaux, estime l'anthropologue Saskia Cousin, professeure à l'université de Nanterre, citant par exemple l'Allemagne, qui a enclenché un vrai travail d'inventaire des œuvres dans les musées, contrairement à la France, où « il y a clairement une rétention d'informations ». En outre, les rapatriements se font au compte-goutte, en l'absence d'une loi-cadre promise par le chef de l'État pour faciliter ces processus, devenus un « serpent de mer », explique Saskia Cousin. Elle permettrait d'éviter une loi spécifique à chaque restitution, processus long et complexe, en dérogeant au principe d'inaliénabilité des collections publiques par décret. En 2023, la France a adopté deux lois-cadres : l'une pour restituer les biens spoliés durant la Seconde Guerre mondiale aux familles juives, l'autre pour encadrer le retour des restes humains issus des collections publiques. Mais la troisième loi, annoncée pour les objets pillés pendant la colonisation, n'a toujours pas vu le jour. En 2024, un texte a été transmis au Conseil d'État. Dans un avis révélé par Le Monde , la juridiction demandait un nouveau travail, estimant que la restitution devait obéir à un « intérêt général supérieur » semblable à celui identifié s'agissant des biens spoliés par les nazis. Selon Le Monde, le motif de restitution évoqué dans le texte était la coopération culturelle avec les anciennes colonies. Il ne serait pas suffisant aux yeux du Conseil d'État pour justifier une entorse à l'inaliénabilité des collections publiques. Pour certains, exiger un « intérêt général supérieur » reviendrait à faire du projet un texte de « repentance » sur la colonisation, un débat que l'exécutif semble vouloir éviter. Pour Saskia Cousin, la France « n'a pas un problème » avec la restitution, mais un problème avec « la façon dont elle pense son passé impérial ». Pressée par les députés de la commission des Affaires culturelles sur le devenir de cette loi, la ministre de la Culture Rachida Dati a affirmé la semaine dernière que le texte avait bien fait l'objet d'un nouveau travail, et qu'elle souhaitait le présenter en Conseil des ministres d'ici à la fin juillet. Elle espère un débat au Parlement avant la fin de l'année, tout en disant vouloir éviter qu'il n'ouvre la « porte à une instrumentalisation ».


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