
Pierre-Édouard Stérin, tout ce que vous devez savoir sur ce milliardaire qui sponsorise l'extrême droite
Ce jeudi 10 juillet, Le Monde a révélé que ce partisan du catholicisme identitaire fait l'objet d'une enquête judiciaire. Motif ? Des soupons de financement illégal de candidats du Rassemblement national entre 2020 et 2021. Jusqu'ici, le quinquagénaire était surtout connu pour ses aspirations métapolitiques. Cette obsession de l'extrême droite qui, selon une certaine perception de l'œuvre du théoricien italien Antonio Gramsci, consiste à remporter la bataille culturelle avant de gagner dans les urnes. Un combat incarné à la perfection par un autre milliardaire mû par les mêmes idées : Vincent Bolloré.
Or, les révélations du Monde font basculer l'entrepreneur dans le jeu politique, le vrai. Raison pour laquelle Le HuffPost se résout à tirer son portrait, quelques semaines après son refus de répondre à la convocation des députés dans le cadre d'une commission d'enquête consacrée justement à « l'organisation des élections en France ». Voici donc tout ce qu'il faut savoir de celui qui ambitionne de faire gagner un candidat d'extrême droite à la prochaine présidentielle.
Un « patriote » exilé fiscal
Dans les divers portraits qui lui ont été consacrés dans la presse, le fondateur du groupe Smartbox est décrit comme un « ultralibéral », allergique à l'impôt et à la redistribution organisée par la force publique. « Je préfère éviter de payer l'impôt, et ainsi gagner plus d'argent, pour le redistribuer à bon escient, au profit de projets que nous sélectionnons, où l'euro dépensé sera beaucoup plus efficace que dans la grande machine de l'État », expliquait-il en 2022 dans Le Pèlerin (un hebdo chrétien), pour justifier son exil fiscal en Belgique.
L'homme a pris la direction du plat pays avec femme et enfants en 2012, après l'élection de François Hollande, qui promettait de taxer les grandes fortunes à 75 %. « Je ne le cache pas, sur le plan fiscal, la Belgique et la France, c'est le jour et la nuit », expliquait-il au quotidien Le Soir deux ans plus tard, depuis sa résidence à Ohain, d'où il échappe à l'impôt sur les plus-values. C'est donc depuis ce pays voisin que Pierre-Édouard Stérin se pique de « sauver la France » en manœuvrant pour porter au pouvoir une personnalité fidèle à ses idées, identitaires et conservatrices.
Projet Périclès
C'était il y a quasiment un an. Le 19 juillet 2024, L'Humanité révèle l'existence du « Projet Périclès », piloté par ce père de cinq enfants. Périclès pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes ». Une sorte de business plan visant à « permettre la victoire idéologique, électorale et politique » de l'extrême droite. Ce qui passe par une « guérilla juridique » et « médiatique » à laquelle il compte bien évidemment prendre part, en sponsorisant notamment l'Institut libre de journalisme ou en finançant des médias en ligne proche de l'extrême droite, comme « Le Crayon ».
Pierre-Édouard Stérin a tenté, en vain, de racheter Marianne pour prendre part à la croisade idéologique menée en parallèle par Vincent Bolloré à travers son empire médiatique. Méticuleux, l'entrepreneur ambitionne aussi à travers Périclès de prendre part à la campagne du Rassemblement national aux prochaines municipales. « Objectif de 300 villes à gagner absolument par le RN en 2026 », détaillait le document révélé par L'Huma. Ce plan comprend également le financement de plusieurs think-tanks et associations diffusant des idées conservatrices et anti-immigration.
« Pour transformer durablement le paysage politique et social français, nous offrons aux décideurs et aux entrepreneurs de notre famille de pensée un soutien opérationnel et financier ainsi que les ressources technologiques et scientifiques nécessaires pour agir », note l'organisation sur son site Internet. C'est précisément cette activité qui lui a valu une convocation devant la représentation nationale. Une obligation à laquelle l'intéressé a préféré se soustraire, se cachant derrière le prétexte (assez peu convaincant) d'un risque lié à sa sécurité. « Ridicule », avait fustigé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet.
Fascination et méfiance
Avec une fortune estimée à 1,4 milliard d'euros et une ambition politique de plus en plus ostentatoire, Pierre-Édouard Stérin a tout pour provoquer une forme de fascination au sein du microcosme. Raison pour laquelle, sans doute, ce catholique pratiquant a été invité sous les ors du ministère de l'Intérieur par Bruno Retailleau, comme l'avait révélé Le Nouvel Ob s.
Le milliardaire compte parmi ses proches François Durvye, à la fois à la tête du fonds d'investissement de Pierre-Édouard Stérin (Otium capital) et conseiller économique de Marine Le Pen. De quoi faire de l'entrepreneur un compagnon de route du RN ? C'est (beaucoup) plus compliqué. Car si le milliardaire perçoit le RN comme proche de ses idées (notamment sur l'immigration) et considère que sa promotion est nécessaire à l'avènement d'une victoire du camp nationaliste, il juge en même temps le parti lepéniste comme trop étatiste.
En outre, il n'est pas particulièrement acquis à Marine Le Pen, laquelle en a bien conscience. De quoi expliquer la méfiance que l'homme suscite au sein des fidèles marinistes, sceptiques quant aux ambitions réelles des milliardaires conservateurs. L'épisode du sondage commandé par un organisme financé par ses soins, et qui avait testé Jordan Bardella à la présidentielle (sans inclure Marine Le Pen), avait réveillé les soupçons au sein au RN, où beaucoup suspectent l'entrepreneur de jouer le dauphin (plus libéral sur le plan économique) contre la patronne.
« Ces gens sont soi-disant là pour nous aider et passent une commande pour affaiblir Marine lors du 1er-Mai. Leur but, c'est de poignarder Marine Le Pen, puis d'affaiblir Jordan Bardella, pour propulser Retailleau », avait grondé Jean-Philippe Tanguy, cité par Le Monde. Le député de la Somme ne s'empêche pas de dire tout haut ce qu'il pense de celui qui, avec Vincent Bolloré, a financé le « Sommet des Libertés » le 24 juin au Casino de Paris auquel ont participé Jordan Bardella, Sarah Knafo et Éric Ciotti.
Invité par franceinfo à réagir à l'enquête visant Pierre-Édouard Stérin au sujet de financements de candidats RN, Jean-Philippe Tanguy a répondu : « ça fait de longs mois, pour ne pas dire de longues années, que je dis que M. Stérin n'a rien à voir avec nos idées ». Avant d'ajouter : « le marinisme n'a aucun point commun avec cette personne ». Le déni, si profond, en devient presque touchant.
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