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Péladeau offrait 1 $ pour acheter Transat

Péladeau offrait 1 $ pour acheter Transat

La Presse2 days ago
M. Péladeau estime que l'entente annoncée le 5 juin dernier entre Transat et la Corporation de financement d'urgence d'entreprises du Canada (CFUEC), une société fédérale, devrait être soumise au vote des actionnaires de l'entreprise québécoise.
Pierre Karl Péladeau a tenté d'acheter Transat A. T. à cinq reprises depuis l'automne dernier. Il aurait même offert une bouchée de pain en avril dernier dans l'espoir de placer le spécialiste du voyage d'agrément à l'abri de ses créanciers pour le restructurer – ce qui aurait pu faire perdre gros aux actionnaires.
Le secret entourant les multiples tentatives de l'homme d'affaires survenues au cours des neuf derniers mois a été levé, vendredi, dans le cadre de l'affrontement judiciaire qui l'oppose à la compagnie à l'étoile bleue.
Actionnaire de la société mère d'Air Transat, M. Péladeau tente de faire suspendre une entente annoncée le 5 juin dernier par la société mère d'Air Transat avec le gouvernement fédéral – son principal créancier – afin de réduire sa lourde dette. L'accord a fait décoller l'action du voyagiste à la Bourse de Toronto.
Le magnat des télécommunications allègue que l'on ne joue pas franc jeu avec les actionnaires en ne leur offrant pas l'occasion de voter sur l'accord, qui pourrait entraîner une dilution à terme. Les avocats de la compagnie se demandent si la conduite de l'actionnaire mécontent ne cache pas d'autres objectifs.
« Le 29 avril, il offrait d'acheter la compagnie pour une contrepartie de 1 $ pour l'ensemble des actions pour ensuite effectuer une procédure de restructuration en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) », a révélé Me François Giroux, qui représente Transat, devant la juge Chantal Corriveau.
Ce scénario de restructuration judiciaire, s'il s'était concrétisé, aurait pu aller jusqu'à écarter les actionnaires de Transat du portrait. Ils auraient pu essentiellement perdre l'ensemble de leur mise dans la compagnie.
À la fin avril, la dette du voyagiste et transporteur aérien était supérieure à 800 millions. Même l'achetant pour 1 $, M. Péladeau aurait eu à injecter des sommes significatives dans le fonds de roulement.
Sa dette étant appelée à diminuer considérablement, Transat a vu son titre s'envoler sur Bay Street depuis un mois. Il s'est apprécié de 72 %, pour clôturer à 2,83 $, vendredi. Ce cours est bien au-delà du prix de 80 cents par action offert par M. Péladeau le 9 octobre dernier, a illustré Me Giroux.
« L'augmentation du cours de l'action et l'assainissement du bilan de la société rendent une nouvelle tentative d'acquisition par M. Péladeau extrêmement plus onéreuse », a-t-il souligné, devant la magistrate.
Acteur d'envergure
Par l'entremise de sa société La Financière Outremont, M. Péladeau dit détenir environ 9,5 % des actions de la société mère d'Air Transat. Cela le place au deuxième rang des plus importants actionnaires, derrière le Fonds de solidarité FTQ (11 %).
PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Par l'entremise de la Financière Outremont, une société privée, Pierre Karl Péladeau est le deuxième plus grand actionnaire de Transat.
L'homme d'affaires lorgne le spécialiste du voyage d'agrément depuis 2019. À l'époque, il avait multiplié les sorties publiques pour inciter les actionnaires du voyagiste et transporteur aérien à rejeter l'offre d'achat d'Air Canada.
Ce mariage avait finalement échoué au printemps 2021 et M. Péladeau avait par la suite abandonné l'idée d'acquérir Transat.
Il faut remonter au 5 juin dernier pour mieux comprendre l'origine de la dispute judiciaire. Transat dévoilait un accord financier avec la Corporation de financement d'urgence d'entreprises du Canada (CFUEC) qui se décline en plusieurs volets.
Concrètement, son énorme dette de 772 millions en prêts de secours obtenus du gouvernement fédéral pendant la pandémie de COVID-19 doit être sabrée de moitié, à 334 millions, par l'entremise d'une série de transactions.
Une partie de la dette du voyagiste et du transporteur aérien peut être convertie en actions privilégiées. Ultimement, ce mécanisme permettrait à la CFUEC de détenir près de 20 % des titres de Transat – un aspect qui contrarie M. Péladeau.
Si ce scénario devait se confirmer, Ottawa deviendrait le principal créancier ainsi que le plus grand actionnaire de Transat.
Devant la juge Corriveau, l'avocate de la Financière Outremont, Jessica Harding, a répété à maintes reprises que la demande d'injonction ne visait pas à faire dérailler l'accord entre Transat et la CFUEC.
« La dispense sur laquelle se base Transat n'est pas applicable, a-t-elle plaidé. On demande simplement d'avoir le droit de se prononcer sur cette transaction-là. Il y a des éléments qui méritent d'être expliqués aux actionnaires. «
Me Giroux ne voit pas les choses du même œil.
« Ce n'est pas le recours d'un actionnaire qui tente de faire valoir ses droits, c'est le recours d'un actionnaire déçu de ne pas avoir pu acheter la société, d'avoir vu toutes ses offres rejetées parce qu'insuffisantes et qui dépose un recours stratégique. »
La juge Corriveau a pris l'affaire en délibéré.
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Un ancien hôpital sauvé de la démolition
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La Presse

time20 minutes ago

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Un ancien hôpital sauvé de la démolition

Un édifice emblématique de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a évité la démolition grâce à deux promoteurs immobiliers, qui l'ont restauré afin de créer un immeuble résidentiel de 299 unités locatives. Malgré ce que son nom laisse croire, le manoir Grace Dart n'était pas une résidence de luxe. C'était plutôt un hôpital pour soigner les victimes de la tuberculose au début du XXe siècle. Son fondateur, le pharmacien Henry J. Dart, l'avait nommé en l'honneur de sa fille Grace, morte auparavant. Ouvert en 1907, l'établissement de santé a fonctionné pendant plus d'un siècle. À sa fermeture il y a 10 ans, ce bel édifice de style néo-géorgien avait été identifié comme un immeuble doté d'une valeur patrimoniale exceptionnelle. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Les promoteurs ont voulu mettre en valeur l'héritage architectural du bâtiment. C'est cet héritage architectural que les promoteurs TGTA et Maître Carré ont voulu mettre en valeur dans l'élaboration de leur projet de complexe multirésidentiel, rebaptisé Mellem Grace Dart. « C'est vraiment quelque chose qui nous tenait à cœur », affirme David Fernandez, chef des finances et des opérations chez Maître Carré. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE David Fernandez, chef des finances et des opérations chez Maître Carré Quand nous l'avons visité, nous avons vu un magnifique bâtiment encore très solide. Architecturalement parlant, c'est un chef-d'œuvre de Montréal. Il fallait garder ça. David Fernandez, chef des finances et des opérations chez Maître Carré Les deux firmes peuvent revendiquer quelques succès notoires dans la conversion d'immeubles historiques. On doit notamment à Maître Carré l'intégration de la maison Keegan, le bâtiment le plus ancien de Griffintown, dans son projet Brickfields. De son côté, TGTA a notamment à son crédit la transformation d'une ancienne usine de textile en bureaux de type loft dans le secteur Mile-Ex. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Un nouvel aménagement paysager met en valeur le bâtiment. De la rue, les passants ne remarqueront pas immédiatement le changement, à l'exception du nouvel aménagement paysager. Une large allée en pavés, qui a conservé quelques éléments décoratifs du temps, mène désormais à l'entrée principale du complexe. Le vieux bâtiment a conservé son charme d'époque, avec ses murs de brique artisanale, sa toiture en cuivre, ses finitions en fer forgé, ainsi que certains encadrements métalliques originaux. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Le site a été densifié à l'arrière avec l'ajout d'un immeuble de six étages. Le petit bâtiment au premier plan est l'ancien pavillon des infirmières. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Les papiers peints aux motifs paysagers et autres éléments du décor rappellent le style Art nouveau, comme ici dans le hall d'entrée. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE On voit aussi les portraits du fondateur du manoir, le pharmacien Henry J. Dart, et de sa fille Grace, qui rappellent l'histoire des lieux. 1 /3 Le site a été densifié à l'arrière du terrain. Dessiné par les architectes de Provencher_Roy, un immeuble contemporain de six étages a été érigé comme un écrin qui épouse la forme de l'ancien sanatorium. Ses lignes, ses ouvertures et ses teintes de briques renforcent la cohésion architecturale du nouveau complexe. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Un exemple d'appartement dont les espaces communs sont à aire ouverte. La décoration intérieure sert aussi de trait d'union et rend hommage à l'histoire de l'édifice d'origine. Ses papiers peints aux motifs paysagers ainsi que ses tapisseries et ses revêtements de plancher aux dessins floraux rappellent le style Art nouveau, très en vogue au tournant du XXe siècle. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Un joli espace de travail partagé, qui peut aussi servir de lounge, a été aménagé dans l'ancien pavillon des infirmières. Sentiment de communauté Maître Carré possède deux autres complexes multirésidentiels, appelés « Mellem », à Montréal et à Gatineau. Le terme « Mellem » provient du livre Livet mellem husene de l'urbaniste danois Jan Gehl. Il peut être traduit par « la vie entre les bâtiments » ou encore « vivre ensemble autrement ». Nous visons la mixité sociale dans nos immeubles. Nous voulons attirer les clientèles de tout âge. C'est ainsi que l'on crée une vraie vie communautaire. David Fernandez, chef des finances et des opérations chez Maître Carré « Par exemple, des parents et des grands-parents pourraient habiter ici, tout près les uns des autres, tout en gardant une distance qui leur convient dans leurs vies respectives », croit David Fernandez. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Il y a 299 logements en tout. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE La majorité des appartements comptent une ou deux chambres, mais certains en ont trois. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Des studios sont aussi offerts. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Un autre exemple de chambre 1 /4 C'est dans cette optique de cohabitation intergénérationnelle que le Mellem Grace Dart a été imaginé. Si la majorité de ses appartements comptent une ou deux chambres à coucher, une trentaine d'autres en possèdent trois. Une vingtaine de studios sont aussi offerts. Un soin particulier a été apporté aux espaces communs, afin qu'ils provoquent les rencontres et contribuent à faire naître le sentiment de communauté. « Comme gestionnaire, ce que l'on aime le moins, ce sont des espaces vides. On apprend donc à bien utiliser chaque espace », souligne M. Fernandez. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Ce salon commun donne accès au toit où se trouve une grande terrasse. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Plusieurs barbecues sont à la disposition des locataires. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Pour compléter le tout, il y a aussi une piscine sur le toit, d'où on peut voir le mât du Stade olympique, les tours du centre-ville et les monts Saint-Hilaire et Saint-Bruno. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Une salle de yoga se trouve aussi dans le gymnase. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Le gymnase, avec un sauna attenant 1 /5 Ainsi, l'ancien pavillon des infirmières a été converti en espace de travail partagé à l'intention des télétravailleurs. Un gymnase, un sauna et une salle de yoga sont aussi à la disposition des locataires. Et une piscine, avec terrasse et barbecues à l'usage de tous, a été aménagée sur un toit. De là, on peut aussi bien apercevoir les tours du centre-ville que les monts Saint-Hilaire et Saint-Bruno. Les locataires seront aussi invités à participer à quelques activités organisées au cours de l'année, question de faire connaissance avec leurs voisins. « On aime le côté humain de notre profession », souligne David Fernandez. « Mettre les gens ensemble et les voir évoluer autour de nous, c'est notre paie. » PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE Le projet permet de réduire le manque de logements dans l'arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Un stationnement intérieur de 150 places avec bornes de recharge se trouve sous le nouvel immeuble. Quartier mature Outre la sauvegarde d'un immeuble d'intérêt patrimonial, ce projet permet de réduire quelque peu le manque de logements dans l'arrondissement. « Il n'y a pas beaucoup d'offres d'appartements locatifs neufs dans les alentours », remarque le gestionnaire, avant de souligner les bénéfices de réhabiliter un bâtiment dans un quartier mature. « Tous les services publics sont à proximité. Le métro, les lignes d'autobus, les écoles et les commerces sont à quelques rues de distance. Tout le monde sort gagnant d'un projet comme celui-ci », conclut David Fernandez. Consultez la page du projet Grace Dart sur le site de Mellem

Acheter une maison après une séparation
Acheter une maison après une séparation

La Presse

time5 hours ago

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Acheter une maison après une séparation

Acheter une propriété ou continuer à louer ? C'est la question que se pose Raphaël, père célibataire de 45 ans, qui souhaite offrir un meilleur espace de vie à sa fille de 8 ans tout en ayant assez d'épargne pour ses vieux jours. Puisque les prix des propriétés ont grandement augmenté au Québec dans les dernières années, il est de plus en plus difficile de devenir propriétaire. C'est encore pire lorsqu'on est un parent séparé avec un seul salaire pour acheter une propriété de plus d'une chambre. S'il est possible d'y arriver, cela demande une planification et une grande discipline… sans négliger d'épargner pour sa retraite ! La situation Célibataire de 45 ans, Raphaël* a une fille de 8 ans en garde partagée. Il a aussi deux grands enfants rendus autonomes. Locataire depuis 2014, il vit dans un appartement qui ne lui plaît pas et souhaite acheter une maison dans les Basses-Laurentides d'ici un an et demi pour donner un meilleur espace de vie à sa fille tout en se rapprochant de ses parents. Il souhaite aussi se bâtir un patrimoine qu'il pourra léguer à ses enfants. Raphaël gagne environ 90 000 $ par année, mais n'a pas de fonds de retraite. Il n'a pas de dette, mais a seulement 30 600 $ d'épargne. Il place maintenant sa prime annuelle qui est d'environ 5000 $ et une autre somme de 4000 $ par année dans son CELIAPP et dans son régime enregistré d'épargne-retraite (REER). « Est-ce que mon plan est réaliste et combien pourrais-je me permettre d'emprunter pour acheter ma propriété, considérant les taxes que j'aurai à payer chaque mois, comme propriétaire ? », écrit-il. Enfin, il se demande sur combien d'années il devrait amortir son prêt hypothécaire, considérant qu'il prévoit prendre sa retraite dans 20 ou 25 ans. Conscient que son projet est ambitieux, il se questionne aussi pour savoir s'il serait préférable pour le moment d'acheter un condo et de l'utiliser comme levier pour acheter, plus tard, une maison unifamiliale. Le portrait financier Raphaël, 45 ans Salaire annuel avec prime : environ 90 000 $ environ 90 000 $ Coût de vie annuel : 50 000 $, dont 13 380 $ pour le loyer 50 000 $, dont 13 380 $ pour le loyer REER : 6500 $ 6500 $ CELI : 4800 $ en épargne et 3000 $ comme fonds d'urgence 4800 $ en épargne et 3000 $ comme fonds d'urgence CELIAPP : 15 600 $ 15 600 $ Cotisations REER inutilisées : 115 000 $ 115 000 $ Régime de retraite du Québec (RRQ) prévu à 65 ans : 1093 $ par mois Les conseils En regardant le cas de Raphaël, la certitude de Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers, c'est que peu importe la décision qu'il prendra, il devra faire de gros efforts pour réaliser ses objectifs. « Il a 45 ans et il a à peine plus de 27 000 $ d'épargne pour sa retraite et il n'a pas de fonds de retraite, alors qu'il achète une propriété ou non, c'est certain qu'il a besoin de s'occuper de sa retraite », affirme-t-il. Rester locataire ou devenir propriétaire Regardons le scénario où Raphaël garde son appartement peu dispendieux et continue d'investir 9000 $ par année pour sa retraite. Prenons aussi en considération le fait qu'il arrêtera de travailler à 65 ans, donc dans 20 ans, et qu'il demandera également à cet âge sa rente du RRQ et sa pension de la Sécurité de la vieillesse. Comme espérance de vie, on met 94 ans et comme rendement, 5 % annuel. Résultat ? « Alors qu'il dit qu'il a besoin de 50 000 $ par année pour vivre, ce scénario lui donne 33 000 $. Probablement qu'il aura besoin de moins que son coût de vie actuel à la retraite parce que sa fille sera adulte, mais quand même, la différence est grande. Pour avoir 50 000 $ par année de 65 à 94 ans, il devrait épargner dès maintenant non pas 9000 $, mais 28 000 $ par année afin d'arriver à 1,1 million à 65 ans. » Si Raphaël décide d'aller de l'avant avec son projet d'acheter une propriété, le défi est qu'il devra sortir le peu d'épargne qu'il a pour sa mise de fonds. Étant donné qu'il doit mettre au moins 5 % du prix d'achat, disons qu'il magasine une maison à maximum 450 000 $ pour donner une mise de fonds de 22 500 $, afin qu'il lui en reste pour payer le notaire et les droits de mutation. Établissons également le taux d'intérêt à 5 % et un amortissement sur 20 ans pour faire en sorte qu'il n'ait plus de prêt hypothécaire à payer à sa retraite à 65 ans afin de faciliter la comparaison. Cela lui ferait plus de 2900 $ par mois à payer, en incluant la prime d'assurance prêt de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). En y ajoutant les taxes municipales et scolaire, soit environ 300 $ par mois, puis une somme pour l'entretien d'au moins 100 $, il arrivera au triple des 1115 $ qu'il paye en ce moment [en loyer]. Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers Il devra aussi continuer d'épargner pour sa retraite. « Comme sa maison serait payée lorsqu'il prendra sa retraite, il aurait besoin d'un portefeuille d'environ 400 000 $ pour maintenir son train de vie jusqu'à 94 ans, donc il devrait épargner environ 11 500 $ par année, précise-t-il. Ce n'est pas réaliste, à moins qu'il trouve un nouvel emploi avec un salaire plus élevé, ou qui a un généreux fonds de retraite ou un REER collectif auquel l'employeur contribue. » Un entre-deux Le planificateur financier a toutefois pensé à une autre option qui pourrait être plus viable. Il suggère d'acheter un condo à maximum 300 000 $ pour mieux répondre à ses besoins et à ceux de sa fille, mais de se préparer à le revendre à 65 ans pour redevenir locataire. Ainsi, le père de famille pourrait avoir accès à l'épargne forcée qu'il a faite avec son condo au moment où il aura besoin de liquidités pour vivre à la retraite. « Disons qu'il achète un condo à 300 000 $ qui prend 3 % de valeur par année, cela signifie qu'il pourra le revendre dans 20 ans 550 000 $, illustre Simon Préfontaine. Comme son prêt hypothécaire sera déjà remboursé, il pourra investir toute cette somme pour sa retraite. S'il continue d'épargner à partir de maintenant seulement son boni de 5000 $ par année, il pourrait vivre avec environ 44 000 $ une fois à la retraite. Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers Raphaël doit aussi faire ses calculs pour voir s'il est certain qu'il pourra payer les versements hypothécaires d'environ 1900 $ en plus des taxes et des charges de copropriété, ce qui devrait faire grimper sa facture mensuelle pour son logement à environ 2500 $. « Cela représente de gros sacrifices dans d'autres types de dépenses », précise Simon Préfontaine. Il le met également en garde. « Normalement, quelqu'un qui achète une propriété pour y habiter investit beaucoup plus dedans pour des questions de goût personnel et de confort que si c'était juste un investissement en immobilier, explique le planificateur financier. Raphaël n'aura pas ce luxe. » Raffiner son projet S'il décide d'aller de l'avant avec l'achat, Simon Préfontaine lui conseille de s'assurer que le condo et son immeuble sont en bon état en faisant réaliser une inspection, en lisant les procès-verbaux des assemblées générales des copropriétaires des dernières années et en s'assurant de la santé financière du fonds de prévoyance. « Il pourrait difficilement se permettre des dépenses supplémentaires liées à des imprévus », précise-t-il. De plus, à moins que sa situation au travail ne s'améliore grandement, il ne lui conseillerait pas de le revendre dans quelques années pour acheter une maison plus dispendieuse. « Il y a des frais associés aux transactions et aux déménagements et, surtout, il ne pourra pas augmenter ses dépenses mensuelles liées à sa résidence », évalue Simon Préfontaine. S'il prend la décision d'acheter, Raphaël pourrait envisager différents scénarios pour adoucir sa réalité. « Par exemple, il pourrait décider d'amortir le prêt hypothécaire sur 25 ans et de travailler au moins jusqu'à 70 ans, indique l'expert. Ça ferait descendre ses mensualités d'un peu plus de 200 $ et réduirait un peu son besoin d'épargne. » C'est certain aussi qu'il faudra qu'il se prépare mentalement à redevenir locataire à la retraite. « C'est toujours possible que, d'ici là, sa situation s'améliore, soit parce qu'il trouve un emploi avec de meilleures conditions de travail, soit parce qu'il reçoit un héritage, indique le planificateur financier. Mais, il doit être prêt à ça. » Il lui conseille de rencontrer un planificateur financier pour aller plus en détail dans son scénario une fois qu'il aura pris sa décision. *Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.

Le bonheur… sans dépenser assez !
Le bonheur… sans dépenser assez !

La Presse

time6 hours ago

  • La Presse

Le bonheur… sans dépenser assez !

« À moins de vivre avec des revenus très faibles, on peut épargner sans constamment avoir l'impression de se priver », écrit notre chroniqueuse. Que ce soit avec une pointe d'admiration ou plus souvent d'agacement, mes copines me qualifient régulièrement d'écureuil. Je ne dépense pas assez, semble-t-il, et à l'évidence, ça dérange. Certes, je ne suis pas un cordonnier mal chaussé qui écrit sur les finances personnelles tout en vivant de paie en paie. J'ai entièrement remboursé mon hypothèque il y a quelques années, j'ai acheté ma petite voiture usagée comptant et mon REER est plein. Pourtant, je n'adopte pas tous les judicieux conseils de mon collègue Nicolas Bérubé qui se déplace surtout à vélo1 et privilégie le minimalisme vestimentaire. Confidence gênante : mes placards débordent de robes, je voyage, j'assiste régulièrement à des concerts. Il va me le pardonner puisque comme lui, je ne rêve pas de rouler en BMW et je ne commande jamais de pizza2. J'aime avoir les mains dans la pâte et épargner 40 $ par le fait même. Cette combinaison peut sembler insignifiante dans une planification financière. C'est plutôt la preuve qu'on peut être heureux sans dépenser beaucoup. À moins de vivre avec des revenus très faibles, on peut épargner sans constamment avoir l'impression de se priver. Mais intuitivement, ces notions semblent paradoxales. Lorsqu'il est question d'argent, je constate que l'expression « Je veux vivre » justifie beaucoup d'achats censés rendre plus heureux : mocktails à 12 $, piscine creusée, fin de semaine dans un chalet avec spa, iPhone 16 Pro. Le hic, c'est que la définition du mot « vivre » change grandement au cours de la carrière et des augmentations de salaire. Ce phénomène est assez curieux, quand on y pense. Dans l'un de ses spectacles, Louis-José Houde se demandait à quelle heure de la nuit on est soudainement frappés par la mauvaise haleine. Le même genre de question se pose en matière de finances personnelles. • À quel moment un VUS avec des sièges chauffants en cuir devient-il nécessaire au bien-être ? • À partir de quand a-t-on besoin de boire des cafés à 7 $ pour se sentir en vie ? • Quand est-ce que les lunettes, les sacs à main et les montres griffés font tout à coup partie de l'équipement de base pour se présenter en public ? On ne s'en rend pas nécessairement compte, mais nos « besoins » prennent souvent de l'ampleur plus rapidement que nos revenus. Résultat, les dettes de consommation sont monnaie courante. L'endettement non hypothécaire moyen s'élève à 21 859 $ par personne au Canada. Au Québec, ces dettes atteignent 18 985 $ (+2 % sur un an), selon Equifax. De son côté, Statistique Canada calcule que chaque ménage doit 1,74 $ par dollar gagné. Comme l'a déjà écrit Nicolas, « je travaille fort, je peux me le permettre » est un très mauvais guide pour nos finances3. Cette philosophie nous amène bien souvent à faire des choix trop coûteux. En résistant tout simplement à la tentation de s'inventer de nouveaux besoins, on accroît sa capacité d'épargne au fil du temps sans se priver. C'est mathématique. Et drôlement efficace dans mon cas. J'ai demandé à mes amies de m'énumérer mes autres comportements qui leur font dire que je suis un écureuil. « Quand tu voyages, tu échanges ta maison. » C'est beaucoup plus commode pour avoir de l'espace, des jouets pour fiston, une piscine privée et une cuisine pour préparer des pique-niques. J'aime découvrir les cultures à travers l'aménagement, la décoration et le contenu des lieux qu'on me prête. « Vous n'avez qu'une seule voiture. » Je préfère pouvoir lire dans le transport en commun plutôt qu'être prise dans les embouteillages sur le pont. En plus, il n'y a pas de stationnement à La Presse et ça me permet de faire quelque chose pour la planète. C'est aussi par conscience écologique que j'ai remplacé le joint d'étanchéité de mon vieux frigo (surprise, il fonctionne encore !) plutôt que d'en acheter un neuf qui envoie des textos4. « Tu apportes toujours ton lunch au bureau. » Ça m'évite de sortir au froid l'hiver (qui dure neuf mois par année selon mes standards) et de manger plus santé qu'au restaurant. « Tu cuisines beaucoup. » C'est mon passe-temps préféré. Celui qui me permet de décrocher, d'user de créativité, d'améliorer mes techniques (notamment en matière de pain et de pâte à pizza). Quand je vais au restaurant, c'est pour manger des plats compliqués, comme le Doro wat ou la pastilla. « Tu ne t'achètes pas de bijoux en or ou de diamants. Tu portes toujours les mêmes bagues en argent. » Question de goût. Le métal jaune ne me plaît pas particulièrement, et les diamants, ça accroche dans les bas de nylon. « Tu achètes tout au rabais. » Si je peux étirer chaque dollar que je gagne, je ne vois pas pourquoi je me priverais de cette satisfaction. Même chose pour les gratuités obtenues avec mes cartes de points et de crédit. Ces dernières années, j'ai obtenu au moins 3000 $ d'épicerie gratuite. Je ne compte plus les pleins d'essence, les billets d'avion, les produits de pharmacie et les bouteilles de vin qui ne m'ont rien coûté. C'est devenu un jeu. « Tu n'es abonnée à aucune plateforme de streaming. » Je paie pour le bon vieux câble et je n'arrive même pas à regarder tout ce qui m'intéresse à Télé-Québec, TV5, ARTV, Explora et RDI. N'en rajoutez pas, la cour est pleine ! Comme quoi on peut aussi trouver toutes sortes d'arguments pour justifier… de faibles dépenses ! 1. Lisez « Le vélo est une machine secrète à fabriquer des millionnaires » 2. Lisez « Six choses sur lesquelles je ne dépense pas mon argent » 3. Lisez « Pas de million, pas de BMW » 4. Lisez « Un prochain frigo qui envoie des textos ? »

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