
Trop, c'est trop
La semaine dernière, à Genève, les négociations internationales pour établir un traité contraignant contre la pollution plastique ont de nouveau échoué. Le blocage est largement attribuable aux pays producteurs de pétrole, appuyés par de puissants lobbys du plastique et les États-Unis, qui refusent toute limite à la production.
Cette position s'inscrit dans la continuité de l'approche anti-environnementale de Donald Trump qui, dès son retour à la Maison-Blanche, a retiré les États-Unis de l'Accord de Paris et signé un décret abolissant les subventions fédérales aux projets d'énergie éolienne et solaire. Résultat : une session qui s'est conclue vendredi dernier sans accord… alors que la planète continue de crouler sous le plastique
Pendant que les diplomates s'enlisaient à Genève, nous continuions à vivre, dans nos maisons et nos bacs de recyclage, les conséquences bien concrètes de cette inaction.
Le débat peut sembler lointain, mais il nous saute littéralement au visage chaque fois que nous faisons nos achats : le colis Amazon livré dans une boîte surdimensionnée, le concombre anglais enveloppé dans sa pellicule de plastique, ou encore, chez Costco, les lames de rasoir et brosses à dents vendues dans des emballages rigides disproportionnés.
Le paradoxe du consommateur
Chaque fois, la même question me revient : pourquoi autant d'emballage ? Pourquoi cette multiplication des couches ?
Le paradoxe est cruel : nous sommes de plus en plus conscients de l'impact écologique de nos gestes, mais prisonniers d'un modèle de consommation qui multiplie les emballages inutiles au nom de la commodité, du transport, des règles d'hygiène… ou tout simplement du marketing.
On se donne bonne conscience en remplissant nos bacs bleus ou verts – car oui, le code de couleur varie d'une ville à l'autre –, mais ils ne sont pas des baguettes magiques. Une bonne partie finit quand même à l'enfouissement.
À l'époque où j'étais maire de Victoriaville, qui se présente fièrement comme le « Berceau du développement durable », j'ai vécu une petite leçon d'humilité 101. On m'avait présenté les résultats de tonnage des matières recyclées collectées dans toutes les résidences. Fier de voir les chiffres grimper, je me disais : « Quelle performance de mes concitoyens ! » Mais un gestionnaire m'a vite refroidi : « Attention, Monsieur le Maire, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. » Chiffres à l'appui, il m'a expliqué que ce tonnage suivait directement… l'économie.
Plus l'économie allait bien, plus les gens consommaient ; plus ils consommaient, plus il y avait d'emballages de plastique et de carton, plus le tonnage augmentait. Et l'inverse était vrai : quand le tonnage baissait, je croyais que nous sous-performions, alors qu'en réalité, cela reflétait simplement un ralentissement de la consommation.
Depuis ce jour, je regarde mon bac bleu (ou vert) autrement.
Un problème politique et citoyen
Ce que l'on n'arrive pas à régler à l'international se traduit directement dans nos habitudes de consommation : que ce soit avec nos aliments suremballés, nos achats en ligne ou nos rasoirs prisonniers d'emballages aussi solides qu'un coffre-fort de sécurité, l'inaction politique laisse le champ libre aux excès.
Pire encore, certaines entreprises profitent de cette zone grise pour jouer un double jeu avec les consommateurs : c'est le phénomène de la réduflation. On conserve la taille de l'emballage, mais on réduit discrètement la quantité à l'intérieur. Résultat : le consommateur a l'impression d'en avoir autant qu'avant, alors qu'il paie plus pour moins. Et, cerise sur le gâteau, cette pratique génère encore plus de suremballage inutile, puisque le contenant est aussi gros… mais contient moins.
Et nous, dans tout ça ?
Comme consommateurs, nous avons aussi un rôle à jouer. Privilégier le vrac, renoncer à certains formats absurdes, interpeller les entreprises et commerces qui abusent ainsi que notre député local. Chaque geste, même s'il ne sauve pas la planète, contribue à envoyer un signal clair.
Tant que les gouvernements mondiaux n'arrivent pas à trouver un accord, il faudra marteler que trop, c'est trop. Car le suremballage est devenu le symbole d'une société qui consomme vite, beaucoup et mal. Et pour les anti-environnementalistes… faites-le au nom du « gros bon sens ! ».
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La Presse
3 hours ago
- La Presse
Les agents de bord voteront la semaine prochaine sur l'entente
Selon son tableau de bord qui permet de suivre la reprise de ses services, Air Canada prévoit que 97 % des vols intérieurs seront assurés au cours des 24 prochaines heures, tout comme 99 % des liaisons avec les États-Unis. Les agents de bord voteront la semaine prochaine sur l'entente Plus de 10 000 agents de bord d'Air Canada voteront la semaine prochaine sur l'entente de principe prévoyant des augmentations de salaire et une rémunération pour le temps travaillé lorsque les avions sont au sol. Sammy Hudes La Presse Canadienne La compagnie aérienne et son syndicat ont conclu l'accord mardi matin avec l'aide d'un médiateur fédéral, mettant ainsi fin à une grève qui a perturbé les projets de voyage de milliers de clients. Les modalités de l'entente de principe, partagées par la composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) sur son site web, prévoient une augmentation salariale de 12 % cette année pour la plupart des agents de bord juniors, tandis que les membres plus expérimentés bénéficieront d'une augmentation de 8 %. Tous les membres bénéficieront d'une augmentation de 3 % en 2026, puis de 2,5 % en 2027 et de 2,75 % en 2028. L'entente proposée doit être ratifiée par les agents de bord lors d'un vote prévu du 27 août au 6 septembre. Même si les membres doivent se prononcer sur l'ensemble de l'entente, une grande partie de ses modalités – notamment celles régissant les régimes de retraite, les avantages sociaux, le repos et les vacances – sont déjà considérées comme définitives, comme convenu entre Air Canada et le syndicat. Si l'entente n'est pas ratifiée par les membres du syndicat, le SCFP a précisé que toutes les modalités, à l'exception de celles concernant les salaires, feraient toujours partie de la nouvelle convention collective des agents de bord d'Air Canada. Le volet salarial de l'entente serait ensuite soumis à l'arbitrage, où un arbitre tiers rendrait une décision finale. L'entente de principe, valable jusqu'en mars 2029, aborde également la question controversée du travail non rémunéré lorsque les avions sont au sol. À compter de cette année, les agents de bord percevront la moitié de leur salaire horaire pour 60 minutes de temps au sol sur les avions à fuselage étroit et 70 minutes sur les avions à fuselage large. Ce taux passera à 60 % du salaire horaire en avril prochain, à 65 % en 2027 et à 70 % en 2028. Les modalités relatives à la rémunération au sol sont également considérées comme définitives, quel que soit le résultat du vote de ratification à venir. Les agents de bord d'Air Canada avaient déclenché la grève samedi dernier. Le gouvernement fédéral était intervenu moins de 12 heures plus tard, invoquant l'article 107 du Code canadien du travail pour forcer la compagnie aérienne et le syndicat à recourir à l'arbitrage exécutoire. Le Conseil canadien des relations industrielles avait ordonné aux agents de bord de retourner au travail dimanche. Cet ordre a été défié par les responsables syndicaux, ce qui a conduit le Conseil à déclarer lundi que la grève était illégale, même si le syndicat avait fait savoir qu'il la poursuivrait. L'entreprise et le syndicat ont repris les négociations lundi soir avant de parvenir à une entente de principe dans la nuit. Deux jours après la reprise des activités à la suite de la fin de la grève, Air Canada s'attendait jeudi à ce que la plupart de ses lignes intérieures et internationales soient de nouveau opérationnelles. Selon son tableau de bord, qui permet de suivre la reprise de ses services, Air Canada prévoit que 98 % des vols intérieurs seront assurés au cours des 24 prochaines heures, tout comme 99 % des liaisons avec les États-Unis. La compagnie aérienne a également presque rattrapé son retard sur les vols internationaux, avec 94 % des vols prévus. Le vice-président général et chef des opérations d'Air Canada, Mark Nasr, a expliqué en début de semaine que le processus de reprise prendrait plus de temps pour les liaisons internationales. En effet, la compagnie aérienne avait rapatrié ses équipages avant la grève, de sorte que le personnel n'était pas encore en place à l'étranger lorsque celle-ci a pris fin. Il faudra probablement jusqu'à dix jours pour que le service revienne à la normale chez Air Canada et Air Canada Rouge. Mercredi, la compagnie a annoncé qu'elle adoptait une politique de remboursement pour ses clients qui ont dû trouver un autre vol lorsque le leur a été annulé du 15 au 23 août.


La Presse
7 hours ago
- La Presse
La plupart des vols intérieurs et vers les États-Unis devraient décoller
Selon son tableau de bord qui permet de suivre la reprise de ses services, Air Canada prévoit que 97 % des vols intérieurs seront assurés au cours des 24 prochaines heures, tout comme 99 % des liaisons avec les États-Unis. La plupart des vols intérieurs et vers les États-Unis devraient décoller Air Canada prévoit que la plupart de ses liaisons nord-américaines seront rétablies jeudi, alors que le transporteur aérien poursuit la reprise de ses activités après la fin de la grève de ses agents de bord. Sammy Hudes La Presse Canadienne Selon son tableau de bord qui permet de suivre la reprise de ses services, Air Canada prévoit que 97 % des vols intérieurs seront assurés au cours des 24 prochaines heures, tout comme 99 % des liaisons avec les États-Unis. Cependant, la reprise des vols internationaux semble plus complexe, alors que 76 % des vols prévus devraient être assurés jeudi. Le directeur de l'exploitation d'Air Canada, Mark Nasr, a expliqué en début de semaine que le processus de reprise prendrait plus de temps pour les liaisons internationales. En effet, la compagnie aérienne avait rapatrié ses équipages avant la grève, de sorte que le personnel n'était pas encore en place à l'étranger lorsque celle-ci a pris fin. Il faudra probablement jusqu'à 10 jours pour que le service revienne à la normale chez Air Canada et Air Canada Rouge. Mercredi, la compagnie a annoncé qu'elle adoptait une politique de remboursement pour ses clients qui ont dû trouver un autre vol lorsque le leur a été annulé en raison de la grève.


La Presse
9 hours ago
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Trop, c'est trop
« On se donne bonne conscience en remplissant nos bacs bleus ou verts – car oui, le code de couleur varie d'une ville à l'autre –, mais ils ne sont pas des baguettes magiques. Une bonne partie finit quand même à l'enfouissement », écrit Alain Rayes. La semaine dernière, à Genève, les négociations internationales pour établir un traité contraignant contre la pollution plastique ont de nouveau échoué. Le blocage est largement attribuable aux pays producteurs de pétrole, appuyés par de puissants lobbys du plastique et les États-Unis, qui refusent toute limite à la production. Cette position s'inscrit dans la continuité de l'approche anti-environnementale de Donald Trump qui, dès son retour à la Maison-Blanche, a retiré les États-Unis de l'Accord de Paris et signé un décret abolissant les subventions fédérales aux projets d'énergie éolienne et solaire. Résultat : une session qui s'est conclue vendredi dernier sans accord… alors que la planète continue de crouler sous le plastique Pendant que les diplomates s'enlisaient à Genève, nous continuions à vivre, dans nos maisons et nos bacs de recyclage, les conséquences bien concrètes de cette inaction. Le débat peut sembler lointain, mais il nous saute littéralement au visage chaque fois que nous faisons nos achats : le colis Amazon livré dans une boîte surdimensionnée, le concombre anglais enveloppé dans sa pellicule de plastique, ou encore, chez Costco, les lames de rasoir et brosses à dents vendues dans des emballages rigides disproportionnés. Le paradoxe du consommateur Chaque fois, la même question me revient : pourquoi autant d'emballage ? Pourquoi cette multiplication des couches ? Le paradoxe est cruel : nous sommes de plus en plus conscients de l'impact écologique de nos gestes, mais prisonniers d'un modèle de consommation qui multiplie les emballages inutiles au nom de la commodité, du transport, des règles d'hygiène… ou tout simplement du marketing. On se donne bonne conscience en remplissant nos bacs bleus ou verts – car oui, le code de couleur varie d'une ville à l'autre –, mais ils ne sont pas des baguettes magiques. Une bonne partie finit quand même à l'enfouissement. À l'époque où j'étais maire de Victoriaville, qui se présente fièrement comme le « Berceau du développement durable », j'ai vécu une petite leçon d'humilité 101. On m'avait présenté les résultats de tonnage des matières recyclées collectées dans toutes les résidences. Fier de voir les chiffres grimper, je me disais : « Quelle performance de mes concitoyens ! » Mais un gestionnaire m'a vite refroidi : « Attention, Monsieur le Maire, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. » Chiffres à l'appui, il m'a expliqué que ce tonnage suivait directement… l'économie. Plus l'économie allait bien, plus les gens consommaient ; plus ils consommaient, plus il y avait d'emballages de plastique et de carton, plus le tonnage augmentait. Et l'inverse était vrai : quand le tonnage baissait, je croyais que nous sous-performions, alors qu'en réalité, cela reflétait simplement un ralentissement de la consommation. Depuis ce jour, je regarde mon bac bleu (ou vert) autrement. Un problème politique et citoyen Ce que l'on n'arrive pas à régler à l'international se traduit directement dans nos habitudes de consommation : que ce soit avec nos aliments suremballés, nos achats en ligne ou nos rasoirs prisonniers d'emballages aussi solides qu'un coffre-fort de sécurité, l'inaction politique laisse le champ libre aux excès. Pire encore, certaines entreprises profitent de cette zone grise pour jouer un double jeu avec les consommateurs : c'est le phénomène de la réduflation. On conserve la taille de l'emballage, mais on réduit discrètement la quantité à l'intérieur. Résultat : le consommateur a l'impression d'en avoir autant qu'avant, alors qu'il paie plus pour moins. Et, cerise sur le gâteau, cette pratique génère encore plus de suremballage inutile, puisque le contenant est aussi gros… mais contient moins. Et nous, dans tout ça ? Comme consommateurs, nous avons aussi un rôle à jouer. Privilégier le vrac, renoncer à certains formats absurdes, interpeller les entreprises et commerces qui abusent ainsi que notre député local. Chaque geste, même s'il ne sauve pas la planète, contribue à envoyer un signal clair. Tant que les gouvernements mondiaux n'arrivent pas à trouver un accord, il faudra marteler que trop, c'est trop. Car le suremballage est devenu le symbole d'une société qui consomme vite, beaucoup et mal. Et pour les anti-environnementalistes… faites-le au nom du « gros bon sens ! ». Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue