
Le 13 juillet 1965, les femmes mariées s'émancipaient
«Je ne vois pas ce que les femmes pourraient encore réclamer, sinon d'être gendarmes ou chefs d'armée», s'exclame auprès du Figaro la journaliste Ménie Grégoire. Si elle juge encore incongrue une femme gendarme, l'animatrice de radio, qui recueille la parole des femmes dans son émission «Allo Ménie», salue avec vigueur au printemps 1965 le vote par le Sénat du projet de loi réformant les régimes matrimoniaux. Adopté à l'unanimité par les députés le 27 juin, le texte sera publié le 13 juillet 1965 et entrera en vigueur en janvier de l'année suivante.
«Une victoire du féminisme» pour les uns
La nouvelle loi promulguée quelques mois avant l'élection du général de Gaulle au suffrage universel est en effet un pas de géant dans le chemin de l'émancipation des femmes. Elle desserre un peu plus le carcan du Code civil de 1804 qui faisait de l'épouse une mineure vis-à-vis de son conjoint. Car, si la loi du 18 février 1938 avait levé l'incapacité juridique de la femme mariée, cette dernière devait toujours demander l'autorisation de son mari pour ouvrir un compte bancaire à son nom et pour travailler. Et ce n'est pas tout. «Dans le régime légal actuel, le mari dispose de tout ce qui appartenait à sa femme avant son mariage: ses meubles, son trousseau, ses économies!... Nous sommes, en ce domaine, les femmes les plus arriérées d'Europe», précise à l'époque au Figaro Simone Majorelle, secrétaire générale du Conseil national des Femmes françaises. L'archaïsme de la situation est d'autant plus criant que les femmes célibataires, veuves ou divorcées sont libres d'administrer leurs biens à leur guise.
Janine Frossard dans Le Figaro du 7 mai 1965 interroge les femmes sur le projet de loi de réforme des régimes matrimoniaux.
Le Figaro
Publicité
La loi répare ce déséquilibre. Par un texte antérieur de 1907, les épouses avaient en réalité le droit de disposer librement de leur salaire et des biens acquis grâce à lui mais les banques, soucieuses d'éviter des recours des maris, n'appliquaient que très rarement la loi, rappelle Sabine Effosse, professeure d'histoire contemporaine à l'université Paris Nanterre dans la revue Cahiers français. «Ignorantes, le plus souvent, de leurs droits, les femmes acceptaient cet état de choses», analyse en 1965 une avocate interrogée par la journaliste Janine Frossard dans Le Figaro. Mais trois ans avant le chambardement des mœurs de mai 68, la société est mûre pour accueillir ce projet de loi porté par le garde des Sceaux du gouvernement Pompidou, Jean Foyer. Une «victoire du féminisme», s'enorgueillit le ministre.
Une «réformette» pour les autres
La femme mariée, désormais dotée d'un compte bancaire, peut signer des chèques, disposer de son salaire, fruit d'un travail qu'elle exerce librement sans l'autorisation de son mari. Pour les couples qui s'unissent sans contrat de mariage, ce qui représente à l'époque 75% des unions, le régime de la communauté réduite aux acquêts devient le régime légal. L'épouse gagne ainsi la gestion exclusive de ses biens propres et la cogestion des biens acquis après le mariage. «Il est important de souligner que le mari, désireux de divorcer, ne pourra plus vendre seul l'appartement qu'il habitait avec sa femme, ni mettre les meubles 'à l'ombre'», souligne dans Le Figaro une avocate. Le mari toutefois reste l'administrateur des biens communs.
La réforme des régimes matrimoniaux adoptée à l'Assemblée nationale le 27 juin 1965.
Le Figaro
Avancée majeure pour les uns, le texte est plutôt «une réformette» pour celle qui est à l'époque députée de Seine-et-Oise, Jacqueline Thome-Patenôtre. La maire de Rambouillet a vu son amendement ainsi rédigé: «La direction de la famille est assurée d'un commun accord par les deux époux», rejeté par 328 voix contre 132. Pourtant, «seule l'abrogation du concept napoléonien du mari chef de famille est susceptible d'instaurer la véritable cogestion», note-t-elle et de regretter: «Rien n'est changé dans le domaine de l'autorité familiale: le choix de la résidence, l'éducation des enfants demeurent réservés au père...»
Il faudra attendre le mois de juin 1970 pour que la loi supprime le statut de «chef de famille» du Code civil et lui substitue la notion d'autorité parentale commune au père et à la mère. Et quinze ans encore pour que soit instaurée l'égalité parfaite dans la gestion des biens communs par la loi du 23 décembre 1985.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
an hour ago
- Le Parisien
Paris : métros fermés, circulation interdite, sécurité… Le dispositif complet pour le défilé et le concert du 14 Juillet
Qui dit 14 Juillet dit traditionnel défilé militaire sur les Champs-Élysées . Et avec lui un dispositif de sécurité spécial, déjà partiellement en place dès dimanche soir en raison de la finale de la Coupe du monde des Clubs entre le PSG et Chelsea. Vendredi, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a indiqué sur RTL que « plus de 12 000 policiers et militaires de la gendarmerie seront engagés sur l'agglomération parisienne et tout particulièrement sur Paris » pour les soirées du 13 et 14 juillet, où se tiendront un concert et un feu d'artifice . Plus de 300 policiers municipaux et 400 pompiers supplémentaires seront également mobilisés le soir du 14 Juillet. Défilé sur les Champs-Élysées oblige, plusieurs stations de métro seront fermées « dès le début du service » et « à la demande de la préfecture de Police », selon la RATP . Sont concernées les stations Tuileries (ligne 1), Concorde (lignes 1, 8 et 12), Champs-Elysées-Clémenceau (lignes 1 et 13), George V (ligne 1), Charles de Gaulle - Étoile (RER A, lignes 1, 2 et 6), Argentine (ligne 1), Kléber (ligne 6) et Boissière (ligne 6). « Les correspondances ne seront pas assurées dans ces gares et stations », détaille la RATP. La réouverture interviendra sur ordre de la préfecture. En raison du Concert de Paris sur le Champ-de-Mars et du feu d'artifice à la tour Eiffel, d'autres stations seront fermées à partir de 19 heures. Il s'agit d' École Militaire (ligne 8), Bir-Hakeim (ligne 6), Passy (ligne 6), Trocadéro (lignes 6 et 9), Dupleix (ligne 6), Alma-Marceau (ligne 9), Boissière (ligne 6), Pont de l'Alma (RER C) et Champs de Mars - tour Eiffel (RER C). Dans le même temps, la préfecture de police instaure un large périmètre de sécurité, détaillé précisément dans l'arrêté , dans lequel « l'accès et la circulation des personnes sont réglementés » de 6 heures à 15 heures. Celui-ci s'étend de la Concorde à la place de l'Étoile, avec des extensions jusqu'aux Invalides et jusqu'à l'église de la Madeleine. De nombreux points de filtrage ont été mis en place. Dans la même logique, et en raison du concert et du feu d'artifice, trois autres périmètres de sécurité sont mis en place. Le premier de 13 heures à 15 heures autour du champ de Mars et des jardins du Trocadéro où l'accès sera réservé « aux services de police, de gendarmerie et de secours, aux riverains sur présentation d'un justificatif de domicile ou de travail et aux professionnels engagés sur la mise en place de la zone pyrotechnique ». Le second est instauré de 15 heures à 19 heures dans la même zone, en étant moins étendu. Le troisième périmètre, bien plus large, sera en place de 19 heures à 2 heures du matin mardi. Il comprend des zones allant jusqu'à Bir-Hakeim et Alma-Marceau. Les périmètres de sécurité cités s'accompagnent de restriction pour les personnes souhaitant y pénétrer. Et les règles fixées par la préfecture sont les mêmes qu'ils s'agissent du matin pour le défilé ou du soir pour le concert et le feu d'artifice. Les rassemblements « de nature revendicative » sont interdits, tout comme « le port, le transport et l'utilisation d'artifices de divertissement, des articles pyrotechniques, des armes à feu y compris factices et des munitions ainsi que tous objets susceptibles de constituer une arme (…) ou pouvant servir de projectile présentant un danger ». L'accès à certains chiens considérés comme « dangereux » est aussi prohibé. Pour rentrer dans ces périmètres, les forces de l'ordre sont aussi autorisées à procéder à des « palpations de sécurité, à l'inspection visuelle et à la fouille des bagages » et « des véhicules ».


Le Parisien
an hour ago
- Le Parisien
Un militaire, invité pour le défilé du 14 Juillet à Paris, se tue en faisant une chute de 15 m
C'est un nouveau drame qui frappe le corps militaire. Après le décès d'un militaire de 28 ans dans une bagarre en sortie de boîte de nuit à Clermont-Ferrand , samedi 12 juillet, un autre soldat a trouvé la mort, ce dimanche à Paris. Un sous-officier de 32 ans s'est tué vers 3h30 du matin, après avoir fait une chute de 15 m depuis le pont qui surplombe le cimetière de Montmartre, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, a-t-on appris d'une source proche de l'enquête, confirmant une information de Paris Match . Il se trouvait sur une balustrade en métal. Ce sous-officier affecté à l'école militaire interarmes de Guer, dans le Morbihan, devait participer au défilé du 14 Juillet sur les Champs-Élysées. Très grièvement blessé, il n'a pas pu être sauvé malgré l'intervention rapide des secours. Toujours selon les informations de Paris Match, la victime avait passé la soirée à des festivités organisées au parc floral de Vincennes pour les défilants du 14 Juillet, avant de se rendre au nord de la capitale, vers 23h45. En état de choc, plusieurs de ses camarades, témoins de l'accident, n'ont pas pu être entendus par la police. Une enquête a été ouverte afin d'établir précisément les circonstances du décès. « Selon les premières investigations, au moment de sa chute, la victime portait ses bottes prévues pour le défilé du 14 juillet, confie à Paris Match une source proche de l'affaire. Ces chaussures étaient équipées de fers qui ont pu participer à sa chute. Son corps a été transporté à l'institut médico-légal de Paris notamment pour des analyses toxicologiques ». Elles détermineront si la victime était sous l'empire de l'alcool ou de la drogue ce soir-là.


Le Figaro
an hour ago
- Le Figaro
Militaire depuis près de 10 ans, ex-rugbyman... Qui était Kévin Amodru, poignardé à mort à Clermont-Ferrand ?
Le militaire de 27 ans a été agressé dans la nuit de jeudi à vendredi à la sortie d'une discothèque. Kévin Amodru, 27 ans, a été poignardé à mort dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, à la sortie d'une discothèque. «Hors service» au moment des faits, le jeune homme était accompagné d'un camarade militaire. gé de 23 ans, ce dernier été grièvement blessé mais son pronostic vital n'est plus engagé. Selon les premiers éléments de l'enquête, une bagarre sur fond d'alcool aurait éclaté avant de dégénérer. Caporal-chef, Kévin Amodru a servi la France pendant près de 10 ans, d'abord en s'engageant au 54e régiment d'artillerie, à Hyères, puis au sein du 92e régiment d'infanterie, à Clermont-Ferrand. Le jeune homme a également joué pour le club de rugby de l'AS Fontaine, en Isère, en 2015-2016. Il avait été champion des Alpes cette saison-là. Publicité Une cagnotte a été mise en ligne pour soutenir la famille du militaire tué. Un hommage pourrait lui être rendu ce dimanche soir sur la place de Jaude à Clermont-Ferrand. Deux individus écroués Un individu âgé d'une vingtaine d'années a été mis en examen pour «meurtre» et «tentative de meurtre». Un autre homme du même âgé a lui été mis en examen pour «violences aggravées». Tous deux ont été écroués. L'auteur présumé des coups de couteau avait déjà condamné en 2021 à Moulins alors qu'il était mineur pour «violences en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité «du fait de sa récidive», selon le parquet.