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À Cheseaux-Noréaz, les batraciens s'éteignent malgré les tunnels censés les sauver

À Cheseaux-Noréaz, les batraciens s'éteignent malgré les tunnels censés les sauver

24 Heures3 days ago
Une étude révèle que les populations ont été divisées par trois en trois décennies. Les tunnels censés protéger leur migration seraient-ils inadaptés? Publié aujourd'hui à 09h31
En l'espace de trente ans, 75% des crapauds communs ont disparu entre Yverdon et Yvonand.
Jean-Paul Guinnard/Tamedia (archives)
En bref:
Les batraciens du sud de la Grande Cariçaie se font très rares, au point que leur effectif a été divisé par trois en trente ans dans la zone de Cheseaux-Noréaz. «Alors que les populations migratrices de grenouilles et de crapauds étaient estimées à plus de 15'000 individus au début des années 70, seulement quelques centaines d'individus ont été observés ces dernières années», relève l'association qui veille sur la réserve naturelle.
Celle-ci publie une étude compilant les comptages effectués depuis trois décennies, lorsque les amphibiens sont pris dans des nasses en passant par les trois secteurs dotés de seize tunnels aménagés sous la route cantonale des Grèves entre Yverdon-les-Bains et Yvonand (6500 véhicules par jour). Ainsi, quelque 3000 amphibiens de toutes sortes étaient dénombrés en 1992, contre environ 1000 en 2024. «Un signal d'alarme» pour les populations d'amphibiens
Entre les onze premières années de suivi et les onze dernières, lors de la migration prénuptiale qui a lieu entre mars et avril, l'effectif de crapauds communs – l'une des espèces les plus répandues en Suisse – montre un recul de 75%, celui des grenouilles rousses de 66%. «Un signal d'alarme sur le mauvais état de ces populations», commente le rapport, qui souligne que «le nombre d'individus migrants de ces deux espèces est passé très proche de zéro entre 2010 et 2015». Seuls les différents tritons montrent une évolution favorable depuis 2013.
Comment les populations de batraciens ont-elles pu être à ce point décimées? L'Association de la Grande Cariçaie liste plusieurs facteurs négatifs: «La forte présence de la grenouille rieuse dans les étangs, l'impact de la zone agricole en amont (engrais, pesticides) et la mauvaise fonctionnalité des passages à amphibiens existants.»
La route cantonale entre Yverdon et Yvonand est équipée de passages pour les batraciens.
Jean-Paul Guinnard/Tamedia (archives) Crapauducs mal adaptés aux amphibiens
En effet, si le déclin était amorcé depuis longtemps, puisqu'en 1983 on estimait le nombre de batraciens à environ 5000 ou 6000 individus, il s'est poursuivi malgré la construction de crapauducs à la fin des années 80. L'étude soulève l'hypothèse que ces passages sont mal adaptés, avec leurs tunnels de quelques dizaines de centimètres de large quand la norme actuelle préconise un mètre. L'amélioration des talus d'accès aux voies ferrées et la création de passages sous le rail semblent par contre avoir eu un effet positif.
Pour tenter d'enrayer le déclin des populations d'amphibiens, la Grande Cariçaie estime qu'il faut rapidement procéder à la réfection et à l'extension des passages à amphibiens, ainsi qu'à l'amélioration de la perméabilité des voies ferrées. Des investigations de terrain permettront de cibler les points où renforcer le passage en priorité.
Plus à lire sur la Grande Cariçaie Newsletter
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Autres newsletters Fabien Lapierre est journaliste à 24 heures depuis 2022. Basé à Yverdon-les Bains, il couvre principalement l'actualité du Nord vaudois, ainsi que de Neuchâtel. Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille en 2010, il a travaillé pour la télévision, derrière et devant la caméra, notamment à Canal Alpha. Plus d'infos @fabienlapierre
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Yverdon: ses rodéos routiers finissent au tribunal
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time6 hours ago

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Yverdon: ses rodéos routiers finissent au tribunal

Procès à Yverdon – Ses rodéos routiers à plus de 200 km/h finissent au tribunal Un trentenaire vaudois organisait des courses automobiles illégales et filmait ses exploits, commis en pleine journée. Il risque 48 mois de détention. Flavienne Wahli Di Matteo Le Ministère public retient que le prévenu a organisé plusieurs courses illicites sur des voies publiques, en pleine journée, pour tester la vitesse de véhicules. Trois hommes ont déjà été condamnés dans cette affaire. Getty Images Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Un trentenaire vaudois organisait des courses automobiles illégales via un groupe WhatsApp. Les participants ont atteint des vitesses de 200 km/h les routes vaudoises. Le prévenu risque 48 mois de prison pour ses délits de chauffard. Le futur père était absent lors de son procès à Yverdon. Ce lundi devant le Tribunal correctionnel du Nord vaudois, les juges sont un tantinet irrités. Cité à comparaître en début d'année, leur prévenu ne se présente pas. Une attitude perçue comme un ultime pied de nez à l'autorité, cerise sur le gâteau multicouches servi à la justice vaudoise. Entre 2020 et 2023, le trentenaire a commis une série de violations graves qualifiées des règles de la circulation routière. L'habitant de la Broye, qui a admis en procédure l'essentiel de ses torts, est donc jugé par défaut. En 2020, ce «passionné de voitures et de vitesse», avait constitué un groupe WhatsApp d'une septantaine de membres et orchestré plusieurs rendez-vous destinés à faire rugir les moteurs. Des vidéos montrent par exemple une course à deux voitures de front sur la route de Berne, entre Moudon et Lucens, à 160 puis à 226 km/h entre Moudon et Henniez. En pleine journée, alors que la voie est ouverte au trafic. Sur les vidéos versées au dossier, on voit d'autres automobilistes croiser en sens inverse, par chance sans conséquence. À 200 sur la route de Berne Au même endroit, sur le siège passager, le prévenu s'essaye à la mesure de vitesse et enregistre 200 km/h. Et ainsi de suite, pendant des mois, sur l'autoroute entre la Maladière et Écublens (pointe à 200 km/h), sur l'A9 entre Montreux et Vevey (219 km/h atteints) et aux abords de Lausanne, où il commet un excès de 17 km/h tout en se filmant en train de brandir des billets de 1000 francs. Le plus grand différentiel par rapport à la vitesse maximale autorisée atteint +112 km/h. À Moudon, le long et large tronçon rectiligne dessiné par la route de Berne a été plusieurs fois le théâtre des courses organisées par le prévenu. 24 HEURES Par la voix de son avocate, le pilote se défend d'avoir été l'organisateur des rodéos, mais le procureur Christian Maire n'y croit pas. C'est le prévenu qui lançait les initiatives et encourageait ses camarades, les assurant notamment de l'absence de radars: «Il a pris des risques insensés et mis en danger de nombreux usagers, son attitude est gravement irresponsable.» Ce Suisse est aussi poursuivi pour tentative d'extorsion et chantage sur son ex-beau-père et pour avoir véhiculé le fils de son amie sans rehausseur ni ceinture, à bord d'un véhicule défectueux et non assuré. C'est le pompon pour le Parquet, qui ne voit d'autre option qu'une «réponse pénale sévère» et requiert 48 mois de détention, une peine incompatible avec le sursis. C'est néanmoins ce qu'espère obtenir la défense, avançant l'évolution favorable de son client. Le trentenaire entre dans le cercle étroit des auteurs vaudois de délits de chauffard (en moyenne une quarantaine de cas annuellement dans le canton, selon l'Office fédéral de la statistique). Il sera fixé sur son sort pénal dans quelques jours. Sur le plan administratif, ces infractions l'exposent à un long retrait de permis. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Flavienne Wahli Di Matteo est chroniqueuse judiciaire au sein de la rubrique Vaud et régions de 24 heures, qu'elle a intégrée en 2012. Avant cela, elle a travaillé dans les rubriques locales de plusieurs médias en presse écrite, radio et télévision. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Nos enfants manquent de héros – Les pistes de Rosette Poletti pour leur en trouver
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À l'ère des réseaux sociaux, il peut être difficile de proposer des modèles de bravoure concrets aux enfants. Rosette Poletti Publié aujourd'hui à 14h34 YVAIN GENEVAY – MONTAGE TAMEDIA En bref: «Nous avons une fillette de 7 ans. Nous veillons à limiter ses moments passés devant les écrans et à choisir les amies avec qui elle va jouer, mais ce n'est pas toujours contrôlable. Chez une petite voisine de son âge, qui a une grande sœur, elle regarde TikTok et d'autres réseaux «sociaux» interdits chez nous. Quand on demande à ma fille ce qu'elle voudrait faire plus tard, elle veut être une «star», chanter devant des milliers de gens. Nous nous demandons quoi faire pour qu'elle voit d'autres images, qu'elle puisse avoir d'autres modèles. Il nous semble qu'il n'y a plus de héros ou d'histoires de héros racontées aux enfants pour qu'ils aient un choix de modèles à suivre. Que peut-on faire?» Chacun cherche ses héros, surtout les enfants Tout d'abord, merci pour la préoccupation que partagent nos correspondants et qui est celle de nombreux parents: comment donner de bons exemples à nos enfants? Comment limiter leur accès aux écrans et aux réseaux dits sociaux, qui n'encouragent pas les comportements héroïques la plupart du temps? On a des règles claires, « pas d'écrans avant 3 ans ». On peut le faire facilement quand les enfants sont petits, il est assez simple de trouver d'autres occupations pour eux. Cela se complique lorsqu'il y a des frères et sœurs plus grands. Et ceux qui émettent ces règles pensent-ils à ceux qui n'ont pas forcément des emplois à plein temps? Aux salaires précaires, à la nécessité de jongler avec de multiples taches, à la mère de famille qui surnage avec difficulté et s'en veut de mettre un dessin animé pour que le petit reste quelques minutes tranquille pendant qu'elle prépare le repas? De même, on peut essayer de contrôler les fréquentations de son enfant, mais à moins de l'écarter de la société dans laquelle il vit, cela ne sera pas toujours possible! L'important, c'est la communication dans la famille. Lui accorder du temps, lui donner la priorité. Il est terrible pour l'enfant qui rentre de l'école ou qui voudrait raconter sa sortie d'entendre: «Tu me raconteras plus tard, je n'ai pas le temps maintenant.» Ces petits échanges, au moment où l'enfant en a besoin, sont essentiels. C'est à ce moment-là qu'on peut donner son avis de parent, clarifier quelque chose, donner des pistes à l'enfant. L'auteur et expert américain Paul Sutherland souligne un risque de notre époque: nous vendons notre temps contre de l'argent, mais nous n'en avons plus conscience. Nous ne nous posons plus la question en ces termes, parce que nous ne savons plus ce qui est essentiel. Madame va se faire faire les ongles, combien d'heures de travail cela représente-t-il? Cela en vaut-il la peine? Si elle ajoute toutes les autres dépenses plus ou moins superflues, combien d'heures de travail cela représente-t-il? Dire qu'on n'a pas le temps, c'est vrai, car on l'a vendu à l'employeur. Or, que fait-on avec l'objet de l'échange, le salaire? On en dépense beaucoup pour du superflu et on n'a plus ce temps essentiel pour la communication avec ses enfants. Bien entendu, il y a de nombreuses exceptions. Cependant, Paul Sutherland met en exergue une question que beaucoup se posent de moins en moins: «Qu'est-ce qui est essentiel?» Si on a des enfants, c'est qu'on a accepté la responsabilité de les accompagner, de les amener à être des adultes responsables avec des valeurs et la capacité de vivre en accord avec ces valeurs. C'est loin d'être de tout repos, cela demande de l'énergie, du temps et, bien sûr, de l'argent. Cela exige aussi cette réflexion constante à propos des exemples qu'on leur donne, des activités qu'on leur offre, de la dimension de transcendance qu'on leur propose. On est devenu tellement «timide» à ce propos. On veut les «laisser libres», alors qu'ils ont besoin d'un cadre intelligent et ouvert, comme les scouts, par exemple, ou les activités de jeunesse dans la religion des parents, ou des camps qui leur enseignent le respect et les beautés de la nature. Évoquer ses ancêtres à ses enfants Actuellement, c'est surtout la famille qui peut parler d'héroïsme aux enfants, en choisissant des histoires qui mettent en valeur la vérité, la générosité, le partage. Être héroïque, ce n'est pas seulement sauver quelqu'un de la noyade ou mourir pour son pays en combattant. On peut expliquer à ses enfants que le plus important, ce sont les petits actes quotidiens: partager sa collation avec le copain qui a oublié la sienne, se mettre du côté du petit ami dont les autres se moquent, ramasser un déchet et le mettre dans la poubelle du préau, aider un camarade qui a laissé tomber ses affaires. Les parents peuvent féliciter l'enfant pour ses actes. L'essentiel est que les parents soient eux-mêmes des modèles! Qu'ils pratiquent ces petits actes au quotidien. Dans une étude qui cherchait à identifier les sources de comportements héroïques chez des personnes qui avaient manifesté de l'héroïsme, celles-ci faisaient toutes référence non pas à des écrits ou des enseignements, mais à un père, une mère, un aïeul. Cela souligne la justesse du proverbe qui dit: «Ce que tu es crie si fort que je n'entends pas ce que tu dis.» L'exemple est le meilleur moyen de démontrer l'héroïsme, le courage moral. On peut raconter des histoires comme celle de Malala Yousafzai, de Martin Luther King, de Gandhi, de Simone Veil, acheter ou prendre à la bibliothèque des romans jeunesse qui mettent en avant des héros ordinaires. On peut questionner l'enfant ou l'adolescent: «Qu'aurais-tu fait à sa place? Pourquoi est-il si courageux?» Des modèles pour vos enfants J'ai aussi expérimenté avec des enfants d'âges différents en leur parlant de leurs ancêtres, de comment ils ont survécu durant la guerre, de leur débrouillardise, de leur courage. Comment leur arrière-grand-père est venu, tout seul à 15 ans, en Suisse pour trouver du travail et comment il a pu construire sa vie dans ce pays! Il y a tant de belles histoires à raconter à propos des ancêtres et les enfants sont friands de ces récits, car ils sont rattachés à eux: «Alors, c'était le grand-père de Papy?» «Non, c'était le grand-père du papa de Papy.» Il est tellement important de savoir d'où l'on vient, et constater qu'il y a eu des petits actes héroïques dans chaque génération permet de se dire: «Je peux aussi me conduire comme eux.» Selon Paul Sutherland, l'enfant, pour devenir un adulte aimant, compétent et responsable, a besoin de temps parental, de communication et d'amour, d'honnêteté et de patience. L'argent ne peut pas acheter cela. Ce n'est pas facile à offrir sur la longueur, mais si l'on peut aller dans cette direction autant qu'il est possible, il n'y a pas à craindre pour l'enfant, il saura choisir ses héros. À vous, chers lecteurs et à vos enfants, je souhaite une belle semaine d'été. À lire: «Les enfants et les écrans», Anne Cordier et Séverine Erhel (Retz); «Héros et héroïnes (pas si) ordinaires», Alain Bauer (First); «Parler pour que les enfants écoutent, Écouter pour que les enfants parlent», Adele Faber et Elaine Mazlish (Phare). Les chroniques de Rosette Poletti sur les enfants Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Derrière le calme du lac de Tseuzier, une vigilance de chaque instant
Derrière le calme du lac de Tseuzier, une vigilance de chaque instant

24 Heures

time17 hours ago

  • 24 Heures

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Face aux éboulements qui se multiplient en Valais, comment assure-t-on la sécurité des grands ouvrages hydroélectriques? Exemple sur les hauts d'Ayent. Publié aujourd'hui à 08h04 Mis en service en 1957, le barrage de Tseuzier s'appuie sur les épaules solides que forment les rives des gorges de la Liène. Ce sont elles qui ont bougé en 1978, fissurant l'ouvrage. Florian Cella / Tamedia En bref: Les éboulements survenus à Blatten, dans le haut val de Bagnes, ou plus récemment, près de la Grande Dixence le démontrent sans équivoque: la montagne, mise sous surveillance, bouge. Le randonneur qui profite du paysage sauvage qu'offre le barrage de Tseuzier et des nombreux itinéraires alentours – autour du lac, le long du bisse de Sion ou encore en direction du col des Eaux Froides – ne la remarque pas nécessairement. La cicatrice en forme de V, bien visible sur le mur haut de 156 m, rappelle pourtant que l'ouvrage situé sur les hauts d'Ayent et d'Icogne a lui-même fait les frais de ces aléas. En octobre 1978, des sondages ont lieu, en vue du creusement du tunnel du Rawyl, qui doit assurer une liaison autoroutière entre Berne et le Valais. Ces travaux provoquent un tassement du massif: les berges des gorges de la Liène, sur lesquelles le barrage-voûte s'appuie, se resserrent de 6 cm et le socle rocheux qui le soutient s'affaisse de 12 cm, endommageant l'ouvrage. En nous guidant dans les entrailles du barrage mis en service en 1957, Samuel Lamon s'arrête devant les instruments qui ont permis aux exploitants de l'époque de constater le problème. Trois pendules sont suspendus dans les galeries, du haut du mur à sa base, à la manière de fils à plomb. «Ils servent à mesurer les mouvements du barrage, explique l'ingénieur responsable de la production et de la maintenance au sein de la société exploitante Oiken . Contrairement aux idées reçues, un barrage est construit en béton sans armature métallique. L'ouvrage bouge de 10 à 11 mm en fonction du niveau de remplissage du lac. Si les relevés de ces pendules sortent de cette norme, une alerte est automatiquement lancée.» Le réseau de fissures colmatées est encore visible sur le parement. Florian Cella / Tamedia Surveillance et compréhension Depuis 1978, les instruments ont évolué: «Ils permettent par exemple de transmettre des données en temps réels au centre de conduite qui pilote les aménagements, alors que des relevés manuels étaient nécessaires à l'époque», illustre Samuel Lamon. Mais le principe de la surveillance reste le même: «Nous cherchons à comprendre tous les phénomènes physiques qui se produisent, en apparence comme dans les profondeurs des fondations du barrage.» Un vaste réseau de points de mesure a été disséminé dans la structure même, ainsi que dans tout le bassin-versant, dans un rayon de 10 km. «Tous les cinq ans, nous menons une campagne de relevés géologiques, sur dix jours», poursuit l'ingénieur. Samuel Lamon présente les différents appareils de mesures qui permettent de s'assurer de la stabilité de l'ouvrage. Florian Cella / Tamedia Chaque année, les pierres tombées des rives des gorges sont également recensées. Des manomètres surveillent en permanence la pression de l'eau dans la roche. Dans les galeries, les débits d'eau, qui proviennent des infiltrations dans le béton et dans la roche, sont récoltés et mesurés. S'ils sortent des normes, les exploitants cherchent immédiatement à en déterminer la raison. Dans la maison des barragistes, une exposition détaille le déroulement de l'événement de 1978 et les données récoltées depuis. Un graphique montre que les débits d'eau observés sont allés decrescendo ces dernières décennies. «La situation se normalise, mais le phénomène géologique qui a provoqué le tassement est toujours actif et est surveillé attentivement», signale Samuel Lamon. L'ouvrage situé sur les communes d'Ayent et d'Icogne n'est pas le seul à faire l'objet d'une telle vigilance. «L'Office fédéral de l'énergie fixe un cadre très strict et les protocoles à respecter en matière de surveillance et d'alerte.» Plongée dans les entrailles de Tseuzier, sur les hauts des communes valaisannes d'Ayent et d'Icogne. Florian Cella / Tamedia La crainte d'un raz-de-marée géant qui noierait le Vieux-Pays en cas de rupture reste très présente dans l'esprit des Valaisans. Est-elle fondée? «L'être humain a une certaine capacité à imaginer le pire, réagit Samuel Lamon. Mais cela nous aide à élaborer des scénarios pour prévenir de catastrophes. Parmi ceux que la Confédération nous demande d'étudier figure celui d'une rupture franche du barrage: un peu comme s'il disparaissait d'un coup. Ce n'est pas une hypothèse plausible, mais elle est prise en compte dans l'élaboration des protocoles de sécurité.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Changement climatique et nouveaux scénarios Reste que face au changement climatique, ces scénarios sont appelés à évoluer. «Les ingénieurs doivent par exemple aujourd'hui intégrer le fait que la température des parements visibles du barrage augmente, ce qui a une incidence sur le comportement du béton.» La multiplication des épisodes pluvieux violents n'est pas non plus sans conséquence. «Les orages en juillet, août, septembre, on connaît. Nous gardons toujours un volume de sécurité, qui permet de les absorber dans le lac. En revanche, on voit de plus en plus d'orages en hiver, au moment où le lac est à son plus haut niveau.» Là encore, une marge de sécurité est gardée et, en cas de crue extrême, un système permet d'évacuer le trop-plein. «Nous pouvons turbiner, voire vidanger la retenue par la vanne de fond, en cas d'urgence.» Les gorges de la Liène étant très encaissées, la vague provoquée aurait le temps de se lisser avant d'atteindre la plaine, rassure Samuel Lamon, qui évoque la surveillance: «Dans tous les cas, une crue n'est pas subite: il y a des signes avant-coureurs. Avant de vidanger pour une raison où une autre, nous devons avertir la population. En réalité, les barrages sont plutôt une sécurité contre les crues, car ils permettent de jouer un rôle de tampon.» Le Valais face au changement climatique Newsletter «La semaine valaisanne» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton du Valais, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters David Genillard est journaliste depuis 2007 au sein de la rédaction de 24 heures, chargé plus spécifiquement, depuis 2025, de la couverture du Valais romand. Auparavant, il a travaillé durant plus de 15 ans à la rubrique Vaud & Région, où il a notamment couvert l'actualité du Chablais et des Alpes vaudoises. Il a également participé en 2021 au lancement de l'hebdomadaire Riviera-Chablais Votre Région, partenaire de 24 heures. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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