
Ces jeunes qui ignorent la culture québécoise
Les résultats de l'Enquête québécoise sur les loisirs culturels et le divertissement préparée par l'Observatoire de la culture et des communications sont déprimants.
En gros, on peut y lire que les jeunes de 15 à 29 ans ne sont guère intéressés par la télévision, le cinéma, la littérature et la musique fabriqués au Québec. Ils préfèrent le Made in USA ou le Made in English tout court.
Plus de 80 % de ces jeunes choisissent de regarder surtout des films non québécois. Et ce, alors que ce groupe est le plus important à fréquenter les salles de cinéma (89 % des 15 à 29 ans aiment fréquenter les salles obscures).
Lisez « Enquête diffusée par l'ISQ : Les contenus télévisuels québécois peinent à s'imposer chez les jeunes »
Près de 65 % de ces jeunes préfèrent regarder du contenu télévisuel non québécois, que ce soit à la télévision linéaire, en service de diffusion en continu ou sur des plateformes numériques. À ce sujet, l'enquête précise que 90 % des 15 à 29 ans vivent au sein d'un ménage abonné à des plateformes non québécoises.
Du côté de la musique, c'est carrément la catastrophe : moins de 4 % des 15 à 29 ans écoutent « surtout » de la musique d'artistes québécois. De manière plus générale, les chansons en français (provenant d'autres pays francophones) ne réussissent pas à séduire davantage ce groupe.
Le rapport ne manque pas de souligner les écarts générationnels dans le domaine de la musique. On apprend que 24 % des 60 à 74 ans et 47 % des 75 ans et plus préfèrent la musique francophone.
La littérature affiche le score le plus honorable avec 14,5 % des 15 à 29 ans qui lisent « surtout » des auteurs québécois.
Face à cela, je serai lucide, mais tout de même encourageant. Ces données ne me surprennent pas une miette. Ça fait des années que les rapports se multiplient pour dire la même chose.
Au cœur de cette situation, il y a évidemment l'influence des réseaux sociaux. Le rapport nous dit que 98 % des 15 à 29 les ont fréquentés au cours des 12 mois précédant l'enquête. Dans ces espaces ludiques, les barrières, notamment linguistiques, tombent. L'anglais triomphe.
Combien de fois ai-je entendu au cours des cinq dernières années des parents francophones me dire que leurs enfants ont été initiés à l'anglais de cette façon et qu'ils maîtrisent maintenant mieux cette langue que le français à l'écrit.
Prenez ce phénomène et jumelez-le au désintérêt pour la culture québécoise observé (c'est le rapport qui le note à plusieurs reprises) chez les personnes qui ne sont pas nées au Québec. Nous avons là un sacré défi.
Bien sûr que cette érosion de l'intérêt pour la culture québécoise est absolument inquiétante. Mais je refuse de blâmer cette génération qui a grandi avec un téléphone intelligent dans la paume de la main.
Si, jeune adulte, je me suis abreuvé de culture québécoise sous toutes ses formes, je n'ai aucun mérite. Il y avait un contexte social et politique qui favorisait ça. Aujourd'hui, les jeunes évoluent dans un univers numérique qui leur fait croire que le monde est à leur portée.
Nous ne sommes pas les seuls à vivre ce phénomène. Ce qui nous différencie d'autres sociétés, c'est la très grande vulnérabilité de notre culture. C'est pour cela que nous ne pouvons regarder ça passivement.
Au cours des dernières années, les jeunes sont devenus à la fois consommateurs et producteurs de culture. Est-ce qu'on comprend suffisamment ce concept ? Le « on » est pour les décideurs du monde de la culture.
Faisons-nous correctement les choses et travaillons-nous encore trop souvent selon de vieux modèles ? Je crois que oui. Et la raison est fort simple : le modèle classique de consommation de culture plaît (encore pour le moment) à une population plus âgée qui est indispensable à l'obtention de cotes d'écoute et, incidemment, d'annonceurs et de subventions.
Le problème, c'est que nous n'avons pas les moyens de nous offrir un système à plusieurs vitesses qui pourrait pourchasser plusieurs lièvres à la fois. Ça requiert trop de ressources, trop de moyens.
Grâce à son confortable budget, Radio-Canada réussit à créer des satellites numériques de toutes sortes pour diversifier son public. Mais pour les médias privés, c'est une autre paire de manches. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'en matière d'argent public, les pointes de la tarte s'amenuisent à vue d'œil.
Cela dit, je suis rassuré par la prise de conscience qui existe. Tant au fédéral qu'au provincial, il y a une volonté d'agir sur tous les fronts. À Québec, tous les partis s'entendent pour dire qu'il faut défendre et protéger la culture québécoise et le travail de ses créateurs.
On parle de découvrabilité. C'est une arme qui va aider, mais qui ne réglera pas tout. On parle aussi d'une modernisation des programmes dans le secteur de l'audiovisuel. Le rapport doit être déposé très bientôt. On a hâte de voir ce qu'il contiendra.
Ce qu'il faut éviter, c'est un trou. Si la génération actuelle des 15 à 29 ans s'éloigne définitivement de la culture québécoise, il ne sera plus possible de rattraper cela avec celle qui suivra.
Il y a un gros travail de transmission générationnelle à faire. Ça tombe bien, c'est exactement ce qui va se produire vendredi soir, à Québec, lors du spectacle L'été de mes chansons de la SuperFrancoFête, où une cinquantaine d'artistes vont raconter 50 ans de chansons.
Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy, Lydia Képinski, Les Louanges, Pierre Kwenders, Hubert Lenoir et plusieurs autres vont entourer cinq figures qui vont incarner à leur façon une décennie musicale, de 1975 à aujourd'hui : Michel Rivard, Mara Tremblay, Damien Robitaille, Ariane Moffatt et Pierre Lapointe.
Ces gens vont chanter sur une grande scène installée à l'Agora du Port de Québec et le spectacle atterrira en direct sur votre téléphone, votre tablette ou votre ordinateur. Je sais que dans le public, il y aura beaucoup de jeunes, comme ce fut le cas l'été dernier.
Le secret d'une victoire est souvent dans le choix du champ de bataille.
Consultez le site de l'enquête
Consultez la page du spectacle L'été de mes chansons
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