Le rêve envolé de Théodore Côté
Le 30 juin, Théodore Côté, 17 ans, se rend chez la copine d'un ami. Il est tard le soir. Pas grave, se dit-il. Il n'a pas vu cet ami depuis longtemps, l'occasion est trop belle de profiter de la soirée.
Il fait noir. Les adolescents décident de se baigner dans la piscine hors terre. Théodore plonge. Une manœuvre qu'il a faite des centaines de fois. Des milliers même, puisque sa famille possède une piscine semblable. « J'ai plongé à pic. Mes jambes sont allées directement au-dessus de ma tête », se remémore Théodore, de son lit d'hôpital.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Théodore à son bal de fin d'études
Sa vie a basculé en un saut. Ce soir-là, il est devenu tétraplégique.
« Je flottais à la surface de l'eau. Mon corps ne bougeait plus. J'avais très mal. Tout ce que je pouvais faire, c'est bouger ma tête pour appeler mes amis à l'aide », raconte l'adolescent de Gatineau.
Au départ, les amis de Théo croyaient qu'il blaguait, comme il en a l'habitude. Quand ils ont compris l'urgence de la situation, ils ont sauté à l'eau, l'ont transporté sur la terrasse de la piscine. « Si ses amis n'avaient pas été là, je n'aurais plus de fils aujourd'hui. Théo ne serait plus là », réalise sa mère, toujours sous le choc.
Couché, Théo est incapable de bouger. Sa mère reçoit un appel vers minuit : son fils n'a plus aucune sensation, du cou aux pieds. « C'était irréel. C'était juste un cauchemar. Je voulais juste me réveiller », confie en larmes Vania Pacheco.
À l'hôpital de Hull, le constat est sans appel : deux vertèbres du cou de Théo compriment sa moelle épinière. Il doit subir une opération d'ici 24 heures pour préserver la moindre chance de mouvoir ses membres à nouveau. On ne pratique pas l'intervention requise à Gatineau. Il devra être transféré à l'hôpital du Sacré-Cœur à Montréal.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Théodore Côté quatre heures après son opération
Après l'opération, Théo est transféré aux soins intensifs. Il est atteint d'une pneumonie. En raison de sa paralysie, il est incapable de tousser. Les médecins doivent effectuer des poussées pulmonaires pour lui permettre de libérer ses sécrétions.
« Son état empirait. Je ne savais plus quoi faire. Je voulais juste le serrer dans mes bras, le guérir, tout effacer », raconte Vania Pacheco.
Une vie bousculée
Au début du mois d'août, Théodore Côté se trouve toujours à l'hôpital du Sacré-Cœur, à Montréal. Il suit une réadaptation. Sa moelle épinière n'ayant pas été complètement atteinte, tout espoir de retrouver une certaine mobilité n'est pas mort.
« Le médecin nous a dit que ça peut prendre trois mois, six mois, un an. Ou même que sa mobilité ne revienne jamais », explique Vania Pacheco, en hochant la tête. « On y va une victoire à la fois. On espère surtout qu'il retrouve l'autonomie de ses mains. »
C'est un choc de le voir incapable de manger seul. De se laver. De devoir tout faire pour un jeune homme qui était si autonome.
Vania Pacheco
« Je me dis qu'au moins, je l'ai avec moi. Sinon, je n'aurais jamais pu passer par-dessus », dit-elle.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Théodore, en compagnie de sa mère, Vania Pacheco
Dans l'esprit des parents de Théo, les prochaines étapes se bousculent. Ils tentent d'imaginer l'avenir de leur fils.
À l'intérieur de la maison familiale, 20 marches séparent l'étage du haut au rez-de-chaussée, et 10 marches du sous-sol. Cela pouvait paraître banal, il y a quelques semaines, mais ce sont désormais autant d'obstacles qui séparent Théo d'une vie normale.
Les parents cherchent donc un nouveau nid familial sur un étage. Ils se préparent au pire, en s'accrochant à l'espoir de voir leur fils de nouveau mobile.
« Plusieurs personnes m'écrivent pour me dire que leurs proches ont vécu une situation similaire. Ils me disent qu'après un an, ils marchaient. D'autres n'y sont jamais arrivés, mais sont quand même parvenus à vivre une belle vie. Ils ont des enfants, sont mariés. Ça nous encourage beaucoup », confie Vania Pacheco.
Le soutien d'une communauté
Théodore Côté a rêvé toute sa vie d'une carrière au football. Son seul rêve, aujourd'hui, est de parvenir à bouger ses mains et ses doigts.
Chaque jour, durant trois heures, il suit des séances de physio et d'ergothérapie. Les thérapeutes poussent contre ses biceps et ses triceps, qu'il peut bouger, et lui doit forcer en sens inverse.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Théodore lors de sa première journée de physiothérapie
« C'est rough », admet Théo sans détour. « Mais c'est correct, je suis fait fort. Je suis un joueur de foot : pousser fort, j'y suis habitué », lance-t-il, sourire narquois aux lèvres.
Si Théo s'était inscrit au cégep de l'Outaouais, c'est uniquement pour se joindre à l'équipe de football des Griffons. « Sinon, je serais directement allé faire un DEP [diplôme d'études professionnelles] en plomberie ou en électricité. Je suis un gars mobile, un TDAH : je dois bouger, je dois toujours faire quelque chose de mes mains », explique-t-il.
Ses chances de pratiquer un métier manuel sont maintenant minces. Celles de jouer au football sont carrément nulles.
Le deuil est gros pour un jeune, dont la fierté d'avoir été sélectionné par une équipe collégiale était immense. Au moment où l'on discute, les Griffons amorcent leur camp estival.
« J'avais fait le camp du printemps avec eux, ça avait très bien été. Je me sentais chanceux, d'être choisi par mon cégep », admet le joueur de ligne défensive, étendu dans son lit.
Ça va être une grosse étape à passer [mentalement].
Théodore Côté
Sur le terrain, Théo se comparait à Nick Bosa, des 49ers de San Francisco, un joueur cérébral et combatif. « Les mamans des autres joueurs allaient le voir et lui disaient : 'Théo, protège mon gars sur le terrain.' Il était fier de défendre leurs arrières », se souvient Vania Pacheco.
Aujourd'hui, c'est Théo qui a besoin d'être défendu. Le soutien de ses amis et de ses anciens coéquipiers le transporte. Au cours des dernières semaines, il a reçu de nombreuses visites, dont celle de son ancien entraîneur, de l'école secondaire du Versant.
Celui-ci est arrivé avec son chandail orné du numéro 95. « L'école l'a retiré. Plus jamais personne ne le portera », dévoile Théo, avec fierté.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Le numéro 95 de Théodore sera retiré au sein de l'école secondaire du Versant, à Gatineau.
Aux coéquipiers avec lesquels il n'aura jamais pu évoluer, chez les Griffons, Théo adresse un message simple. « Allez gagner le Bol d'or pour moi. Je n'y serai pas, mais je sais que vous pourrez le faire », les encourage-t-il.
Au milieu de ce drame affreux, Théo savoure une petite victoire. Plus de 65 000 $ ont été amassés en son nom, sur la plateforme de sociofinancement GoFundMe. Cette somme permettra à la famille d'obtenir l'équipement spécialisé nécessaire aux activités de Théo, en plus de couvrir les dépenses de la famille, relogée à Montréal pour la durée de sa rééducation.
« Je n'en reviens pas de voir tout le soutien que j'ai, pas juste du GoFundMe, mais aussi des gens qui me contactent », s'émeut Théo.
Vraiment, je ne pourrais pas demander plus.
Théodore Côté
Notre conversation tire à sa fin. Jamais Thédore n'aura montré le moindre signe de tristesse. De défaite. Au contraire, il se permet même de rire de sa mère, qui par moments, peine à garder l'objectif de la caméra vers son fils.
« Mes parents me répètent chaque jour qu'ils ne comprennent pas comment je fais pour être aussi fort. J'ai un bon moral depuis l'accident, je ne laisse pas la négativité m'envahir. »
Avant de raccrocher, Théo tient à livrer un dernier message.
« On entend souvent dans les nouvelles que le monde est fini, est ruiné. Tout le soutien que j'ai, ça nous prouve le contraire. Il y a encore du beau dans ce monde. Je veux que les gens le sachent. »
Hashtags
Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes
La Presse
8 hours ago
- La Presse
5 recettes faciles et délicieuses pour simplifier le quotidien
La fin de l'été est à nos portes, et le moment est venu de reprendre la routine en vue de la rentrée scolaire des enfants. Pour vous inspirer dans la préparation des boîtes à lunch et des repas du soir, voici 5 recettes savoureuses simples à préparer signées Voilà par IGA. Qu'est-ce qu'un XTRA? XTRA est une section qui regroupe des contenus promotionnels produits par ou pour des annonceurs. Les journalistes et photographes de La Presse n'ont pas collaboré à ce contenu promotionnel. Conseil pratique Pour une transition tout en douceur cette année, prenez le temps nécessaire d'organiser le menu de la semaine dans le confort de votre foyer. Comment ? En maximisant votre temps avec le service d'épicerie en ligne de Voilà par IGA qui livre des aliments frais directement à votre porte. Une façon efficace de réduire la charge mentale en évitant tout déplacement. 1. Burritos au poulet et au maïs grillés C'est la recette idéale pour les soirs de semaine chargés et les boîtes à lunch savoureuses. Faciles à préparer, ces burritos marient le goût fumé du poulet grillé à la fraîcheur des légumes croquants, le tout enveloppé dans une tortilla. Riche en protéines, nourrissant et personnalisable, ce repas complet se transporte facilement et se réchauffe rapidement. Dégustez ces burritos 2. Barres protéinées au beurre d'arachide sans cuisson Rapides à préparer, ces barres ne nécessitent aucune utilisation du four et se conservent facilement au réfrigérateur pour une collation prête à emporter. Riches en protéines et en bons gras, elles procurent une dose d'énergie soutenue tout en satisfaisant les petites fringales sucrées. Essayez ces barres protéinées 3. Mini-quiches aux restes de légumes Cette recette est une bonne option antigaspillage. Ces bouchées savoureuses sont rapides à préparer : il suffit de mélanger les ingrédients, puis de cuire le tout dans de petits moules. Les mini-quiches se conservent au réfrigérateur ou au congélateur pour des repas ou des collations prêtes à emporter. Nutritives et polyvalentes, ces quiches moelleuses en petit format allient goût, légumes colorés et protéines de qualité. Découvrez la recette de mini-quiches 4. Burgers semi-végés à la mexicaine En mélangeant des haricots noirs nutritifs et du bœuf haché mi‑maigre, vous obtiendrez des galettes offrant un bon équilibre entre protéines végétales et animales, tout en réduisant le coût du repas. Les épices Chili et l'oignon apportent un goût fumé et légèrement piquant. Ajoutez-y un petit pain avec avocat, laitue, tomates, mayonnaise et salsa, et ces burgers deviennent un repas complet et facile à transporter. Cuisinez ces burgers 5. Salade de pâtes nœud papillon aux légumes grillés et au saumon Cette salade, qui allie fraîcheur, légèreté et praticité, est parfaite pour un repas rapide ou une boîte à lunch équilibrée. Les pâtes fournissent de bons glucides complexes, tandis que les légumes grillés ajoutent une saveur fumée et croquante. Facile à préparer, cette salade froide peut être adaptée avec différents légumes selon la saison. Concoctez cette salade de pâtes Voilà par IGA Sur sa plateforme numérique, Voilà par IGA offre jusqu'à 39 000 produits, incluant une vaste gamme de produits du Québec. De la commande à la livraison, vous pouvez compter sur la qualité et la fraîcheur des aliments finement sélectionnés, puisque le personnel s'assure de bien les conserver en centre de distribution et de les livrer à votre porte à la bonne température grâce à leurs camions réfrigérés. Envie d'expérimenter le service ? Voilà par IGA offre 15 $ de rabais sur les quatre premières commandes, ainsi que la livraison gratuite. Aucuns frais cachés1. Bon à savoir : Voilà s'est classé au premier rang parmi les principaux détaillants en alimentation à service complet au Canada selon une étude de perception des prix effectuée en juin 20242. 1 Les frais de livraison applicables à chaque plage horaire de livraison prévue seront affichés sur la page de réservation. Voir pour les toutes les modalités. 2 Étude de perception des prix effectuée auprès de 6 023 personnes, commandée par Empire Company Limited et réalisée par Sklar Wilton & Associates en juin 2024.
La Presse
8 hours ago
- La Presse
« Ah non ! Pas lui... »
Votre compte La Presse Pour des raisons de sécurité, veuillez valider votre adresse courriel Un courriel de validation vous a été envoyé.
La Presse
a day ago
- La Presse
Un grand nombre de cas au Canada, le Québec épargné
Il n'y a jamais eu autant de cas de rougeole au Canada en près de 35 ans. Pour le moment, le Québec est épargné. Mais avec le retour des vacanciers, les touristes en visite et la rentrée scolaire à venir, rien n'est gagné, selon les experts. La rougeole se répand au pays cet été, en particulier en Alberta. La province de l'Ouest canadien compte désormais plus de cas que les États-Unis au grand complet (1757 contre 1356 au sud de la frontière, selon les dernières données disponibles). Au Québec, le dernier cas de rougeole remonte au 18 mars. Aucune autre infection n'a été signalée depuis, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Le Canada arrive en tête avec 4548 cas de rougeole, le pays avec le plus grand nombre de cas dans les Amériques. « C'est vraiment surprenant qu'on n'en ait pas présentement », dit le Dr Paul Le Guerrier, médecin à la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal. « On est très contents. On surveille surtout ce qui se passe dans les autres provinces. » Ce n'est qu'une question de temps avant qu'un nouveau cas se déclare au Québec, selon le Dr Brian Ward, microbiologiste-infectiologue et scientifique senior à l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. « On sait très bien que cet été, les Canadiens prennent leurs vacances au Canada au lieu d'aller aux États-Unis, dit-il. Alors, pour moi, c'est inévitable, ça va repartir. » Taux de vaccination trop faible Reste à savoir quand. Chose certaine, les taux de vaccination contre la rougeole sont trop bas au Québec pour éviter toute transmission, estiment les experts. Il faut une couverture vaccinale de 95 % pour stopper la propagation de la maladie. Or, le MSSS rapporte que 88,7 % des élèves de niveau primaire sont adéquatement vaccinés, selon les plus récentes données disponibles. Ce pourcentage s'élève à 90,3 % chez ceux du secondaire. À Montréal, ces taux sont respectivement de 82,1 % et 83 %. Des enfants ont reporté ou manqué une dose de vaccin lors de la pandémie de COVID-19. Des parents hésitent aussi à les faire vacciner. Le Dr Ward déplore que de fausses informations circulent en ligne à propos du vaccin contre la rougeole. Selon lui, le secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., contribue à alimenter le scepticisme en raison de ses remises en question de la sûreté des vaccins. « C'est très difficile, dans cet environnement, de pousser les gens qui ont des hésitations vers les vaccins », note-t-il. Le vaccin est pourtant sûr, répètent les autorités. « Son taux d'efficacité dépasse 99 % après deux doses », indique le Dr Le Guerrier. Le médecin rappelle que la rougeole n'est « pas un petit rhume ». Des complications peuvent survenir, comme la pneumonie et, rarement, une encéphalite (inflammation et enflure du cerveau). « Ceux qui survivent à une rougeole intense peuvent avoir des complications à long terme comme la cécité, la surdité ou un handicap intellectuel, signale le Dr Le Guerrier. Ce n'est pas fréquent, mais ça arrive. »
