
« On est complets ! » : en pleine saison des abandons, les refuges saturés
Ces félins de tous âges sont en ce moment une quarantaine. Comme chaque année à la même époque, les abandons d'animaux domestiques vont bon train en ce moment. Un signe : ici toutes les cages sont pleines. « On est complets ! », lance Chantal Dargaignaratz, la présidente de cette association qui fêtera l'an prochain ses 40 ans d'action en faveur de la cause animale. « On est le seul refuge dans le coin, on a donc plein d'appels de partout et on est obligés de dire qu'on est full, souffle-t-elle. Face à cet afflux, on ne peut pas faire des miracles ! »
Depuis ce jeudi, l'Association des amis bénévoles des animaux d'Alfortville (AABAA) compte entre ses murs trois chatons supplémentaires, découverts non loin du refuge. LP/Gérald Moruzzi
La même recrudescence des abandons existe à l'échelle de tout le pays. La Société protectrice des animaux (SPA) indique avoir pris en charge le mois dernier à l'échelle nationale 3 877 animaux, dont 968 chiens, 2 731 chats, 151 nouveaux animaux de compagnie (lapins, serpents et rongeurs, etc.) et 27 équidés. Dans le même temps, 2 915 adoptions (857 chiens, 1 866 chats, 180 nacs et 12 équidés) ont été enregistrées depuis le 1er juillet. L'été 2024 (du 1er juillet 2024 au 31 août), près de 8 000 animaux (dont 5 748 chats et 1 786 chiens) avaient été abandonnés dans les refuges de l'association à travers tout le pays.
À l'image de ses consœurs un peu partout en France et en Île-de-France, l'AABAA gère comme elle peut les imprévus. Une tâche d'autant plus ardue qu'ils sont quasiment quotidiens en ce moment. « Un monsieur nous a amené ces deux chatons ce matin, confie la patronne des lieux. Il les a récupérés dans un carton à côté d'ici. »
Depuis ce jeudi, l'Association des amis bénévoles des animaux d'Alfortville (AABAA) compte entre ses murs trois chatons supplémentaires, découverts non loin du refuge. LP/Gérald Moruzzi
Quelques heures plus tard, un autre homme, qui travaille non loin de là, tape à la porte de l'association. Dans ses bras, un carton avec au fond un troisième chaton, sans doute trouvé au même endroit. « Je ne pouvais pas le laisser comme ça, alors je l'ai amené ici », explique-t-il, avant de confier le nouveau-né à l'un des 15 bénévoles de l'association. Il faut bien toutes ces paires de bras - qui se relaient - pour s'occuper au quotidien de cette ménagerie.
Disposer de moyens financiers est aussi crucial. Et c'est souvent ce qui vient à manquer, surtout durant l'été, une période connue pour être la haute saison des abandons. « Toutes les petites associations comme la nôtre ont des problèmes financiers, souligne Chantal Dargaignaratz. Nous déboursons 2 000 euros par mois rien que pour les soins vétérinaires, et cela peut parfois grimper jusqu'à 3 500 euros. »
Si l'association rend service à certains habitants d'Alfortville en prenant leur animal en pension durant l'été, l'argent qu'elle en tire n'est pas suffisant pour remplir toutes les gamelles. « On a en plus deux bouledogues français, arrivés ici en avril après réquisition judiciaire pour cause de maltraitance, glisse la gérante. Et on va devoir tout payer, les soins et la nourriture, jusqu'au résultat du procès. »
L'abandon, « un acte de cruauté qui peut être puni pénalement »
Dans sa difficile mission, l'AABAA est notamment soutenue par la ville d'Alfortville, qui met à sa disposition ces locaux. L'association a aussi été subventionnée par l'État avec France Relance, à hauteur de « 30 000 euros pour des travaux et 7 000 euros dans le cadre d'une campagne de stérilisation », détaille Véronique Deprez-Boudier, préfète déléguée à l'égalité des chances dans le Val-de-Marne, présente auprès des bénévoles alfortvillais ce jeudi, dans le cadre d'une campagne de sensibilisation contre les abandons d'animaux en période estivale.
Préfète déléguée à l'égalité des chances, Véronique Deprez-Boudier s'est rendue dans ce refuge dans le cadre d'une campagne de sensibilisation contre les abandons d'animaux en période estivale. LP/Gérald Moruzzi
À celles et ceux qui l'ignorent ou feignent de l'ignorer, la représentante de l'État le rappelle : « Un abandon est considéré comme un acte de cruauté, et donc un délit qui peut être puni pénalement », précise-t-elle. Les sanctions peuvent aller jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende, voire 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende si l'abandon a entraîné la mort de l'animal.
Pendant que l'AABAA gère les flux, d'autres associations multiplient les actions pour lutter contre l'abandon des animaux domestiques. À Saint-Maurice, par exemple, une nouvelle initiative, Cœur animal, veut mettre en relation les propriétaires d'animaux ayant besoin d'un mode de garde et des particuliers ou structures prêts à les garder. Le zoothérapeute Wilfried Rocher a eu l'idée de cette nouvelle proposition : créer une plate-forme sur laquelle besoins et offres de services peuvent être échangés.
Une plate-forme d'échanges pour éviter les abandons
Des particuliers pet sitters, des éducateurs canins peuvent répondre aux besoins de propriétaires d'animaux, via un groupe Facebook d'annonces locales, dédié aux échanges de services et au partage d'expériences. « La lutte contre les abandons est l'un de nos axes de travail, dans le cadre du groupe de travail constitué à Saint-Maurice pour obtenir le label de Ville amie des animaux », précise Wilfried Rocher.
Avec nes en ville, il intervient beaucoup aux hôpitaux de Saint-Maurice. L'association compte sur place des moutons, des vaches, des oies, des poules, des ruches et proposera bientôt un accueil spécifique pour les soins de suite de chats stérilisés, en partenariat avec la SPA.
Le spécialiste des animaux a également mis en ligne une page Facebook, elle aussi au nom de Cœur animal Saint-Maurice 94, sur laquelle sont partagés des conseils, des articles rédigés par des spécialistes de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort. Tout est bon pour lutter contre le fléau des abandons d'animaux.
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