
Royaume-Uni : vingt ans après les attentats de Londres, la «veuve blanche» reste introuvable
Ce lundi 7 juillet 2025 marque le 20e anniversaire des attentats de Londres. Un drame national qui avait causé la mort de 56 personnes et blessé 784 personnes dans une série d'explosions coordonnées dans les transports en commun de la capitale britannique. Au cœur de ce drame : Germaine Lindsay, l'un des quatre kamikazes, dont l'épouse, Samantha Lewthwaite, reste aujourd'hui l'un des visages les plus énigmatiques du terrorisme, d'après nos confrères britanniques du Telegraph .
Convertie à l'islam radical à l'adolescence, celle que les médias surnomment «la veuve blanche» est depuis soupçonnée d'avoir participé à de nombreuses attaques terroristes en Afrique, faisant plus de 240 morts. Malgré un mandat d'arrêt international, elle demeure introuvable.
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Déjà soupçonnée de complicité en 2005
Née le 5 décembre 1983 à Aylesbury, en Angleterre, Samantha Lewthwaite a grandi dans une famille britannique d'origine chrétienne. À l'âge de ses 17 ans, elle se convertit à l'islam, adopte le prénom Sherafiyah et porte le hijab à l'école. Quelques mois plus tard, elle épouse Germaine Lindsay, avec qui elle a un premier enfant en 2004.
Le 7 juillet 2005, alors enceinte de huit mois de leur second enfant, son mari se suicide dans l'attaque terroriste dans le métro londonien, tuant 26 personnes. Rapidement, les enquêteurs la soupçonnent d'être au courant des intentions de Lindsay, et même de les avoir soutenues. Alors qu'il ne reste aucune trace de son mari à la suite de l'explosion, elle ne signale pas sa disparition et n'exprime aucune inquiétude auprès des autorités britanniques. Pourtant, elle reste alors considérée comme simple témoin.
Selon David Videcette, un ancien officier antiterroriste britannique, cité dans The Telegraph, Samantha Lewthwaite aurait pu, et aurait dû, être arrêtée dès 2005. Mais les services de sécurité auraient préféré retarder son arrestation dans l'espoir de remonter d'autres filières djihadistes. Cette stratégie controversée aurait permis à la jeune femme de disparaître… pour réapparaître des années plus tard au cœur du terrorisme en Afrique de l'Est.
Affiliée à de nombreuses attaques terroristes
Sous divers pseudonymes, notamment Asmaa Shahidah ou Natalie Faye Webb, elle s'installe en Afrique du Sud en 2008, puis au Kenya avec son nouveau mari, Fahmi Salim, lié à al-Qaïda. Elle vit en apparence une vie paisible, travaille comme directrice adjointe d'une usine de tartes halal et consacre son temps à ses quatre enfants. Mais secrètement, elle finance et organise des cellules terroristes affiliées à al-Shabaab, la branche somalienne d'al-Qaïda, d'après The Telegraph.
Les années suivantes, elle est notamment soupçonnée d'avoir participé à l'attentat du centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 (71 morts), au massacre de l'université de Garissa en 2015 (148 morts), et à une attaque à la grenade dans un bar de Mombasa en 2012 (3 morts). Des mandats d'arrêt internationaux, dont une notice rouge d'Interpol, sont émis contre elle dès 2012, sans succès.
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En 2011, la police kényane perquisitionne une résidence liée à une cellule terroriste et découvre une femme blanche, qui présente des papiers au nom de Natalie Webb. Les agents la laissent repartir. Quelques heures plus tard, ils comprennent leur erreur, mais Lewthwaite a déjà disparu. C'est la dernière fois qu'elle est formellement identifiée par les forces de l'ordre.
Depuis sa fuite, Lewthwaite aurait trouvé refuge en Somalie, selon le Mail Online, dans des zones contrôlées par le groupe terroriste al-Shabaab, dont elle serait devenue une figure influente. Certains services de renseignement pensent qu'elle aurait même siégé au conseil exécutif du groupe - un fait inédit pour une femme. D'autres estiment qu'elle aurait fui vers le Yémen ou la Tanzanie sous de nouvelles identités. D'autres la croient morte, selon David Videcette.
Failles des services de sécurité britanniques ?
«Cela m'inquiète que nous ne comprenions toujours pas grand-chose sur Samantha», a déploré l'ancien enquêteur David Videcette dans The Telegraph . «Comment un converti peut-il entrer dans ce monde [du terrorisme], et opérer assez librement, et aller dans un autre pays et apparemment tout recommencer ? Comment est-ce possible ?» Deux décennies après les attentats de Londres, Samantha Lewthwaite demeure libre. Une énigme qui interroge les failles des services de sécurité britanniques.
Vingt ans plus tard, ce lundi 7 juillet, une pluie de pétales blanches est tombée dans la cathédrale St Paul à Londres. Des commémorations également marquées par un message du roi Charles III louant «l'esprit d'unité» des Britanniques.
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