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Crash d'Air India : un mois après le drame, ce rapport préliminaire épingle l'« alimentation en carburant »

Crash d'Air India : un mois après le drame, ce rapport préliminaire épingle l'« alimentation en carburant »

INTERNATIONAL - Les investigations sur le crash du Boeing d' Air India ont fait émerger de premières pistes. Les interrupteurs d'alimentation en carburant des moteurs de l'appareil qui s'est écrasé peu après le décollage le 12 juin dernier, tuant 260 personnes, se sont mis en position « arrêt » juste avant l'impact, a révélé un rapport d'enquête préliminaire publié ce samedi 12 juillet.
Le rapport, publié par le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB), ne tire aucune conclusion et n'attribue aucune responsabilité, mais indique qu'un pilote a demandé à l'autre pourquoi il avait coupé le carburant, le second pilote répondant qu'il ne l'avait pas fait.
Le Boeing 787-8 Dreamliner d'Air India avait atteint une vitesse maximale de 180 nœuds (333 km/h) en décollant lorsque les interrupteurs d'alimentation en carburant sont passés de la position « run » (ouvert) à la position « cutoff » (arrêt) pour le premier moteur puis le second une seconde plus tard, selon le rapport. Les deux moteurs ont alors commencé à perdre de la puissance.
L'avion a perdu de l'altitude juste après le décollage
Au total 241 personnes qui se trouvaient à bord ont été tuées, et une seule a survécu, lorsque l'avion s'est écrasé sur des habitations juste après le décollage dans la ville d'Ahmedabad, dans l'ouest du pays. Les autorités ont également identifié 19 personnes tuées au sol. « Dans l'enregistrement des conversations dans le cockpit, l'un des pilotes demande à l'autre pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant », indique le rapport de 15 pages, précisant que « le second pilote répond qu'il ne l'a pas fait ».
Moins d'une minute plus tard, un pilote a transmis le signal de détresse « Mayday, Mayday, Mayday », et l'avion s'est écrasé sur des habitations. Les contrôleurs aériens ont demandé aux pilotes ce qu'il se passait puis ont vu l'appareil s'écraser et ont appelé les secours. L'avion a commencé à perdre de l'altitude avant même de quitter le périmètre de l'aéroport, selon le rapport.
Le site spécialisé The Air Current, citant cette semaine plusieurs sources au fait de l'enquête, a indiqué que celle-ci s'était récemment « concentrée sur le mouvement des interrupteurs d'alimentation en carburant des moteurs, à la suite d'une analyse des enregistreurs intégrés de données de vol et de données vocales » de l'appareil. L'analyse complète devrait prendre « des mois, si ce n'est plus », et l'hypothèse privilégiée pourrait encore évoluer.
Des inspections étaient suggérées mais « non obligatoires »
Le rapport du bureau indien rappelle que l'Administration fédérale de l'aviation des États-Unis avait publié un bulletin d'information en 2018 concernant « le désengagement potentiel de la fonction de verrouillage de l'interrupteur de contrôle du carburant ». Air India a informé les enquêteurs qu'elle n'avait pas effectué les inspections suggérées car elles étaient « conseillées et non obligatoires ».
Air India respectait toutes les directives de navigabilité et les bulletins de service d'alerte, indique le rapport. Le bureau des enquêtes a déclaré qu'il n'y avait « aucune action recommandée pour les opérateurs et fabricants de moteurs B787-8 et/ou GE GEnx-1B », suggérant qu'il n'y avait pas de problèmes techniques avec les moteurs (GE) ou l'appareil.
Boeing n'a pas commenté le rapport indien. « Nos pensées demeurent avec les proches des passagers et de l'équipage du vol Air India 171, et avec toutes les personnes affectées au sol à Ahmedabad. Nous continuons de soutenir l'enquête et nos clients », a seulement écrit le constructeur dans un communiqué. Dans un communiqué sur X, Air India a déclaré de son côté continuer de « coopérer pleinement avec l'AAIB et d'autres autorités à mesure que leur enquête progresse ».
L'enquête est toujours en cours, a ajouté le bureau indien, précisant que des éléments supplémentaires et des informations ont été « demandés aux parties prenantes ». L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) stipule que les États dirigeant l'enquête doivent soumettre un rapport préliminaire dans les 30 jours suivant un accident. Des enquêteurs des États-Unis et du Royaume-Uni ont également participé aux investigations.
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