Dans le tournoi new look de double mixte de l'US Open, les spécialistes organisent la résistance face aux stars
Le monstre de bruit a piqué un petit roupillon, nous avec lui. Les tribunes, d'abord clairsemées, s'étaient pourtant bien remplies, à l'exception du dernier étage du plus grand stade de tennis du monde, et il en faut généralement assez peu au public new-yorkais pour grogner son plaisir, mais le Arthur-Ashe a semblé trouver le temps long, mardi à l'heure du déjeuner.
Malgré les tentatives du speaker d'animer les temps morts, et ils furent nombreux, le lancement du très attendu et clivant tournoi de double mixte de l'US Open, totalement repensé pour empiler les stars du jeu aux dépens des spécialistes et raccourcir les rencontres (sets de quatre jeux, super tie-break à un set partout, point décisif à 40A), s'est fait dans un relatif ennui. « Un show-business américain, une perte de temps, résume froidement un entraîneur. Je pense que ça ne durera pas longtemps. »
Un tournoi de double mixte qui fascine et agace
Il a suffi de quelques échanges, en résumé d'interminables rallyes dans les diagonales sans la moindre tentative d'interception au filet, pour se rappeler qu'on ne s'improvise pas joueur de double et que l'addition de deux excellents joueurs de simple ne donne pas toujours une paire compétitive. C'est d'autant plus vrai quand ceux-là n'ont aucun repère commun. Associés en dernière minute après le retrait de Nick Kyrgios, un des onze forfaits du plateau initial annoncé en juin, Naomi Osaka et Gaël Monfils n'avaient pas bossé leurs combinaisons, ni quoi que ce soit puisqu'ils ne se sont pas entraînés ensemble avant d'affronter Caty McNally et Lorenzo Musetti au premier tour. À une demi-heure de son entrée sur le Ashe, « Monf » était encore sur un des practices de Flushing Meadows avec l'Australien Jason Kubler...
« Il n'y a pas beaucoup de joueurs de double, on joue aussi pour eux, pour montrer que ce sont des bons joueurs. »
Andrea Vavassori, vrai spécialiste du double déjà qualifié pour les demies avec Sara Errani
Au bout d'une heure d'un match tout autant privé de la fantaisie d'une exhibition que de l'intensité habituelle d'une rencontre de Grand Chelem, la Japonaise, en tenue d'entraînement, et le Français ont acté leur élimination express (4-2, 5-3) par un selfie et un grand sourire, pendant que McNally racontait au micro du retraité et ex-11e mondial Sam Querrey la genèse de son association avec Musetti : « Dimanche, j'étais chez moi quand mon agent m'a appelée et m'a dit : "Tu as soixante secondes pour me dire si tu veux jouer le double mixte avec Musetti". J'ai répondu : "Euuuh... oui." »
L'Américaine a remplacé au pied levé Jasmine Paolini, qui avait renoncé au million de dollars (environ 858 000 €) promis au duo vainqueur dans la foulée de sa qualification pour la finale du WTA 1000 de Cincinnati, perdue lundi soir contre Iga Swiatek (7-5, 6-4). Son sacre dans l'Ohio, à 1 000 km de New York, consommé depuis quinze heures à peine, la Polonaise était, elle, bien sur le court avec Casper Ruud, tout comme son partenaire de jet privé de la veille, Carlos Alcaraz, associé à Emma Raducanu. La numéro 2 mondiale s'est qualifiée pour les demies, « Carlitos » a été éliminé d'entrée. En revanche, et sans surprise à la vue de sa mine pâlotte au moment d'abandonner en finale à Cincinnati contre son rival espagnol lundi (5-0, ab.), Jannik Sinner a officiellement jeté l'éponge mardi matin, laissant sa partenaire Katerina Siniakova sur le carreau.
«Très souvent, quand des joueurs de simple jouent le double, ils vont loin. Si une équipe de spécialistes va au bout, je ravalerai mes paroles.»
Taylor Fritz
Sans les numéros 1 mondiaux, Sinner et Aryna Sabalenka, mais avec cinquante titres du Grand Chelem cumulés en simple dans son tableau de seize équipes, l'événement, disputé sur deux jours en parallèle des qualifications sur les courts annexes, a le mérite d'attirer les regards vers une discipline souvent boudée, méprisée aussi, par les spectateurs et les diffuseurs. « C'est une initiative courageuse de l'US Open, pense Ruud, qui s'est déjà assuré un chèque de 200 000 dollars (environ 172 000 €) à partager avec Swiatek. Je sais que ça a provoqué beaucoup de réactions... Le tennis a très peu fait évoluer ses règles, pourquoi ne pas essayer autre chose ? C'est un peu un test cette année. Si c'est bien reçu par les fans et les joueurs, peut-être que d'autres suivront. »
Dans la cité de la paire, il fallait quitter le Ashe endormi et rejoindre le Armstrong voisin pour goûter à une ambiance enfin brûlante. Seul duo de spécialistes sur la ligne de départ, Sara Errani et Andrea Vavassori y ont donné de la voix et multiplié les prouesses à la volée pour faire chuter les tops 10 Elena Rybakina et Taylor Fritz (4-2, 4-2) puis les tops 15 Karolina Muchova et Andrey Rublev (4-1, 5-4 [5]). S'ils ont célébré leur qualification en demies par un tête contre tête appuyé et des « Forza » sonores, c'est que les Italiens ne visent pas uniquement la défense de leur titre à Flushing : il est aussi question de l'honneur d'une profession. « C'était important pour nous d'envoyer un message, insiste Vavassori, qui a plusieurs fois critiqué ce nouveau format et, plus globalement, le manque de promotion du double par les instances. Il n'y a pas beaucoup de joueurs de double, on joue aussi pour eux, pour montrer que ce sont des bons joueurs. »
À Cincinnati, Fritz avait défendu le choix de l'US Open favorable aux joueurs de simple. « C'est le tableau de double mixte le plus fort qu'on puisse voir en Grand Chelem, disait l'Américain. Très souvent, quand des joueurs de simple jouent le double, ils vont loin. Et si une équipe de spécialistes va au bout, je ravalerai mes paroles et dirai que j'ai eu tort. » Battu au premier tour par la paire italienne, le 4e mondial n'est plus qu'à deux matches d'un mea culpa. S'ils vont au bout la nuit prochaine, Errani et Vavassori, qui ont reçu de nombreux messages de soutien de leurs collègues de double ces derniers jours, ne manqueront pas de le lui rappeler.
Programme, règles, casting : ce qu'il faut savoir sur le double mixte de l'US Open

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Malgré les tentatives du speaker d'animer les temps morts, et ils furent nombreux, le lancement du très attendu et clivant tournoi de double mixte de l'US Open, totalement repensé pour empiler les stars du jeu aux dépens des spécialistes et raccourcir les rencontres (sets de quatre jeux, super tie-break à un set partout, point décisif à 40A), s'est fait dans un relatif ennui. « Un show-business américain, une perte de temps, résume froidement un entraîneur. Je pense que ça ne durera pas longtemps. » Un tournoi de double mixte qui fascine et agace Il a suffi de quelques échanges, en résumé d'interminables rallyes dans les diagonales sans la moindre tentative d'interception au filet, pour se rappeler qu'on ne s'improvise pas joueur de double et que l'addition de deux excellents joueurs de simple ne donne pas toujours une paire compétitive. C'est d'autant plus vrai quand ceux-là n'ont aucun repère commun. 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À une demi-heure de son entrée sur le Ashe, « Monf » était encore sur un des practices de Flushing Meadows avec l'Australien Jason Kubler... « Il n'y a pas beaucoup de joueurs de double, on joue aussi pour eux, pour montrer que ce sont des bons joueurs. » Andrea Vavassori, vrai spécialiste du double déjà qualifié pour les demies avec Sara Errani Au bout d'une heure d'un match tout autant privé de la fantaisie d'une exhibition que de l'intensité habituelle d'une rencontre de Grand Chelem, la Japonaise, en tenue d'entraînement, et le Français ont acté leur élimination express (4-2, 5-3) par un selfie et un grand sourire, pendant que McNally racontait au micro du retraité et ex-11e mondial Sam Querrey la genèse de son association avec Musetti : « Dimanche, j'étais chez moi quand mon agent m'a appelée et m'a dit : "Tu as soixante secondes pour me dire si tu veux jouer le double mixte avec Musetti". J'ai répondu : "Euuuh... oui." » L'Américaine a remplacé au pied levé Jasmine Paolini, qui avait renoncé au million de dollars (environ 858 000 €) promis au duo vainqueur dans la foulée de sa qualification pour la finale du WTA 1000 de Cincinnati, perdue lundi soir contre Iga Swiatek (7-5, 6-4). Son sacre dans l'Ohio, à 1 000 km de New York, consommé depuis quinze heures à peine, la Polonaise était, elle, bien sur le court avec Casper Ruud, tout comme son partenaire de jet privé de la veille, Carlos Alcaraz, associé à Emma Raducanu. La numéro 2 mondiale s'est qualifiée pour les demies, « Carlitos » a été éliminé d'entrée. En revanche, et sans surprise à la vue de sa mine pâlotte au moment d'abandonner en finale à Cincinnati contre son rival espagnol lundi (5-0, ab.), Jannik Sinner a officiellement jeté l'éponge mardi matin, laissant sa partenaire Katerina Siniakova sur le carreau. «Très souvent, quand des joueurs de simple jouent le double, ils vont loin. Si une équipe de spécialistes va au bout, je ravalerai mes paroles.» Taylor Fritz Sans les numéros 1 mondiaux, Sinner et Aryna Sabalenka, mais avec cinquante titres du Grand Chelem cumulés en simple dans son tableau de seize équipes, l'événement, disputé sur deux jours en parallèle des qualifications sur les courts annexes, a le mérite d'attirer les regards vers une discipline souvent boudée, méprisée aussi, par les spectateurs et les diffuseurs. « C'est une initiative courageuse de l'US Open, pense Ruud, qui s'est déjà assuré un chèque de 200 000 dollars (environ 172 000 €) à partager avec Swiatek. Je sais que ça a provoqué beaucoup de réactions... Le tennis a très peu fait évoluer ses règles, pourquoi ne pas essayer autre chose ? C'est un peu un test cette année. Si c'est bien reçu par les fans et les joueurs, peut-être que d'autres suivront. » Dans la cité de la paire, il fallait quitter le Ashe endormi et rejoindre le Armstrong voisin pour goûter à une ambiance enfin brûlante. Seul duo de spécialistes sur la ligne de départ, Sara Errani et Andrea Vavassori y ont donné de la voix et multiplié les prouesses à la volée pour faire chuter les tops 10 Elena Rybakina et Taylor Fritz (4-2, 4-2) puis les tops 15 Karolina Muchova et Andrey Rublev (4-1, 5-4 [5]). S'ils ont célébré leur qualification en demies par un tête contre tête appuyé et des « Forza » sonores, c'est que les Italiens ne visent pas uniquement la défense de leur titre à Flushing : il est aussi question de l'honneur d'une profession. « C'était important pour nous d'envoyer un message, insiste Vavassori, qui a plusieurs fois critiqué ce nouveau format et, plus globalement, le manque de promotion du double par les instances. Il n'y a pas beaucoup de joueurs de double, on joue aussi pour eux, pour montrer que ce sont des bons joueurs. » À Cincinnati, Fritz avait défendu le choix de l'US Open favorable aux joueurs de simple. « C'est le tableau de double mixte le plus fort qu'on puisse voir en Grand Chelem, disait l'Américain. Très souvent, quand des joueurs de simple jouent le double, ils vont loin. Et si une équipe de spécialistes va au bout, je ravalerai mes paroles et dirai que j'ai eu tort. » Battu au premier tour par la paire italienne, le 4e mondial n'est plus qu'à deux matches d'un mea culpa. S'ils vont au bout la nuit prochaine, Errani et Vavassori, qui ont reçu de nombreux messages de soutien de leurs collègues de double ces derniers jours, ne manqueront pas de le lui rappeler. Programme, règles, casting : ce qu'il faut savoir sur le double mixte de l'US Open