
À Gaza, les distributions de nourriture virent au massacre
RÉCIT - Plus de 120 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne ces derniers jours en s'approchant d'un site d'aide alimentaire, soutenu par les États-Unis.
Dix Palestiniens tués vendredi alors qu'ils tentaient d'obtenir de l'aide humanitaire, 26 autres samedi, et 93 dimanche : le bilan ne cesse de s'alourdir à Gaza, où des dizaines de milliers d'habitants de l'enclave en quête de nourriture jouent chaque jour leur survie.
Après plus de vingt mois de bombardements israéliens, en riposte à l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 qui tua plus de 1200 Israéliens, en majorité des civils, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, est au centre de toutes les critiques. Elle a commencé ses opérations fin mai, après un blocus humanitaire total de plus de deux mois, imposé par l'État hébreu en dépit des avertissements de l'ONU et d'ONG sur un risque imminent de famine auquel s'ajoute maintenant une poussée de malnutrition chez les femmes enceintes.
Après plusieurs semaines marquées par des scènes de chaos, la GHF a reconnu la semaine dernière la mort de 20 personnes dans une bousculade sur l'un de ses…

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Le HuffPost France
25 minutes ago
- Le HuffPost France
À l'extrême droite, le soutien inconditionnel à Israël secoué par la situation à Gaza
POLITIQUE - Tabou, le sujet titille depuis des semaines plusieurs cadres, qui préfèrent soulager leur conscience en « off » dans la presse. À mesure que la famine se propage à Gaza, et que la riposte d'Israël aux attaques terroristes du 7-Octobre semble chaque jour se muer en vengeance aveugle contre le peuple palestinien, la ligne du Rassemblement national et de ses satellites, affichant un soutien sans faille au gouvernement de Benjamin Netanyahu, se fragilise. Vice-président de l'UDR, le ciottiste Guilhem Carayon a fait ce que beaucoup n'osent pas faire dans son camp : s'en ouvrir publiquement. Dans un tweet publié mardi soir, le jeune homme interroge la position de sa famille politique. « Mourir de faim ou tomber sous les tirs : est-ce devenu le seul horizon des enfants palestiniens ? », se demande-t-il, estimant que « la France ne peut accepter que les limites posées par le droit international soient chaque jour franchies sous nos yeux ». Lire aussi En Allemagne, cette interview d'Alice Weidel, cheffe de l'AfD, perturbée par une technique un peu spéciale L'ancien président des Jeunes LR n'est pas naïf et assure être conscient que sa position « est minoritaire au sein de la droite française ». Mais l'aggravation de la situation rend, selon lui, le silence impossible : « je ne supporterai pas de dire un jour à mes enfants qu'on savait mais qu'on a rien dit ». En réalité, la prise de conscience à la droite de la droite devient de plus en plus visible. Début juillet, le journaliste Alexandre de Galzain, officiant à Radio Courtoisie, a publié un billet dans Causeur dans lequel il tance « la faute morale » de sa communauté de pensée. Cité par Libération, le jeune homme assure avoir reçu, « en privé », le soutien de plusieurs cadres RN. Service minimum Le mouvement n'est pas circonscrit qu'à l'Hexagone. Outre-Manche, le Daily Express, connu pour ses positions populistes et conservatrices, a publié en Une la photo d'un enfant gazaoui frappé par la famine. « Par pitié, arretez ça », intime le tabloïd. Dans ce contexte, la position de Marine Le Pen commence, à bas bruit, à être remise en question en interne. « Après deux ans de guerre, on ne peut pas à la fois défendre la solution à deux États et laisser des civils se faire bombarder et coloniser sans fin », observe un cadre cité dans L'Opinion. Dans Libération, un autre craint de se retrouver « du mauvais côté de l'histoire » quand l'heure des comptes aura sonné. Récemment, la cheffe de file du RN a donné l'impression de faire un (petit) pas de côté après le bombardement par Tsahal de l'Église catholique de la Sainte-Famille à Gaza. « Les raids israéliens qui ont touché l'église de la Sainte-Famille ne sont pas acceptables. Dans la lutte légitime que mène Israël dans l'éradication des islamistes du Hamas, la population civile ainsi que les minorités religieuses chrétiennes doivent être protégées à la lumière du droit international. Porter cette voix est le rôle de la France », a-t-elle grondé, alors que le Premier ministre israélien lui-même a assuré « regretter profondément » cette frappe. Une sorte de service minimum qui donne surtout l'impression de ne réagir que lorsque les victimes sont chrétiennes, dans cette enclave martyre à l'écrasante majorité musulmane. Car on touche là le noeud du problème pour le RN et ses alliés : la dimensions civilisationnelle de ce conflit. Pour beaucoup au sein du parti lepéniste, l'État hébreu est la pointe avancée de l'Occident. « La frontière de la France est à Gaza », martèle souvent Julien Odoul, porte-parole du RN et relai complaisant du pouvoir israélien en France. Une position qui a un double avantage pour le parti d'extrême droite : laver l'antisémisémitisme qui lui colle à la peau et nourrir le récit d'une guerre de civilisations opposant un monde musulman (perçu comme forcément hostile) à l'Occident. Un récit vendu clé en main par l'extrême droite israélienne, dont le discours confine souvent au suprémacisme. Raison pour laquelle Marine Le Pen, qui a pourtant longtemps défendu une position gaulliste dite « d'équilibre », s'est retrouvée au mois de mai sur la plateau de la chaîne israélienene I24 News à attaquer frontalement Emmanuel Macron. La députée du Pas-de-Calais à l'Assemblée a jugé « indigne » les propos du chef de l'État, qui avait qualifié de « honte » la riposte disproportionnée menée par Tsahal à Gaza. Et Marine Le Pen d'embrasser la propagande du régime israélien au sujet de la famine qui sévit dans l'enclave : « Israël ne refuse pas de livrer de l'alimentation et des biens de première nécessité à Gaza, il ne veut simplement pas que ce soit le Hamas qui les distribue ». Un discours très éloigné des réalités observées par les ONG sur place. « Messages d'encouragements » Depuis, plusieurs enquêtes indépendantes ont montré que l'armée israélienne avait tiré sur des civils venant chercher de l'aide humanitaire, et des déchirantes photos d'enfant la peau sur les os se multiplient dans les médias, tandis que les morts civils dans le territoire palestinien se comptent par dizaines de milliers (sans que la presse ne soit autorisée à documenter ce qui s'y passe). Une situation difficilement défendable sur le plan humanitaire, qui pousse donc plusieurs responsables RN et UDR à revoir leur logiciel. Auprès du HuffPost, Guilhem Carayon constate avoir « beaucoup de retours positifs » depuis sa prise de position, aussurant même avoir « rarement reçu autant de messages d'encouragements ». Mais pour l'heure, ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella, ni Éric Ciotti, qui affichent un soutien sans faille à Israël, n'ont revu leur position. Mais est-ce seulement possible pour l'état-major du RN, qui a fait de sa position farouchement pro-israélienne la clée de voute de sa dédiabolisation ? Pas sûr. Puisqu'un retour en arrière est difficilement envisageable, car il remettrait en cause la sincérité du parti lepéniste à l'égard de l'État hébreu, ce qui pourrait réveiller les procès en antisémitisme et interroger l'authenticité de son repentir à l'égard de la communauté juive. Mais à l'inverse, ce soutien aveugle se paie au prix de la complicité à ce qui apparaît comme l'une des pires catastrophes humanitaires du XXIe siècle, fomentée de surcroît au mérpis du droit international et d'une colonisation très éloignée des aspirations « souverainistes » du RN. Tout le problème quand on renonce à l'équilibre par opportunisme.


Le HuffPost France
3 hours ago
- Le HuffPost France
Sur la famine à Gaza, le témoignage de ce directeur d'hôpital révèle l'ampleur de la tragédie
INTERNATIONAL - « Nous devons faire cesser ce génocide, maintenant ! » Ce cri du cœur, c'est celui de Muhammad Abu Salmiya, directeur de l'hôpital d'Al-Shifa, situé dans la ville de Gaza. Le professionnel de santé se dit démuni face à des services saturés par les patients dénutris, dont de nombreux enfants. « Au cours des trois derniers jours, 21 enfants sont morts de faim, 7 000 enfants souffrent de sévère malnutrition dans Gaza », a-t-il témoigné dans un article publié ce mercredi 23 juillet par franceinfo. « Tous les hôpitaux sont maintenant saturés, car le personnel médical doit gérer les gens affamés et les personnes blessées par les tirs israéliens, a-t-il raconté par téléphone à nos confrères. C'est le pire qu'on ait connu depuis le début de la guerre à Gaza. » Mais selon lui, la famine ne concerne pas uniquement la population civile. En effet, la situation du personnel médical, « fatigué » et « affamé », est tout aussi critique. « Un bon nombre [de soignants] ont aussi dû être hospitalisés pour cause de malnutrition sévère, a-t-il déploré. Ceux-là ne peuvent plus marcher et encore moins opérer les patients. » Et d'ajouter : « J'ai aussi faim, je suis aussi fatigué, j'ai des enfants à la maison qui me demandent : 'Papa, je veux du pain, de la nourriture, quelque chose'. » Autre fléau : le manque de carburant, qui empêche l'utilisation de certaines salles d'opération ou de dialyse. Face à cette situation, Muhammad Abu Salmiya demande aux acteurs internationaux de mettre fin à la guerre et de permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien, isolé du reste du monde par Israël. Le directeur de l'hôpital d'Al-Shifa n'est évidemment pas le seul à sonner l'alerte sur la famine à Gaza. Ce mercredi, plus d'une centaine d'organisations humanitaires ont averti qu' « une famine de masse se propage[ait] dans la bande de Gaza ». « Nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », indiquent dans un communiqué une flopée d'ONG, de Médecins sans frontières à Amnesty International et Oxfam international, en passant par plusieurs branches de Médecins du monde. « Des tonnes de nourriture et d'eau » attendent aux portes de Gaza Les signataires appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l'ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l'aide humanitaire. Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique de Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars à l'enclave palestinienne, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1 000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël au financement opaque. Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide. Le blocus israélien est dénoncé par les ONG dans leur communiqué publié ce mercredi. « Juste à l'extérieur de Gaza, dans des entrepôts – et même à l'intérieur – des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les livrer », est-il écrit. De son côté, le patron de l'ONU Antonio Guterres a redit mardi son indignation face à la situation dans le territoire palestinien. « Il suffit de regarder l'horreur qui se déroule à Gaza, avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l'histoire récente », a-t-il déclaré. Évoquant la « malnutrition » qui « explose » et « la famine [qui] frappe à toutes les portes », il a une nouvelle fois appelé à un cessez-le-feu.


Le Parisien
4 hours ago
- Le Parisien
Une « famine de masse » se propage à Gaza, alertent une centaine d'ONG
La situation humanitaire est au-delà de l'urgence dans la bande de Gaza. Plus d'une centaine d'organisations humanitaires avertissent ce mercredi qu'une « famine de masse » se propage dans cette enclave dévastée par la guerre . Israël fait face à une pression internationale croissante concernant Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars et qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité. Mardi, un hôpital de Gaza a cependant affirmé que 21 enfants sont morts de malnutrition ou de faim en 72 heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre, déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. « Alors qu'une famine de masse se propage dans la bande de Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », indiquent des ONG (organisations non gouvernementales), dont Médecins sans frontières, plusieurs branches de Médecins du monde et Caritas, Amnesty international, ou encore Oxfam international. Elles appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l'ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l'aide humanitaire. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU (Organisation des Nations unies) a accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Cette organisation soutenue par les États-Unis et Israël organise des distributions alimentaires et son financement est opaque. Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide. La GHF fait elle aussi porter la responsabilité de la situation humanitaire sur le Hamas. Les autorités israéliennes affirment régulièrement laisser passer des quantités importantes d'aide, mais les ONG dénoncent de nombreuses restrictions. « Juste à l'extérieur de Gaza, et même à l'intérieur, dans des entrepôts, des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les livrer », indiquent les organisations humanitaires. Mardi, le patron de l'ONU, Antonio Guterres a parlé d'« horreur » pour décrire la situation, « avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l'histoire récente ». « La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes. » À l'hôpital Nasser (sud de Gaza), des images de l'AFP (Agence France presse) ont montré des parents pleurant sur la dépouille de leur fils de 14 ans, Abdel Jawad al-Ghalban, mort de faim, dont le corps squelettique venait d'être enveloppé dans un sac mortuaire blanc. Dans ce contexte, l'émissaire américain Steve Witkoff se rend cette semaine pour une destination européenne non dévoilée, selon des responsables américains sous couvert d'anonymat, qui ont précisé qu'il pourrait se rendre ensuite au Moyen-Orient. Selon la porte-parole du département d'État, le ministère américain des Affaires étrangères, son objectif est de parvenir à « un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu'à un corridor humanitaire pour l'acheminement de l'aide ». Après plus de 21 mois de guerre, Israël continue de bombarder au quotidien le territoire situé à sa frontière sud et où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, a pris le pouvoir en 2007. Les dernières négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'une trêve n'ont pas enregistré de progrès. Israël dit vouloir libérer les otages, chasser le Hamas de Gaza et prendre le contrôle du territoire. Le Hamas réclame le retrait israélien de Gaza, l'entrée d'importantes aides et l'arrêt définitif de la guerre. L'attaque du 7-Octobre a entraîné, côté israélien, la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée. En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une campagne militaire qui a coûté la vie à près de 60 000 personnes au moins, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.