Fabian Holland, le colosse qui a contenu les Bleus pour sa première avec All Blacks
Fabian Holland est arrivé en zone mixte tout souriant. Les All Blacks venaient de l'emporter sur les Bleus (31-27) et, malgré l'âpreté du combat livré, ce colosse de 2,04m pour 124 kilos avait un air juvénile et la tête encore dans les nuages après sa première sélection sous le maillot noir, l'aboutissement d'un rêve d'enfant. Il a pris le temps de saluer les reporters présents en zone mixte en serrant la paluche et prenant soin d'échanger un regard avec chacun.
À seulement 22 ans, il venait de livrer 80 minutes à haute intensité face au XV de France. À ses côtés, à l'attelage, son capitaine Scott Barrett (31 ans, 81 sélections) avait dû jeter l'éponge à la 60e, amoindri par une douleur au tendon d'Achille et remplacé par Samipeni Finau.
Fabian Holland a tenu la maison noire jusqu'au coup de sifflet final alors que les Bleus poussaient fort. « Comme il a beaucoup joué cette saison avec les Highlanders, on pensait sortir Fabian autour de la 50e » a avoué Scott Robertson, le coach des All Blacks. Mais, au vu des circonstances, Fabian a dû continuer. Je pense même qu'il peut tenir 100 minutes sur le terrain. C'est un grand bonhomme, doté d'un gros moteur et sans répit. »
Un nouveau Retallick ?
Le père de Fabian, ingénieur chimiste aux Pays-Bas, était arrivé la veille au soir pour assister à la consécration de son fils qui, à l'âge de 16 ans, avait quitté le petit village d'Akersloot, dans les environs d'Amsterdam, pour rejoindre une famille d'accueil en Nouvelle-Zélande et perfectionner son rugby.
Samedi soir, sous le toit en verre du Forsyth Barr Stadium de Dunedin, son fils a touché son Graal de la plus belle des manières. Autoritaire dès son premier ballon en touche, il a livré un match plein, accumulant 17 plaquages, portant par 13 fois le ballon pour mettre les Blacks dans l'avancée. Il fut crédité de la note de 8 dans le New Zealand Herald dont certains experts se demandent s'ils n'ont pas assisté à l'avènement du nouveau Brodie Retallick, champion du monde 2015 (109 sélections entre 2012 et 2023), qui avait été désigné joueur de l'année par World Rugby à seulement 23 ans.
« C'est juste dingue d'avoir pu vivre ces moments-là avec mes parents et mon petit frère dans les gradins »
Fabian Holland
Cette saison, le deuxième-ligne des Highlanders a été tonitruant en Super Rugby : avec 7 ballons volés en touche, Fabian Holland fait partie du top 5 des meilleurs contreurs (source Opta). Il est aussi dans le top 5 des plus gros plaqueurs (204). Avec une grande maturité, voilà qu'il a brillamment passé le « cut » du niveau international : « Ce (samedi) soir, on a affronté une équipe française de qualité, très dangereuse en contre-attaque, très technique, a-t-il commenté à l'issue de la victoire. Au niveau des tests, ce sont les petits détails qui comptent, ceux qu'on oublie souvent. On l'a vu dans nos 20 premières minutes. Cette équipe de France était très solide, avec beaucoup de jeunes joueurs. Il ne faut jamais sous-estimer le flair français. »
« On a essayé de rester concentrés sur les tâches à effectuer, de suivre les leaders et de jouer étape par étape pour ne pas gamberger quand on a eu des essais refusés, a-t-il poursuivi. On savait que ce ne serait pas un match facile. La seule chose qu'on pouvait contrôler, c'était notre exécution. »
Acclamé par les siens, le bizuth était tout à sa joie : « Ce maillot-là, je ne l'offrirai pas. Il est trop spécial. On va sûrement l'accrocher dans la maison familiale. C'est juste dingue d'avoir pu vivre ces moments-là avec mes parents et mon petit frère (élève en médecine, il est aussi au centre de formation des Highlanders) dans les gradins. Ma soeur est actuellement au Brésil avec l'équipe nationale néerlandaise de rugby, elle m'a appelé pour m'encourager juste avant le match qu'elle a suivi à la télé. Ça m'a donné encore plus d'énergie. C'est difficile de dire à quel point mon cercle familial est important pour moi. Ils ont toujours été là au soutien, dans les bons comme les mauvais moments. »
Aussi brutal sur le terrain que jovial à la ville
Il raconte que tous ses amis d'enfance du Castricumse Rugby Club s'étaient réunis au club-house pour le voir jouer : « C'était le petit matin aux Pays-Bas et ils ont organisé un brunch façon néerlandaise avec quelques bières. Je n'ai pas encore pris le temps de lire les messages sur mon téléphone mais dès que j'aurai un instant je vais appeler mon meilleur pote. »
Bon esprit, il a laissé à son club formateur un maillot d'une sélection U20 chez les Baby Blacks. « J'ai essayé de leur rendre ce qu'ils m'ont apporté. Ils m'ont formé en tant que personne et en tant que joueur. Je leur dois beaucoup. Quand je rentre, j'essaie d'aider les enfants, de participer aux entraînements. J'ai donné un maillot à encadrer à l'époque, ce n'est pas suffisant pour ce qu'ils ont fait pour moi, mais j'espère qu'ils savent ce que ce club représente pour moi. »
Aussi brutal sur le terrain que jovial à la ville, Fabian Holland fait du bien aux All Blacks autant qu'au rugby.
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Emmanuel Hubert : C'est bien de voir un minot de 24 ans, comme Kévin, qui ne pense pas qu'à son nombril, même si son nombril nous aidera à trouver un repreneur. Je ne peux pas dire pas que tout va bien. Nos partenaires actuels ont annoncé qu'ils nous quitteront le 31 décembre, mais pour autant tout n'est pas fermé. Des personnes et des entreprises s'intéressent à nous parce qu'il y a un magnifique projet à poursuivre si on nous donne les moyens de pouvoir encore exister. Qu'est-ce qui pourrait attirer un ou des partenaires qui n'a pas convaincu Arkéa et B & B de rester ?E. H. : Le cyclisme a besoin de se renouveler, de trouver de nouveaux axes, comme monétiser son système économique en supplément de l'apport des partenaires privés. Le système mono-managérial qui prédomine dans notre sport a peut-être atteint ses limites. On doit faire venir de nouvelles personnes et essayer de capitaliser nos structures. 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Je suis vraiment le point de base de son identité bretonne, même si je suis normand. E. H. : Moi, je ne veux surtout pas que Kévin porte cette responsabilité... K. V. (le coupe) : On ne me fait ressentir aucune pression, c'est mon choix de faire ces interviews pour parler de notre situation. Je veux surtout redonner ce qu'on a pu m'apporter : mon palmarès actuel, ma façon de penser, ma manière de faire sur un vélo. E. H. : Kévin n'est pas quelqu'un qu'on téléguide. Si je veux lui dire : ''écoute, ça serait bien de dire ça c'est noir'', s'il pense que c'est blanc, il dira que c'est blanc. C'est ce que j'apprécie chez lui, sa personnalité mais aussi le champion qu'il est en train de devenir. Cela ne l'empêchera peut-être pas de vous quitter ?E. H : Mais c'est la vie. Je ne peux pas m'empêcher, à un moment donné, de l'imaginer très heureux ailleurs. Depuis quelque temps, il est déjà annoncé dans d'autres équipes la saison prochaine...E. 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Ce que je vais dire est peut-être très vulgaire mais je me moquais clairement des sponsors avant, car le plus important à vendre c'est la performance. Je n'en ai rien à faire des points UCI, j'ai juste besoin de penser aux moyens dont j'ai besoin pour progresser encore et aller ensuite voir les sponsors avec ça en mains à leur vendre. «Je suis parti de chez mes parents à 16 ans, j'ai appris sur le tas et on se construit comme ça. Chaque épisode, depuis mes débuts, est une brique dans ma construction, et la brique d'Arkéa est très imposante. » Kévin Vauquelin. Parvenez-vous à faire abstraction de tout ça sur le Tour ?K. V. : Je ne dis pas que c'est facile, chaque leader a des hauts et des bas. C'est la vie d'un sportif tout simplement. Mais le manque de sérénité de certains quant à notre avenir, dans le staff ou chez mes équipiers, me fait le plus mal au coeur. Je veux juste me dire que plus ils vont rouler pour moi, plus je ferai des résultats, et plus on aura une chance de voir un sponsor arriver. Moi aussi, il m'est arrivé de plonger cette saison comme au Grand Prix Indurain (le 5 avril) où j'ai eu une grosse baisse de moral. Quand ça ne va pas dans la tête, physiquement, ça ne suit pas non plus. Mais je me suis mis moi-même un coup de pied au cul car je devais penser de manière différente. Juste après, j'ai gagné le Circuit de la Sarthe (le 11 avril). Des gens comme Thomas Voeckler m'ont aidé à surpasser ces difficultés, lui aussi les a connues. J'ai aussi beaucoup parlé avec Arnaud (Démare) de son expérience, j'avais besoin de toutes ces informations pour mieux appréhender mon rôle de leader mais aussi ma façon de percevoir ma vie personnelle. Ça m'a permis d'en arriver là. Essayer l'évolution, essayer l'expérience, c'est l'identité de notre équipe. E. H. : Je crois à la destinée. 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On fait tous notre job, moi le mien, même si je ne vais pas forcer un patron à signer en bas de la page. «Tout ce que je peux vendre, ce sont mes performances et crier haut et fort pour qu'on connaisse encore plus notre identité0. » Kévin, sur le Tour de Suisse, vous évoquiez l'absence de cuisinier dans l'équipe. Quel message souhaitiez-vous lancer ?K. V. : Je sais que Manu et Hervé (Bombrun, le chef de presse) ont dû se chier dessus quand ils ont vu ce que j'avais dit (rires). Mais le message était à l'attention de ceux qui nous comparent aux grandes équipes contre lesquelles on court mais avec d'autres moyens que les nôtres. En Suisse, il a fallu faire des arbitrages financièrement, et on s'est privé du cuistot. Je voulais dire : regardez, il y a beaucoup de disparité entre les équipes. Mais on a vu des gars d'UAE notamment venir voir notre camion atelier, le soir à l'hôtel. Ils voulaient savoir comment on pouvait lutter avec ces moyens. 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