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Alcaraz-Sinner, la finale de Wimbledon en questions

Alcaraz-Sinner, la finale de Wimbledon en questions

L'Équipe5 hours ago
Carlos Alcaraz triste ? Jannik Sinner injouable ou chanceux ? Et quid de leur rivalité ? La finale de Wimbledon a donné quelques clés supplémentaires.
Ce que ça dit d'Alcaraz : « Reconnaissant d'avoir été en finale »
Arrivé en début d'après-midi pour s'entraîner sur le court 14 en public, et accueilli comme une rock star tandis que Sinner faisait ses gammes cachées à Aorangi Park, Carlos Alcaraz avait le sourire du Murcien l'enchanteur qui ne le quitte plus depuis quelque temps. Dans un Wimbledon bercé par les tristes confessions de Zverev ou de Tsitsipas, cette positive attitude avait de quoi donner du peps. L'Espagnol a retrouvé la joie de vivre et de jouer. Il la cultive, et la défaite plutôt sèche d'hier ne semblait pas l'empêcher de continuer à vivre les prochains moments présents avec le même état d'esprit. « D'accord, je viens de perdre une finale dans un tournoi du Grand Chelem, mais je suis très fier d'y avoir participé, disait-il hier. Je veux garder les bons moments et essayer d'oublier les mauvais. Et pour l'instant, je ne suis pas mal du tout. Je souris parce que je suis reconnaissant d'avoir été en finale. »
Faut-il accepter la défaite sans ruminer pour mieux repartir de l'avant ? À suivre. Alcaraz reconnaissait seulement la domination du jour de Sinner. « Il m'a poussé dans mes derniers retranchements à chaque point. Mentalement, il est parfois difficile de rester concentré quand on voit l'adversaire jouer un si bon tennis. À certains moments, je ne savais pas ce que je devais faire dans le match parce que du fond, je sentais qu'il était meilleur que moi, et je ne pouvais rien y faire. »
« Je n'ai pas trouvé Alcaraz capable d'avoir ses hauts habituels, et donc il n'a pas pu faire la différence face à Sinner, constant comme il est par nature, analysait pour sa part Gilles Cervara, le coach de Medvedev. Et il n'a pas été terrible au service, notamment quand il aurait fallu l'être comme sur le jeu du break au troisième set... »
Ce que ça dit de Sinner « pas possible de le battre » (Marion Bartoli)
« Injouable. » Marion Bartoli, impressionnée comme beaucoup par le niveau de jeu de l'Italien, avait le sentiment que ce dernier avait frappé un grand coup sur l'échiquier du tennis. « Au vu du niveau affiché en demies et en finale, ce n'est pas possible de le battre, s'émerveillait la consultante française. Je ne vois pas un joueur capable d'aller le chercher. Il a fallu quatre jeux d'un autre univers de Carlos pour empocher le 1er set. Tout ce qu'il produit dans tous les compartiments du jeu, c'est au-dessus. Oui, il s'est passé quelque chose de magique à Roland qui nous a emmené dans l'au-delà, mais sur quelque chose de plus "rationnel", c'est totalement logique que ce soit Sinner qui s'impose, car il arrive à atteindre des niveaux de jeu incroyables.
Il a progressé énormément au service depuis 2021, notamment dans sa précision, ce qui lui a bien servi dans cette finale dans les moments tendus. On a toujours su qu'il était capable d'envoyer très fort en coup droit du fond, mais ses revers longs de ligne ont été la clé du match à des moments cruciaux, notamment pour breaker dans le quatrième, après des retours limpides qu'il avait tentés tout au long du match. C'est celui qui est tout le temps à l'attaque. Il arrive à empêcher Alcaraz d'attaquer, alors que l'Espagnol l'an dernier avait été dominant durant tout le tournoi en frappant plus de 180 coups droits gagnants ! Une stat monstrueuse, alors qu'il était tout le temps ou presque sur la défensive aujourd'hui... »
Mais si Bartoli semblait pencher pour la thèse du K.-O., Sébastien Grosjean essayait de relativiser les leçons de ce jour de finale. « Carlos n'avait pas perdu depuis Rome. C'est énorme. Et je pense qu'il a peut-être manqué d'un petit peu de fraîcheur mentale. Parce que lui, il parle beaucoup de jeu. Et c'est de cette fraîcheur dont il a besoin. »
Ce que ça dit de leur rivalité : « Ces deux mecs-là, c'est top. Ils se poussent » (Sébastien Grosjean)
Dans cette bataille à laquelle se livrent désormais les deux jeunes ténors dans l'esquisse d'un Big 2, Sinner revient dans la course aux nombres de titres du Grand Chelem (4 à 5), mais peut-être plus que ça. « Il y aura toujours une rivalité, mais sur dur, on sait très bien ce qui va se passer, pointait Bartoli. Sinner domine de la tête et des épaules. Les deux prochains Grands Chelems qui arrivent (US Open, Open d'Australie), je ne vois pas comment ça ne peut pas être les siens. Il restait sur cinq défaites contre Alcaraz, mais il faut voir le contenu de ces défaites...Ça se joue sur rien à Pékin, à Roland-Garros sur un point. À part à Rome en mai sur le tournoi de reprise de Sinner, ça a toujours été extrêmement accroché. Alcaraz a des bas qu'il paie très cher contre un joueur aussi régulier que ça. »
Mais cette rivalité, alors ? « Pour une grande rivalité, il faut qu'ils se partagent un peu les victoires, disait Grosjean. Et je trouve que c'est formidable pour le tennis. Ces deux mecs-là, c'est top. Il y a deux personnalités différentes, deux styles de jeu différents. Il y a beaucoup de respect entre les deux joueurs. Ils s'apprécient et à chaque fois, ils se poussent. Il va falloir que les autres progressent, surtout pour les battre en Grand Chelem. Parce qu'aujourd'hui, le numéro 3 à la race, c'est qui ? Djoko ! » Histoire de dire que tous les autres semblent être relégués.
Ce que ça dit de Dimitrov : « On a parfois besoin d'un peu de chance » (Marion Bartoli)
Il restera quand même dans cette édition 2025 l'idée qu'un vainqueur de Grand Chelem ne sera jamais passé aussi près du précipice que Sinner, sorti gagnant d'un match où il était mené deux sets à rien par Grigor Dimitrov, contraint à l'abandon sur blessure au 3e set. De quoi ternir le succès de l'Italien ? « Il a saisi cette deuxième chance, disait Bartoli. Les blessures font partie du jeu. C'est comme les têtes de série qui tombent et que tu ne rencontres pas. Il faut être là au bon moment, ça fait partie d'un tournoi du Grand Chelem. Ce n'est jamais linéaire. Parfois, pour gagner un Grand Chelem, on a besoin d'un peu de chance. Et c'est vrai que ce huitième (de finale), où il est en difficulté, contre un grand Dimitrov qui servait très bien, qui alternait le slice assez rasant avec des accélérations, ça en fait partie. Mais le match n'était pas terminé non plus... »
Sinner et son équipe ont dû sûrement travailler sur cet épisode, de la même manière que le clan a su très vite reconstruire le joueur après la défaite en finale de Roland. « Et vous avez vu, dans ces circonstances auxquelles il a dû forcément penser, quel dernier jeu il fait ici contre Alcaraz ? ajoutait Bartoli. Cet homme est fait d'un autre métal. »
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Le 4 octobre 1989, pour la seule et unique fois de l'histoire, les Lions affrontaient le quinze de France. Un match bizarrement né, pris entre plusieurs feux, et qui marqua la fin de sept ans d'invincibilité des Bleus au Parc des Princes. Son carré au carré, Mireille Mathieu s'attaquait peut-être au record du monde de roulage de « r » en déclamant une Marseillaise allongée de tous ces couplets que nous n'entendons jamais, faute de temps. Plus haut, fidèles au poste de commentateurs, Salviac et « Bala » n'avaient pas à se forcer pour faire reluire une affiche de gala comme on n'en avait jamais vue et comme on n'en a plus jamais revue depuis. Pensez donc, en une seule soirée, ce 4 octobre 1989, voilà qu'on nous servait tout le Tournoi en un seul plat, la France contre le Royaume réunifié. « Historique ! », qu'ils ont dit à la télé. Manquerait plus qu'on prétende le contraire : d'autant plus historique, que ce match fut l'obole de la Fédération française de rugby aux cérémonies du bicentenaire de la Révolution française. D'où Mireille Mathieu, la Marseillaise version longue et un match de rugby en nocturne, ce qui ne se faisait guère à l'époque. Pour accueillir l'événement commémorant le zigouillage des têtes couronnées et de leur descendance, le Parc des Princes s'imposait. Et qui d'autre que Jacques Fouroux, le Napoléon du rugby français perçant sous Bonaparte, pour mener les révolutionnaires français ce soir-là ? Les autres grands noms du rugby gaulois des années 80 répondirent à l'appel : Serge Blanco ? Présent. Philippe Sella ? Présent. Pierre Berbizier ? Présent. Laurent Rodriguez ? Présent. À la veille du possible coup d'État du 4 brumaire, le quinze de France résidait à Versailles, ce qui tombait sous le sens. « Il y avait tout pour faire un événement exceptionnel mais c'est dommage, ça n'a pas pris » Serge Blanco Pour l'occasion, l'association des « Barbares riants » avait offert aux joueurs français des protège-dents bleu-blanc-rouge. « Il y avait tout pour faire un événement exceptionnel mais c'est dommage, ça n'a pas pris », regrette Serge Blanco. Même pour les bonnes places dans la corbeille, le tout-Paris se désista. On attendait le président de la République. Pas venu. Le Premier Ministre, le Ministre des sports ? Ils se sont décommandés. Même le maire de Paris Jacques Chirac s'évita ce crochet intérieur à la dernière minute. Pour comprendre ce qui n'était pas du snobisme mal placé, il faut chercher la punition politique subliminale. « Le président de la FFR Albert Ferrasse n'a pas fait la différence entre le bicentenaire de la Révolution et le centenaire de la fédération sud-africaine, écrivait Le Monde au lendemain de la rencontre. Il n'a pas choisi entre les droits de l'homme et l'apartheid. Bref, il n'a pas fait objection à la participation de sept joueurs français à une ''tournée mondiale'' entre le Cap et Johannesburg (en août et septembre 1989). » En France, tout est toujours politique, a fortiori le rugby. Le président Ferrasse n'eut donc pas besoin de se faire expliquer longtemps pourquoi le label « match du bicentenaire » fut refusé à la fédération, qui dut remballer sa campagne de communication. Voilà pourquoi, le soir venu, les hauts personnages de l'État se trouvèrent tous de subits empêchements. Un Parc des Princes loin d'être plein Tant pis pour l'appellation clinquante, tant pis aussi pour le haut patronage, nous direz-vous. Restait l'affiche. Jamais l'illustre équipe des Lions britanniques et irlandais ne s'était produite dans l'hémisphère nord en cent un ans d'existence. Et donc, le 4 octobre, « bonsoir Paris ! » Sauf que Paris n'a pas que ça à faire. « Le Parc n'était pas plein (à peine 30 000 spectateurs), se lamente Blanco. Quand on est entré sur la pelouse, ça nous a fait quelque chose. C'est dommage, un peu triste, mais pas si étonnant si on se souvient qu'en ce temps-là, tout tournait autour du Tournoi. On avait fait des matches de tournée à Paris, contre l'Australie ou l'Argentine, et il n'y avait pas un pelé. Alors qu'en province, quand on y allait, c'était plein à craquer. On avait pourtant mis les petits plats dans les grands : coup d'envoi en nocturne, Mireille Mathieu pour l'hymne, ça te marque. Mais finalement cet événement n'a pas résonné à sa juste valeur. Je suis sûr que si ce match avait lieu aujourd'hui, l'engouement serait exceptionnel. » Pour la première fois, les fameux Lions voyageaient léger. De tout temps, cette aristocratie a toujours été plus adepte du long courrier que du saut de puce. En 1888, bien avant l'organisation de l'aviation civile, le premier corps expéditionnaire s'embarquait à bord du SS Kaikoura pour sa première odyssée par-delà les mers. Financée à titre privé par trois professionnels de cricket, cette tournée en Australie et Nouvelle-Zélande s'étira du 9 mars, départ du port de Gravesend, au 11 novembre, retour au port. Ce fut un long, très long voyage. Ils partirent vingt-deux et revinrent un de moins. Le 15 août, le capitaine Robert Seddon se noya en faisant de l'aviron sur la rivière Hunter. Ces pionniers disputèrent trente-cinq matches de rugby, en gagnèrent vingt-sept, mais aussi six matches de foot australien dont ils ignoraient tout des règles en arrivant. À l'automne 1989, les Lions sortent d'une tournée victorieuse en Australie qui les a possiblement sauvés de la fosse. L'expédition précédente, en 1983 chez les All Blacks, s'était si mal passée (4 tests, 4 défaites dont un ronflant 38-6 en clôture) que la question de l'utilité de cette sélection devint aiguë. Quelques années plus tard, une fois le rugby devenu professionnel, la même problématique reviendra sur la table. Le « match du bicentenaire » serait mieux né si d'autres rancoeurs diplomatico-financières n'étaient pas venues trancher cette sauce. « Cette équipe n'est pas et ne peut pas être celle des Lions » Roger Uttley, co-entraîneur des Lions, à propos des absents Désagréablement intrigués par la fuite dans la presse anglaise d'une circulaire laissant entendre que la FFR payait ses joueurs, en contravention avec les règles de l'amateurisme, les dirigeants britanniques voulurent, sans attendre le résultat de l'enquête lancée aussitôt par l'International Board, marquer le coup en n'envoyant pas la vraie équipe des Lions à Paris. Une autre version coexiste : plusieurs membres éminents de cette équipe des Lions auraient choisi de boycotter le match en France en réponse au refus qui leur avait été fait par leurs quatre fédérations de convier les épouses et les fiancées. « Demande excessive », auraient signifié les ronds de cuir. Une lettre du capitaine de cette équipe, l'Ecossais Finlay Calder, à tous ses compagnons, évoquerait en ces mots la raison sa défection. D'autres signèrent la motion Calder. Si bien qu'à Paris, du pack titulaire des deux derniers tests gagnés en Australie, il ne resta que le deuxième-ligne anglais Paul Ackford. Messieurs Teague, Lenihan, Richards, Moore, Jeffrey, Dooley, Sole and Co avaient piscine. Derrière, en revanche, il y avait du beau linge avec Rob Jones, Rob Andrew, Jeremy Guscott, Brendan Mullin et les frangins Hastings. « Il nous manque des joueurs importants, notamment devant, annonça Roger Uttley, sélectionneur de l'Angleterre et co-entraîneur des Lions. Cette équipe n'est pas et ne peut pas être celle des Lions. » C'est d'ailleurs pour cela que les Britanniques demandèrent qu'on évite d'utiliser l'appellation « Lions » et qu'on lui préfère, please, l'intitulé « sélection des îles britanniques ». « Cette équipe est une sélection d'un jour, avec les défauts qui vont avec, notait pour sa part Ackford. Les Lions sont une équipe de tournée, point. Ce soir, on ne pourra pas montrer le travail de huit ou dix semaines. » « Une équipe des Lions, même quand elle joue un match de semaine au milieu d'une tournée, elle a un rang à tenir » Malgré tous les efforts entrepris pour dégonfler ce ballon-sonde d'un soir, il subsista, fort heureusement, un fond d'enthousiasme côté français. « On avait bien compris qu'ils ne voulaient pas que ce soit les Lions contre la France, raconte Pierre Berbizier. Nous, ça nous avait fait chier cette histoire d'appellation. Ce match n'a pas donné lieu à une vraie cape pour eux, ni pour nous. Notre génération compterait dix ou vingt sélections de plus si on les comptabilisait comme aujourd'hui. Pour moi, affronter les Lions, c'était prestigieux. Cette équipe et son histoire, ça nous parlait. J'étais ado pour leur tournée mythique en 1974 (en Afrique du Sud) et je regardais les Willie John McBride, JPR Williams, JJ Williams, Phil Bennett, Gareth Edwards, Fergus Slattery avec de grands yeux. Plus tard, j'ai compris à quel point être un Lion était énorme. Aucun mec n'est fatigué pour partir en tournée avec les Lions. » C'est pourquoi, malgré tous les aléas, la rencontre entre les derniers tombeurs des All Blacks (à Nantes en 1986) et les bourreaux des Australiens méritait mieux qu'une moue dubitative. De tous les Français convoqués sur cette scène ce soir-là, seul Serge Blanco avait déjà eu l'honneur de défier cette équipe qui ne se réveille qu'une fois tous les quatre ans. C'était en avril 1986, au sein d'une sélection du reste du monde, à Cardiff. Les Lions avaient gagné 15-7. « Les jouer avec l'équipe de France, à Paris, c'était grand, se rappelle l'ancien arrière biarrot. On a eu beau dire qu'il manquait Bidule ou Machin, que ce n'était pas tout à fait les vrais Lions, moi j'ai bien vu qu'ils avaient le maillot rouge. Une équipe des Lions, même quand elle joue un match de semaine au milieu d'une tournée, elle a un rang à tenir. Cette équipe ne brade rien. Et puis je connaissais certains types. En 1982, avec Dominique Erbani, nous étions partis en tournée en Afrique du Sud avec une sélection mondiale, remplie d'Irlandais, d'Anglais, d'Ecossais et de Gallois. D'ailleurs, ce voyage m'a déterminé à ne plus jouer en Afrique du Sud tant que ce régime perdurerait. Ces gars-là, pendant cette tournée, c'était la gabegie ! Il fallait voir comment ils vivaient en dehors du terrain. Ils étaient à moitié givrés (rire). Sauf qu'une fois sur le terrain, ils se transformaient. Ce n'était plus les mêmes. Je me doutais bien qu'à Paris, ils ne venaient pas en goguette. » « Les Britanniques ne gagnaient pas au Parc dans les années 80 mais ça a commencé à changer à partir de ce match » Pierre Berbizier Sa prévision était juste. Le quinze de France imaginait ce match comme le lancement de la Coupe du monde 1991 et se coucha avec la première défaite française au Parc depuis 1982 (27-29). Pour ce match-éprouvette, Fouroux avait voulu donner leurs premières sélections à Philippe Benetton, Laurent Seigne ou Marc Pujolle, tous trois titulaires dans un pack où figuraient d'autres jeunots comme Olivier Roumat, Dominique Bouet (qui décédera en 1990 pendant une tournée), Thierry Devergie et Gilles Bourguignon. Pour chaperonner tout ça, Laurent Rodriguez était bien seul. Dominée par le dynamisme des avants des Lions, celui d'Andy Robinson en particulier, dominée aussi en touche malgré tous ses sauteurs et l'inauguration en équipe de France des annonces à trois chiffres, pompées sur les Britanniques, la bleusaille fut menée 23-9 avant de se lancer dans un finish échevelé. « Les Britanniques ne gagnaient pas au Parc dans les années 80 mais ça a commencé à changer à partir de ce match, constate Berbizier. J'ai le souvenir d'une première mi-temps très dure. Un enfer. Avec nos grands, on avait été mangés dans le combat au sol. Notre cinq de devant était un peu tendre mais on avait su réagir, et de belle manière. C'était une période spéciale parce que Jacques (Fouroux) était déjà plus dirigeant qu'entraîneur. Ferrasse le voyait comme son successeur et tous les deux voulaient que j'arrête pour devenir sélectionneur. Ce match a permis à des anciens, comme Jean Condom, Pascal Ondarts Philippe Dintrans ou Eric Champ, de revenir. Moi, j'ai gardé le maillot rouge de Rob Jones. Il trône chez moi à Pinas, dans le petit musée que mes parents avaient agencé dans l'ancienne ferme familiale. » À lire aussi Bryn Evans, le coach qui a imaginé l'essai de Roigard Vingt minutes en enfer Quelle compo pour le troisième match ? Pourquoi les Blacks ont autant célébré

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