
La France copréside une réunion à l'ONU sur la mise en œuvre de la solution à deux États
Poussée par la France et l'Arabie saoudite, l'ONU se penche à partir de lundi sur la mise en œuvre d'une solution à deux États, israélien et palestinien, au moment où la pression internationale sur Israël s'intensifie pour mettre un terme à la guerre à Gaza. «À cette occasion, le ministre (français) et ses homologues lanceront un appel pour que d'autres pays poursuivent la dynamique politique globale impulsée par la France, qui doit permettre la reconnaissance de l'État de Palestine, la normalisation avec Israël [...] le désarmement et l'exclusion du Hamas», fait savoir le Quai d'Orsay.
Après l'annonce jeudi du président français, Emmanuel Macron, qu'il reconnaîtra un État Palestinien formellement en septembre, la conférence convoquée par l'Assemblée générale des Nations unies, et coprésidée par Paris et Ryad, espère enclencher une dynamique en la matière. Alors que la conférence semblait «vouée à l'insignifiance», «l'annonce de Macron change la donne», estime Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group. «D'autres participants vont réfléchir à la hâte pour savoir s'ils doivent aussi déclarer une intention de reconnaître la Palestine», déclare-t-il à l'AFP.
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Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a d'ailleurs affirmé dans un entretien à l'hebdomadaire La Tribune Dimanche que d'autres pays européens confirmeraient «leur intention de reconnaître l'État de Palestine» lors de la conférence, sans préciser lesquels. Parmi les grandes puissances que la France aimerait convaincre de sauter le pas figure le Royaume-Uni. Mais le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a répété vendredi qu'une reconnaissance devait «s'inscrire dans un plan plus global». Tandis que l'Allemagne ne l'envisage pas «à court terme».
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Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 142 des 193 États membres de l'ONU - en comptant la France - reconnaissent désormais l'État palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988. En 1947, une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU avait décidé le partage de la Palestine alors sous mandat britannique, en deux États indépendants, l'un juif et l'autre arabe. Une solution rejetée par les Arabes. L'année suivante, l'État d'Israël était proclamé et une longue guerre s'en était suivie. Malgré leur écrasante supériorité numérique et militaire les sept pays arabes ont été défaits par le minuscule État juif.
Pas de normalisation en vue
Depuis plusieurs décennies, la grande majorité de la communauté internationale soutient le principe d'une solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité. Toutefois, personne ne s'accorde sur les frontières exactes à lui donner. Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d'annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d'un État palestinien ne soit physiquement impossible gagne du terrain. D'où l'idée de cette conférence à laquelle sont notamment attendus le premier ministre palestinien, Mohammad Mustafa, et plusieurs dizaines de ministres du monde entier.
La réunion intervient à un moment où «la perspective de l'existence d'un État de Palestine n'a jamais été aussi menacée ni aussi nécessaire», a commenté Jean-Noël Barrot. Au-delà de créer une dynamique pour la reconnaissance de l'État palestinien, la conférence se concentrera sur trois autres axes: la réforme de la gouvernance de l'Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, et enfin la normalisation des relations avec Israël par les États arabes qui ne l'ont pas encore fait.
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Aucune annonce de normalisation avec Israël n'est attendue cette semaine, selon une source diplomatique française. Mais «pour la première fois, les pays arabes condamneront le Hamas et appelleront à son désarmement», a assuré Jean-Noël Barrot.
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«Courage»
La conférence «offre une opportunité unique de transformer le droit international et le consensus international en un plan réaliste, et de prouver la détermination de mettre fin à l'occupation et au conflit une fois pour toutes», a plaidé la semaine dernière l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, en réclamant du «courage». Israël et les États-Unis en revanche ne participeront pas à la réunion, qui avait été reportée en juin en raison de la guerre en Iran. Après le segment ministériel cette semaine, un sommet devrait suivre en septembre.
La pression internationale ne cesse de s'intensifier sur Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre 2023. La catastrophe humanitaire dans le petit territoire ravagé devrait donc être au cœur des discours des représentants de plus de 100 pays annoncés à la tribune de lundi à mercredi, même si Israël a déclaré une pause des combats à des fins humanitaires dans certains secteurs.
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