
Le Canada se rapproche de la reconnaissance de la Palestine, selon une ambassadrice
(Ottawa) L'ambassadrice palestinienne au Canada estime qu'Ottawa est sur le point de reconnaître officiellement l'État de son peuple, tout en notant le durcissement de son langage concernant les actions d'Israël à Gaza.
Dylan Robertson
La Presse Canadienne
« La responsabilité est primordiale pour le peuple palestinien. C'est tout ce que nous recherchons », a déclaré Mona Abuamara, qui arrive à la fin de son mandat de quatre ans comme représentante en chef de la délégation générale palestinienne au Canada.
« Le Canada aurait pu faire mieux et doit faire mieux. »
Mme Abuamara a affirmé que l'approche du Canada par rapport à la situation dans les territoires palestiniens ces dernières années s'est résumée à soutenir Israël « sans broncher » tout en finançant de petits projets, comme la formation et le développement de la police.
« En gros, (la situation) devait être gérée sous cette occupation, a-t-elle dit. Mais ce que nous attendions du Canada, c'était plutôt qu'il nous aide à nous débarrasser de cette occupation, afin que nous puissions gagner notre propre argent. »
Depuis des décennies, le Canada soutient la création d'un État palestinien coexistant en paix avec un Israël sûr. En mai 2024, Ottawa a déclaré ne plus croire que la reconnaissance de l'État palestinien ne puisse se faire qu'après des négociations de paix. À la même époque, Ottawa a indiqué évaluer les conditions nécessaires à la reconnaissance officielle.
Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, Mme Abuamara a soutenu que le Canada se rapproche encore davantage de cette reconnaissance.
Elle a cité une consultation organisée le 10 juin au siège des Nations unies par le Canada, le Qatar et le Mexique, sur les moyens de résoudre pacifiquement le conflit israélo-palestinien et de promouvoir une solution à deux États.
Cet évènement devait s'inscrire dans le cadre d'une conférence des Nations unies organisée par la France et l'Arabie saoudite : les pays participants devaient reconnaître la Palestine comme État ou convenir des étapes à suivre pour y parvenir. Les organisateurs ont reporté la conférence lorsqu'une guerre a éclaté entre Israël et l'Iran, et aucune nouvelle date n'a été fixée.
Mme Abuamara a affirmé que le Canada avait eu « de nombreuses discussions » avec la France et d'autres pays pour inciter Ottawa à reconnaître l'État palestinien lorsque la conférence des Nations unies aura finalement lieu.
« Nous étions très près, avant les élections fédérales d'avril, de la reconnaissance », a-t-elle indiqué.
La Presse Canadienne a sollicité les commentaires du cabinet fédéral, mais n'a pas reçu de réponse.
Des tensions ravivées par la guerre
Israël a fermement repoussé les appels à la création d'un État palestinien, affirmant que les territoires ont des dirigeants divisés. Le pays a aussi dit que le Hamas et le parti politique Fatah dirigent tous deux des gouvernements corrompus, qui refusent d'organiser des élections et qui ont soutenu des terroristes.
Mme Abuamara a fait valoir que la reconnaissance de l'État palestinien « graverait dans le marbre, pour les Canadiens, le droit du peuple palestinien à l'autodétermination ».
Son travail a radicalement changé le 7 octobre 2023, lorsque des militants du Hamas ont attaqué Israël, provoquant le massacre de juifs le plus meurtrier depuis la Shoah. Le Hamas et ses alliés ont tué 1200 personnes en Israël, dont des soldats, et pris 251 personnes en otage, dont il détient encore une cinquantaine.
L'attaque a motivé Israël à bombarder Gaza. Des responsables du Hamas affirment que les actions militaires israéliennes, notamment des frappes contre des hôpitaux et des camps de réfugiés, ont depuis tué près de 60 000 Palestiniens, dont des militants.
Le conflit entre Israël et Gaza a déclenché des manifestations tendues dans les rues canadiennes et une recrudescence des crimes haineux visant les personnes juives. Les Canadiens musulmans et arabes, quant à eux, disent craindre de critiquer la campagne militaire israélienne en raison des possibles réactions négatives.
La guerre a également renforcé les appels à la reconnaissance d'un État palestinien. L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont officiellement reconnu un État palestinien l'année dernière, invoquant les propos des responsables israéliens sur l'annexion de territoires palestiniens.
Le rôle de Mme Abuamara est de parler au nom des Palestiniens du Moyen-Orient, bien qu'elle ait été nommée par un gouvernement qui ne contrôle que la Cisjordanie, et non la bande de Gaza.
Elle a rapporté que son affectation au Canada l'avait consternée par le manque de voix palestiniennes dans les médias et au sein des comités universitaires. Elle a dit avoir eu du mal à rencontrer directement des représentants du gouvernement canadien.
Un ton plus ferme du gouvernement Carney
Mme Abuamara a toutefois souligné que le premier ministre Mark Carney avait employé un langage plus ferme que son prédécesseur, Justin Trudeau, pour critiquer les politiques et les actions israéliennes.
« Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Carney, nous avons vu des déclarations plus fermes et plus claires, a-t-elle affirmé. Il y a moins de partialité, et moins de refus de nommer l'auteur du crime. »
Elle a également cité les propos tenus en mai par la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, décrivant la campagne militaire israélienne comme une « agression contre les Palestiniens et les Gazaouis en Palestine ». Dans ces propos, la ministre a pris la décision peu conventionnelle de citer la « Palestine » au lieu des territoires palestiniens.
Mme Anand a également fait valoir qu'en restreignant l'aide humanitaire à Gaza, Israël « utilisait la nourriture comme un outil politique ».
Des responsables israéliens ont contesté l'utilisation par Mme Anand du mot « agression » pour décrire une campagne militaire visant à neutraliser la menace du Hamas.
Mme Abuamara a déclaré qu'il était rafraîchissant de voir le Canada dénoncer la violence envers les civils au Moyen-Orient, comme il le fait souvent pour les Ukrainiens attaqués par la Russie.
« Le Canada doit simplement respecter le droit international, a-t-elle soutenu. Il ne s'agit pas de la Palestine. Il s'agit de l'ordre international fondé sur des règles, des droits de la personne, des valeurs et des principes. »
Le Canada a fait pression sur Israël pour qu'il rende davantage de comptes sur plusieurs incidents à Gaza, notamment en mai, après que des soldats israéliens en Cisjordanie ont tiré à proximité de diplomates canadiens et d'autres diplomates lors d'une évaluation humanitaire du camp de réfugiés de Jénine.
Le Canada a convoqué l'ambassadeur d'Israël à la suite de cet incident et attend toujours les résultats d'une enquête sur les faits.
Mme Abuamara a affirmé que l'absence de responsabilité pour cet incident illustre le sentiment des Palestiniens lorsqu'ils portent des accusations contre des soldats israéliens.
« C'est exactement ce que nous voulons que le gouvernement et le peuple canadiens sachent, c'est ce que nous vivons depuis des décennies. Israël n'a jamais tort », a-t-elle expliqué.
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