Une Australienne reconnue coupable d'avoir empoisonné quatre membres de sa famille avec des champignons vénéneux
Le magazine britannique The Spectator l'a qualifié de «procès du siècle en Australie ». Après neuf semaines d'audience titanesque, au cours desquels plus de 50 témoins et une dizaine de preuves ont été entendus et étudiées, Erin Patterson a été reconnue coupable du triple meurtre et d'une tentative de meurtre de membres de la famille de son ex-conjoint Simon Patterson. Elle les a empoisonnés avec des amanites phalloïdes - un des plus dangereux champignons vénéneux - qu'elle avait dissimulées dans des portions individuelles de bœuf Wellington. La peine de la quinquagénaire sera annoncée ultérieurement.
Les faits se sont déroulés le 29 juillet 2023 à Leongatha (sud-est de Melbourne). Erin Patterson avait convié ses anciens beaux-parents Don et Gail Patterson, 70 ans, ainsi que la sœur de Gail, Heather (66 ans) et son conjoint Ian Wilkinson a un déjeuner, rappelle la BBC. Ce dernier est le seul a y avoir survécu. Simon Patterson, l'ex mari de Erin, avait été invité mais n'était pas venu.
Publicité
La quinquagénaire avait servi des assiettes de bœuf Wellington, petits pâtés individuels au sein desquels elle avait dissimulé des champignons vénéneux. Ian Wilkinson, pasteur local et seul survivant parmi les convives, a déclaré au cours du procès que si tous les invités mangeaient dans quatre assiettes grises ramenées déjà servies, Erin Patterson en avait une «beige orangée». Dans la soirée, lui et sa femme avaient souffert de vomissements et de diarrhées ce qui les avait conduits à se rendre à l'hôpital.
À lire aussi Dîner mortel aux champignons en Australie : une victime du repas l'avait trouvé «délicieux»
Erin Patterson a plaidé non coupable
L'ex-mari de Erin Patterson a expliqué s'être rendu chez ses parents le lendemain et les avoir conduits à l'hôpital car ils souffraient des mêmes symptômes. D'abord traités pour intoxication alimentaire, ils ont ensuite été conduits en soins intensifs lorsqu'il a été question d'un potentiel empoisonnement par champignons vénéneux. En moins d'une semaine, ils ont tous succombé, empoisonnés, à l'exception de Ian Wilkinson qui a passé sept semaines hospitalisé et a reçu une greffe d'organe, rapporte The Independent .
Rapidement poursuivie pour meurtre, Erin Patterson a plaidé non coupable. Lors du procès, son équipe de défense a affirmé qu'elle avait «paniqué» après avoir involontairement empoisonné des personnes qu'elle aimait. Le juge Christopher Beale a rappelé aux 12 membres qui composent le jury que les multiples mensonges de la quinquagénaire au cours de l'enquête ne pouvaient être ignorés, mais qu'ils ne signifiaient pas pour autant qu'elle était coupable.
Prétendument atteinte d'un cancer
Erin Patterson a, selon l'accusation, inventé un diagnostic de cancer pour s'assurer que ses invités assistent au déjeuner - ce qu'elle a nié -, cuisiné des portions individuelles pour éviter de s'empoisonner puis simulé des symptômes pour faire croire qu'elle était également tombée malade. La défense a soutenu que la quinquagénaire ne l'avait pas été car elle s'était fait vomir après le repas en raison d'un trouble du comportement alimentaire.
Les mensonges supplémentaires de Erin Patterson à la police et au personnel médical au sujet de sa cueillette - ou achat, sa version des faits a changé à plusieurs reprises - de champignons vénéneux, ainsi que sa décision de jeter un déshydrateur alimentaire utilisé pour préparer le repas, ne jouent pas en sa faveur. Les médecins qui ont témoigné à la barre ont souligné qu'elle avait été floue et incohérente quant au lieu où elle s'était procuré les champignons, alors qu'ils la pressaient car des vies étaient en jeu.
Publicité
Elle a également refusé de se faire hospitaliser, prétextant qu'elle avait des dispositions à prendre pour ses enfants et animaux. La quinquagénaire a aussi donné un faux numéro de téléphone à la police et donné son portable secondaire après l'avoir réinitialisé à plusieurs reprises. Son téléphone principal reste introuvable.
Groupe consacré aux crimes réels
Au cours du procès, le jury a entendu les témoignages des membres d'un groupe Facebook consacré aux «crimes réels» dont Erin Patterson fait partie. Elle y avait notamment partagé des images des champignons séchant sur les grilles métalliques du déshydrateur, qu'elle était «enthousiaste» d'acheter selon un membre. Elle leur avait aussi demandé conseil sur la recette du plat qu'elle a servi à ses invités.
Les procureurs n'ont pas avancé de mobile, mais ont toutefois évoqué une détérioration des relations entre l'accusée et son ex-mari ainsi que son exaspération envers ses anciens beaux-parents, qu'elle avait exprimée à ses amis sur les réseaux sociaux plusieurs mois avant les décès.
Le jury composé de 12 membres de la société civile était séquestré et ne pouvait communiquer avec le monde extérieur avant d'avoir rendu son verdict. Il s'agit d'un fait rare en Australie, qui reflète l'engouement du public et des médias pour cette affaire.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Figaro
a few seconds ago
- Le Figaro
Une «catastrophe naturelle» : en Australie, une algue toxique dévaste la vie marine et le tourisme
Le littoral sud du plus grand pays d'Océanie traverse une crise sans précédent, entraînant la mort de centaines d'animaux marins et paralysant les secteurs de la pêche et du tourisme. Le fléau s'accroît sur les plages d'Australie. Depuis le mois de mars, une prolifération d'algues toxiques frappe les côtes du sud du pays, atteignant ce mois-ci un niveau jamais observé auparavant. Mardi 22 juillet, une réunion d'urgence s'est tenue à la demande du gouvernement de l'État pour faire face à la Karenia mikimotoi, l'espèce responsable. Celle-ci submerge les eaux au large d'Adélaïde, capitale de la région sud du pays des kangourous. Sur plus de 4 400 km², elle provoque une hécatombe parmi près de 400 espèces marines, perturbant fortement l'écosystème marin et affectant le tourisme littoral. Plus de 13 000 animaux morts Publicité Le Premier ministre régional, Peter Malinauskas, parle d'une «catastrophe naturelle». En se décomposant, la microalgue libère des substances toxiques et réduit l'oxygène de l'eau, provoquant l'asphyxie massive des poissons, crustacés et autres invertébrés essentiels à l'équilibre écologique. Les effets sont visibles sur les plages de lieux emblématiques, telles que les péninsules de Yorke et de Fleurieu ou les réserves naturelles de l'île Kangourou. Réputés pour leur biodiversité et la beauté de leurs paysages, ces sites très prisés des touristes offrent aujourd'hui un spectacle bien différent : carcasses de pieuvres, crabes,ou raies s'échouent désormais sur le sable. Plus de 13 850 animaux seraient morts, incluant des requins, des raies et des invertébrés. Ils ont été signalés par le public via l'application iNaturalist. À Adélaïde, certains pêcheurs n'ont rien remonté dans leurs filets depuis le mois d'avril. Les exploitations d'huîtres et de moules ont dû suspendre temporairement leur production, tandis que les professionnels du tourisme signalent déjà une nette diminution de la fréquentation, selon les médias locaux. Vague de chaleur exceptionnelle D'après les scientifiques, ce phénomène serait lié à une vague de chaleur marine sans précédent, causée par le réchauffement climatique. Les températures océaniques dépassent actuellement les moyennes saisonnières de 2,5 °C, favorisant la prolifération d'algues toxiques - ce alors même que c'est l'hiver puisque les saisons sont inversées. Pour remédier à cette crise environnementale, le gouvernement fédéral a débloqué en urgence une aide de 14 millions de dollars australiens (environ 8 millions d'euros) destinée au nettoyage des zones affectées et à l'accompagnement des pêcheurs en difficulté. Une contribution équivalente a été promise par les autorités de l'État. L'objectif : financer les recherches scientifiques sur le sujet afin d'éviter qu'un tel épisode ne se reproduise. En vidéo - Australie : les images insolites d'une baleine à bosse aperçue dans le port de Sydney.


Le Parisien
a few seconds ago
- Le Parisien
Plus de 80 % des habitants de l'archipel des Tuvalu sont candidats à un visa climatique en Australie
C'est un des effets du dérèglement climatique . Plus de 80 % des habitants des Tuvalu, archipel du Pacifique menacé par la montée du niveau des océans , cherchent à obtenir un visa pour l'Australie dans le cadre d' un traité signé en 2024 , selon des chiffres officiels obtenus ce mercredi par l'AFP (Agence France presse). L'Australie offre des visas aux citoyens des Tuvalu dans le cadre d'un accord de migration climatique que Canberra, la capitale australienne, a présenté comme « le premier accord de ce genre dans le monde ». « Nous avons reçu des niveaux extrêmement élevés d'intérêt » avec 8750 inscriptions, a fait savoir la mission diplomatique de l'Australie à Tuvalu. Cela représente 82 % des 10 643 habitants recensés dans l'archipel, selon les chiffres de 2022. « Avec 280 visas offerts cette année pour ce programme, cela signifie que de nombreuses personnes ne pourront pas en bénéficier », a cependant indiqué le Haut-Commissariat australien. En 2021, Simon Kofe, chef de la diplomatie des Tuvalu, s'était mis en scène dans une vidéo spectaculaire pour alerter sur la hausse du niveau de l'océan. Avec de l'eau jusqu'aux cuisses, il disait « ne pas pouvoir se contenter de discours ». « La mobilité climatique doit passer au premier plan. Nous devons prendre des mesures pour assurer l'avenir. » À l'appui de son propos, il prenait l'exemple de restes d'un canon installé par les Américains pendant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) et visibles sur les images. Il expliquait qu'à l'époque il était sur terre alors qu'en 2021 il se trouvait en partie immergé, à plusieurs dizaines de mettre du sol. Fin juin, de premiers chiffres faisaient état d'un total d'un tiers des habitants de l'archipel qui avaient postulé pour obtenir l'un des 280 visas australiens. En un mois seulement, le nombre de postulants a donc été multiplié par 2,5. « L'Australie reconnaît l'impact dévastateur du changement climatique sur les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être des pays et des populations vulnérables au climat, en particulier dans la région du Pacifique », a expliqué le ministère australien des Affaires étrangères. Les scientifiques craignent que Tuvalu soit inhabitable d'ici à a fin du siècle. Plusieurs atolls des Tuvalu ont déjà été submergés ces dernières années.


Le HuffPost France
31 minutes ago
- Le HuffPost France
Rachida Dati met la justice en cause, le président du tribunal de Paris prend position comme rarement
JUSTICE - Une mise au point on ne peut plus claire. Le président du tribunal judiciaire de Paris a dénoncé ce mercredi 23 juillet « l'opprobre jeté publiquement sur des magistrats » par la ministre de la Culture Rachida Dati, après son renvoi en procès, aux côtés de l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, pour corruption et trafic d'influence. L'ex-Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, elle-même magistrate de formation, a dénoncé mardi soir sur LCI une « procédure émaillée d'incidents » et vilipendé des magistrats qui « marchent » sur les droits de la défense et perpétueraient des « atteintes graves » contre ces derniers. Des déclarations qui n'ont pas du tout plu au président du tribunal judiciaire de Paris. Rappelant dans un communiqué le droit de « toute personne » à « apporter tout élément d'explication utile à l'appui de sa défense, au titre d'une prise de parole assurant le respect de sa présomption d'innocence », Peimane Ghaleh-Marzban a toutefois dénoncé « l'opprobre jeté publiquement sur des magistrats soumis au devoir de réserve et ne pouvant répondre à ces attaques ». Des saillies qui « jette[nt] le discrédit sur l'autorité judiciaire et sape[nt] la confiance légitime des citoyens dans la justice », est-il écrit dans le communiqué, qui souligne par ailleurs que « tout justiciable a la possibilité de former un recours contre une décision de justice le concernant ». Le procureur financier conteste les propos de Dati Le président du tribunal judiciaire de Paris n'est pas le seul à être monté au créneau. Le procureur de la République financier, mis en cause par Rachida Dati, s'est aussi exprimé ce mercredi. La ministre de la Culture a assuré sur LCI qu'il l'avait « reçue deux heures trente dans son bureau » et l'avait assurée de son désaccord avec les charges portées contre elle. « J'ai vu droit dans les yeux M. [Jean-François] Bohnert qui m'a dit que son parquet dysfonctionnait », a-t-elle affirmé mardi soir. Des déclarations contestées par le procureur financier, qui a réaffirmé dans un communiqué son « total soutien » aux magistrats du Parquet national financier (PNF) qu'il dirige, assurant avoir personnellement « validé l'analyse » de ses équipes demandant en novembre le renvoi en procès de la maire du 7e arrondissement, acté hier par les juges d'instruction. Rachida Dati et Carlos Ghosn contestent les accusations dans ce dossier judiciaire instruit depuis 2019 à Paris et aux lourds enjeux politiques, la ministre de la Culture étant également une potentielle candidate à la mairie de Paris. gée de 59 ans, elle sera jugée pour recel d'abus de pouvoir et d'abus de confiance, corruption et trafic d'influence passifs par personne investie d'un mandat électif public au sein d'une organisation internationale, le Parlement européen. « Nous allons faire appel dès aujourd'hui de cette décision », ont déclaré à l'AFP deux des avocats de Rachida Dati, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, dont l'un des nombreux recours sur la prescription des faits qu'ils allèguent a encore été écarté mi-juillet. Rachida Dati est soupçonnée d'avoir perçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil actées dans une convention d'honoraires signée le 28 octobre 2009 avec RNBV, filiale de l'alliance Renault-Nissan, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu'elle était avocate et députée européenne de 2009 à 2019.