
Libéré sous condition, il tue son épouse 24 jours après
Physiquement imposant et considéré comme dangereux, l'accusé était sous bonne escorte policière pour assister à son procès pour féminicide, mercredi au Tribunal criminel de Vevey.
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En bref:
Les autorités renforcent les moyens de prévention et de lutte contre la violence domestique, faite aux femmes. Mardi, un procès criminel à Vevey pour féminicide rappelle qu'il y a encore beaucoup à faire. Avant de passer à l'acte, l'accusé avait déjà plusieurs fois sévi contre son épouse. Il avait aussi dévoilé des troubles psychologiques.
Incarcéré début 2020, il est libéré le 31 juillet, à la condition de suivre une thérapie contre les violences et la toxicomanie. Moins d'un mois plus tard, le 24 août 2020, il tue sa femme de 38 coups de couteau dans un parc public, en plein jour à Montreux. Il a été arrêté sur place.
«Dans cette affaire, tous les signaux étaient au rouge», a déploré Coralie Devaud. L'avocate des parties plaignantes a fait la liste des nombreuses alertes qui n'ont pas permis d'éviter l'issue fatale: interventions de la police, légèreté d'une expertise psychiatrique, manque de collaboration entre les cantons. Le jour du drame, le prévenu aurait dû assister à sa première consultation. De plus, il était toujours en contact avec la victime malgré la menace qui pesait sur elle. Violence domestique
Ce procès n'est toutefois pas celui des pouvoirs publics. Mais celui d'un homme de 32 ans né à New York qui est arrivé en Suisse en 2017. Il avait rencontré sa future femme, une Suissesse alors âgée de 20 ans, lors d'un voyage au Japon. Le couple se marie dans la foulée au Danemark et décide de rentrer chez elle en Suisse romande, en Valais, puis sur Vaud. Rapidement, la personnalité violente de l'agresseur s'exprime. Sa consommation excessive de stupéfiants n'aide pas à le calmer.
Au tribunal, l'accusé d'assassinat est entouré par deux gendarmes. Dans son dos, quatre policiers en civil, encagoulés. Et dans la salle, deux autres agents sont assis dans le public. Au premier coup d'œil, un terrible constat s'impose. Le prévenu au physique de taureau qui intimide les forces de l'ordre n'a laissé aucune chance à son épouse. «Il l'a littéralement massacrée», a dénoncé la procureure Camilla Masson. L'acharnement s'est déroulé en deux temps: il l'a frappée avec son arme blanche sur le cou, la poitrine et la tête. Puis il lui a tranché la gorge. Procès à Vevey
«Oui, c'est bien moi», répond en anglais l'accusé au président du tribunal de l'Est vaudois Franz Moos qui lui demande s'il est bien l'auteur des coups mortels. «C'était une très grande erreur. Je n'arrête pas de me le répéter», se lamente-t-il. Des regrets, il y en a eu beaucoup. Mais aucune explication logique, le prévenu se perdant dans un récit paranoïaque confus. «C'est un crime de propriétaire. Elle voulait le quitter, il l'a tué. Le mobile est la propriété», a asséné la procureure. Ce que la défense conteste.
Courageuse, la famille plaignante était dans la salle. La maman, elle, n'a pas eu la force de rester. C'est la sœur aînée de la victime qui s'est exprimée au nom de tous. Elle a expliqué que la vingtenaire ne se serait jamais doutée qu'il puisse s'en prendre à elle: «Malgré tout le mal qu'il lui a fait, elle lui a montré tellement d'amour. Elle avait plutôt peur qu'il se fasse du mal à lui-même.» Consciente de l'emprise dans laquelle elle se trouvait, la jeune Suissesse avait accepté de le rencontrer une dernière fois pour lui dire qu'elle n'en pouvait plus. Et que lui devait se ressaisir et se soigner. Psychiatrie légale
Le cœur de cette affaire pénale est l'expertise psychiatrique. Le prévenu souffre d'un grave trouble mental. Au moment des faits, il dit avoir été persuadé que sa femme et d'autres tiers le menaçaient de mort. «Sa personnalité est fortement diminuée, mais il n'est pas irresponsable», a dit le docteur Philippe Delacrausaz. Ces délires ont existé, mais «cela n'en fait pas une explication totale.» Le spécialiste préconise une mesure thérapeutique institutionnelle en milieu fermé.
Le Ministère public a requis 18 ans et le petit internement pour ce féminicide. Difficile à dire si l'accusé a bien compris l'enjeu de cette lourde peine qui risque de prolonger encore longtemps sa détention. Le trentenaire semblait en effet marqué par les neuroleptiques qu'il prend depuis le début de l'année, plissant régulièrement les yeux et contractant sa joue. À l'issue de l'audience, il a réussi à se lever pour déclarer: «Je m'excuse.» Verdict ce mercredi à Vevey.
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Dominique Botti est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 Heures, spécialisé dans les enquêtes de terrain, les faits divers et l'actualité judiciaire. Plus d'infos
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