
«Je n'en ai rien à péter de leur rentabilité», lance Sandrine Rousseau à propos des agriculteurs
Trois jours après l'adoption définitive de la loi Duplomb à l'Assemblée nationale, la députée écologiste Sandrine Rousseau s'en est prise aux agriculteurs sur le plateau de la Contre Matinale, du média d'extrême gauche Le Média, co-fondé par la députée LFI Sophia Chikirou, le 11 juillet dernier.
«Je n'en ai rien à péter de leur rentabilité», a-t-elle lancé, d'un ton catégorique, ne laissant pas la journaliste terminer sa question. «Je pense que ce n'est pas le sujet. La rentabilité de l'agriculture par des produits chimiques au détriment des sols, de la biodiversité et de notre santé, ce n'est pas de la rentabilité en fait, c'est de l'argent sale», a ensuite détaillé l'élue de gauche, fermement opposée à la loi Duplomb.
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«Je suis très très en colère»
Le texte est largement décrié par la gauche pour ses «reculs environnementaux» car elle ouvre la voie à la réintroduction dérogatoire de plusieurs insecticides pourtant interdits depuis quelques années, comme l'acétamipride, un produit de la famille des néonicotinoïdes.
Dans son entretien filmé d'une vingtaine de minutes dans Le Média, Sandrine Rousseau revient donc en longueur sur sa «colère» après l'adoption de ce texte. Elle se dit notamment «révoltée» face au risque d'explosion de cancers «pour satisfaire Arnaud Rousseau (président de la FNSEA), un type qui a une entreprise qui fait des millions de chiffre d'affaires». «Je suis extrêmement choquée et très très en colère, et cette colère il va falloir qu'elle sorte», a-t-elle ajouté dans un rire nerveux, comme le montre le début de l'extrait vidéo qui fait polémique, repris par Boulevard Voltaire sur X et qui fait depuis le tour des réseaux sociaux.
«Les écologistes détestent nos campagnes»
Les propos de Sandrine Rousseau ont rapidement suscité l'indignation de plusieurs élus du Rassemblement national. À l'instar d'Hélène Laporte, vice-présidente du parti à la flamme, qui qualifie d'«incroyable» «cette haine de ceux qui nourrissent les Français». Avant de s'adresser aux agriculteurs dans son tweet : «N'oubliez pas...» Julien Odoul, député RN de l'Yonne, a quant à lui estimé sur X que «les écologistes détestent nos campagnes, nos fermes et nos éleveurs». Et de poursuivre : «L'extrême gauche qui crache à la figure de nos agriculteurs : DEHORS !»
Le discours de Sandrine Rousseau intervient alors que le revenu moyen des agriculteurs a baissé de 40% en 30 ans et que 18% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Ces conditions en poussent certains au suicide, comme Sébastien Solans, 40 ans, qui a mis fin à ses jours en janvier dernier alors qu'il venait de reprendre l'intégralité de l'exploitation familiale. Les derniers chiffres disponibles datent de 2016, 529 décès avaient été recensés par la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Cela correspond à environ 1,5 suicide par jour, un chiffre sous-estimé en raison de possibles cas non comptabilisés.
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