
Bandes riveraines à Saint-Hippolyte
TEXTE : Aurélie Lachapelle
La Presse
Une bande riveraine est la parcelle de terre qui borde les lacs et les cours d'eau. Importante pour la santé des plans d'eau, elle prévient l'érosion des sols et la prolifération des algues nuisibles en plus de rafraîchir le bord de l'eau.
Un règlement provincial y interdit les aménagements humains, comme le remplacement des végétaux de la bande riveraine par du gazon, de l'enrochement ou un mur de béton. À Saint-Hippolyte, il est interdit de contrôler la végétation dans la bande riveraine, qui est établie à cinq mètres, depuis 2007.
Au printemps 2022, la municipalité a procédé à une tournée d'inspection des rives de tous ses lacs. Elle a constaté que près de la moitié des bandes riveraines sur des terrains privés n'étaient toujours pas conformes. « Dans toute cette période, la sensibilisation qu'on a faite n'a pas servi à grand-chose », se désole le maire Yves Dagenais.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Le maire de Saint-Hippolyte, Yves Dagenais
En 2024, le maire décide de faire appliquer les règlements une bonne fois pour toutes, après de multiples moratoires. La municipalité a envoyé une lettre à chaque riverain pour l'avertir que des inspections allaient avoir lieu, et que les contrevenants recevraient des amendes. Jusqu'au 16 juillet dernier, ce sont des huissiers qui remettaient ces amendes.
Selon des chiffres de la municipalité, en 2024, 104 constats ont été remis dans tout Saint-Hippolyte et 24 en 2025.
Des résidants outrés
Depuis mai, Alexandre St-Jacques Burke, Jocelyn Rochette et Réjean Lepage ont tous les trois reçu des amendes d'environ 1400 $ parce que leurs bandes riveraines n'étaient pas conformes. Les trois riverains contestent leurs amendes.
Réjean Lepage a une résidence sur le lac Connelly, le deuxième lac de Saint-Hippolyte pour la superficie. En septembre 2024, il a reçu un avis sur sa porte après le passage d'un inspecteur. Deux mois plus tard, il a reçu une amende de 1350 $.
La municipalité lui reprochait d'entreposer des bateaux, de tondre son gazon et d'avoir un rond de feu dans la bande riveraine. Il conteste cette amende.
« Mon terrain est sous un pin. Avec les branches qui tombent, rien ne pousse sous un pin. Je ne coupe pas ce gazon. » Pour ce qui est des bateaux, ce seraient plutôt des kayaks et des planches à pagaie qui s'y trouvaient. « C'est dans le domaine du ridicule profond », argue-t-il.
« On ne veut pas que les gens entreposent des choses à l'intérieur [de la bande riveraine] pour empêcher la végétation de pousser », explique Geneviève Simard, directrice du service de l'environnement de la municipalité. Mais il est quand même permis d'entreposer un kayak dans l'accès au lac d'une largeur de cinq mètres.
Réjean Lepage proteste qu'il n'a eu aucun avis préalable. « Je reçois ça, sans avis, sans discussion. »
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
Jocelyn Rochette, un riverain du lac de l'Achigan, à Saint-Hippolyte.
« Mais, en 2022, rappelle Mathieu Meunier, directeur général de la municipalité, tous les riverains ont reçu des lettres, tout comme en 2024, qui annonçaient que des inspecteurs allaient passer et qu'il y aurait des contraventions pour le contrôle de la végétation. »
Cependant, l'application de cette réglementation peut être complexe : à preuve, dans la cour de Jocelyn Rochette, des drapeaux l'aident à suivre les multiples règlements.
En 2021, un inspecteur est passé dans sa cour. Il lui a ordonné de planter des arbustes, d'arrêter de tondre la pelouse et d'enlever des roches. Les drapeaux bleus marquent les changements à la suite de cette inspection.
En mai dernier, un inspecteur est passé et lui a donné une amende. « Pourtant, rien n'a changé entre 2021 et 2025 sur mon terrain », affirme Jocelyn Rochette.
Les drapeaux orange marquent ce que Jocelyn a changé, à la suite de la visite de l'inspecteur cette année. Finalement, le drapeau rose montre la fin de la bande riveraine, posé par l'inspecteur. Comme a pu le constater La Presse, son hamac est donc dans la bande riveraine, ce qui marque une faute, avoue lui-même le résidant.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
La cour de Jocelyn Rochette, à Saint-Hippolyte
Un traitement « cavalier »
Le 14 juillet, Alexandre St-Jacques Burke et sa voisine ont envoyé une mise en demeure à la municipalité. Ils dénoncent l'approche « cavalière et abusive » dans l'application des règlements. Des huissiers qui remettent des amendes aux citoyens, c'est « excessif », dénoncent-ils.
« On n'est pas des criminels ! », lance Alexandre St-Jacques Burke.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
La cour d'Alexandre St-Jacques Burke donnant sur le lac de l'Achigan, à Saint-Hippolyte
D'ailleurs, en comparant avec d'autres municipalités, les riverains affirment que Saint-Hippolyte fait cavalier seul en utilisant des huissiers.
Dans la région, la Ville de Prévost ne distribue pas encore d'amendes pour ce qui est des bandes riveraines. La Ville de Sainte-Adèle utilise le courrier recommandé ou un huissier. À Sainte-Sophie, les huissiers peuvent être utilisés, mais en cas de dernier recours. C'est la même chose pour la Ville de Saint-Agathe-des-Monts.
Avec les huissiers, la municipalité a la certitude de manière légale que la lettre a été remise en main propre, souligne Geneviève Simard. Mais l'usage des huissiers n'était peut-être pas la meilleure chose, admet le maire Yves Dagenais. « Ça peut être agressant. Mais il n'y a pas de bonne façon d'appliquer la réglementation. »
Cependant, le 16 juillet dernier, le conseil municipal a statué qu'il mettait fin au recours aux huissiers, afin de promouvoir une approche plus « conciliante ».
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