
Quelques heures pour un improbable traité
(Genève) Les diplomates de 184 pays n'ont plus que quelques heures jeudi à Genève pour tenter de forger à l'arraché un texte commun qui établirait un premier traité international de lutte contre la pollution plastique, après le rejet massif d'un projet de texte de synthèse.
Robin MILLARD et Isabel MALSANG
Agence France-Presse
Une nouvelle séance plénière réunissant tous les délégués est prévue en milieu d'après-midi, après l'échec retentissant d'une tentative de synthèse maladroite mercredi après-midi, et des débats d'une grande confusion.
Mais les chances de trouver un accord, après trois ans de négociations, semblent très minces, étant donné les profondes divisions qui demeurent entre les deux camps qui se sont affrontés sur le sujet.
D'un côté, un groupe de pays majoritaire dit « ambitieux », dont l'Union européenne, le Canada, l'Australie, beaucoup de pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'îles, désireux de nettoyer la planète du plastique qui commence à la gangréner et affecte la santé humaine.
De l'autre, un groupe de pays essentiellement pétroliers, qui refusent toute contrainte sur la production de plastique et toute interdiction de molécules ou additifs dangereux.
Pour la coalition dite de grande ambition, le texte présenté mercredi était un document vide de toute ambition, sans obligation aucune sur les pays, ni sur leur volume de production de plastique ni sur l'élimination des produits chimiques problématiques. Il s'agissait uniquement d'un accord portant sur la gestion et l'élimination des déchets plastiques déjà existants.
Pour le camp d'en face, surnommé « ceux qui pensent la même chose », mené par l'Arabie saoudite et les États du Golfe, le texte dépassait plusieurs de leurs « lignes rouges », et surtout ne définissait pas de « scope » c'est-à-dire de champs d'action exacts pour le texte.
La fin des pourparlers est prévue jeudi à minuit et pourrait déborder dans la nuit si les diplomates étaient en mesure de présenter encore un nouveau texte remanié d'ici là.
Poussés par une résolution des Nations unies de 2022, cela fait près de trois ans qu'ils tentent de forger un texte « juridiquement contraignant » pour les États qui s'attaque à la pollution plastique, y compris en milieu marin.
Mais sous l'œil des représentants des industries pétrochimiques présents dans les couloirs et opposés à toute coercition, ils ont déjà échoué une fois à produire un texte commun lors de la dernière séquence de négociations, à Busan en Corée du Sud fin 2024.
Moins de 10 % recyclé
Cette nouvelle séquence diplomatique, entamée à Genève le 5 août, était censée permettre d'aboutir enfin à un texte commun.
Le sujet est d'autant plus important que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 ans précédents, en majorité des produits à usage unique et des emballages et la tendance s'accélère : si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Or moins de 10 % est recyclé.
Jeudi matin, des réunions régionales ont eu lieu, ainsi que des réunions des groupes coalisés.
Pour Aleksandar Rankovic du groupe de réflexion The Common Initiative, le texte présenté mercredi a supprimé tous les points favorables aux ambitieux et a ôté de ce fait aux pays leur pouvoir de négociation.
« Il reste deux scénarios : il y a le mauvais et le très mauvais, et beaucoup de choses pas très belles entre les deux », a-t-il dit à l'AFP.
« Le mauvais scénario, c'est si les pays adoptent un mauvais traité, un texte comme celui qui a été présenté mercredi ».
« Le très mauvais scénario, c'est s'ils ne sont d'accord sur rien, et s'ils prévoient de se réunir de nouveau pour trouver encore une nouvelle synthèse, ou si le texte reste à l'abandon pendant longtemps et soit pratiquement abandonné ».
Pour le WWF, les pays ambitieux « ont désormais reconnu qu'il n'y avait aucun texte possible qui soit acceptable par tous les membres de l'ONU ».
Leurs ministres ont désormais la possibilité d'avancer « leur propre texte », a indiqué Zaynab Sadan, cheffe de la délégation plastique de l'ONG environnementale WWF. « Ils doivent se préparer à faire adopter leur texte par vote. Il n'y a aucun autre moyen d'obtenir un traité qui ait du sens », a-t-elle estimé.
Le ministre suisse chargé de l'Environnement, Albert Rösti a estimé pour sa part auprès de l'agence ATS qu'une absence de résultats dans les pourparlers de Genève serait « une fin grave » et « inacceptable ».
La Suisse, pays hôte des négociations, souhaite désormais un texte recentré sur trois grandes questions : une amélioration de la production, sans objectif de réduction, une diminution ou au moins une surveillance des produits plastiques problématiques et un mécanisme de financement pour les pays en développement doivent figurer dans un accord.
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