
Wall Street atteint des sommets pendant que le dollar poursuit sa chute
Cette dynamique inhabituelle semble montrer que les investisseurs se détachent des actifs américains - autrefois considérés comme des valeurs refuges - face à la politique imprévisible de Donald Trump. Le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale semble inébranlable, mais de nombreux experts s'attendent à ce que le «greenback» - l'un des surnoms de la monnaie américaine - continue de s'affaiblir au cours des prochaines années. «L'exceptionnalisme américain est en train de disparaître et le reste du monde est en train de nous rattraper», commente Erik Nelson, analyste chez Wells Fargo.
Publicité
En avril, les marchés mondiaux ont été secoués par un mouvement de vente des actifs américains et les investisseurs doivent s'attendre à d'autres événements de ce type, prédisent les analystes. «Le monde devient un peu moins stable sur le plan politique, ce qui est généralement problématique pour la volatilité des marchés», note Erik Nelson. «Nous assistons à la fin d'un cycle haussier de 14 ans pour le dollar», souligne Joseph Brusuelas, économiste à RSM US, qui s'attend à un «recul du dollar sur plusieurs années».
Selon Kenneth Rogoff, auteur et économiste à l'université Harvard, plusieurs banques centrales, notamment en Chine, tentaient déjà de se diversifier avant 2025 en s'éloignant du dollar. Donald Trump a accéléré cette tendance. «Nous allons assister à une période de grande volatilité financière, largement centrée sur le chaos qui règne aux États-Unis», avance Kenneth Rogoff, évoquant des facteurs comme l'incertitude quant à l'indépendance de la Réserve fédérale (Fed) ou la montée du populisme.
Un avantage pour les exportations
Les deux experts observent que le dollar était particulièrement élevé début 2025, après avoir bondi dans la foulée de la victoire de Donald Trump en novembre 2024. À la fin du mois de juin, la monnaie avait chuté de 10,7% selon le Dollar Index, un indice qui compare le billet vert à un panier d'autres grandes monnaies. Il s'agit de sa plus lourde chute pour un début d'année depuis 1973. Avec un bond de plus de 13% par rapport au dollar, l'euro a été l'une des grandes gagnantes de la dépréciation du dollar, alors même que la Banque centrale européenne (BCE) continuait de réduire ses taux d'intérêt.
Outre l'assombrissement des perspectives économiques aux États-Unis, la chute du «buck», autre surnom de la devise américaine, reflète les attentes d'un assouplissement de la politique monétaire américaine. Le président américain s'en est pris à de nombreuses reprises à Jerome Powell, qualifiant le président de la Fed de «personne stupide», tout en appelant à une baisse des taux «d'au moins deux à trois points» de pourcentage.
Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, et d'autres responsables ont rejeté les allégations selon lesquelles ils préféraient un dollar bon marché. Mais une monnaie moins chère est avantageuse pour les exportateurs américains, et donc conforme à l'objectif de l'administration Trump de renforcer l'industrie manufacturière américaine. «Des taux d'intérêt plus bas et un dollar plus faible permettraient aux États-Unis de renforcer leur autosuffisance économique et d'accroître les relocalisations», explique Jason Schenker, de Prestige Economics. Les cambistes s'attendent toutefois à ce que Donald Trump modère ses actions face aux fortes fluctuations des marchés. Le 9 avril, il est revenu sur bon nombre des droits de douane les plus onéreux qu'il avait annoncés une semaine plus tôt, après une flambée des rendements obligataires.
Publicité
Wall Street semble jusqu'à présent insensible au recul du dollar, les indices S&P 500 et Nasdaq ayant terminé la séance de jeudi à des niveaux record. «La faiblesse du dollar va attirer l'attention des investisseurs à un moment», assure Jack Ablin, de Cresset Capital Management. «Ce mouvement indique que les investisseurs étrangers sont moins enclins à détenir des actifs américains», ajoute-t-il.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Figaro
41 minutes ago
- Le Figaro
Bourse de Paris: le CAC 40 nerveux à l'approche du 9 juillet, Rémy Cointreau soulagé par son exemption de surtaxes chinoises
Le CAC 40 termine la semaine en territoire négatif alors que la nervosité s'empare des marchés financiers. Si de nombreux analystes estiment que les négociations commerciales seront prolongées, les investisseurs restent préoccupés par le peu d'accords commerciaux conclus jusqu'à présent. La tendance du marché À découvrir Suivez Le Figaro Bourse sur WhatsApp La date du 9 juillet se rapproche et les marchés financiers n'ont pas trouvé d'autres sujets pour ignorer ce dossier. Revenues sur le devant de la scène, les négociations commerciales ont de nouveau perturbé les Bourses européennes ce vendredi. L'absence d'accords commerciaux avec des acteurs clés, comme l'Union européenne, le Japon et l'Inde, fait peser une ambiance anxiogène sur les marchés mondiaux, à l'exception de Wall Street. Publicité Le CAC 40 a donc ouvert dans le rouge et il n'a jamais tenté de revenir vers l'équilibre. Les investisseurs se montrent prudents avant le week-end avec un faible volume de transactions (2,339 milliards d'euros). Le principal indice français a été perturbé par les surtaxes douanières chinoises, mais il a surtout été plombé par le recul de Stellantis (- 1,92%), Publicis (- 2,26%) et Teleperformance (- 2,47%). Le CAC 40 n'a pas pu profiter d'une nouvelle dynamique dans l'après-midi vu que les indices américains sont fermés pour le Jour de l'indépendance. Dans ce contexte, le CAC 40 glisse de justesse en dessous des 7 700 points, mais conserve un maigre gain hebdomadaire de 0,08%. Du côté des indices en France et dans le monde CAC 40 - 0,75% 7 696,27 points SBF 120 - 0,73% 5 851,39 points DAX - 0,61% 23 793,59 points FTSE 100 0% 8 821,98 points Nikkei + 0,06% 39 810,88 points Dow Jones Fermé lors de cette séance (Jour de l'Indépendance) Nasdaq Fermé lors de cette séance (Jour de l'Indépendance) Le fait du jour Les investisseurs s'inquiètent de plus en plus de la date butoir du 9 juillet pour négocier un accord commercial avec les États-Unis. Une situation qui continue de peser sur les marchés financiers au vu des discussions qui semblent patiner avec de nombreux pays. Si Friedrich Merz, chancelier allemand, pousse pour un accord «rapide et simple» entre Bruxelles et Washington, un compromis ne semble pas encore d'actualité. Publicité Le Japon et la Corée du Sud étaient considérés comme les plus susceptibles de négocier d'après la Maison Blanche, les discussions sont également difficiles et ne devraient pas aboutir avant mercredi prochain. De son côté, l'Inde représente le dossier le plus avancé pour déboucher sur un accord prochainement. New Delhi pourrait donc rejoindre le Vietnam et le Royaume-Uni, les seuls à avoir trouvé un accord avec les États-Unis. En effet, la trêve entre Pékin et Washington reste temporaire et un accord plus complet doit être négocié dans les prochaines semaines. La pression pourrait tout de même monter d'un cran car Donald Trump prévoit d'informer ses partenaires du taux de surtaxes dès ce vendredi. Si le président américain célèbre également son adoption de son budget, il a annoncé que les droits de douane «varieront peut-être en valeur de 60 ou 70% de droits de douane à 10 et 20% de droits de douane» et devront être payés dès le 1er août. Une théâtralisation de ces négociations commerciales qui devrait accentuer la prudence des investisseurs d'ici le 9 juillet. Les valeurs en vue Le Top Malgré une volatilité du titre lors de cette séance, Rémy Cointreau fait partie des meilleures progressions du SBF 120 avec une hausse de 2,18%, à 48,84 euros. La séance du jour avait pourtant mal commencé par l'annonce de fin de l'enquête antidumping de Pékin sur le cognac. Ce vendredi, la Chine a décidé d'imposer des surtaxes douanières de 24,9% à 27,7% sur les spiritueux européens dès le 5 juillet. Publicité Toutefois, 34 producteurs, dont Hennessy, Rémy Cointreau et Martell, vont échapper à ces droits de douane après avoir accepté une hausse des prix. Si le détail n'a pas été communiqué, les négociations laissaient transparaître une augmentation comprise entre 12% et 16%. Cette liste d'exemption a donc rassuré les investisseurs sur l'action Rémy Cointreau. Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), souligne que «le régime d'engagement de prix minimum offre des conditions plus tolérables pour nos entreprises que les taxes antidumping définitives annoncées, même si l'accès au marché qu'elles permettent reste dégradé». Depuis l'été 2024, la filière cognac affirme perdre 50 millions d'euros par mois avec les cautions à déposer aux douanes chinoises. De son côté, Emmanuel Macron parle d'une «étape positive», mais il continuera «à porter ces enjeux auprès des autorités chinoises» afin de poursuivre les négociations. Le Flop Tout au long de la séance, TP, Stellantis et Publicis se sont alternés à la position de lanterne rouge du jour. Les trois valeurs ont notamment plombé le CAC 40 lors de cette séance. Pour autant, TP (Teleperformance) termine avec la plus forte baisse de l'indice avec un repli de 2,47%, à 83,68 euros. Après six hausses de suite, le leader mondial des centres d'appels marque un coup d'arrêt ce vendredi. La citation du jour « Nous nous réjouissons à l'idée d'accueillir SAS en tant que membre à part entière de la famille Air France-KLM. SAS affiche d'excellentes performances à la suite de sa restructuration réussie, et nous sommes convaincus que son potentiel continuera de croître grâce à une intégration plus poussée au sein du Groupe. » Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM, a annoncé ce vendredi la prise de contrôle de la compagnie scandinave, SAS. Le groupe franco néerlandais était rentré au capital de SAS à hauteur de 19,9% en 2025. Le transporteur aérien a donc décidé d'augmenter sa participation à 60,5% avec l'acquisition des parts du capital détenues par Castlelake et Lind Invest. L'agenda du lundi 7 juillet Pour le premier jour de la semaine, les marchés financiers seront très certainement tournés vers les négociations commerciales, mais quelques publications pourraient attirer leur attention. Les investisseurs réagiront à la nouvelle décision de huit membres de l'OPEP+ pour une nouvelle hausse de la production de pétrole. Ce lundi, ils suivront également les chiffres de la production industrielle en Allemagne pour mai tout comme les ventes au détail de la zone euro.


Le Figaro
6 hours ago
- Le Figaro
«Big beautiful bill» : pourquoi la victoire politique de Trump n'aura qu'un effet limité sur la croissance
Réservé aux abonnés DÉCRYPTAGE - Les baisses d'impôts et réductions de dépenses auront un faible impact sur le PIB, prédisent les économistes. Au prix, en revanche, d'une envolée de la dette publique. L'impact politique de l'adoption de la « Grande et belle loi » de Donald Trump est considérable. À Washington, le prestige et la crédibilité du président en ressortent grandis. Le Congrès consacre aujourd'hui par une loi attrape-tout la victoire électorale du candidat républicain le 5 novembre dernier. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Figaro International L'essentiel de ses promesses de campagne, non seulement en matière taxation des revenus des Américains, mais aussi en matière de renforcement des dépenses militaires et de lutte contre l'immigration clandestine, est regroupé dans le texte de près de 900 pages. Au cours des quatre prochaines années, 46,5 milliards de dollars seront par exemple dédiés à la construction du « mur » censé empêcher les migrants clandestins d'entrer aux États-Unis. Un montant équivalent sera consacré à la construction de centres de détention pour les sans-papiers. À lire aussi «Donald Trump avait raison sur tout» : le président américain célèbre son triomphe en commémorant l'histoire des États-Unis Promesses de campagne actées L'abandon des aides à la transition énergétique, l'engagement à stimuler les investissements dans l'exploitation pétrolière et gazière, et à doper…


Le Figaro
11 hours ago
- Le Figaro
Wall Street atteint des sommets pendant que le dollar poursuit sa chute
Alors que Wall Street s'est totalement remis de sa déroute du printemps liée aux droits de douane, la faiblesse persistante du dollar pourrait aggraver les turbulences sur les marchés financiers, selon les analystes. La devise américaine a perdu plus de 10% depuis le début de l'année, un recul inédit depuis un demi-siècle qui s'est accompagné de hausses occasionnelles des taux obligataires. Cette dynamique inhabituelle semble montrer que les investisseurs se détachent des actifs américains - autrefois considérés comme des valeurs refuges - face à la politique imprévisible de Donald Trump. Le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale semble inébranlable, mais de nombreux experts s'attendent à ce que le «greenback» - l'un des surnoms de la monnaie américaine - continue de s'affaiblir au cours des prochaines années. «L'exceptionnalisme américain est en train de disparaître et le reste du monde est en train de nous rattraper», commente Erik Nelson, analyste chez Wells Fargo. Publicité En avril, les marchés mondiaux ont été secoués par un mouvement de vente des actifs américains et les investisseurs doivent s'attendre à d'autres événements de ce type, prédisent les analystes. «Le monde devient un peu moins stable sur le plan politique, ce qui est généralement problématique pour la volatilité des marchés», note Erik Nelson. «Nous assistons à la fin d'un cycle haussier de 14 ans pour le dollar», souligne Joseph Brusuelas, économiste à RSM US, qui s'attend à un «recul du dollar sur plusieurs années». Selon Kenneth Rogoff, auteur et économiste à l'université Harvard, plusieurs banques centrales, notamment en Chine, tentaient déjà de se diversifier avant 2025 en s'éloignant du dollar. Donald Trump a accéléré cette tendance. «Nous allons assister à une période de grande volatilité financière, largement centrée sur le chaos qui règne aux États-Unis», avance Kenneth Rogoff, évoquant des facteurs comme l'incertitude quant à l'indépendance de la Réserve fédérale (Fed) ou la montée du populisme. Un avantage pour les exportations Les deux experts observent que le dollar était particulièrement élevé début 2025, après avoir bondi dans la foulée de la victoire de Donald Trump en novembre 2024. À la fin du mois de juin, la monnaie avait chuté de 10,7% selon le Dollar Index, un indice qui compare le billet vert à un panier d'autres grandes monnaies. Il s'agit de sa plus lourde chute pour un début d'année depuis 1973. Avec un bond de plus de 13% par rapport au dollar, l'euro a été l'une des grandes gagnantes de la dépréciation du dollar, alors même que la Banque centrale européenne (BCE) continuait de réduire ses taux d'intérêt. Outre l'assombrissement des perspectives économiques aux États-Unis, la chute du «buck», autre surnom de la devise américaine, reflète les attentes d'un assouplissement de la politique monétaire américaine. Le président américain s'en est pris à de nombreuses reprises à Jerome Powell, qualifiant le président de la Fed de «personne stupide», tout en appelant à une baisse des taux «d'au moins deux à trois points» de pourcentage. Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, et d'autres responsables ont rejeté les allégations selon lesquelles ils préféraient un dollar bon marché. Mais une monnaie moins chère est avantageuse pour les exportateurs américains, et donc conforme à l'objectif de l'administration Trump de renforcer l'industrie manufacturière américaine. «Des taux d'intérêt plus bas et un dollar plus faible permettraient aux États-Unis de renforcer leur autosuffisance économique et d'accroître les relocalisations», explique Jason Schenker, de Prestige Economics. Les cambistes s'attendent toutefois à ce que Donald Trump modère ses actions face aux fortes fluctuations des marchés. Le 9 avril, il est revenu sur bon nombre des droits de douane les plus onéreux qu'il avait annoncés une semaine plus tôt, après une flambée des rendements obligataires. Publicité Wall Street semble jusqu'à présent insensible au recul du dollar, les indices S&P 500 et Nasdaq ayant terminé la séance de jeudi à des niveaux record. «La faiblesse du dollar va attirer l'attention des investisseurs à un moment», assure Jack Ablin, de Cresset Capital Management. «Ce mouvement indique que les investisseurs étrangers sont moins enclins à détenir des actifs américains», ajoute-t-il.