
La voie étroite du paquebot France
Le premier ministre François Bayrou annonce un plan d'économies pour réduire le déficit baptisé «Le moment de vérité». Mais des vents mauvais soufflent à l'ouest, à l'est et à l'Assemblée. Éditorial Publié aujourd'hui à 19h37
Le premier ministre François Bayrou, en conférence de presse, annonce son plan d'économies pour réduire le déficit à 4,6 milliards du Produit Intérieur Brut,
AFP
En France , la dépense publique, qui a créé les fleurons de l'industrie d'après guerre et permis aux Français de se soigner pour presque rien, est devenue un boulet. Depuis cinquante ans, la France dépense plus qu'elle ne produit. «Le moment de vérité», pour reprendre le nom du plan de 43,8 milliards d'économies proposé par le premier ministre, François Bayrou, est arrivé.
Année blanche, deux jours fériés de moins (soit neuf comme à Genève et Vaud), non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant en retraite, augmentation du budget de la Sécurité sociale divisé par deux, passant de 10 à 5 milliards, fermeture d'agences d'État non essentielles, chasse aux fraudeurs sociaux et contribution des hauts revenus: voilà la feuille de route du capitaine à la barre d'un pays qui tangue sous le poids d'une dette de plus de 3445 milliards.
Seulement voilà, quand la tempête commerciale se lève dans l'Ouest américain et qu'un vent froid de guerre pousse à la dépense militaire à l'est (+3,5 milliards pour les armées), un arrêt des moteurs du vaisseau France risque de lui faire faire du surplace. Dans ces conditions, c'est la récession qui s'annonce, risquant de mettre par terre les efforts consentis sous le coup d'une brusque fonte des recettes. La voie pour éviter le naufrage est décidément bien étroite, capitaine!
D'autant qu'en soute, les marins de bâbord et tribord vont s'écharper sur qui doit faire des sacrifices. Habitués à ne pas dire la vérité aux Français, les partis vont pousser de hauts cris et pourraient voter la censure du gouvernement à l'Assemblée cet automne, ajoutant une nouvelle crise politique à celle du budget, dans un sauve-qui-peut général.
Plus d'actualité sur la France
Olivier Bot est rédacteur en chef adjoint depuis 2017, chef de la rubrique Monde entre 2011 et 2017. Prix Alexandre de Varennes de la presse. Auteur de «Chercher et enquêter avec internet» aux Presses universitaires de Grenoble. Plus d'infos
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24 Heures
6 hours ago
- 24 Heures
Sur les rails: la ligne du Val-de-Travers fonce tout droit au pays de l'absinthe
Le train créé en 1860 passe du bord du lac de Neuchâtel aux pâturages jurassiens en trois quarts d'heure. Un trajet qui ressemble à un condensé de Suisse. Publié aujourd'hui à 08h24 La ligne R21 traverse (ici entre Noiraigue et Travers) traverse le Val-de-Travers de bout en bout. Marie-Lou Dumauthioz En bref: Entre lac et montagne, et si la ligne du Val-de-Travers était tout simplement un condensé de Suisse offert à ses voyageurs? La question a ceci de piquant que les rails qui la composent ont été parmi les premiers du pays à offrir une voie de sortie vers la France: jusqu'à Pontarlier dès 1860, puis jusqu'à Paris à compter de 1862, grâce à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerrannée . Mais oublions les glorieuses années de ce «Franco-Suisse» du XIXe siècle bien vite remplacé par le Régional Val-de-Travers (RVT) et revenons sur le bitume du quai 1 de la gare de Neuchâtel pour mieux comprendre cette interrogation de départ. Jeudi dernier, la rame Flirt du TransN (société des Transports publics neuchâtelois issue de la fusion en 1999 de trois compagnies régionales) n'attendait que ses derniers passagers pour quitter l'univers urbanisé du chef-lieu cantonal, direction la campagne. En cabine, Flavien Joye, un ancien cuisinier reconverti en mécanicien au sortir du Covid, est prêt à raconter son bonheur de suivre depuis cinq ans ce tracé de 34 kilomètres. «Ma vie a changé du tout au tout. Mon travail maintenant, c'est presque des vacances!» A voir le paysage défiler, on peut comprendre. Les premiers kilomètres de la ligne sont très «minéraux». Mais bien vite, le vert de la campagne neuchâteloise prend le dessus. Marie-Lou Dumauthioz Derrière les vitres de sa loco, les immeubles d'habitation se sont faits plus rares. On a passé Serrières. La vue se dégage. Elle est splendide sur les eaux azur du lac de Neuchâtel, que la ligne R21 surplombe en se faufilant à travers les vignes. À 105 km/h dans le vignoble Le train accélère pour atteindre sa vitesse maximale: 105 km/h. Pas de quoi rendre jaloux l'immense InterCity en provenance d'Yverdon, que la petite rame blanche et rouge croise à Auvernier, juste avant d'imprimer une légère courbe sur la droite. Le lac s'éloigne, le jaune doré des champs de céréales s'efface devant le vert des forêts qui approchent. Le convoi toise de haut les pierres séculaires du Château de Colombier et frôle la cheminée moins esthétique de l'usine d'incinération de Cottendart. Les arbres ont pris le pas sur les épis. Feuillus et épineux sont même omniprésents quand le RN21 s'engage dans la trouée de Bourgogne, ce passage entre les montagnes d'où surgit souvent ce joran qui descend des reliefs pour troubler la quiétude du lac. Adieu le littoral, bienvenue dans le massif du Jura, l'autre facette du canton de Neuchâtel . L'Areuse trace la voie On le sent à peine, mais la voie prend un peu de hauteur (300 m de dénivelé au total). Bientôt, les rails calquent leur tracé sur le cours de l'Areuse, dont les magnifiques gorges calcaires façonnent maintenant le paysage. Au total, huit petits tunnels rythment le trajet, comme pour rappeler aux passagers la tâche ardue des ouvriers qui ont posé ces voies il y a plus d'un siècle et demi. Huit petits tunnels jalonnent le parcours et permettent l'entrée dans le Val-de-Travers. Marie-Lou Dumauthioz La moitié de ces ouvrages d'art est déjà dans le rétroviseur du mécano quand le train arrive au lieu-dit «Champ-du-Moulin» d'où apparaît le cirque majestueux du Creux-du-Van. C'est autour de ce relief atypique que se plaît la seule harde jurassienne de bouquetins, réintroduite en 1965. Mais Flavien Joye n'a pas croisé leur route, contrairement à celle des chevreuils, chamois et renards qui abondent dans le coin. «J'espère un jour voir le lynx», complète-t-il alors que la silhouette d'un milan royal se découpe dans le ciel. À Noiraigue, l'étau montagneux se desserre un peu: le train vient de pousser la porte d'entrée du Val-de-Travers. Les villages s'égrainent au pays de l'absinthe , entourés de champs et de pâturages qui ont repris leurs droits. Innovation technologique Flavien Joye peut pousser un peu plus sa machine dont la vitesse atteint les 95 km/h. Quitte à ignorer la halte de La Presta, point d'accès à l'attraction touristique des mines d'asphalte. «C'est la seule des douze gares de cette course de 45 minutes pour laquelle l'arrêt doit être demandé par les passagers», sourit-il devant notre étonnement. La ligne vient de subir d'importants travaux entre Couvet et Môtiers. Marie-Lou Dumauthioz C'est donc à pleine vitesse qu'il roule littéralement sur l'innovation technologique tout juste mise en place entre Couvet et Môtiers. On parle là d'une première suisse qui a permis de stabiliser la voie mise à mal par les intempéries tout en préservant la géologie et la perméabilité d'une zone riche en tourbe et reconnue d'intérêt fédéral. Trois minutes entre modernité et histoire Et ici, modernité et histoire ne sont séparées que de quelques minutes. En l'occurrence trois, qui permettent d'atteindre Fleurier où se dresse encore, dans son jus et sous l'ombre protectrice du Chapeau-de-Napoléon, le dépôt historique du Régional Val-de-Travers, mis en service en 1883. Ancien restaurateur, Flavien Joye est aux commandes des trains de la ligne du Val-de-Travers depuis cinq ans. Marie-Lou Dumauthioz Laissant l'entrepôt sur sa droite, le train file en direction de Buttes. Au sortir de la courbe qui accompagne les dernières bâtisses fleurisanes, on voit la montagne se refermer sur le vallon et indiquer de fait que le petit train du Val-de-Travers file droit vers son terminus. Les incontournables Musée Dans le Val-de-Travers, la «fée Verte» est presque partout. À Môtiers, elle fait depuis 2014 un joli pied de nez au destin: formellement interdite de 1910 à 2005, elle s'expose en long, en large et en travers (forcément) dans les murs d'un bâtiment qui abritait jadis… le poste de police et le tribunal de la région. Et elle a de la gueule, cette Maison de l'absinthe qui refait toute l'histoire de cette fierté locale. Sans oublier de reproduire un café d'époque où s'attend presque à voir Toulouse-Lautrec porter un verre de «Bleue» à ses lèvres. Une «Heure verte» y est proposée chaque vendredi (17 h-20 h) jusqu'au 26 septembre. Au cœur du pays de l'absinthe, le village de Môtiers a consacré un très joli musée à la «fée Verte». Marie-Lou Dumauthioz Au fil de l'eau Arriver en train au Val-de-Travers et repartir à pied en suivant le «fil vert» de l'Areuse, c'est possible. Un cheminement piétonnier longe les berges de la rivière, de sa source à Saint-Sulpice jusqu'à son embouchure dans le lac de Neuchâtel, à Boudry. Dans le sens du cours d'eau, la balade est tranquille jusqu'à Noiraigue où elle quitte un décor champêtre pour s'engager dans les très belles gorges calcaires auxquelles elle a donné son nom (compter 3 h 30 entre ici et le lac). L'itinéraire n'est pas très compliqué, mais des chaussures de marche sont nécessaires, certains passages pouvant être glissants. L'Areuse s'écoule tranquillement dans tout le vallon, avant de prendre des allures de torrent impétueux dans les gorges auxquelles la rivière a donné son nom. Marie-Lou Dumauthioz Le dévale-pente Pour sortir de l'état contemplatif que peut procurer l'apaisante montée en train jusqu'au fin fond du Val-de-Travers, rien de tel qu'une voie ferrée un peu plus «nerveuse». En l'occurrence celle de la luge d'été du parc de loisirs de La Robella qui serpente sur 1200 mètres dans les pâturages surplombant Buttes. Ouverte 7 j/sur 7 jusqu'au 31 août, située à 5 minutes à pied de la gare, la piste de luge Féeline est accessible à tous, dès 3 ans. Activité gratuite pour les moins de 8 ans, à la condition qu'ils soient accompagnés d'une personne d'au moins 12 ans. Au-dessus du village de Buttes, place aux sensations fortes. Robella – Val-de-Travers – DR Notre série d'été consacré au train Newsletter «La semaine neuchâteloise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Neuchâtel, chaque vendredi. Autres newsletters Frédéric Ravussin est journaliste à 24 heures depuis 2005 pour qui il couvre l'actualité régionale du Nord vaudois. Au-delà de ces frontières géographiques, il a un intérêt marqué pour les sujets touchant au monde des animaux (les oiseaux en particulier) et au domaine du sport. Plus d'infos @fredravussin Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
2 days ago
- 24 Heures
La voie étroite du paquebot France
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24 Heures
2 days ago
- 24 Heures
Taxer les vols en avion pour nous faire prendre le train? Le débat est lancé
Pour limiter les nuisances et favoriser le train, certains trajets en avion pourraient être taxés. Cette idée fait réagir le PLR Olivier Feller et la Verte Lisa Mazzone. Publié aujourd'hui à 06h25 Les Suisses prennent environ deux fois plus l'avion que leurs voisins. imago stock&people En bref: Taxer les vols courts si le rail offre une alternative crédible. C'est le projet adopté par le Grand Conseil de Bâle-Ville en avril 2025. L'initiative demande au parlement fédéral d'introduire une taxe incitative pour préserver l'environnement et le bien-être de la population à proximité des aéroports. La pollution, les risques pour la sécurité des riverains et les nuisances sonores provoquées par l'EuroAirport sont à l'origine de cette proposition. Pour les autorités bâloises, les vols qui relient Bâle à Munich, Paris ou Francfort n'offrent aucune plus-value économique ou touristique significative. Ils doivent donc être remplacés par des trains. Entre 2019 et 2021, huit cantons avaient déjà présenté des initiatives semblables. Parmi eux, le Valais, Neuchâtel, Berne, Saint-Gall ou Genève n'ont pas vu leurs projets aboutir. Une taxe déjà existante ailleurs? En revanche, plusieurs pays européens ont franchi le pas. En France, les vols intérieurs sont interdits si une alternative en train existe en moins de deux heures et demie. La Belgique a, quant à elle, instauré une taxe sur les billets d'avion pour les liaisons aériennes de moins de 500 kilomètres. L'initiative bâloise innove: le texte ne prévoit aucun seuil kilométrique ou temporel précis. Le critère retenu est l'«accessibilité raisonnable des destinations par voie ferrée» - une approche plus souple, qui tient compte des infrastructures existantes. Mais qui définirait ce qui est «raisonnable» et sur quels critères? La présidente des Verts, Lisa Mazzone, et le conseiller national PLR Olivier Feller (VD) donnent leurs points de vue. Olivier Feller: contre la taxe Olivier Feller, conseiller national (PLR/VD). VQH/Florian Cella Est-ce une bonne idée de taxer les trajets en avion? Je suis opposé à tout nouvel impôt ou taxe, car les contribuables sont déjà suffisamment sollicités en Suisse. En juin 2021, le peuple a rejeté la révision de la loi sur le CO₂ , notamment parce qu'elle prévoyait toute une série de taxes, dont une sur les billets d'avion. À l'époque, la protection du climat figurait parmi les principales préoccupations de la population. C'est toujours le cas aujourd'hui, mais le pouvoir d'achat inquiète encore davantage. En France et en Belgique, la population n'a probablement pas été consultée, alors que dans notre démocratie directe, le projet de révision législative a été refusé dans les urnes. Il y aurait assurément un référendum si le parlement adoptait cette initiative, et de telles mesures seraient probablement à nouveau refusées, à l'image de ce qui s'est fait il y a quatre ans. Cette seconde tentative d'introduire un impôt de ce type intervient bien trop tôt pour être acceptée par le peuple suisse. Est-ce que ce qui vaut à Bâle peut s'appliquer à d'autres cantons? Le parlement bâlois veut imposer une taxe à l'échelle nationale sur la base d'une évaluation locale, ce qui pose problème, car chaque région présente des enjeux différents. Des études montrent que l'aéroport de Genève contribue largement à l'économie et à la culture de toute la région – Genève, la France voisine, Vaud, voire toute la Suisse romande. Dire qu'il n'y a pas de valeur ajoutée significative me surprend, d'autant qu'à Bâle aussi, l'aéroport profite aux activités économiques et culturelles. Cette initiative peut-elle faire la différence? Je ne pense pas que cette mesure changera vraiment les choses. Certes, un aéroport génère des nuisances sonores, mais taxer davantage les vols selon la qualité de l'accès ferroviaire me semble peu réaliste. Comment définir si une ville est suffisamment accessible en train? Faut-il prendre en compte la qualité des infrastructures, la ponctualité, les correspondances? Ce sont des critères très difficiles à appliquer concrètement. La taxe envisagée aura pour principales conséquences d'agacer les usagers, sans réel effet dissuasif, et en abaissant encore leur pouvoir d'achat. Si on veut vraiment que ça ait un effet, il faudrait fixer la taxe à un niveau tellement élevé qu'elle reviendrait en fait à interdire les vols pour une partie de la population qui n'aurait pas les moyens de la payer. Ce serait inique. Lisa Mazzone: pour la taxe Lisa Mazzone, présidente des Verts. Keystone Plusieurs initiatives ont échoué au niveau fédéral. Qu'est-ce qui change cette fois-ci? Selon un sondage représentatif , 72% de la population soutient la taxe envisagée: un signe clair que la volonté populaire est là. Le kérosène reste détaxé pour les vols internationaux, ce qui revient à subventionner indirectement les compagnies aériennes pour leur pollution, alors que les automobilistes, eux, paient des taxes sur l'essence. Il est temps que la Suisse s'aligne sur ses voisins. Il faut développer le rail et réfléchir à utiliser le produit d'une taxe pour financer de nouvelles lignes ou réduire le prix des billets de train, afin de renforcer leur compétitivité. Environ 80% des destinations au départ de la Suisse sont en Europe, c'est un potentiel énorme. Le parlement a voté pour renforcer les liaisons de jour et les trains de nuit. Mais le Conseil fédéral, à majorité de droite, veut couper le budget prévu. Il manque une vraie volonté politique, alors même que la population soutient ces mesures. L'enjeu pour nous, c'est d'avoir un parlement prêt à aider les gens à pouvoir prendre le train. Comment le trafic aérien impacte-t-il la population? Les nuisances sonores ne sont pas prises en compte par la majorité de droite au parlement, que ce soit pour la route ou pour l'avion. Pourtant, il existe de réels risques pour la santé . Les spécialistes demandent depuis longtemps des normes plus strictes, car celles en place sont clairement insuffisantes selon eux. Pour ma part, ayant longtemps vécu autour de l'aéroport, j'ai constaté au quotidien combien le bruit impacte la qualité de vie et la santé des riverains. L'application du projet ne pénaliserait-elle pas les personnes défavorisées? Pour qu'elle serve à tout le monde, cette taxe doit être utilisée pour baisser le prix du train. Les personnes défavorisées sont les premières à être frappées par la pollution, le bruit, et par les effets du réchauffement climatique comme les canicules. Elles ont moins accès à un jardin, à un logement bien isolé et loin des nuisances. La pollution est toujours une injustice sociale: agir contre la crise climatique, c'est aussi protéger ceux qui ont le moins de moyens pour se défendre. Une taxe sur l'aérien si nouvelle que ça? Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.